29 janvier / 11 février
Dimanche de l’abstinence de viande ou
du Jugement Dernier
Translation des reliques de saint Ignace le Théophore, évêque
d'Antioche, martyr (107) ; saint Sarbèle et sainte Barbée, martyrs à Édesse
(vers 110) ; saints Romain, Jacques, Philothée, Julien, Habib, Parigore et
Hypéréchios, martyrs à Samosate (297) ; saints Sylvain, évêque d'Émèse, Luc,
diacre, et Mocias, lecteur, martyrs en Phénicie (312) ; sainte Savine (313) ;
saint Sulpice Sévère, ami et biographe de saint Martin de Tours (vers 410) ;
saint Laurent, évêque de Tourov (1194) ; saints Gérasime (1467), Pitrim (1455)
et Jonas (1470), évêques de Perm ; saint Démètre de Chios, néo-martyr grec
(1802) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Jean (Granitov) et Léonce
(Klimenko), prêtres, Constantin (Zverev), diacre et les cinq martyrs avec eux
(1920).
Lectures : I Cor.
VIII, 8 - IX,2 / Мatth. XXV, 31-46
LE DIMANCHE DE L’ABSTINENCE DE VIANDE OU DU JUGEMENT
DERNIER[1]
C
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elui qui donne à manger à un
homme qui a faim, donne à manger au Christ. Qui donne à boire à celui qui a
soif, donne à boire au Seigneur. Qui donne un vêtement à l’homme nu, donne un
vêtement au Seigneur. Qui accueille un étranger, accueille le Seigneur. Qui
rend visite au malade, au malheureux ou au prisonnier, rend visite au Seigneur.
Car il a été dit dans l’Ancien Testament : Qui fait la charité au pauvre prête au Seigneur qui paiera le bienfait
de retour (Pr 19, 17). Car à travers ceux qui nous demandent de l’aide, le
Seigneur éprouve nos cœurs. Dieu ne nous demande rien pour Lui-même ; Il
n’a besoin de rien. Celui qui a créé le pain ne peut avoir faim ; ni avoir
soif Celui qui a créé l’eau ; ni être nu Celui qui a vêtu toutes Ses
créatures ; ni être malade Celui qui est la source de la santé ; ni
être prisonnier Celui qui est le Seigneur des seigneurs. Il nous demande de
faire preuve de charité, afin que nos cœurs soient ainsi adoucis et purifiés.
Dieu est en mesure, par Sa toute-puissance, de rendre soudain tous les hommes,
riches, rassasiés, vêtus
et satisfaits. Mais il permet que
les hommes connaissent la faim, la soif, la maladie, la douleur et la misère,
pour deux raisons : tout d’abord pour qu’à travers tout ce qu’ils
endurent, ils adoucissent et purifient leurs cœurs, se souviennent de Dieu et
s’approchent de Lui dans la foi et la prière ; puis, pour que ceux qui ne
souffrent pas, les riches et les rassasiés, les vêtus et en bonne santé, les puissants
et libres, voient la misère humaine et que, grâce à la charité, leurs cœurs
soient adoucis et purifiés ; pour que dans les souffrances d’autrui ils
ressentent leurs propres souffrances, dans l’humiliation d’autrui leur propre
humiliation, et se rendent ainsi compte de la fraternité et de l’unité de tous
les hommes sur terre à travers le Dieu vivant, Créateur et Concepteur de tous
et de tout sur la terre. Le Seigneur nous demande la miséricorde, la
miséricorde au-dessus de tout : car Il sait que la miséricorde est la voie
et la méthode du retour de l’homme à la foi en Dieu, de l’espérance en Dieu et
de l’amour envers Dieu. Telle est la signification apparente. La signification
intérieure, elle, concerne le Christ en nous-mêmes. Dans toute pensée lumineuse
de notre esprit, dans tout sentiment généreux de notre cœur, dans toute
aspiration noble de notre âme en vue de l’accomplissement du bien, apparaît le
Christ en nous, par la force du Saint-Esprit. Toutes ces pensées lumineuses,
sentiments généreux et aspirations nobles, Il leur donne le nom de plus petits
de Ses frères. Il les appelle ainsi parce qu’ils constituent en nous une
minorité infime par rapport à la masse énorme de boue terrestre et de
méchanceté qui est en nous. Si notre esprit a faim de Dieu et que nous lui
permettons de se nourrir, nous avons nourri le Christ en nous ; si notre
cœur est dépourvu de toute bonté et générosité divine, et que nous lui
permettons de se vêtir, nous avons revêtu le Christ en nous ; si notre âme
est malade et emprisonnée par notre propre méchanceté et nos mauvaises actions,
et que nous nous souvenons des autres et leur rendons visite, nous avons visité
le Christ en nous. En un mot, si nous donnons protection à l’autre homme qui
est en nous, celui qui a occupé jadis le premier rôle et qui représente le
juste, écrasé et humilié par l’homme mauvais, le pécheur, qui est aussi en
nous, nous donnons protection au Christ en nous-mêmes. Petit, tout petit, est
le juste qui est en nous ; énorme, immense, est le pécheur qui est en nous.
