25 février / 10 mars
Dimanche de l’abstinence de viande ou
du Jugement Dernier
Saint Taraise, patriarche de Constantinople (806); saint hiéromartyr Reginus, évêque de Skopelos (355).
Lectures : I Cor. VIII, 8 - IX,2 / Мatth. XXV, 31-46
LE DIMANCHE DE L’ABSTINENCE DE VIANDE OU DU
JUGEMENT DERNIER
La première appellation de ce dimanche s’explique par le fait que commence,
dès le lendemain, l’abstinence de viande, et la seconde, par la lecture
évangélique du Jugement redoutable universel des vivants et des morts, qui est
mentionné dans tout l’office liturgique. Par la mémoire du Jugement, la sainte Église
incite plus fortement les pécheurs au repentir et indique le véritable sens de l’espoir
même en la miséricorde Divine. Dieu est miséricordieux, mais Il est également le
juste Juge, qui rend à chacun selon ses oeuvres. Pour cette raison, les pécheurs ne
doivent pas se méprendre quant à leur responsabilité pour leur condition morale et
faire mauvais usage de la longanimité de Dieu. En nous rappelant le Jugement et en
dirigeant nos regards vers « l’examen impartial », la sainte Église nous inspire la
pensée de la nécessité impérative du repentir et du redressement de sa vie :
« Renonçant en ce jour aux aliments, travaillons avec ardeur à réparer nos fautes
dignement ». Tout particulièrement, elle nous appelle au oeuvres de charité :
« Connaissant les commandements du Seigneur, vivons ainsi : nourrissons les
affamés, abreuvons ceux qui sont assoiffés, vêtons ceux qui sont nus, accueillons les
étrangers, visitons les malades et les prisonniers, afin que Celui qui viendra juger la
terre nous dise : venez les bénis de Mon Père, héritez du royaume qui vous est
préparé depuis la fondation du monde ». A partir de ce jour, nous franchissons « le
seuil » du saint carême, selon l’expression liturgique désignant
la semaine qui vient. L’Église, qui mène graduellement les fidèles à l’ascèse du
jeûne, les place sur la dernière marche de l’abstinence les préparant au carême par
l’interdiction de manger de la viande et la permission de consommer les oeufs et le
fromage. Ainsi, le passage au jeûne est-il facilité. Dans les hymnes liturgiques de
cette semaine, l’Église nous invite à « ne point souiller, par le mal de l’intempérance
et de l’ivresse, l’entrée et le seuil du carême ». Il est clair que, selon l’enseignement de l’Église, la semaine des laitages ne doit pas donner lieu à des excès de nourriture
et des réjouissances effrénées. St Tykhon de Zadonsk (†1783) dit que « durant la
semaine des laitages, les véritables enfants de l’Église doivent agir avec bien plus de
tempérance que durant les jours précédents ».
Tropaire du dimanche du 7ème ton
Tu as détruit la mort par Ta Croix, Tu as
ouvert le paradis au larron, Tu as
transformé le pleur des myrophores, et
ordonné à Tes Apôtres de prêcher que
Tu es ressuscité, Christ Dieu, accordant
au monde la grande miséricorde.
Kondakion du dimanche du Jugement dernier, ton 1
O Dieu, lorsque Tu viendras sur la terre
dans la gloire et que trembleront toutes
choses, un fleuve de feu coulera devant
le tribunal, les livres seront ouverts et les
secrets révélés. Délivre-moi du feu
inextinguible et rends-moi digne de me
tenir à Ta droite, Juge très juste.
AU SUJET DU JUGEMENT DERNIER
Dans l’image de Dieu que l’être humain porte en lui, se trouve le Verbe Divin
immortel. En cela est la majesté immortelle et divine même chez l’un des
« plus petits » parmi les hommes. Cette vérité évangélique est
fondamentale : tout ce que tu fais aux hommes, tu le fais en fin de compte au Christ,
au Créateur, au Sauveur, au Juge. Chaque homme porte en lui le Christ, qu’il en soit
conscient ou non. Pour cette raison, toute attitude que tu adoptes envers quelque
homme que ce soit, chacun de tes sentiments pour un homme, toute pensée sur un
homme, revêt une importance infinie et décisive pour toi. Car c’est cela qui définit
ton destin éternel dans l’autre monde, c’est en fonction de cela que tu seras jugé.
Chaque homme, chaque frère le plus petit, porte en lui tout l’Évangile pour toi ; et
de chacun de ces « frères les plus petits » dépend ton salut. En fait, dans l’Évangile
sur le Jugement, le Seigneur nous dit cette vérité, cette vérité universelle : ton salut
dépend de ton attitude envers le prochain, envers tes frères à l’image du Christ.
C’est là tout l’Évangile. Autrement dit : l’homme se sauve et se condamne par le
prochain. Néanmoins, comme il est facile de se sauver ! Tu nourris l’affamé en tant
que créé par Dieu, et tu es sauvé ! Tu donnes à boire à celui qui est assoiffé, tu es à
nouveau sauvé ! Tu reçois un voyageur, encore une fois, tu es sauvé ! Tu rends visite
à un malade, tu es renforcé dans le salut ; tu visites un prisonnier, tu es encore une
fois sauvé. Ainsi, de jour en jour, tu es le créateur de l’Évangile, et ainsi ton propre
sauveur. Car en accomplissant cela, tu t’unis continuellement spirituellement avec le
D
Sauveur : « C’est à Moi que vous l’avez fait ». Le salut n’est rien d’autre que l’union
de l’homme avec le Sauveur par les saints Mystères et les saintes vertus
évangéliques.
