21 novembre / 4 décembre
24ème
dimanche après la Pentecôte
L’ENTRÉE AU TEMPLE
DE LA TRÈS SAINTE MÈRE
DE DIEU
Lectures : Éph II, 14–22. Lc. XII, 16–21 ; Hébr.
IX, 1-7 ; Lc. X, 38-42 ; XI, 27-28
L’ENTRÉE AU TEMPLE
DE LA TRÈS SAINTE MÈRE DE DIEU[1]
L
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orsque
la sainte et très pure enfant, accordée par Dieu au genre humain resté stérile
à cause du péché, des passions et de la mort, eut atteint l’âge de deux ans,
son père Joachim dit à son épouse : « Menons-la au Temple du Seigneur, afin de
remplir la promesse que nous avons faite de la consacrer dès son plus jeune âge
au Tout-Puissant. » Mais Anne répondit : « Attendons jusqu’à la troisième
année, car elle réclamera peut-être son père et sa mère, et elle ne restera pas
dans le Temple du Seigneur. »
Lorsque
vint la troisième année, les deux époux décidèrent d’accomplir leur vœu et
d’offrir leur enfant au Temple. Joachim fit alors convoquer les jeunes filles
des Hébreux de race pure, afin de l’escorter avec des flambeaux et de la
précéder vers le Temple de manière à ce que, attirée par la lumière, l’enfant
ne fût pas tentée de retourner vers ses parents. Mais la sainte Vierge, née
toute pure et élevée par Dieu dès sa naissance à un degré de vertu et d’amour
des choses célestes supérieur à toute autre créature, s’élança en courant vers
le Temple. Elle devança les vierges de son escorte et, sans un regard pour le
monde ni pour ses parents, elle se jeta dans les bras du grand prêtre Zacharie
qui l’attendait sur le parvis en compagnie des Anciens. Zacharie la bénit, en
disant : « Le Seigneur a glorifié ton nom dans toutes les générations. C’est en
toi qu’aux derniers jours se manifestera la Rédemption qu’Il a préparée pour
Son peuple. » Et, chose inouïe pour les hommes de l’Ancienne Alliance, il fit
entrer l’enfant dans le Saint des Saints, là où seul le grand prêtre pouvait
pénétrer, une fois par an seulement, le jour de la fête de l’Expiation. Il la
fit asseoir sur la troisième marche de l’autel et, la grâce du Seigneur l’ayant
recouverte, Marie se leva et se mit à danser pour exprimer sa joie. Tous ceux
qui étaient présents étaient ravis en contemplant ce spectacle prometteur des
grandes merveilles que Dieu allait bientôt accomplir en elle.
Ayant
ainsi quitté le monde, ses parents et tout lien qui aurait pu l’attacher aux
choses sensibles, la Sainte Vierge demeura dans le Temple jusqu’à l’âge de
douze ans. Parvenue à l’âge nubile, les prêtres et les anciens craignirent
qu’elle ne souillât le sanctuaire, et ils la confièrent au chaste Joseph, pour
qu’il soit le gardien de sa virginité en feignant d’être son fiancé.
Pendant
les neuf années qu’elle passa dans le sanctuaire, la Toute-Sainte fut nourrie
d’une nourriture spirituelle apportée par un ange de Dieu. Elle menait là une
vie céleste, supérieure à celle de nos premiers parents dans le Paradis. Sans
souci, sans passion, ayant dépassé les besoins de la nature et la tyrannie des
plaisirs des sens, Marie ne vivait que pour Dieu seul, l’intelligence fixée à
tout moment dans la contemplation de Sa beauté. Par la prière continuelle et la
vigilance sur elle-même, la sainte enfant acheva, pendant ce séjour dans le
Temple, de purifier son cœur, pour qu’il devienne un pur miroir dans lequel la
gloire de Dieu puisse se refléter. Comme une fiancée, elle se revêtit de la
splendide parure des vertus, afin de se préparer à la venue en elle du Christ,
le divin Époux. Elle parvint ainsi à une telle perfection, qu’elle résuma en
elle-même toute la sainteté du monde et, devenue semblable à Dieu par la vertu,
elle attira Dieu à se rendre semblable aux hommes par son Incarnation.
