"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 16 avril 2025

Adorer des idoles et honorer des icônes

 

 

Parfois, il y a un moine ou un autre dans la Sainte Montagne [de l'Athos]  qui, à première vue, semble être fou. Il est atypique, plaisante, fait des grimaces, mais bientôt vous découvrez si vous le saluez qu'il peut vous faire réfléchir quand il vous raconte des choses de votre vie.

C'est ce qui m'est arrivé lors d'un de mes pèlerinages là-bas. Un magnifique après-midi, j'étais dans l'une des cellules de l'ermitage de Lacu avec de nombreux moines parmi lesquels un d'entre eux était spécial.

Quand je l'ai rencontré, la première impression fut très forte. Tout d'abord, ce qui m'a choqué, c'était sa rare humilité. Il embrassait les mains de toutes les personnes, quel que soit leur âge ou leur statut social. Peu importe que vous étiez un moine ou un simple pèlerin à la Sainte Montagne. En pensant qu'il était fou. Cependant, celui qui le connaissait, savait qu'il n'était pas fou dans la signification que nous donnons au mot, mais fol-en-Christ dans le vrai sens de celui-ci.

Ce père ne joue que le rôle du fou dans la société, sa méthode est de se protéger des éloges et de la vanité. Quand je suis arrivé à la cellule, j'ai vu qu'il a pris ma main de force, ses incliné et a pressé ses lèvres dessus dans un baiser non feint.

J'ai été choqué et perplexe de voir ce geste, mais j'ai compris qu'il était causé par sa profonde humilité devant toute la création. Je ne méritais certainement pas une telle considération. J'ai donc répondu que c'était moi qui étais censé lui embrasser la main et je n'avais aucune idée de la raison pour laquelle il changeait les rôles. Il a souri sans me répondre. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser qu'il avait un problème. Mais j'ai vite compris que c'était moi qui avais des problèmes.

Étant assis autour de la table pour prendre une collation, les sujets de conversation sont venus naturellement. À ce moment-là, le moine a commencé à faire de petites blagues qui nous ont tous fait sourire. Et c'est ce qu'il voulait... nous faire sourire. Il m'a regardé pendant que je me demandais s'il suivait un traitement. À ce moment-là, il a souri et m'a dit ce que je pensais de lui, qu'il était fou.

Puis il m'a surpris en parlant de ma vie personnelle et professionnelle, de choses connues que par moi et que je n'avais jamais partagées avec les autres. Les autres moines m'ont regardé en souriant faiblement. Toutes les personnes présentes le connaissaient, sauf moi. Comme je l'ai découvert plus tard, je n'étais pas la première personne à qui il avait raconté ce que la personne avait fait dans sa vie ou ce qu'il était censé faire pour l'améliorer.

Puis j'ai appris à connaître en effet ce beau père qui errait en pèlerinage d'un endroit à l'autre dans le pays et dans la Montagne Sainte sans robes monacales, mais respectant les vœux monastiques et en corrigeant les gens par des paroles simples, mais avec une grande signification et une grande importance.

J'étais curieux de savoir de sa bouche quelle opinion il avait sur le culte des saintes icônes. N'était-ce pas une sorte d'adoration des idoles qui est interdite par l'enseignement orthodoxe ? La question fit tomber son masque. Son visage devint sérieux avec un regard si profond que j'avais rarement vu. Il était devenu un porte-parole de Dieu.

«  Nous considérons avec circonspection ce qu'un homme fait dans l'église lorsqu'il honore une icône en faisant le signe de croix devant elle et nous ne pensons pas pouvoir dire qu'il vénère une image peinte.. Mais l'icône à travers les siècles fut donatrice de myrrhon, elle pleura et répandit du sang, parla ou changea sa position initiale. Il y a des dizaines d'exemples ou peut-être des centaines comme vous l'avez découvert. 

Les miracles d'une icône ne peuvent pas être faits par une image peinte. C'est pourquoi il ne peut y avoir aucune marque d'équivalence entre une icône et une image peinte. Adorer une image peinte rappelle le fait d'adorer les idoles. Si vous adorez les idoles, vous ne faites rien d'autre que de les mettre au-dessus de Dieu. C'est ce qu'on appelle un abandon. La Sainte Trinité, la Mère de Dieu ou les saints ne sont pas des idoles. Lorsque nous honorons une icône, nous n'honorons pas une image peinte, mais la personne représentée par l'icône. Bien que nous fassions le signe de la croix devant l'icône, en fait, nous adorons en esprit et en vérité la personne qui est peinte par le créateur d'icônes. Maintenant, vous comprenez pourquoi honorer les icônes n'est pas la même chose que d'adorer une image peinte comme le croient les sectaires ? Leur confusion est énorme et ils ne font aucun effort pour comprendre les choses telles qu'elles sont... Le père termina son discours en secouant la tête avec regret.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

THE ATHONITE TESTIMONY

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