"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 22 décembre 2013

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


9/22 décembre
26ème dimanche après la Pentecôte
Conception de la Très Sainte Mère de Dieu par sainte Anne ; sainte prophétesse Anne, mère du prophète Samuel (1100 avant Jésus-Christ) ; saint Sophrome, archevêque de Chypre (VIème siècle) ; saint Étienne « le nouveau luminaire » (912) ; icône de la Mère de Dieu dite « La joie inattendue ».
Lectures : Eph. V, 8-19. Lc. XVII, 12-19. Ste Anne: Gal. IV, 22-31. Lc. VIII, 16-21.

CONCEPTION DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU[1]

S
elon le dessein éternel de Dieu, qui voulait se préparer une demeure très pure pour s’incarner et résider parmi les hommes, Joachim et Anne avaient été empêchés d’engendrer une progéniture. Parvenus tous deux à un âge avancé et restés stériles, comme la nature humaine courbée et desséchée sous le poids du péché et de la mort, ils ne cessaient cependant de supplier Dieu de les délivrer de leur opprobre. Le temps de la préparation voulue par le Seigneur étant accompli, Il envoya l’Archange Gabriel à Joachim, retiré sur une montagne, et à Anne, pleurant son malheur dans son jardin, pour leur annoncer qu’allaient bientôt s’accomplir par eux les prophéties de jadis, et qu’une enfant leur naîtrait, destinée à devenir la véritable Arche de la nouvelle Alliance, l’Échelle divine, le Buisson non consumé, la Montagne non entaillée, le Temple vivant où allait habiter le Verbe de Dieu. En ce jour, par la conception de sainte Anne, c’est la stérilité de toute la nature humaine, séparée de Dieu par la mort, qui prend fin, et par l’enfantement surnaturel de celle qui était restée stérile jusqu’à l’âge où les femmes ne peuvent plus porter de fruit, Dieu annonçait et confirmait le miracle plus étonnant de la conception sans semence et de l’enfantement immaculé du Christ dans le sein de la Très Sainte Vierge et Mère de Dieu. Bien qu’elle fût née par une intervention miraculeuse de Dieu, la sainte Vierge Marie fut cependant conçue par l’union de l’homme et de la femme, selon les lois de notre nature humaine déchue et soumise à la mort et à la corruption depuis le péché d’Adam (Gn 3, 16). Vase d’élection, Écrin précieux préparé par Dieu depuis l’origine des siècles, elle est certes la représentante la plus pure et la plus parfaite de l’humanité, mais elle n’a pas été toutefois mise à part de notre héritage commun et des conséquences du péché de nos premiers parents[2]. Tout comme il convenait que le Christ, en son Incarnation, se rendît semblable aux hommes en tout hormis le péché, afin de les délivrer de la mort par Sa mort volontaire (cf. Hb 2, 14), de même il fallait que Sa Mère, dans le sein de laquelle le Verbe de Dieu allait s’unir à la nature humaine, fût en tout point semblable à nous, soumise à la mort et à la corruption, de peur que le Salut et la Rédemption ne nous concernent pas pleinement, nous tous fils d’Adam. La Mère de Dieu a été élue et choisie entre toutes les femmes, non pas de manière arbitraire, mais parce que Dieu vit à l’avance qu’elle saurait préserver et garder parfaitement sa pureté pour être digne de Le recevoir. Conçue et née comme nous tous, elle a été jugée digne de devenir la Mère du Fils de Dieu selon la chair et notre mère à tous selon l’esprit d’adoption. Tendre et compatissante, elle peut ainsi intercéder pour nous auprès de son Fils, pour qu’Il nous prenne en pitié. Tout comme le Seigneur Jésus-Christ fut le fruit de sa virginité, la sainte Mère de Dieu fut, quant à elle, le fruit de la chasteté de Joachim et Anne. Et c’est en suivant cette voie de la pureté que nous aussi, moines et chastes couples chrétiens, feront naître et grandir en nous le Christ Sauveur.
Tropaire du dimanche, 1er ton
Кáмени запеча́тану отъ Iyде́й и во́иномъ стрегу́щымъ пречи́стое Tѣ́ло Tвое́, воскре́слъ ecи́ тридне́вный, Cпа́ce, да́руяй мípoви жи́знь. Ceго́ ра́ди си́лы небе́сныя вопiя́xy Tи, Жизнода́вче : сла́ва Bocкреcéнію Tвоемý Xpисте́ ; сла́ва Ца́рствiю Tвоему́ ; сла́ва cмотре́нiю Tвоему́, еди́не Человѣколю́бче.

