8/21 février
Dimanche du Pharisien et du Publicain
Commencement du Triode de Carême
Après-fête de la sainte Rencontre : saint et grand martyr
Théodore le Stratilate (319) ; saint prophète Zacharie (vers 520 avant Jésus-Christ) ; saint Sava II,
archevêque de Serbie (1269) ; saints hiéromartyrs Syméon, André, Serge et
Pierre, prêtres (1938) ; saint hiéromartyr
Alexandre, prêtre (1942).
Lectures : II Тim. III, 10-15; Lc. XVIII, 10-14
AU SUJET DU TYPICON ET DU TRIODE DE CARÊME
A |
ujourd’hui commence le cycle des fêtes mobiles, le Triode commençant le dimanche du Pharisien et du Publicain et s’achevant avec la Semaine de la Passion. Ce cycle tire son nom d’un livre liturgique, le « Triode », appelé ainsi en raison de certains canons des matines qui s’y trouvent et ne contiennent que trois odes, tandis qu’habituellement celles-ci sont au nombre de neuf. Le ton général du Triode dit « de carême » est celui de la prière unie à la pénitence. Le Triode contient des compositions appartenant à une vingtaine d’hymnographes, dont les plus célèbres remontent aux VIIIème et IXème siècle : André de Crète, Cosmas de Maïouma, Jean Damascène, Joseph, Théodore et Syméon les Studites, l’empereur Léon le Sage, Théophane le Marqué, et d’autres encore. Leurs préceptes, exprimés dans les offices, enseignent aux chrétiens orthodoxes depuis plus de mille ans de quelle manière il convient de passer le temps du Grand Carême.
La
préparation du Grand Carême commence peu après la Théophanie, parce que Notre
Seigneur Jésus-Christ Lui-même,
après Son baptême, s’éloigna dans le désert pour jeûner. Par cette
préparation, la sainte Église, agit dans ses offices « comme un général
qui, par des paroles opportunes et sages, encourage ses soldats avant le
combat » (synaxaire du jour). Pour cette raison, elle montre en ce
jour que l’humilité est le commencement et le fondement du repentir :
« Par l’élévation (de soi-même) tout bien se vide, par
l’humilité tout mal est purifié » (canon des matines). Au cours de la
semaine du Publicain et du Pharisien, il est permis de manger toute nourriture,
même le mercredi et le vendredi, afin de dénoncer l’orgueil du Pharisien, qui
se vantait de jeûner deux fois par semaine. Selon les paroles du saint hiérarque Athanase de Kovrov
(†1962), « les offices et les règles
de prières n’ont pas été créés par hasard ou n’importe comment. Tous ces
offices, tout ce qui se trouve dans le Typicon [livre contenant les règles
de célébration de l’office] et les livres liturgiques, est, pour la
plupart, le fruit des labeurs dans la prière des meilleurs enfants de l’Église,
les grands saints de Dieu. Ceux-ci consacraient toute leur vie à la prière
incessante, brûlaient de l’aspiration pour le monde céleste. Ils « préféraient
la rudesse du désert à toutes les douceurs du monde entier »
(kondakion de St Gérasime) et,
s’éloignant complètement des hommes, devenus habitants du désert, ils
« affermirent l’univers par leurs prières » (tropaire de S.
Antoine le Grand), et, lorsqu’ils « chantaient les saintes prières, ils
avaient pour concélébrants les anges » (tropaire de St Spyridon). L’Église a reçu et conservé ces paroles
sacrées, dans lesquelles ils épanchaient leur âme devant Dieu. La Sainte
Église, guidée par l’Esprit Saint a, dans la richesse de l’expérience de prière
de ses meilleurs fils, rassemblée de cette façon, choisi ce qu’il y avait de
meilleur, de plus nécessaire, puis l’a systématisé, corrigé ce qui était
inachevé, et a ajusté le tout en une unité harmonieuse. C’est ainsi que s’est
constitué le Typicon que les anciens écrivains russes appelaient non sans raison
« un livre inspiré ».
Tropaire du dimanche du 5ème ton
Собезнача́льное
Сло́во Oтцу́ и Ду́xoви, отъ Дѣ́вы ро́ждшeecя на спасéнie на́ше, воспои́мъ
вѣ́рніи и поклони́мся, я́ко благоволи́ пло́тію взы́ти на крéстъ, и cмéрть
претерпѣ́ти, и воскреси́ти умéршыя сла́внымъ воскресéніемъ Cвои́мъ.
