- Nous avons ce
prochain Concile panorthodoxe en 2016. Envisagent-ils d’aborder les questions
d'immoralité sexuelle et comment y faire face pastoralement? Surtout en
Amérique, où nous avons même des pasteurs de l'Eglise qui semblent parler
carrément contre la tradition.
- Concernant la
question de ce qui sera discuté au Concile de l'année prochaine, en supposant
que cela aura lieu selon le calendrier prévu, je pense que les gens sont
devenus très obsédés par la question de la diaspora et de ce qui sera fait avec
son organisation canonique. En raison de cet intérêt, qui est je pense parfois
excessif, nous n’avons pas prêté beaucoup d'attention à d'autres domaines qui
sont peut-être beaucoup plus importants dans la vie de l'Eglise que la question
de l'organisation administrative.
L'un d'eux est certainement d’aborder le
monde moderne avec l'enseignement constant des Pères. Je crois que sur l'ordre
du jour (même si l'ordre du jour pour le Concile n'a pas encore été
formellement établi, pour autant que je sache) seront des questions telles que
la bioéthique et les questions sociales sous une certaine forme. À mon avis,
l'une des choses qu'un tel Concile pourrait faire, et qui serait très utile,
très utile pour les générations qui suivent, serait de réaffirmer la nécessité
pour les pasteurs de l'Eglise, les prêtres de l'Eglise, les prédicateurs de
l'Église, de prêcher ses traditions.
Vous avez tout à fait
raison de dire qu'il y a eu quelques exemples, même ces deux dernières semaines,
de pasteurs orthodoxes qui ont dit des choses qu'aucun chrétien orthodoxe n’a
le droit de dire, et nous rappelons que son rang ne donne pas à quelqu’un la
capacité de parler contre la tradition.
Quand on voit ce qui se passe, nous
devons appeler les gens à rendre des comptes. La seule voix avec laquelle tout
chrétien orthodoxe, qu'il soit laïc ou archevêque, a le droit de parler, est la
voix de l'Eglise; et la voix de l'Eglise, malgré notre désir moderne de la
gauchir parfois pour être plus à l'aise, est constante et claire.
Lorsque nous
nous abordons de nouveaux sujets dont cette voix n'a pas parlé auparavant (il y
a des questions qui n’existent pas dans la Tradition : les questions de bioéthique,
par exemple, n’existaient pas au Ve siècle), c’est là que l'Église toute entière
se rassemble pour discerner comment sa voix devrait parler. Mais ce n’est
jamais à un individu de parler pour l'Eglise; un individu doit dire les paroles
de l'Église.
Nos tendances individualistes modernes, nous poussent parfois dans
l'autre sens, et c’est une grande tragédie. Il n'y a rien de plus triste pour
moi que de recevoir un journal ou un article où je vois un prêtre de l'Eglise, un "théologien" de l'Eglise, dire quelque chose qui est tout à fait concrètement
non conforme à ses traditions. C’est une cause de douleur immense, et il n'y a
aucune raison pour que cela doive avoir lieu.
Nous devons tous
prendre conscience de ce que nous faisons en tant que peuple orthodoxe, et
surtout comme enseignants orthodoxes. On nous donne la responsabilité de porter
la Lumière du Christ dans le monde. Si nous portons une autre lumière, y
compris la nôtre, nous échouons. Mais même ceci n’est pas une cause de colère.
Notre tâche est de ne pas nous mettre en colère contre ces personnes. C’est une
cause de tristesse que la lumière que le monde reçoit, ne soit pas la pure lumière
du Christ. Et ainsi, ce devrait donc être notre compassion et notre amour qui
nous pousse à faire mieux. Surtout quand nous regardons le monde et que nous voyons
combien il y a de souffrances. Non seulement les souffrances physiques de la
pauvreté, de la faim, mais la souffrance morale qui est le résultat de notre
laxisme dans l'enseignement.
Si nous enseignions les gens avec amour, et avec le
zèle de la vérité de l'Evangile, il n'y aurait pas une telle souffrance morale,
une telle angoisse dans le cœur des gens. Ceci est un signe de notre faiblesse.
Ce doit être l'amour, plutôt que la colère ou la peur ou le jugement qui nous
encouragent à faire mieux.
- Une autre question
brûlante en Amérique est la réception des convertis. Et encore une fois, en
pensant au prochain Concile et aux questions de la diaspora, y a-t-il une
possibilité de passer à un système unifié? Est-ce quelque chose que nous
voulons? Par exemple, tous les convertis devraient-ils être baptisés, quel que
soit le lieu d’où ils viennent?
- C'est une des grandes
questions pastorales de nos jours, et certainement pour l’Amérique. Elle existe
ailleurs, bien sûr, mais en Amérique, elle est prononcée parce que les
différentes juridictions locales ont, à certains moments, insisté sur différents
points de vue concernant cette pratique.
Il y a certaines juridictions qui, en
fait, baptisent toujours un converti. Il y a certaines juridictions qui, en
fait, chrisment toujours, qui refuseront de baptiser, et vice versa. Et puis il
y en a certaines qui ont un peu l’une ou l’autre pratique. Ici, je pense
que tout le monde est d'accord, nous devons nous asseoir et regarder nos
pratiques, et examiner la situation autour de nous, pour évaluer ce que la
réponse pastorale devrait être.
Il est clair que, du point de vue canonique, il
y a un modèle simple dans les canons de l'Eglise pour les différents types de
réception, sur la base des circonstances à travers lesquelles ils [les futurs
convertis] viennent à l'Eglise -il y a certaines conditions dans lesquelles le
baptême est absolument nécessaire, il y a certaines conditions dans lesquelles
la chrismation peut être administrée, un baptême ayant déjà été effectué, etc. Il
y a des réponses à l'apostasie, au schisme, etc. La tradition canonique est
claire.
Ce qui est beaucoup
moins clair est la condition du christianisme au XXIe siècle, et comment il se
réfère à la condition du christianisme dans les périodes au cours desquelles
ces canons furent écrits.
Les canons ont été écrits lorsque, dans l'ensemble,
il y avait une église et qu’elle était l'Eglise orthodoxe. Tout écart de l'Église
était un départ de l'Orthodoxie, et il fut question de savoir comment revenir à
l'Orthodoxie.
Si vous étiez dans le schisme par rapport à l'Orthodoxie, vous étiez
ramenés dans l'Eglise. Mais nous vivons dans un monde où il y a maintenant de
nombreuses traditions chrétiennes qui ne sont pas connectées à l'Eglise
orthodoxe, et ce n’est pas une situation que traite spécifiquement la plupart des
canons. Donc, je crois que la plupart de nos hiérarques sont d'accord que nous
devons nous asseoir et parler de la façon d'appliquer les principes canoniques,
qui sont clairs et pertinents, mais qui doivent être appliqués pastoralement à
notre situation d’aujourd'hui.
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