"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 20 décembre 2020

STARETZ HÉRODION, LE SAINT FOL-EN-CHRIST DE L'ATHOS

Staretz Hérodion 

Selon saint Jean Climaque, celui qui а surmonté les passions s’attaque ainsi aux démons: il prétend être possédé par les passions, et par là il dupe ses ennemis, alors qu'il reste lui-même invincible. Tel était le staretz Hérodion , un Roumain († 1990), ascète à Kapsala. Il jouait au fou si habilement que beaucoup ne croyaient pas qu'il prétendait être fou. Et le staretz Païssios a dit: «S'il avait été dans l'illusion spirituelle [prelest], il n'aurait pas vécu ainsi. Il était très bon ". 

Ci-dessous, nous publions les mémoires sur le staretz Hérodion le Kapsaliote par le métropolite Nicolas de Mesogée et Laurentie et par le moine mégaloschème Hilarion de la cellule de saint Charalampos (à Nea skiti). 

"Il se tenait au milieu des détritus et rayonnait" 

Nous étions dans la poubelle 

Immédiatement après mes études en Amérique, où j'ai passé huit ans, je suis allé à l’Athos et j'ai vécu auprès du staretz Païssios pendant six mois. Deux ou trois mois après mon arrivée, il m'a dit un jour, dans sa sagesse: «Va avec le Père Nicodème, achetez à Karyès des pâtes, des pâtisseries, des fruits, ce que vous trouverez et descendez chez le père Hérodion. Par la grâce de Dieu, il fait semblant d'être fou devant les gens. " C’est ce que le staretz Païssios a dit ... Et nous sommes allés voir quel genre de personne c’était! Nous avons acheté ce que le Père Païssios nous a dit à Karyès. La cellule du Père Hérodion était à Kapsala, c'est-à-dire non loin de Karyès – à environ 20-25 minutes. 

Nous avions déjà rendu visite à des moines inhabituels dont je parle dans mon livre "La Montagne Sainte - le point culminant de la terre". Mais là, nous nous sommes retrouvés devant un vrai tas d'ordures. C'était une cellule recouverte d'une couche d'ordures: conserves, os, peaux, sacs de cellophane, couvercles, bouteilles de Coca-Cola en plastique froissé - tout ce que vous pouvez imaginer! La couche de débris visible du côté de la porte, à mon avis, était, rendez-vous compte, d’après moi environ de 40 centimètres ! Et à l'intérieur des mouches, les cafards, c’était un spectacle sans précédent! 

Mangez, petits oiseaux! 

Nous entrâmes et nous vîmes un homme aux cheveux pendants, sans soutane, à la place de laquelle il portait quelque chose d'étrange. Il était assis dans l'encadrement de la porte et s'accrochait à une poutre des deux mains, le dos appuyé contre une autre poutre. Nous sommes entrés. Nous avons dit: "Père, nous sommes venus te voir!" - "Qui vous a envoyé?" Il parlait avec l’accent roumain. Nous répondîmes: "Le Père Païssios nous a envoyés." - «Ah, le saint homme, Père Païssios! Le Père Païssios est un saint homme! " "Et il nous a dit de t’apporter de la nourriture." – " Ah, merci beaucoup, Père Païssios! Qu'est-ce que le Père Païssios m'a apporté? " Et il prend une tomate et la jette sur le mur opposé: "Mange!" Puis il jette un biscuit Papadopoulos, déchire l'emballage: "Que les petits oiseaux mangent!" La pêche vole également sur le côté. C'était très intéressant pour moi d'observer tout cela. J'ai essayé de comprendre: qu'est-ce que cela signifie? Il avait tout dispersé. Il déchira les pâtes et les jeta par terre: "Merci, Père Païssios! Merci, Père Païssios! Les petits oiseaux vont manger ! Les petits oiseaux vont manger! " a-t-il répété.