La pierre étant scellée par les Juifs et les soldats gardant Ton corps immaculé, Tu es ressuscité le troisième jour, ô Sauveur, donnant la Vie  au monde ; aussi, les Puissances des cieux Te crièrent : Source de Vie, ô Christ, gloire à Ta Résurrection, gloire à Ton règne, gloire à Ton dessein bienveillant, unique ami des hommes!
Tropaire de la Conception de la Très sainte Mère de Dieu, ton 4
Дне́сь безча́дія у́зы разрѣша́ются, Іоаки́ма бо и Áнну услы́шавъ, Бо́гъ па́че наде́жды роди́ти тѣ́мъ я́вѣ обѣщава́етъ Богоотрокови́цу, изъ Нея́же Са́мъ роди́ся Неопи́санный, Человѣ́къ бы́въ, а́нгеломъ повелѣ́въ вопи́ти Ей: ра́дуйся, Благода́тная, Госпо́дь съ Тобо́ю.
Aujourd’hui sont déliées les chaînes de la stérilité. Car, exauçant les prières de Joachim et d’Anne, Dieu leur promet clairement d’engendrer, contre tout espoir, la divine enfant dont devait naître le Dieu que rien ne limite, devenu homme, ordonnant à l’Ange de lui dire : « Réjouis-toi, Pleine de Grâce, le Seigneur est avec toi ».
Kondakion du dimanche, 1er ton
Воскpécлъ ecи́́ я́ко Бо́гъ изъ гро́ба вo сла́вѣ и мípъ coвоскpecи́лъ ecи́, и eстество́ человѣ́ческое я́ко Бо́гa воспѣва́етъ Tя́, и сме́рть изчезе́: Aда́мъ же лику́ет, Влады́ко, Éва ны́нѣ отъ у́зъ избавля́ема ра́дуется зову́щи: Ты́ ecи́ и́же вcѣ́мъ подая́, Xpисте́ Bocкреcéніe.
Ô Dieu, Tu es ressuscité du tombeau dans la gloire, ressuscitant le monde avec Toi ! La nature humaine Te chante comme son Dieu et la mort s’évanouit. Adam jubile, ô Maître, et Ève, désormais libérée de ses liens, Te crie dans sa joie : « C’est Toi, ô Christ, qui accordes à tous la Résurrection ! »
Kondakion de la Conception de la Très sainte Mère de Dieu, ton 4
Пра́зднуетъ дне́сь вселе́нная Áннино зача́тіе, бы́вшее отъ Бо́га, и́бо та́ породи́ па́че сло́ва Сло́во Ро́ждшую.
L'univers célèbre en ce jour la Conception d'Anne, venue de Dieu, car elle enfanta ineffablement le Verbe de Dieu.


Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne
COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME
Il est digne et juste. À l’exhortation du prêtre de rendre grâces au Seigneur, les fidèles répondent : cela est digne et juste. Leur réponse signifie qu’ils ont donné leur assentiment à la célébration de la divine Eucharistie : « Une fois que les fidèles ont donné leur adhésion et répondu Il est digne et juste, le prêtre offre alors l’Eucharistie à Dieu » (St Nicolas Cabasilas). La réponse des fidèles manifeste l’unité du corps du Christ. Elle montre aussi que leur présence est nécessaire à la célébration du Mystère. « L'action de grâces à Dieu est commune également, car ce n'est pas le prêtre seul qui rend grâces, mais le peuple tout entier. En effet, le prêtre prend la parole en premier et continue l’Eucharistie, après que les fidèles aient préalablement convenu que cela est juste et légitime » (St Jean Chrysostome). Lors de l’Eucharistie, c’est le peuple entier qui participe et qui chemine avec le célébrant. Dans notre marche vers la vie nouvelle, nous chantons le cantique nouveau avec les saints : … les quatre êtres vivants et les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant l'Agneau… Et ils chantaient un cantique nouveau, en disant: Tu es digne de prendre le livre, et d'en ouvrir les sceaux; car Tu as été immolé, et Tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation…  Je regardai, et j'entendis la voix de beaucoup d'anges… Ils disaient…  L'Agneau qui a été immolé est digne de recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l'honneur, la gloire, et la louange… Et les quatre êtres vivants disaient: Amen! Et les vieillards se prosternèrent et adorèrent (Ap. V, 8-14).
Le prêtre (à voix basse) : Il est digne et juste de Te chanter, de Te bénir, de Te louer, de Te rendre grâces, de T’adorer en tout lieu de Ton empire. Car Tu es le Dieu ineffable, incompréhensible, invisible, insaisissable, toujours existant et toujours le même, Toi, Ton Fils unique et Ton Saint-Esprit. C’est Toi qui, du néant, nous as amenés à l’existence, qui nous as relevés après notre chute et qui n’as cessé de tout faire jusqu’à ce que Tu nous aies élevés au ciel et nous aies fait don de Ton royaume à venir. Pour tout cela, nous Te rendons grâces, à Toi, à Ton Fils unique et à Ton Saint-Esprit, pour tous les bienfaits répandus sur nous, connus de nous ou inconnus, manifestés ou cachés. Nous Te rendons grâces aussi pour cette liturgie, que Tu as daigné recevoir de nos mains, bien que T’assistent des milliers d’Archanges, de myriades d’Anges, les Chérubins et les Séraphins aux six ailes, aux yeux innombrables, se tenant dans les hauteurs et ailés.

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc XXIV, 12-35;  Liturgie : Col. III, 4-11, Lc. XIV, 16-24



[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.
[2]. L’Église Orthodoxe rejette le dogme de l’« immaculée Conception », proclamé par l’Église Catholique Romaine en 1858, sans pour autant rabaisser la dignité de la Mère de Dieu. Pour les Pères, en effet, l’héritage d’Adam ne consiste pas en une responsabilité personnelle de tous les hommes à l’égard du péché originel, mais plutôt dans l’héritage des conséquences de ce péché : la mort, la corruption et les passions (y compris la reproduction par l’union charnelle). C’est pourquoi les orthodoxes n’ont aucune difficulté à reconnaître que la Mère de Dieu était héritière, comme nous tous, des conséquences de la faute d’Adam (seul le Christ en fut exempt), mais qu’elle était pourtant pure et sans péché (personnel), car elle s’est librement gardée de tout attrait pour le monde et pour les passions, et elle a volontairement coopéré au dessein de Dieu en obéissant avec docilité à sa volonté : Voici la servante du Seigneur : qu’il m’arrive selon ta parole, répondit-elle à l’Ange (Lc 1, 38).

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