3. Les mérovingiens
A peine le monachisme commençait-il à s'enraciner en Gaule, qu'arriva un événement qui ébranla les esprits et les cœurs de tout le monde gréco-romain: après plusieurs siècles de violents conflits et de sanglantes escarmouches, les tribus germaniques du Nord mirent finalement Rome à sac. Cela marqua le commencement d'une nouvelle période de l'histoire de l'occident, à la fois sur le plan ecclésiastique et politique, par les défis qui furent lancés à l'Eglise Orthodoxe grandissante.
La fusion de la population celto-romaine en Gaule avec les envahisseurs Francs fut facilitée par la conversion du roi franc Clovis du paganisme germanique à l'Orthodoxie en 498, cet événement débutant ce qui est connu à présent sous le nom de période mérovingienne de l'histoire de la Gaule.
Alors que les intentions de Clovis pouvaient être bonnes, ses actions et sa pratique, ainsi que celles de quelques uns de ses descendants, ne respectèrent pas l'idéal chrétien. Mais malgré le fait que le comportement de l'aristocratie franque pouvait être caractérisée comme brutale, la sainteté orthodoxe eut une influence puissante sur la société mérovingienne. Peu d'époques furent aussi fertiles en saints. Les saints furent nombreux parmi les conseillers des rois. Quelques uns appartenaient même aux familles royales, on peut mentionner le roi Gontran de Burgondie ( surnommé le Bon Roi), et plus particulièrement les saintes reines: Clotilde, Radegonde et Bathilde. Ce furent les saintes reines mérovingiennes qui inspirèrent le monachisme féminin en Gaule en fondant des couvents et et s'y retirant peu de temps avant leur pieuse mort.
Ce furent indubitablement les saints évêques des Vè et VIè siècles qui soutinrent les plus pénibles combats. C'était dû à plusieurs causes: l'impiété des gouvernants sans cesse changeants, l'opposition de beaucoup de peuples germains ariens ou païens non-convertis qui venaient s'établir dans leurs sièges et le laxisme, les ambitions mondaines et le caractère mercenaire de certains clercs chrétiens. Néanmoins, de grands saints brillèrent durant ces siècles, comme les saints hérarques Remi de Reims, Eloi de Noyon [ et Tournai ], Aldouin de Rouen, Déodat de Cahors, Léger d'Autun et plus particulièrement Grégoire de Tours. Saint Grégoire écrivit beaucoup ( plus de douze volumes) sur l'histoire de la Gaule et sur ses saints et ses pécheurs. C'est par lui que nous connaissons le plus de choses à propos de l'époque mérovingienne de la Gaule orthodoxe.
Les années passèrent et la foi continua à croître parmi le peuple de Gaule. Puis, à la fin du VIème siècle, ce processus de conversion naturelle reçut une impulsion nouvelle venant d'une source inattendue: les moines et les saints d'Irlande.
4. Les missionnaires irlandais sur le continent
L'exemple le plus connu de missionnaire monastique irlandais, fut saint Colomban de Luxeuil qui fut le premier à faire cette "migration" vers le continent européen.
Saint Colomban et ses disciples commencèrent leur voyage en 590, passant à travers la Bretagne jusques au cœur de la Gaule franque. A l'époque ou saint Colomban arriva, les conditions politiques et sociales en Gaule étaient déjà déplorables. Saint Colomban et ses disciples se mirent à faire de la prédication itinérante, avant de rencontrer Saint Gontran, roi de Burgondie [ Bourgogne ] déjà mentionné et de recevoir de lui permission d'établir un monastère. Saint Colomban choisit un lieu loin de la cour, aux pieds des Vosges, dans un endroit appelé Annegray. Peu après deux autres fondations surgirent, celle de Luxeuil et de Fontaines. Saint Colomban fut l'higoumène des trois monastères.
Pendant environ dix ans, tout alla bien; la région était profondément et en permanence influencée par les monastères et presque tous ses habitants furent baptisés. Alors, il s'attira des ennuis avec la reine Brunehilde et fut exilé hors de Burgondie. Bien que rejeté de Burgondie, saint Colomban fut le bienvenu chez les autres rois francs, qui étaient aussi de plus en plus éloignés de la Burgondie. Finalement saint Colomban et ses moines s'installèrent à Bregenz, à l'extrémité orientale du Lac de Constance dans ce qui est à présent la Suisse. Laissant là un de ses proches disciples, reçut l'inspiration de prêcher aux Lombards et il traversa les Alpes pour aller en Italie, s'établissant enfin à Bobbio près du Pô, où il mourut en 615.