Métropolite Nicolas de Mésogée et de Lavréotique 

Il a parlé de Judas 

Il a parlé de Judas... d'une manière que nous n'avons pas bien comprise. Mais nous avons réalisé que nous sommes tous comme Judas, parce que nous péchons. Alors je l'ai compris. Et je dois faire dans ma vie le contraire de la trahison de Judas. 

Nous avons dit au revoir et sommes partis. Je me souviens comment je me suis trouvé changé : c'était le coucher du soleil, le soleil se couchait. Et à ce moment-là, j'ai réalisé que devant nous se trouvait un homme de lumière incréée: il était tout rayonnant. Au milieu des ordures. Pour moi, c'était une expérience puissante: comment l'humble Christ peut être caché à l'intérieur de quelque chose de terrible, d'un point de vue mondain, en son apparence et en son comportement provocateur. 

Le père Hérodion vivait dans un état unique d'abnégation incessante 

Le père Hérodion était comme cet ascète que j'ai rencontré en montant au sommet de l'Athos, et que je ne comprenais pas non plus. A un moment, il est allé, a trouvé une brique, a écrit sur la pierre: ΑΓΡΙΟΣ [sauvage en grec] et a effacé le Ρ, voulant dire que toute personne «sauvage» (ΑΓΡΙΟΣ) est appelée à devenir un «saint» (ΑΓΙΟΣ). 

Ces cas montrent comment Dieu se cache chez les insensés de ce monde, dans la pauvreté, dans la folie, chez les malades... La grandeur du moine dont j'ai parlé n'est pas qu'il ait jeté des biscuits, des tomates et des pêches, mais qu'il vivait dans un état unique d'abnégation incessante, dont je n'ai pas parlé, mais dont je suis, moi-même, devenu témoin. 


"Le Christ n'est pas ressuscité!" 

Chemin vers l’Athos 

Père Hérodion, dans le monde Jean Madouv, naquit en 1904 en Bessarabie dans une famille paysanne. Un jour, un vagabond russe parcourait leur région. Il revenait d'un pèlerinage à l’Athos. Pierre, père de Jean, a entendu parler de l'étranger et l'a invité avec amour dans leur pauvre cabane. L'étranger fut traité avec du thé chaud, nourri, et il commença à décrire habilement les péripéties de son voyage, il raconta avec émotion et larmes sa rencontre avec le sanctuaire - le jardin de la Très Sainte Génitrice de Dieu. 

De nombreuses années se sont écoulées depuis lors. Le petit Jean grandit, mais la flamme de la vie monastique, allumée dans son cœur par l’invité inattendu, brillait en lui. A cette époque, en Roumanie, il y avait un staretz vertueux, venu de la cellule de l'Entrée au Temple de la Mère de Dieu du monastère de Dionysiou. Après avoir rencontré le Père Jean (c'était le nom du staretz), le jeune Jean, ayant reçu la bénédiction de ses parents, s'engagea sur le chemin de la vie angélique [id est du monachisme]. Il vint à la Sainte Montagne à l'âge de 25 ans. Et il commença son chemin monastique à la cellule de l'Entrée de la Mère de Dieu, ensuite il y a des mentions du séjour du staretz à Lakoskiti, à Provata, à Karakallou, derrière Karyès, à Philothéou, à Vatopedi. La raison en est sa pauvreté. De nombreux moines kelliotes étaient alors contraints de travailler dans différents monastères afin de gagner leur pain quotidien. Ils travaillaient dans les vignes, cultivaient des oliviers et des noisetiers, creusaient la terre et récoltaient les cultures. 

Un incident à Vatopedi 

Un jour, lorsque le staretz vivait et travaillait à Vatopedi, une querelle éclata entre les ouvriers de l'île de Lemnos et le staretz Hérodion tenta de les calmer. L'un des ouvriers, qui avait une rancune contre le staretz, qui était aimé dans le monastère pour sa grande diligence et son endurance, le frappa à la tête. Alors le Seigneur, Celui Qui connaît les profondeurs de l'âme humaine, appela le staretz, qui avait une commotion cérébrale, à suivre la voie de la folie en Christ. Il «trompa» les gens et les démons: il endura l'intimidation, l'oppression, la calomnie, préservant la Grâce qui lui était donnée par Dieu. 