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Fidèles,
chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge
pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la
croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse
Résurrection !
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Tropaire de la Ste Rencontre, ton 1
Ра́дуйся, Благода́тная
Богоро́дице Дѣ́во, и́зъ Тебе́ бо возсiя́ Со́лнце
пра́вды, Христо́съ Бо́гъ на́шъ, просвѣща́яй су́щыя во
тьмѣ́. Весели́ся
и ты́, ста́рче пра́ведный, прiе́мый во
объя́тiя Свободи́теля ду́шъ на́шихъ, да́рующаго на́мъ воскресе́нiе.
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Réjouis-toi, ô Pleine de grâce, Vierge Mère de Dieu,
car de toi s’est levé le Soleil de Justice, le Christ notre Dieu, illuminant
ceux qui sont dans les ténèbres. Sois aussi dans l’allégresse, juste vieillard,
qui as reçu sur tes bras Celui qui libère nos âmes et nous donne la
Résurrection.
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Kondakion
du dimanche du pharisien et du publicain, ton
4
Фариcé́eва убѣжи́мъ
высоко-глаго́ланія, и
мытарéвѣ
научи́мся
высотѣ́ глаго́лъ смирéнныxъ, покая́нieмъ
взыва́юще: Cпа́ce мípa, oчи́сти рабы́ Tвоя́.
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Fuyons la jactance du pharisien et apprenons du publicain la sublimité
d’un langage humble, criant dans le repentir : « Sauveur du monde,
purifie Tes serviteurs ».
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Kondakion
de la fête de la Ste Rencontre, ton 1
Утро́бу Дѣви́чу ocвяти́вый Poждество́мъ Tвои́мъ и pу́це Cѵмео́нѣ благослови́вый я́коже подоба́ше, предвари́въ и ны́нѣ спа́слъ ecи́ на́cъ, Христé Бо́же, но yмири́ во бранѣ́xъ жи́тельство и yкрѣпи́ пpaвосла́вныя хpистіа́ны, и́xже возлюби́лъ ecи́, еди́не человѣколю́бче.
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O Toi qui as sanctifié par Ta
naissance le sein virginal et qui as béni, comme il le fallait, les bras de
Siméon, Tu es venu, Christ Dieu, nous sauver en ce jour. Dans ses guerres,
donne la paix à Ta cité et affermis les chrétiens orthodoxes que Tu as aimés,
Toi seul Ami des hommes.
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Au lieu
de « Il est digne en vérité », ton 3
Богopóдицe Дѣ́вo, упова́нie xpиcтiáномъ, покры́й, coблюди́ и спаси́ на́ Тя́ упова́ющихъ. Въ зако́нъ cѣ́ни и пиcáній о́бpaзъ ви́димъ вѣ́pніи : вcя́къ му́жескiй по́лъ, ложесна́ paзверза́я, cвя́тъ Бо́гу ; тѣ́мъ Пepвоpoжде́нное Cло́во Отца́ безнача́льна, Cы́на пepвоpoдя́щася Maтépiю неискоcyмýжно, величáeмъ.
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Mère de Dieu, espérance de tous les chrétiens,
abrite, protège et garde ceux qui espèrent en toi. Dans la Loi, nous
découvrons, nous, fidèles, sous l’obscurité de la lettre, une figure : tout
mâle premier-né est consacré à Dieu. C’est pourquoi nous magnifions le Verbe
Premier-né, Fils du Père Éternel, Premier-né de la Vierge Mère.
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OUVRE-NOUS LES
PORTES DE LA PÉNITENCE, DONATEUR DE VIE !
Le
premier dimanche du Triode, à savoir celui du Pharisien et du Publicain, a été
appelé « annonciateur » des combats spirituels, car il est comme une
trompette qui nous annonce la préparation du combat contre les démons lors du
carême qui vient.
Le
premier signal de cette préparation au combat est constitué par les trois
stichères qui sont chantés immédiatement après l’Évangile des Matines :
« Ouvre-moi les portes de la
pénitence, Donateur de vie… », « Conduis-moi sur les chemins du salut… » et « Me souvenant de la multitude de mes
mauvaises actions… ». Ces stichères nous emplissent de componction et
bouleversent nos cœurs. À leur lumière, nous voyons notre âme et notre corps
souillés par les nombreuses actions mauvaises que nous avons accomplies. Nous
voyons encore notre vie passée, gaspillée dans l’oisiveté, alors que le
Jugement redoutable approchera soudain. Que ferons-nous ? Une profonde
affliction et la crainte nous saisissent et jettent de l’ombre sur notre âme.