Introduite
dans le Temple à l’âge où les autres enfants commencent à apprendre, la
Toute-Sainte, du fond du sanctuaire inaccessible, entendait chaque samedi les
lectures de la Loi et des Prophètes, que l’on faisait au peuple dans la partie
publique du Temple. L’intelligence affinée par l’hésychia et la prière, elle
parvint ainsi à la connaissance du sens profond des mystères de l’Écriture.
Vivant parmi les choses saintes et considérant sa propre pureté, elle comprit
quel avait été le dessein de Dieu tout au long de l’histoire de Son peuple élu.
Elle comprit que tant de siècles avaient été nécessaires pour que Dieu se
préparât une mère issue de l’humanité rebelle, et que, pure enfant élue par
Dieu, elle devait devenir le vrai Temple vivant de la divinité. Placée dans le lieu très saint où
étaient déposés les symboles de la promesse divine, la Vierge révélait ainsi
que les figures s’accompliraient en sa propre personne. C’est elle qui est en
effet le véritable Sanctuaire, le Tabernacle du Verbe de Dieu, l’Arche de la
Nouvelle Alliance, le Vase contenant la manne céleste, la Verge bourgeonnante
d’Aaron, la Table de la Loi de la grâce. C’est en elle que les prophéties
obscures se dévoilent. Elle est non seulement l’Échelle reliant la terre et le
ciel, que le Patriarche Jacob aperçut en songe, mais aussi la Colonne de nuée
qui révèle la gloire de Dieu, la Nuée légère du prophète Isaïe, la Montagne non
entaillée de Daniel, la Porte close par laquelle Dieu est venu visiter les
hommes d’Ézéchiel, et la Fontaine vivante et scellée qui fait jaillir sur nous
les eaux de la vie éternelle. Contemplant spirituellement ces merveilles qui
devaient avoir lieu en elle, sans comprendre encore clairement comment elles
allaient s’accomplir, la Toute-Sainte dirigea sa prière et son intercession
vers Dieu avec plus d’intensité encore, pour que le Seigneur se hâte de
réaliser Ses promesses et qu’Il sauve le genre humain de la mort, en venant
habiter parmi les hommes. Lorsque la Mère de Dieu pénétra dans le Saint des
Saints, le temps de préparation et d’épreuve de l’Ancienne Alliance prit fin.
La fête que nous célébrons aujourd’hui est donc celle des fiançailles de Dieu
avec la nature humaine. Voilà pourquoi l’Église se réjouit et exhorte tous les
amis de Dieu à se retirer, eux aussi, dans le temple de leur cœur pour y
préparer la venue du Seigneur, par le silence et la prière, en se soustrayant
aux plaisirs et aux vains soucis de ce monde.
Tropaire du dimanche, 7ème ton
Pазрyши́лъ ecи́
Кресто́мъ Tвои́мъ сме́рть, отве́рзлъ ecи́ разбо́йнику pа́й, мироно́сицамъ
пла́чь преложи́лъ ecи́ и aпо́столомъ проповѣ́дати повелѣ́лъ ecи́, я́ко
воскре́слъ ecи́, Xpистé Бо́же, да́руяй мípoви вéлiю ми́лость.
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Tu as détruit la mort par Ta Croix, Tu as ouvert le paradis au
larron, Tu as transformé le
pleur des myrophores, et ordonné à Tes Apôtres de prêcher que Tu es
ressuscité, Christ Dieu,
accordant au monde la grande miséricorde.
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Tropaire de
l’Entrée au temple, ton 4
Дне́сь благоволе́нiя Бо́жiя предображе́нiе и
человѣ́ковъ спасе́нiя проповѣ́данiе: въ хра́мѣ Бо́жiи я́сно Дѣ́ва явля́ется и
Христа́ всѣ́мъ предвозвѣ́щаетъ. Той и мы́ велегла́сно возопiи́мъ: ра́дуйся,
смотре́нiя Зижди́телева исполне́нiе.
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Ce jour est le prélude de la bienveillance de Dieu
et l’annonce du salut des hommes. Dans le Temple de Dieu, la Vierge se montre
clairement et, d’avance, elle annonce le Christ à tous. Et nous, clamons-lui
d’une voix forte : Réjouis-toi, accomplissement de l’économie du
Créateur
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Kondakion de l’Entrée au temple, ton 4
Пречи́стый
хра́мъ Спа́совъ, многоцѣ́нный черто́гъ и Дѣ́ва, свяще́нное сокро́вище сла́вы
Бо́жiя, дне́сь вво́дится въ до́мъ Госпо́день, благода́ть совводя́щи, Я́же въ
Ду́сѣ Боже́ственномъ, Ю́же воспѣва́ютъ А́нгели Бо́жiи: Сiя́ е́сть селе́нiе
Небе́сное.