"Le taureau boira toute l'eau et éclatera" 

Il était assis sous un olivier et avait l'air aussi gracieux que s'il était assis sur le trône le plus élevé du monde. 

J'ai rencontré pour la première fois le staretz Hérodion à l'été 1987. J'ai ensuite vécu à Karyès à la représentation de Dionysiou et j'ai entendu parler de lui par le pieux Père Isaac du Liban, de bienheureuse mémoire, disciple du staretz Païssios. Et donc, avec un diacre du monastère de Kykkos à Chypre, nous sommes allés voir le staretz. Quand nous sommes arrivés à sa callyve, il était assis sous un olivier et avait une apparence si pleine de grâce qu'on pouvait penser qu'il était assis sur le plus haut trône du monde. En guise de chapeau, il portait une chaussette sur la tête, sur lui-même - un pantalon déchiré en lambeaux, une chemise, son corps était enveloppé dans une couverture, comme une jupe, et des orteils cassés étaient visibles sur ses jambes presque nues. À notre salutation «Bénis, Geronda», il répondit avec joie: «Que Dieu vous bénisse». Et il commença à jouer au fou: «J'ai des avions, je survole tous les pays, - il fit une pause et avec un sourire reprit lentement: - Je survole Chypre. Et puis il dit: «J'ai des bateaux, j'ai des bateaux». Il s'arrêta et ajouta de sa manière affectueuse habituelle: «N'avalez pas tout d'un coup. Le taureau boira toute l'eau et éclatera. Ne gardez pas tout pour vous. " 

Continuant à faire le fou, il se tourna vers le diacre: «Donne-moi ton stylo. Le diacre le donna. «Écoutez ce que les anciens vous disent. Faites attention à leurs paroles. Entendez-vous? " 

Or ce "diacre" est aujourd’hui évêque du Patriarcat d'Alexandrie. 

Petite maison... Florina... Thessalonique... 

Un jour, un staretz et un novice vinrent voir le père Hérodion. Dès que le staretz vit les moines, il se mis à proférer des paroles incohérentes en rapport avec les problèmes du novice: «Maison… Florina… Thessalonique… monachisme… Roulez ensemble. Oh, il est parti. Canada… cent mille scellés »et tout ça. Et ce novice pensait quitter la Sainte Montagne, construire une maison entre Florina et Thessalonique, comme l'a dit le staretz, et se rendre au Canada chez ses proches. Il quitta finalement l’Athos. 

"Sinon, Jésus me bat"


Kapsala



Dans les dernières années, le staretz vécut dans la callyve de saint Dimitri de Kapsala avec le staretz Pantéléimon, surnommé "Kalimère (Bonjour )" (du grec "καλημέρα" - "bonjour." ). Il s'appelait ainsi parce que, bien qu'il fût un moine vertueux et un véritable ascète, mais faisant le zélote, il répondait à la salutation monastique «bénis !» par «bonjour !». Quand il devint vieux, il se rendit compte qu'il avait tort et commença à répondre comme prévu. Le Père Hérodion alla d'abord voir le staretz Pantéléimon pour ses gains quotidiens, puis, comme il était pauvre et mangeait très peu, le staretz lui donna une maison. C'était une hutte délabrée avec des murs en pente, son toit perdait de l'eau, ses fenêtres étaient cassées. Le staretz Hérodion y vivait comme sous un arbre. En raison de la forte humidité, en raison de hauts faits ascétiques, le corps du vieil homme s’était terriblement courbé et il ne lui permettait pas d'aller au-delà de la cour de la cellule (pour se mouvoir, il tenait deux bâtons et pouvait à peine marcher en s’appuyant sur eux). Dans le sens inverse, il allait plus vite, reculant comme un crabe. Pour surmonter une légère montée, il marchait de côté par petits pas, se penchant tantôt à droite, tantôt à gauche. Si vous le regardiez à ce moment-là, il disait: «Eh bien, qu'est-ce que tu regardes? Je marche comme ça parce que sinon Jésus me frappe. " 

"Ce n'est pas comme un moine" 

Une fois, un frère apporta un poêle au staretz Hérodion. Lui, l’ayant juste aperçu, montra qu'il l'attendait et dit: "Comme le Christ se réjouit maintenant que tu as apporté ton poêle à un vieil homme!" Le frère a demandé la permission de mettre le poêle à l'intérieur de la pièce, mais le père Hérodion répondit: «Je vais l’installer moi-même. Tu sais, je peux soulever cent kilos! " Il n'alluma jamais ce poêle. 