Mais à ce moment, se manifeste un rayon d’espoir : la miséricorde infinie
du Seigneur, la prière pleine de force de la Mère de Dieu et l’œuvre de notre
purification et de notre renouveau par la pénitence, dont s’ouvre maintenant la
porte. L’espoir nous renforce et nous donne la hardiesse de crier, le cœur
brisé, avec le prophète David : « Aie
pitié de moi, ô Dieu, selon Ta grande miséricorde… » Ces trois
stichères que nous avons mentionnés, nous parlent de la pénitence et nous
enseignent toujours à l’accomplir en faisant un retour sur nous-mêmes et en
réfléchissant à notre vie dans le péché ; en gardant à l’esprit la crainte
du Jugement redoutable ; dans l’espoir et la confiance en la miséricorde
Divine. Les sentiments de crainte et d’espoir qu’éveillent en nous ces
stichères, doivent nous accompagner constamment durant le Grand Carême. C’est
pourquoi nous les entendrons aux matines dès maintenant, chaque dimanche de
Carême, jusqu’au cinquième.
Le
deuxième signal de préparation au Carême nous est donné dans l’exemple
évangélique du Pharisien et du Publicain (Lc XVIII, 10-14) qui, avec les
lectures et les chants des Vêpres et des Matines nous invite à cette
réflexion : « Frères, ne prions
pas à la manière du Pharisien, car celui qui s’élève sera humilié. Humilions-nous
devant Dieu à la manière du Publicain, au moyen du jeûne, en criant : ô Dieu,
aie pitié de nous pécheurs » (Stichère du Lucernaire). « Le Pharisien
vaincu par la vanité… fut privé de Tes biens et l’autre, n’osant parler,
fut rendu digne de Tes dons » (idem).
Comme nous l’explique le Synaxaire du dimanche[1], la
parabole nous présente deux états de l’âme : celui du Publicain, auquel
nous devons aspirer, et celui du Pharisien, dont nous devons nous tenir
éloigner et fuir. Car l’humilité et la pénitence du Publicain se sont avérées
décisives dans le combat contre les démons, tandis que l’orgueil et la jactance
du Pharisien ont constitué le commencement et la source de tout péché. En
effet, c’est l’orgueil qui a causé la chute du diable et c’est le même péché
qui a fait expulser Adam du paradis, tandis que la guérison du monde est venue
avec l’humilité, celle du Fils de Dieu, qui a pris la forme du serviteur et a
subi la mort honteuse sur la Croix. C’est un exemple vivant que nous donne la
parabole. Le Pharisien était un homme juste, tandis que le Publicain était un
pécheur. Celui-ci, cependant, revint chez lui justifié. En reconnaissant son
état de pécheur, il acquit la justice rapidement et sans peine. Non seulement
cela, mais tous ceux qui se sont humiliés ont été justifiés, comme le dit le doxasticon des Vêpres du dimanche :
« Seigneur Tout-Puissant, je
sais ce que peuvent les larmes : elles relevèrent Ezéchias des portes de la
mort ; elles délivrèrent la pécheresse de ses fautes accomplies durant de nombreuses
années ; et elles justifièrent le Publicain bien plus que le Pharisien ». Ainsi, l’humilité purifie
rapidement et soulage du fardeau du péché, comme le dit le Christ
Lui-même : « Quiconque s’élève
sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » (Lc XVIII, 14).
Lorsqu’il s’humilie, l’homme se purifie du péché et commence à acquérir la
Grâce Divine, qui le recouvre et empêche le péché de l’assiéger. Pour cette
raison, l’Apôtre Pierre dit que « Dieu
donne la grâce aux humbles » (I Pierre V, 5). L’humilité devient le
liturge de la grâce dans l’homme, tandis que l’œuvre de la grâce mène à
l’acquisition de toutes les vertus. De même que l’orgueil est la source de tout
mal, l’humilité est la source de toutes les vertus.
Père Petronios (+2011) du
Mont Athos
[1] Le Synaxaire
est l’explication de l’événement commémoré ou la vie du saint du jour, placée
après l’ikos dans le canon des Matines. Bien que faisant partie de l’office
liturgique, il n’est pas lu à l’église.
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