Mais le juste qui est en nous est le petit frère du Christ, alors que le
pécheur qui est en nous est un adversaire du Christ de la taille de Goliath.
Par conséquent, si nous protégeons le juste qui est en nous, si nous le rendons
libre, si nous lui donnons des forces et l’amenons vers la lumière, si nous
l’élevons au-dessus du pécheur afin qu’il puisse régner totalement sur le
pécheur, alors nous pourrions dire comme l’apôtre Paul : Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ
qui vit en moi (Ga 2, 20) ; alors nous aussi, nous serons appelés bénis et entendrons les paroles du Roi
au Jugement dernier : Venez, les
bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis
la fondation du monde.
St Nicolas Vélimirovitch
Tropaire du dimanche, ton 3
Да веселя́тся небе́сная, да ра́дуются земна́я; я́ко
сотвори́ дeржа́ву мы́ш-цею Cвое́ю Го́сподь, попра́ cме́ртiю cме́рть,
пе́рвенецъ ме́ртвыxъ бы́сть, изъ чре́ва а́дова изба́ви на́съ и подаде́
мípoви ве́лiю ми́лость.
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Que les cieux soient dans l’allégresse, que
la terre se réjouisse, car le Seigneur a déployé la force de Son bras. Par Sa
mort, Il a vaincu la mort ! Devenu le Premier-né d’entre les morts, du sein
de l’enfer, Il nous a rachetés, accordant au monde la grande Miséricorde.
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Kondakion du dimanche du Jugement dernier, ton 1
Егда́
пріи́деши Бо́же на зе́млю co cлáвою, и тpeпе́щутъ вся́ческая ; pѣка́ же
о́гненная предъ суди́щемъ влече́тъ, кни́ги paзгиба́ются, и та́йная явля́ются;
тогда́ изба́ви мя́ oтъ огня́ неугаси́маго, и cподо́би мя́ одесну́ю Teбе́
ста́ти cyдіе́ пра́веднѣйшій.
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O
Dieu, lorsque Tu viendras sur la terre dans la gloire et que trembleront
toutes choses, un fleuve de feu coulera devant le tribunal, les livres seront
ouverts et les secrets révélés. Délivre-moi du feu inextinguible et rends-moi
digne de me tenir à Ta droite, Juge très juste.
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LE SAMEDI DE L’ABSTINENCE DE VIANDE
Le
premier samedi, dit « universel », consacré à la mémoire des défunts,
est celui qui précède le dimanche de l’abstinence de viande. Ce samedi est dit
« universel » parce que l’on y fait mémoire de tous les défunts
depuis Adam jusqu’à nos jours. Dans les livres liturgiques, il est mentionné
« que l’on fait mémoire de tous les
chrétiens orthodoxes, de nos pères et frères, qui se sont endormis depuis les
siècles ». Il est écrit dans le synaxaire (commentaire
du jour ou de la fête, figurant dans les livres liturgiques après le kondakion)
: « Les saints Pères ont disposé
qu’il convenait de faire mémoire de tous les défunts pour la raison suivante.