Un autre frère utilisa un tuyau pour faire couler l'eau jusqu'à la cellule du staretz et installa un robinet. Quelques jours plus tard, il alla chez le staretz et vit qu'il avait retiré le robinet et mis un vieux tube à sa place. Le frère demanda: 

- Geronda, pourquoi as-tu enlevé le robinet? 

- Ce n’est pas monastique. 

Puis il le regarda et a dit: «Ton tuyau coûte cher», ce qui signifie qu'il priait pour son frère. 

Un invité du staretz Meletios voulait photographier Père Hérodion lorsqu'il était dans sa cellule. "Ne me donne pas une voiture!" - lui dit le staretz. Et il désigna la voiture de l’ouvrier du bâtiment qui travaillait là. "Elle n'a pas peur - elle va à Karyès et au-delà des frontières de l'Athos vers le monde, et rien ne la menace." 

"Je ne peux pas, j'ai un typicon 

Boîtes vides, os, sachets, capsules de bouteilles, croûtes - c'était le tapis précieux du vieil homme 

Noël 1987 fut un hiver rigoureux. La température était d'environ 6 degrés au-dessous de zéro, beaucoup de neige était tombée. Un frère, passant devant la callyve de Père Hérodion, frappa à la porte - il craignait que le vieil homme ne soit transi de froid sans chauffage, avec très peu de vêtements. Difficile de survivre dans une telle situation à 83 ans! Seule te protège alors la Grâce de Dieu... Sur le chemin du retour, il rencontra un homme qui lui dit qu'il avait frappé à la porte du staretz et qu’il n'avait pas répondu. Il remonta dans la cellule, frappa – le staretz Hérodion n'ouvrit pas. Et de la cellule vint le murmure en roumain: "Je souffre beaucoup." Le frère appela un voisin à l'aide. Ensemble, ils regardèrent à travers la vitre cassée et virent le vieil homme tombé au sol. Ils demandèrent la permission d'entrer. «Maintenant vous pouvez», répondit le staretz. Il était vêtu d'un long pantalon de laine et d'une chemise en flanelle. La cellule offrait un spectacle étrange: des choses inutiles étaient éparpillées partout, le sol n'était pas visible. Il était recouvert d'une couche de boîtes vides, d'os, de sacs, de cendres, de bouchons de bouteilles, de croûtes - ils constituaient le précieux tapis du staretz Hérodion. Pas de lit, pas de chaise, pas d'autre commodité. L'espace entier était jonché d'objets inutiles. Les frères firent un lit près de la porte et y installèrent le staretz. Mais à cause de la forte cambrure, son corps ne pouvait pas s’étendre sur ce "lit". Les frères allumèrent le poêle pour garder le père Hérodion au chaud. Peu à peu, il commença à reprendre ses esprits, il demanda qu’on lui chante des chants de Noël. Puis on lui offrit une sucrerie, il la mangea. 

- C’est délicieux! 

«Prends-en encore», dit le frère. 

- Je ne peux pas, j’ai un typicon, merci. C'était tellement délicieux et tellement agréable!


Staretz Hérodion

La dernière folie 

Le staretz était très faible, mais il se leva pour la prière: il pria appuyé sur un morceau de bois 

À l'âge de 86 ans, le staretz eut du mal à rester seul dans sa cellule. Non seulement les ans l’avaient affecté, mais aussi ses longues années d’ascèse: ses jambes ne pouvaient plus le tenir, il tombait souvent à terre. Par conséquent, il accepta l'offre de son compatriote le staretz Meletios et déménagea chez lui dans la callyve de saint Georges. Le staretz Meletios le plaça dans une pièce isolée au premier étage de sa cellule et s'occupa de lui. Malgré sa faiblesse, Père Hérodion demanda qu'on lui donne un bout de bois, sur lequel il pourrait se tenir appuyé en prière le soir. Au cours du dernier mois avant sa mort, il mangea très peu et demanda à prier pour que le Seigneur l'emmène. À la veille de la fête de Saint Spyridon le staretz Meletios alla au monastère pour l'agrypnie [Vigile de toute la nuit qui enchaîne Vêpres, Matines et Divine Liturgie]. Un ouvrier du nom de Kostas resta dans sa cellule, s'occupant du staretz Hérodion. Dans la soirée, il l'entendit prier et essayer de faire quelques prosternations jusques au sol. À l'aube, il n'entendit pas de bruit et alla voir comment allait le vieil homme. Regardant par la fenêtre, il le vit nu, allongé sur le lit et couvrant ses parties intimes de ses mains. Comme il est écrit dans le livre de Job: "[...] nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu et je retournerai dans le sein de la terre..." (Job 1: 21). Le staretz reposa en Christ le 12 décembre 1990. En apprenant la mort du père Hérodion, le staretz Païssios dit: «Ce fut sa dernière folie. » 

L'enterrement eut lieu le jour après la Saint Spyridon. Avec le staretz Hérodion, ils enterrèrent la bûche sur laquelle il s’appuyait lors des agrypnies. Trois ans plus tard, ils exhumèrent les reliques: les os étaient jaunes, ce qui, selon la tradition de la Sainte Montagne de l’Athos, suggère qu’il était un homme de Dieu. 

Avec une douzaine de frères 

Le staretz Hérodion priait sans cesse la prière de Jésus pour le monde entier et pour tous ceux qui lui demandaient de prier, ou pour ceux qui lui donnaient l’aumône. Lorsqu'on lui demandait: "Comment vas-tu, Geronda?", Il répondait: "Avec une douzaine de frères" (c'est-à-dire avec ceux pour qui il priait). 

Lorsque le frère, qui avait beaucoup de tentations, vint vers le staretz, il lui dit: «Il faut une grande patience. Grande patience et... "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi"! Tous ceux qui luttent pour le Christ doivent avoir de la patience. Les saints avaient beaucoup de patience, de prière et d'amour. " 

Le staretz est la soupape de la Grâce 

Si une personne, et en particulier un moine, cherche à être sauvé et à réussir dans le domaine de la prière, en l'accomplissant dans la pureté et sans illusion, il doit obéir complètement au Père spirituel, comme si c'était le Seigneur Lui-même. Pour un moine, son staretz est la soupape de la Grâce. 

Un frère, qui vivait seul, venait souvent chez le staretz Hérodion, et il lui conseilla constamment, pour réussir dans la vie spirituelle, de ne pas vivre seul, mais dans l'obéissance à un staretz qui a l'amour maternel. Voici que le novice vint voir le staretz, qui lui dit : 

- Il y a la callyve de la Résurrection à Kapsala, tu la vois? Elle est en pierre, n'est-ce pas? 

- Oui, Géronda. 

- Vois-tu bien cette callyve? N’est-elle pas en bois? 

- Oui, Géronda. 

Les miracles se produisent par obéissance. Un staretz, est comme une bonne mère. 

Le cœur du moine, par une vie d'obéissance et de service, devient réceptif à la vie des autres et compatissant à la douleur des autres. Et quand nous servons notre frère et nous nous sacrifions pour lui , nous devenons comme le Christ. Rappelons le tropaire, qui est chanté pour la Semaine Sainte: "Seigneur, initiant Tes disciples * Tu les instruisis par ces paroles … Que celui qui veut être le premier* soit le dernier de tous,* Et que le maître se conduise en serviteur... [Stances pour les versets des Matines du Jeudi Saint]. Le Christ nous a montré cela lors de la dernière Cène. Lui-même, le Seigneur, le Maître de la maison, a lavé les pieds des disciples. De même, notre cœur et notre esprit s'étendent à l'infini. 