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Le temple très pur du Sauveur, la
très précieuse chambre nuptiale, la Vierge, le trésor sacré de la gloire de
Dieu est conduite en ce jour dans la maison du Seigneur et elle y introduit
avec elle la grâce de l’Esprit Divin ; les anges de Dieu lui
chantent : « Elle est un tabernacle céleste ».
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Au lieu de « il est digne en vérité », ton 4
А́нгели,
вхожде́нiе Пречи́стыя зря́ще, удиви́шася, ка́ко Дѣ́ва вни́де во свята́я
святы́хъ. Я́ко одушевлéнному Бо́жiю киво́ту, да ника́коже ко́снется рука́
скве́рныхъ, устнѣ́ же вѣ́рныхъ Богоро́дицѣ немо́лчно, гла́сѣ А́нгела
воспѣва́юще, съ ра́достiю да вопíютъ: и́стинно вы́шши всѣ́хъ еси́, Дѣ́во Чи́стая.
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Les anges, voyant
l’entrée de la Toute-Pure au Temple étaient stupéfaits, en contemplant
comment la Vierge entra dans le Saint des Saints. Qu’aucune main profane ne
touche cette Arche vivante de Dieu, mais que les lèvres des fidèles redisent
sans cesse avec joie : O Vierge pure, tu es plus élevée que toute
créature.
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HOMÉLIE DE ST JEAN
CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR
« Car si le sang des boucs et des
taureaux et l'aspersion de l'eau mêlée avec la cendre d'une génisse sanctifie
ceux qui ont été souillés, en leur donnant une pureté extérieure et charnelle,
combien plus le sang de Jésus-Christ, qui par le Saint-Esprit s'est offert
lui-même à Dieu comme une victime sans tache, purifiera-t-il notre conscience
des œuvres mortes pour nous faire rendre un vrai
culte au Dieu vivant ?» Car, dit-il, si le sang du taureau peut purifier la
chair, bien plus le sang de Jésus-Christ purifiera-t-il les souillures de
l'âme. Et quand vous entendez dire : « sanctifie», n'allez pas croire à un
effet merveilleux. L'apôtre prévient votre erreur, en remarquant et démontrant
quelle différence existe entre les deux sanctifications, et comment l'une est
sublime, l’autre grossière; et il est bien juste, selon lui, qu'il en soit
ainsi, puisque, d'un côté est le sang du taureau, et de l'autre le sang de
Jésus-Christ. Et il ne se contente pas d'une différence de nom ; il établit
aussi la manière d'offrir : « Lui», dit-il, « s'est offert à Dieu, par le
Saint-Esprit, comme une victime sans tache. Victime sans tache signifie pure de
tout péché. Et l'expression « par le Saint-Esprit », veut dire : Non par le
feu, ni par tout autre intermédiaire. Ce sang, dit-il, « purifiera notre
conscience des œuvres mortes ». — « Œuvres mortes », est une locution très juste; car, chez les juifs,
si quelqu'un touchait un mort, il devenait impur; et chez nous toucher une œuvre morte, c'est souiller sa conscience. « Pour nous faire rendre
un vrai culte au Dieu vivant et véritable », ajoute-t-il. Il montre ici qu'il
est impossible que celui qui a des œuvres
mortes, serve un Dieu vivant et véritable. Réflexion très vraie, et qui nous
montre le caractère des offrandes que nous devons faire à Dieu : oui, celles
que nous présentons, sont vivantes et véritables; celles qui viennent des
juifs, sont mortes et fausses: tout cela est conséquent. Que nul donc n'entre
au saint lieu avec des œuvres mortes. Si l'entrée en était interdite à celui
qui touchait un cadavre, bien plus l'est-elle à celui qui a des œuvres mortes; car c'est la souillure la plus honteuse. Or, j'appelle œuvres
mortes, toutes celles qui n'ont point la vie, qui déjà exhalent une odeur
infecte. De même en effet qu'un cadavre, loin de flatter nos sens, incommode
quiconque s'en approche; ainsi le péché frappe et atteint notre intelligence
même, enlève à notre âme tout son repos, y jette le trouble et le
bouleversement.
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