Nombreux sont ceux qui meurent souvent d’une mort non naturelle, par exemple
lors d’un voyage en mer, ou encore sur des montagnes infranchissables, dans des
gorges ou précipices ; il arrive encore que certains meurent de faim, du
fait d’un incendie, de la guerre, ou du gel. Et qui énumérerait toutes les
sortes et tous les genres de mort soudaine et inattendue ? Tous ceux qui
entrent dans lesdites catégories sont privés des chants et des prières
funèbres. C’est la raison pour laquelle, les saints Pères, mus par l’amour des
hommes, ont décidé, sur le fondement de l’enseignement apostolique, d’accomplir
cette commémoration universelle, afin que personne, achevant sa vie terrestre
de quelque façon, à quelque moment et en quelque lieu que ce fût, ne se vît
privé des prières de l’Église ». La fixation du samedi des défunts à
la veille du dimanche de l’abstinence de viande remonte à une tradition
ancienne, confirmée par le fait qu’elle se trouve dans le Typicon de St Sabbas au Vème siècle. Cette tradition résulte de la
coutume pour les chrétiens des premiers siècles de se rassembler dans les
cimetières pour commémorer les défunts, ce à quoi font allusion des témoignages
écrits du IVème siècle. La raison pour laquelle l’Église a retenu le samedi
précédant le dimanche du Jugement Dernier est précisément que nous demandons au
Juste Juge de manifester Sa miséricorde en ce jour envers tous les défunts,
dont ceux qui sont restés sans enterrement chrétien. En outre, cette
commémoration a lieu peu avant le Grand Carême, lorsque nous devons entrer dans
une union plus étroite avec les vivants et les morts.
AU SUJET DU JUGEMENT DERNIER
Dans l’image de Dieu que l’être humain porte
en lui, se trouve le Verbe Divin immortel. En cela est la majesté immortelle et
divine même chez l’un des « plus petits » parmi les hommes. Cette
vérité évangélique est fondamentale : tout ce que tu fais aux hommes, tu
le fais en fin de compte au Christ, au Créateur, au Sauveur, au Juge. Chaque
homme porte en lui le Christ, qu’il en soit conscient ou non. Pour cette
raison, toute attitude que tu adoptes envers quelque homme que ce soit, chacun
de tes sentiments pour un homme, toute pensée sur un homme, revêt une
importance infinie et décisive pour toi. Car c’est cela qui définit ton destin
éternel dans l’autre monde, c’est en fonction de cela que tu seras jugé. Chaque
homme, chaque frère le plus petit, porte en lui tout l’Évangile pour toi ; et de chacun de ces
« frères les plus petits » dépend ton salut. En fait, dans l’Évangile sur le Jugement, le Seigneur nous dit
cette vérité, cette vérité universelle : ton salut dépend de ton attitude
envers le prochain, envers tes frères à l’image du Christ. C’est là tout
l’Évangile. Autrement dit : l’homme se sauve et se condamne par le
prochain. Néanmoins, comme il est facile de se sauver ! Tu nourris
l’affamé en tant que créé par Dieu, et tu es sauvé ! Tu donnes à boire à
celui qui est assoiffé, tu es à nouveau sauvé ! Tu reçois un voyageur,
encore une fois, tu es sauvé ! Tu rends visite à un malade, tu es renforcé
dans le salut ; tu visites un prisonnier, tu es encore une fois sauvé.
Ainsi, de jour en jour, tu es le créateur de l’Évangile, et ainsi ton propre
sauveur. Car en accomplissant cela, tu t’unis continuellement spirituellement
avec le Sauveur : « C’est à Moi que vous l’avez fait ». Le salut
n’est rien d’autre que l’union de l’homme avec le Sauveur par les saints
Mystères et les saintes vertus évangéliques.
St Justin de Tchélié
Vient
de paraître aux Éditions
APOSTOLIA, collection « Doxologie » : MYSTAGOGIE DU GRAND CARÊME, Essai
de théologie du temps liturgique, par le hiéromoine Macaire de Simonos
Petras. http://www.mitropolia.eu/fr/site/226/
[1] Extrait des Homélies de saint Nicolas Vélimirovitch sur les
Evangiles des dimanches et jours de fête, Coll. Grands Spirituels orthodoxes du
XXème siècle, L’Âge d’Homme 2016.
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