Environ deux chatons 

Un frère était découragé à cause de sa condition spirituelle et était bouleversé de ne pas pouvoir garder un jeûne monastique strict. S'il ne mangeait pas au moins une fois par jour, il se traînait à peine. Et puis un jour il alla chez le staretz avec un autre frère, à qui rien ne coûtait de rester à jeun pendant une semaine entière. Quand le staretz les vit, il comprit la préoccupation de son frère par son don de clairvoyance et dit: «Voyez-vous ces chatons? - (et il y avait deux chatons à proximité). - L'un d'eux mange une fois tous les trois jours et l'autre trois fois par jour. Et pourtant, ils ont la même chose à l'intérieur. " Le frère fut réconforté et réalisa son erreur: il ne faut pas se comparer à qui que ce soit. 

À propos du découragement: «Vous êtes assis, et le Diable travaille. Inclinez-vous ... Une petite prosternation, un peu de travail - et le Diable partira " 

Un autre frère était très anxieux car pendant longtemps il n'avait pas senti la Grâce de Dieu. Ayant perdu espoir, il alla vers le staretz, pensant qu'il n'était peut-être pas apte au monachisme. Le staretz ouvrit la porte, bénit son frère d’un signe de croix et dit: «Le Christ est maintenant sur la Croix. Ensuite, Il s’élèvera et ensuite Il ressuscitera. " Le frère ressentit la paix dans son âme et un léger flot de joie qui enveloppa son corps. 



Un moine avait l'intention de construire une chapelle là où il vivait et il essaya de dégager une place pour cela, mais il s’arrêtait souvent de travailler à cause de son découragement. À cause de ces accès de découragement, il cessa de s'occuper de ses oliviers. Un jour, il alla voir Père Hérodion, et le staretz le réprimanda en disant: «Paresseux, tu ne t’occupes même pas de tes oliviers! Que vas-tu manger ?! Comment peux-tu construire une église?! " Le moine fut choqué. «Cela ne disparaîtra pas avec la dépression. Tu t’assieds et le Diable travaille. Prosterne-toi… Quelques prosternations, un peu de nourriture, un peu de travail et le Diable partira. " Le frère commença à le faire et le découragement disparut. 

«Qu'est-ce que cet enfant a fait de mal? 

Tant que nous ne sommes pas purifiés des passions, nous ne faisons pas l’expérience de la résurrection dans toute sa gloire 

Un autre moine tomba dans un péché grave, et en conséquence il fut submergé par le découragement et le désespoir. Il décida d'aller voir le staretz Hérodion. Il frappa à la porte. Ouvrant la porte, le staretz dit: "Va-t'en." Le moine se demanda où aller et quoi faire. Alors le staretz se tourna de nouveau vers lui: "Monte, répare la conduite d’eau et reviens." Le moine fit tout cela, et quand il revint, le staretz lui dit affectueusement: «Eh bien, assieds-toi. Apprend. Prie beaucoup - Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur[prière de Jésus]... »Et puis il ajouta:« Qu'a fait cet enfant? Ce que tout le monde fait. " Et donc il réconforta son frère et l’aida à grandir spirituellement.


Staretz Hérodion



"Le Christ n'est pas ressuscité!" 

À Pâques , un pèlerin rendit visite au staretz et le salua par ces paroles "Le Christ est ressuscité!" Le staretz lui répondit: "Le Christ n'est pas ressuscité!" Avec ces mots, il voulait lui montrer que tant que nous ne sommes pas complètement purifiés de nos passions (et qui peut dire qu'il n'a pas de passions?!), Nous ne vivons pas la Résurrection dans toute sa grandeur. Ce n'est qu'alors que nous expérimenterons spirituellement la Résurrection lorsque nous nous libérons de toutes les passions qui nous tourmentent.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
http://mospat.org/117809.html

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