St Justin de Tchélié
LE SAMEDI DE L’ABSTINENCE DE VIANDE
Le premier samedi, dit « universel », consacré à la mémoire des défunts, est celui
qui précède le dimanche de l’abstinence de viande. Ce samedi est dit « universel »
parce que l’on y fait mémoire de tous les défunts depuis Adam jusqu’à nos jours.
Dans les livres liturgiques, il est mentionné « que l’on fait mémoire de tous les
chrétiens orthodoxes, de nos pères et frères, qui se sont endormis depuis les siècles ».
Il est écrit dans le synaxaire (commentaire du jour ou de la fête, figurant dans les
livres liturgiques après le kondakion) : « Les saints Pères ont disposé qu’il convenait
de faire mémoire de tous les défunts pour la raison suivante. Nombreux sont ceux qui
meurent souvent d’une mort non naturelle, par exemple lors d’un voyage en mer, ou
encore sur des montagnes infranchissables, dans des gorges ou précipices ; il arrive
encore que certains meurent de faim, du fait d’un incendie, de la guerre, ou du gel.
Et qui énumérerait toutes les sortes et tous les genres de mort soudaine et
inattendue ? Tous ceux qui entrent dans lesdites catégories sont privés des chants et
des prières funèbres. C’est la raison pour laquelle, les saints Pères, mus par l’amour
des hommes, ont décidé, sur le fondement de l’enseignement apostolique,
d’accomplir cette commémoration universelle, afin que personne, achevant sa vie
terrestre de quelque façon, à quelque moment et en quelque lieu que ce fût, ne se vît
privé des prières de l’Église ». La fixation du samedi des défunts à la veille du
dimanche de l’abstinence de viande remonte à une tradition ancienne, confirmée
par le fait qu’elle se trouve dans le Typicon de St Sabbas au Vème siècle. Cette
tradition résulte de la coutume pour les chrétiens des premiers siècles de se
rassembler dans les cimetières pour commémorer les défunts, ce à quoi font
allusion des témoignages écrits du IVème siècle. La raison pour laquelle l’Église a
retenu le samedi précédant le dimanche du Jugement Dernier est précisément que
nous demandons au Juste Juge de manifester Sa miséricorde en ce jour envers tous
les défunts, dont ceux qui sont restés sans enterrement chrétien. En outre, cette
commémoration a lieu peu avant le Grand Carême, lorsque nous devons entrer dans
une union plus étroite avec les vivants et les morts.
Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne
COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE
DE ST JEAN CHRYSOSTOME
Le transfert des Dons précieux (suite)
Alors que le célébrant accomplissait la proscomédie, nous avons déposé toute notre
vie dans les Dons précieux : nos peines et nos joies, nos ennemis et nos amis, les
vivants et les morts sont maintenant dans les mains du Christ. Et Il nous offre tous à
Dieu le Père.
À ce moment, nous demandons au Christ : « Souviens-Toi de moi, Seigneur, dans
Ton Royaume » (Lc XXIII, 42). Nous Lui demandons qu’Il se souvienne de nous dans
Son Royaume, c’est-à-dire qu’Il nous tire de l’oubli (lethe) de la mort pour nous
placer dans la vérité (a-letheia)1 et dans la Vie, qui n’est autre que Lui-même, afin
que nous puissions nous aussi nous rappeler de Lui par le mystère de Son anamnèse,
la sainte Liturgie.
***
Le transfert des Dons précieux depuis la sainte Prothèse jusqu’à l’Autel « manifeste
l’entrée du Seigneur à Jérusalem depuis Béthanie ». Le Roi des Rois entre dans la
Ville sainte. Le célébrant devient l’ânon sur lequel aucune passion n’a jamais été
assise (cf. Lc. XIX, 30), et est jugé digne pour cela de porter le Roi de gloire. Les
fidèles, au lieu d’étendre leurs vêtements, s’étendent eux-mêmes devant Lui – ils se
prosternent sur le sol. Et préparés spirituellement, ils reçoivent le Christ :
« Portant des palmes en esprit et l’âme purifiée,
louons fidèlement le Christ comme les enfants,
criant à pleine voix au Maître :
Béni es-Tu Sauveur qui est venu dans le monde
sauver Adam de l’ancienne malédiction…
Ô Verbe, Toi qui as disposé toutes choses pour notre utilité, gloire à Toi »
(office du dimanche des Palmes)
*
LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Jn. XX, 11-18 Liturgie :
Rom. XIII, 11-XIV, 4 ; Маtth. VI, 14-21
1 Le grec λήθεια qui signifie « vérité » est la forme négative de la même racine
λήθη qui signifie « oubli » les deux sont reliés au verbe λανθάνω, échapper à, être
ignoré de.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire