La vraie foi et la vraie science sont
entièrement compatibles, car elles décrivent toutes deux la vérité, dont la
source est Dieu. Les incompatibilités et les contradictions surgissent quand il
s'agit soit de fausse foi ou de fausse science. Ainsi Père Seraphim Rose écrit:
"Même si la connaissance révélée est plus élevée que la connaissance
naturelle, pourtant nous savons qu'il ne peut y avoir aucun conflit entre la
véritable révélation et la vraie connaissance naturelle. Mais il peut y avoir
conflit entre la révélation et la philosophie humaine, qui est souvent
dans l'erreur. Il n'y a donc pas de conflit entre la connaissance de la
Création contenue dans la Genèse, telle qu'elle est interprétée pour nous par
les saints Pères, et la vraie connaissance des créatures que la science
moderne a acquise par l'observation ; mais il y a très certainement un
conflit irréconciliable entre les connaissances contenues dans la Genèse et la
vaine spéculation philosophique des scientifiques modernes, peu éclairée par la
foi, sur l'état du monde dans les six jours de la Création". [3]
Prenons le conflit entre le Pape et
Galilée. Il s'agissait d'un conflit entre la fausse foi et la vraie science. Le
Pape a pris comme divinement révélé - c'est-à-dire comme un principe de foi -
que la terre était plate. Mais il n'y avait pas et il n'y a pas une telle
révélation divine - en fait, le prophète parle de "cercle de la terre"
(Esaïe 40:22). Depuis lors, les scientifiques athées ou agnostiques ont pris
comme article de leur foi, que chaque fois que la foi et la science semblent
être en conflit, la foi est erronée. Mais c'est, bien sûr, une fausse
conclusion. Quand la science véritable confronte la fausse foi, elle rend
service à la vérité en démasquant une superstition. Mais il y a aussi des
superstitions scientifiques...
"Mais la science est en constante
progression", me direz-vous. "Nous devons donc accepter ses dernières
découvertes. Sinon, nous serons comme le Pape qui a rejeté Galilée. Après tout,
le pape avait une foi fausse, et Galilée avait raison de croire que la terre
est ronde. "Mais que faire si nous avons la vraie foi, et que les
scientifiques en question ne sommes pas aussi intelligents que Galilée? Comme
orthodoxe nous ne sommes en aucun cas obligés de rejeter Galilée - même si nous
sommes obligés de rejeter Darwin et Dawkins.
Car notre foi n'est pas un système
métaphysique farfelu qui est
compatible avec n'importe quel événement historique concret ou n'importe quelle
hypothèse scientifique. Au contraire, comme un arbre, elle est concrètement
ancrée dans le sol des événements historiques, même si ses branches s'étendent
bien au-dessus de la terre et du ciel dans les cieux. Et il importe peu que
vous coupiez l'arbre plus haut sur le tronc, dans le domaine de la théologie
pure, ou à la racine, dans le domaine des faits historiques et des hypothèses
scientifiques. Ainsi, nous renonçons également à la foi si nous acceptons
l'hérésie théologique du Filioque, ou de fausses hypothèses scientifiques,
telles que l'évolutionnisme, ou l'idée des physiciens que nous pouvons, en
théorie, revenir en arrière dans le temps et tuer nos propres pères, ou l'idée
que nous croyons en Dieu par désirs inconscients d'une figure de père, ou que
le Christ n'est pas mort, mais s'est réveillé d'un coma et a poussé la pierre
du tombeau. Le résultat est le même: la foi est détruite.
Lorsque nous sommes confrontés à de
telles hypothèses scientifiques fausses, nous devons faire un choix: croyons-nous
notre foi ou cette "prétendue science", comme saint Paul l'appelle (I
Timothée 6 :20)? Si nous croyons que la source de notre foi, c'est Dieu
Lui-même, Qui ne peut mentir, mais que Lui-même s'est avéré être la Vérité par
sa résurrection d'entre les morts, et que nous appartenons à l'Église de Dieu,
qui est "la colonne et le fondement de la vérité "(I Timothée 3:15),
alors nous devons rejeter ces hypothèses scientifiques, même si nous ne pouvons
pas voir immédiatement la faille dans leur argumentation. Cela peut demander un
peu de courage (jusqu'à ce que les preuves réfutant les fausses hypothèses
scientifiques émergent), mais c'est en réalité une décision très rationnelle,
et pas seulement un produit de ce que les incroyants aiment à appeler la foi
"aveugle".
Car notre foi, étant fondée sur la
vraie raison, satisfait à la fois l'esprit et le cœur. Elle lie tout ensemble
dans un système cohérent qui s'auto-renforce à chaque point. Aucun autre
système ne satisfait de cette façon; tous les autres systèmes
religieux-philosophiques inventés par l'homme, y compris ceux qui mettent la science
à la tête de l'édifice, sont à la fin auto contradictoires. Par conséquent, même
si certains "faits" apparaissent, qui semblent contredire notre foi,
il est beaucoup plus logique de conserver notre foi tout en soumettant les
nouveaux «faits» à la critique sceptique. En ce qui concerne ces "faits",
nous devons être comme Thomas l'incrédule et vraiment les vérifier en utilisant
toutes les ressources de la foi et de la raison. Et si nous ne pouvons pas les
réfuter immédiatement, il faut nous toujours croire, car «Heureux ceux qui
n'ont pas vu [les preuves scientifiques ou logiques] et qui ont cru» (Jean
20 :29). Car si nous devions rejeter notre foi, tous les problèmes,
intellectuels, philosophiques et moraux, qui ne posent aucun problème pour nous
maintenant, en tant que croyants, redeviennent des problèmes pour nous. Et de
très sérieux problèmes, problèmes qui font de toute l'histoire de l'univers,
comme Macbeth le dit, "un conte plein de bruit et de fureur, qui ne
signifie rien... " "En tout cas", a dit saint Basile le Grand,
"préférons la simplicité de la foi aux démonstrations de la «raison». "
[4]
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Notes:
[4] Saint-Basile, Homélie 1 dans l'Hexaemeron.
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