Lecture du Saint Évangile selon St. Luc. (18:10-14)
Quel est le cœur de la prière ? Quel est son rôle ? Quel est son but ?
Prions-nous pour « avoir l'air religieux ou spirituel ? » Prions-nous parce que c'est exactement ce que nous sommes censés faire ? Prions-nous parce que nous pensons que d'une manière ou d'une autre, c'est notre devoir ou notre obligation de le faire ? Ou peut-être avons-nous encore moins de nobles intentions.
Nous voyons deux aspects différents de la prière dans la lecture de l'Evangile d'aujourd'hui. Cette parabole du publicain et du pharisien, racontée par Notre Seigneur Jésus-Christ, place effectivement tous ceux qui prient dans l'un des deux camps, dans l'un des deux côtés. Ceux qui prient à juste raison et ceux dont la prière est totalement fausse.
Il y a quelques différences entre les deux et elles sont suffisamment importantes pour que Notre Seigneur Jésus-Christ ait jugé nécessaire de nous enseigner, nous Ses enfants, afin que nous soyons comme l'un de ces deux hommes et non comme l'autre. Notre Seigneur enseigna tout cela de la manière la plus chargée et la plus controversée possible, afin que tout le monde reçoive le message et que personne ne soit laissé interté ou dans l'ignorance.
Il dit : « Deux hommes sont entrés dans le temple pour prier, l'un un pharisisien et l'autre un collecteur d'impôts. » Dieu merci ! C'est une bonne chose que ces hommes soient allés au temple pour prier. C'est une bonne chose quand un homme ou une femme vient à l'église pour prier. Pourtant, ce n'est pas suffisant. Le Seigneur nous donne un aperçu des prières de chaque homme. Il dissèque le cœur humain d'une manière qui n'est vue nulle part et à aucun moment dans aucune autre tradition religieuse. Il nous dit que le pharisien, homme religieux qui est publiquement considéré comme pieux, saint et bon, pria de cette manière : « Dieu, je te remercie de ne pas être comme les autres hommes, les voleurs, les injustes, les adultères, ou même comme ce collecteur d'impôts. Je jeûne deux fois par semaine ; je donne la dîme de tout ce que je gagne. »
Et puis Notre Seigneur nous parle de la prière du publicain. On nous rappelle que les publicains ou les percepteurs d'impôts étaient considérés avec suspicion et qu'ils étaient généralement très détestés. Ils étaient considérés comme des hommes méchants et injustes parce qu'ils coopéraient avec les Romains pour taxer leur propre peuple, les Juifs. Beaucoup d'entre eux prenaient également beaucoup plus que leur juste part parce qu'ils avaient le pouvoir de le faire. Si un agent de l'IRS [fonctionnaire des impôts aux USA] veut venir prendre tout ce que vous possédez, vous serez presque impuissant à riposter, car il a le pouvoir et les ressources de l'empire à sa disposition, et vous n'avez rien. C'est ainsi que le publicain était vu. Mais écoutez sa prière mes amis, « le collecteur d'impôts, debout loin, ne lèvait même pas les yeux vers le ciel, mais se frappait la poitrine, en disant : « Dieu, sois miséricordieux à moi qui suis pécheur ! »
Lorsque je lis ce verset, je dois prendre du recul et me demander si j'ai déjà prié comme ça pendant un seul instant de toute ma vie. Chacun de nous devrait probablement se poser cette question. Nous sommes-nous déjà sentis vraiment brisés dans nos prières ? Avons-nous déjà sondé les profondeurs de notre cœur et nous sommes-nous retrouvés si bas et si impuissants que nous n'avions même pas de mots substantiels à adresser au Seigneur, nous n'avions même pas le pouvoir de lever les yeux vers les cieux. Comme si nous ressentions le poids de nos péchés et que nous nous sentions complètement nus et exposés devant Dieu. C'est un sentiment de véritable vulnérabilité et de véritable faiblesse. Et il s'avère que c'est exactement l'état d'esprit et l'état du cœur qui provoqueront une réponse de notre Dieu. « Un cœur brisé et humble, Dieu ne le méprisera pas. »
La prière du publicain est comme un remède pour nous. Cela devrait nous humilier et nous servir d'exemple puissant de ce que peuvent être nos prières. La prière est bonne quand elle ressemble et résonne ainsi. Cependant, la prière du pharisien était tournée vers l'extérieur. Il était préoccupé par ses actes extérieurs de piété et il était même concentré sur l'échec des autres et se comparait aux autres et se faisait se sentir vraiment bien en se comparant aux autres. Mais il était dans un délire. Il se concentrait sur l'apparence extérieure des autres et ne pouvait pas voir leur cœur. Donc, sa prière ne fut pas considérée en sa faveur. C'était le contraire de la véritable prière, elle fut comptée contre lui parce qu'il la transforma en une arme contre les autres et comme une occasion de se vanter de toutes ses bonnes qualités. Il vint à la maison du Seigneur, lieu où nous rencontrons Dieu d'une manière puissante, mais il gâcha cette chance et transforma ce qui aurait dû être quelque chose de vraiment bon en quelque chose de vraiment mauvais. Il dilapida le don de la prière et le don du temple.
De l'autre côté de cette équation, nous voyons un homme qui n'a rien fait d'autre que de déverrouiller le royaume des cieux ! Il captura le cœur de Dieu ! Il vola l'attention de Dieu. Il se fit comme un mendiant et Dieu le récompensa richement.
Cet exemple du publicain nous rappelle ce qu'il faut vraiment non seulement pour devenir saint, mais aussi pour apporter la guérison au monde qui nous entoure. Parce qu'il ouvrit le royaume, il fut guéri. Lorsque nous apprenons à vraiment prier, tout est restauré dans la vie.
Notre compréhension chrétienne orthodoxe n'est pas tellement que nous devons sortir et participer à des manifestations et à des défilés pour changer les choses, non ! De même, l'affichage de messages moralisateurs en ligne et même trop de discussions politiques au sein de la paroisse, rien de tout cela ne glorifiera vraiment Dieu ou ne changera le monde. Le changement qui affectera le monde entier se trouve ici même (dans le cœur). Nous ne transformons pas le monde en agitant des bannières, mais en changeant la bannière de nos cœurs. C'est pour cette raison que saint Séraphim de Sarov a dit : « Acquiers un esprit de paix et des milliers de personnes autour de toi seront sauvées ».
Quel cadeau que Notre Seigneur Jésus a donné à chacun d'entre nous dans cette parabole. Adoptons cette parabole et la prière qui s'y trouve. Car c'est la feuille de route vers le cœur du Christ, et ce n'est que dans le cœur du Seigneur Jésus-Christ que notre espérance et notre salut seront trouvés. Gloire à Dieu pour toujours AMEN.
Version française Claude Lopez-GInisty
d'après
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