Les autres moines missionnaires d'Irlande, étaient saint Killian, Colman, Totnan de Wurzburg en Allemagne, saint Gall en Suisse, saint Ours d'Aoste en Italie et saint Feuillant dans le Brabant. A travers toute l'europe, les moines irlandais établirent des hôtelleries pour les pèlerins et les voyageurs en plus de leurs ermitages monastiques et où qu'ils aillent, ils continuèrent à emporter eux et à produire des œuvres de grande beauté. L'Europe Occidentale avait souffert de grande pertes culturelles à cause de la violence des siècles précédents. Les irlandais qui venaient sur le continent, transportaient dans leur besace des copies de textes anciens, et certains d'entre eux n'avaient été vus pendant des siècles, que par des yeux irlandais. Ainsi ces moines ramenaient en Europe les trésors perdus de l'enseignement classique, de la pensée patristique, des commentaires bibliques et de la poésie, en prenant sous leurs ailes les peuples germaniques barbares et en les convertissant ensuite par leur amour et leur exemple.
5. Charlemagne et le commencement de la fin
A la fin du VIIIè siècle, beaucoup de tribus germaniques avaient entendu la Bonne Nouvelle de l'Evangile et s'étaient converties au christiannisme. Ceci fut plus particulièrement vrai sur une grande échelle, des gouvernants, donnant naissance à la célèbre dynastie des Carolingiens, avec Charlemagne comme premier grand chef dont l'influence fut décisive. Il essaya d'instituer " la Nouvelle Byzance" ou "le Nouvel Empire Romain" en alliant consciemment son royaume avec le Pape de Rome, pour créer un "modèle" ou un "idéal" de société chrétienne, sur lequel les futures générations pourraient bâtir, à la fois politiquement et dogmatiquement.
Malheureusement, la base dogmatique choisie fut hérétique, et la manière péremptoire avec laquelle, à la fois l'Eglise de Rome et les dirigeants carolingiens, mirent en pratique et bâtirent sur cet idéal défectueux, entraînèrent finalement la séparation de l'Ouest du reste de la chrétienté en 1054.
Bien qu'il en résulta des choix décisif pour le futur de l'Europe ( choix qui rompraient l'unité spirituelle de celle-ci) l'avènement des carolingiens, ne mit pas fin à l'Empire byzantin. Les visées annexionnistes et unionistes des pouvoirs occidentaux qui allaient culminer avec la conquête en 1204 de Constantinople, affaiblirent l'Empire byzantin, mais ne le détruisirent pas. A la veille de la conquête turque de Byzance, une magnifique renaissance spirituelle et culturelle eut lieu, au temps des Paléologues, et ceci grâce principalement au mouvement hésychaste. Même après la chute de Constantinople en 1453, la continuité de l'Empire byzantin survécut dans l'Empire russe, jusques à la révolution de 1917.
Quand la Révolution russe eut lieu, le mal communiste se répandit rapidement à travers toutes les autres nations orthodoxes. Pour sauver leurs vies, de nombreux orthodoxes de ces pays furent forcés de fuir. Beaucoup vinrent en occident. Une de ces nations occidentales, la France reçut un très grand nombre de ces immigrants orthodoxes. Ces émigrés commencèrent lentement à partager la foi orthodoxe avec leur prochains et leurs amis, et initièrent le processus qui ramena l'ancienne foi des ancêtres de la France à leurs enfants actuels. Aujourd'hui, on peut trouver des monastères et des couvents orthodoxes qui ponctuent partout la terre de France, et de plus en plus de gens retournent à la plénitude de l'Eglise Orthodoxe Universelle-l'Eglise de saint Martin, de sainte Geneviève et tous les saints patrons de l'ancienne Gaule. Que Dieu leur donne de croître!
( Remerciements à Matouchka Elizabeth Tumbas, qui fournit les traductions et le matériel original de cet article et les brêves vies de saints inclues dans le calendrier de cette année)
Fin & gloire à notre Dieu!
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Moine Nicodème in The Church of the Gauls
( PRAVOSLAVIE-RU)
( English Version)
Nota Bene:
La partie consacrée à Saint Martin de Tours
logiquement au début de cet article, sera donnée demain!)
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