"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 19 août 2010

Une voix contemporaine de la Sainte Russie: le staretz Zossime ( +2002) [2]


Fr Zosima

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Tous les saints de la Terre Russe
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Le Stavrodrome (Chemin de Croix)

Quand Khrouchtchev est arrivé au pouvoir en Union soviétique en 1959, de nouvelles épreuves ont commencé alors que la persécution augmentait. Jean, que tout le monde y compris lui-même, savait destiné à la prêtrise, allait souffrir. En 1961, il finit l'école, élève remarquable, mais les communistes ne le laissèrent pas faire d'études au séminaire. Avec la bénédiction du prêtre local, qui voulait le mettre à l'épreuve, Jean est allé étudier la médecine vétérinaire. Cela semblait approprié, car il souffrait avec tous les êtres vivants.

Après une année de ces études, son père spirituel le bénit pour entrer dans le monastère des Grottes de Kiev. Là, son père spirituel devint le staretz clairvoyant, l'higoumène mégaloschème Valentin. C'est lui qui mit en garde le jeune Jean contre les tentations auquelles il devrait faire face à l'avenir. En particulier, il dit: "Ils vont te demander d'être évêque treize fois et une fois d'être évêque au Japon. Refuse, ce n'est pas ta voie". Tout cela arriva. Êtant obéissant à son père spirituel, le Père Zossime refusa toujours l'offre de l'épiscopat.

Jean resta au monastère à Kiev jusqu'à sa fermeture par les athées. A cette époque, le futur métropolite soviétique de Kiev, l'infâme Philarète, qui devait être défroqué, lorsque la liberté vint à l'église dans les années 1990, vint avec des agents du KGB à proximité du monastère. Le staretz Zossime se souvint plus tard comment l'higoumène Valentin, toujours clairvoyant, lui dit [à Philarète]: "Pour ton impiété, tu abandonneras Dieu et tu seras un ennemi de l'Église, le temps viendra, tu seras traître à l'Église. Et rappelle-toi: pour ton impiété, parce que tu as fermé le monastère, Dieu ne te donnera pas une mort normale, tu mourras comme Judas le traître". Cette prophétie reste en suspens jusques à ce jour, car Philarète est encore vivant.

Lors de la clôture du monastère, les moines enterrèrent les icônes pour les sauver et, bien qu'ils pleuraient, ils avaient foi que le monastère serait un jour rouvert, et en effet ce fut le cas.

Après cela, Jean est devenu novice dans une dépendance du monastère de Potchaev en Ukraine. Lorsque elle fut à son tour fermée, Jean reçut une recommandation d'un prêtre pour aller au séminaire (pour cette recommandation, le prêtre a été banni) . Jean a facilement passé tous les examens pour entrer au séminaire de la Trinité-Saint-Serge, mais le KGB ne lui permettait pas d'y entrer. Il lui a également refusé l'entrée au séminaire de Saint-Pétersbourg. Il a été pris en charge par l'évêque Paul de Novossibirsk à l'esprit ascétique, avec qui il a vécu pendant un an comme novice. De l'évêque Paul le novice Jean a beaucoup appris sur les offices de l'Église et il a également décidé qu'il ne se marierait jamais. Ce fut une période féconde.

Après un an, le novice a finalement été accepté pour des études à Saint-Pétersbourg (alors encore appelée Leningrad) avec l'aide du métropolite controversé Nikodime. Le staretz, qui était complètement orthodoxe dans son rejet des hérésies de l'œcuménisme et du modernisme, devait plus tard défendre la réputation du métropolite Nikodim, dont il devint le syncelle pour un temps. Selon le staretz, le métropolite était un homme pieux et faisait ce qu'il a fait dans le seul but de défendre l'Église contre la persécution communiste.

Au séminaire, le jeune Jean passa beaucoup de temps dans la bibliothèque et reçut le surnom de rat de bibliothèque. La connaissance et l'auto-éducation furent extrêmement importantes dans sa vie. En particulier, il aimait histoire de l'Église et avait l'habitude de dire: "L'histoire signifie les racines spirituelles. Peut-il y avoir un arbre sans racines? Donc, sans histoire, il ne peut y avoir de spiritualité".

En 1975, Jean a terminé brillamment le séminaire, s'étant spécialisé dans l'histoire du monastère de Valaam. Le 3 Juin de cette année, il fut tonsuré moine, prenant le nom de Savvace, d'après l'un des deux fondateurs du monastère de Valaam. Lorsqu'il fut tonsuré, le Métropolite prédit qu'il mourrait sous le nom de Zossime, d'après l'autre fondateur de Valaam. Six jours plus tard, il fut ordonné hiéromoine et, exceptionnellement, on lui attribua tout de suite une croix d'or. Il semblait que le Père Sabbace serait destiné à enseigner, mais le jeune prêtre voulut servir les autres dans les églises. Car il n'avait pas de prétention intellectuelle et souvent, il répétait les paroles bien connues de saint Ambroise d'Optina: "Où c'est simple, il y a une centaine d'anges, où c'est complexe, il n'en est pas un seul". Le jeune prêtre ne voulait pas enseigner, mais mettre ses connaissances dans les services de l'Église. Par exemple, ayant appris à connaître l'histoire de l'Église russe, quand il lisait la prière d'intercession des offices des Vigiles, il passait une demi-heure à lire la liste complète des saints de la Sainte Russie dans l'ordre chronologique. Il connaissait chaque saint, car il était dans leur succession.

(À suivre)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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