"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 18 août 2024

8e DIMANCHE APRÈS LA PENTECOTE



Avant Fête de la Transfiguration

Aujourd'hui, la lecture de l'Évangile du dimanche est Matthieu 14 : 14 - 22. Elle raconte le miracle du repas des cinq mille, qui est rapporté dans les quatre Évangiles. Ce qui précède immédiatement le miracle, c'est le martyre de saint Jean-Baptiste. Les disciples de Jean sont allés en parler au Christ, ainsi que des réactions d'Hérode et des rumeurs qui circulaient. Le Christ, en tant que Dieu, aurait déjà connu le sort de son précurseur, mais il s'est retiré dans un endroit désert pour Sa propre sécurité. Cela témoigne également de Son chagrin, qui exprime la plénitude de Son humanité.

La nouvelle de la présence du Christ circule rapidement et les gens affluent pour Le voir. Dans Sa compassion, il passe du temps avec Ses disciples, guérissant les malades. Le temps passe et le soir approche. Parmi la foule se trouvaient les disciples de Jean, dont le travail était désormais terminé. Les disciples du Christ se préoccupèrent des personnes qui avaient besoin de nourriture. L'endroit n'étant pas très prometteur, ils suggérèrent de disperser les gens en les envoyant dans des villages où ils pourraient acheter de la nourriture, car dans leur zèle pour voir et entendre le Christ, ils avaient négligé les aspects pratiques de la vie.

En réponse à la suggestion des disciples, le Christ leur dit de donner de la nourriture aux gens. Ils durent être surpris par cet ordre, car ils se trouvaient dans la même situation que la foule. Eux aussi avaient besoin d'aller chercher quelque chose à manger. Le Christ n'ignorait pas ce fait et savait clairement ce qu'Il allait faire. Son intention était de montrer que le miracle à venir serait accompli par nécessité plutôt que par vanité.



Il est important de noter qu'il y avait cinq pains. À l'église, cinq pains (prosphores), même s'ils sont petits, sont utilisés sur l'autel pour la liturgie. Le Christ a béni la nourriture avant que les gens ne puissent manger, nous enseignant ainsi la vertu de rendre grâce à Dieu avant de prendre de la nourriture. Il a ensuite donné la nourriture aux disciples pour qu'ils la distribuent et qu'ils gardent le miracle en mémoire. Ce miracle n'était ni magie, ni illusion, ni un miracle en apparence seulement. Il s'agissait d'un miracle réel. Nous le voyons dans le fait que les disciples ont reçu l'ordre de ramasser les restes, dont il y avait douze paniers. Judas était avec eux et portait manifestement un panier. S'est-il souvenu de ce genre de choses lorsqu'il a regretté d'avoir vendu le Christ pour trente pièces d'argent ?

Dans son commentaire, le bienheureux Théophylacte observe, en parlant du Christ :

« ..... S'Il n'avait pas pardonné nos péchés et guéri nos maladies par le baptême, Il n'aurait pas pu nous nourrir en nous donnant les Mystères immaculés, car personne ne participe à la Sainte Communion s'il n'a pas d'abord été baptisé. Les cinq mille sont ceux qui sont malades dans leurs cinq sens et qui sont guéris par les cinq pains ».



En attendant demain, il me semble opportun de partager cet article avec vous. Le père Seraphim [Rose] donne une explication très claire, mais érudite, de la fête de demain, au cours de laquelle les premiers fruits (généralement des raisins) de l'année sont bénis et distribués à l'église. 

Extrait de « La Transfiguration de Notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ ».

La Transfiguration, considérée par l'Église comme l'une des « douze grandes fêtes », occupait déjà une place importante dans le calendrier ecclésiastique au IVe siècle, comme en témoignent les homélies et les sermons de grands Pères tels que saint Jean Chrysostome, saint Éphrem de Syrie et saint Cyrille d'Alexandrie ; ses origines remontent aux premiers siècles chrétiens.  Au quatrième siècle également, sainte Hélène érigea une église sur le Mont Thabor, site traditionnel de la Transfiguration, dédiée à cette fête. Bien que l'événement célébré lors de la fête ait eu lieu au mois de février, quarante jours avant la crucifixion, la fête fut transférée au mois d'août parce que sa pleine gloire et sa joie ne pouvaient pas être célébrées convenablement au milieu de la tristesse et du repentir du Grand Carême. Le sixième jour du mois d'août fut choisi parce qu'il précède de quarante jours la fête de l'Exaltation de la Croix (14 septembre), au cours de laquelle on se souvient à nouveau de la Passion du Christ.

La théologie orthodoxe voit dans la Transfiguration une préfiguration de la Résurrection de notre Seigneur et de Sa seconde venue, et plus encore - puisque chaque événement du calendrier de l'Église a une application à la vie spirituelle individuelle - de l'état transformé dans lequel les chrétiens apparaîtront à la fin du monde, et dans une certaine mesure même avant. Dans la préfiguration de la gloire future qui est célébrée dans cette fête, la Sainte Église réconforte ses enfants en leur montrant qu'après les peines et les privations temporaires dont cette vie terrestre est remplie, la gloire de la bénédiction éternelle resplendira, et que même le corps des justes y participera.

C'est une pieuse coutume orthodoxe que d'offrir des fruits à bénir lors de cette fête ; et cette offrande d'action de grâce à Dieu contient également un signe spirituel. De même que les fruits mûrissent et se transforment sous l'action du soleil d'été, de même l'homme est appelé à une transfiguration spirituelle par la lumière de la parole de Dieu au moyen des sacrements. Certains saints, sous l'action de cette grâce vivifiante, ont brillé corporellement devant les hommes, même de leur vivant, de cette même Lumière incréée de la gloire de Dieu ; et c'est pour nous un autre signe des hauteurs auxquelles nous sommes appelés, en tant que chrétiens, et de l'état qui nous attend - être transformés à l'image de Celui qui fut transfiguré sur le Mont Thabor.

Père Seraphim [Rose]


Août 1966

Hevenly Reasl [Le royaume céleste] : Sermons laïcs du Père Seraphim Rose (Platina : Fraternité St Herman, 1984) p. 58 - 60. Texte en anglais


Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND

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