"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 4 janvier 2010

Fols-en-Christ: saint Jean d'Oustioug


Прокопий и Иоанн Устюжские

Saint Jean d’Oustioug ( Avec Saint Jean Baptiste)
(29 mai)

Au-delà de la rivière Soukhona, dans le village de Pykhov, près du Vieil Oustioug, vivaient Sabbas et Marie, pieux couple d’un certain âge. Un fils leur étant né, ils se souvinrent d’Elisabeth et de Zacharie et le nommèrent Jean. Il advint que ce nom soit prophétique, car le nouveau Jean se révéla imitateur du Prodrome.
Très tôt dans son enfance, Jean commença à mener une vie stricte ; il ne mangeait rien le mercredi et le vendredi tandis que, les autres jours, il ne prenait généralement que du pain et de l’eau. Quand sa mère lui demanda pourquoi il jeûnait aussi sévèrement alors qu’il n’était qu’un enfant, il répondit : «Afin d’être délivré des péchés. Personne, si ce n’est Dieu, n’est exempt de péché. Je ne vais pas commencer à nourrir la chair afin qu’elle puisse devenir mon ennemie».
Finalement, sa famille déménagea à Orlets mais, peu après, Sabbas mourut. Marie entra au couvent de la Sainte-Trinité et son jeune fils vécut avec elle, tout en continuant son combat silencieux. Plus tard, il suivit la voie de la folie pour le Christ et sa mère le laissa en paix faire la volonté de Dieu.
Jean retourna au Grand Oustioug et là, près de l’église de la Dormition, il vécut dans une cabane construite pour lui par le dévoué André Mishnev. Il passa là ses nuits en prière mais, dans la journée, il errait dans les rues avec toute l’apparence d’un fou, à demi-nu, vêtu d’une seule chemise liée à la taille par une ceinture. Suivant l’exemple du juste Procope, Jean, lorsqu’il était las, se reposait souvent sur un tas de fumier. Il se reposait cependant rarement car il priait toute la nuit et accomplissait son combat spirituel de folie pour le Christ pendant la journée, se soumettant constamment à la dérision, aux insultes et aux coups. Il endurait tout cela avec une humilité véritable.
Saint Jean cachait sa vie de prière aux yeux des hommes, de peur que la gloire mondaine ne détruise son âme, mais il ne pouvait cacher sa sainteté à quiconque. Le père Grégoire, pieux prêtre de l’église de la cathédrale était curieux de savoir comment le fol-en-Christ passait ses nuits… Une fois, durant l’hiver, il rampa jusques à la cabane de Jean et l’observa par une crevasse dans le mur. Saint Jean priait, les bras levés aux cieux. Pendant plusieurs heures, il pria pour tous ceux qui lui avaient causé du tort ou l’avaient blessé. Ayant complété ses prières, le saint commença à remuer les charbons de son feu. Se signant, il dit à voix haute : «Que la lumière de ta Face brille sur nous, Seigneur !» et il s’étendit paisiblement sur les charbons ardents. Le père Grégoire fut horrifié. Perdant contrôle de lui-même, il se précipita dans la cabane. Le saint sortit du feu, regarda sévèrement le prêtre troublé et dit : «Je t’interdis de raconter à quiconque ce que tu as vu jusques à ma mort» ! Le prêtre promit d’obéir.
A une occasion, la princesse Marie, femme du gouverneur d’Oustioug, le prince Théodore Krasny, tomba malade avec une sérieuse fièvre. Un serviteur fut envoyé pour trouver le bienheureux Jean et demander ses prières pour la Princesse. Le messager trouva le fol-en-Christ allongé sur un tas de fumier mais, avant même qu’il ne puisse l’approcher, saint Jean demanda : «Et comment va le bon prince Théodore et sa Princesse» ? Quand il fut retourné à la maison de son maître, la Princesse était déjà rétablie.
Saint Jean reposa dans le Seigneur le 29 mai 1494 et fut enterré près de l’église de la cathédrale où il avait passé les premières années de sa vie en combats spirituels agréables à Dieu.
La commémoration de saint Jean fut approuvée par le concile de Moscou de 1547. Ses reliques reposent dans l’église de la Procession de la Croix-Très-Vénérable qui fut construite sur le site de sa tombe.
Le service pour le saint fut écrit par un certain Théophane d’Oustioug, durant le règne du tzar Ivan le Terrible, fils de Basile.
La victoire des Russes à Sapyga, en 1610, et la délivrance d’Oustioug du joug polonais, en 1613, furent attribuées à l’intercession des thaumaturges d’Oustioug Procope et Jean.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Lev Puhalo & Vasili Novakshonoff
God's Holy Fools
Synaxis Press,
Montreal, CANADA
1976

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