"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 17 mars 2016

Sur le chemin d'un Saint: Père Arsène [Arsène Boca]




Au monastère de Prislop en Roumanie situé près de l'ancienne Dacie dans un paysage exceptionnel, une croix de bois s’élève sur une tombe recouverte de fleurs en floraison permanente. L'homme enterré là, est un miracle inconnu : Père Arsène [Arsène Boca], un des plus grands luminaires de l'Orthodoxie, considéré comme un saint par toutes les âmes heureuses qui ont eu la chance de le rencontrer au cours de leur vie. Fort, inébranlable dans la foi, il a passé par les déserts "rouges" de l'athéisme et par les terreurs des prisons communistes sans dévier du droit chemin qu'il suivait avec beaucoup de chrétiens. Adoré par les gens pour ses sermons et ses miracles, redouté par les autorités de l'époque en raison de sa forte influence, le Père Arsène est mort en martyr; mais la traînée de lumière qu’il nous a laissée brille encore parmi nous, même dans nos jours.




Père Arsène [Boca] est venu dans ce monde dans un petit village dans les montagnes des Carpates. Né le 29 septembre 1910 à Vata de Sus (Roumanie), il était le seul enfant d'une famille aisée. Il termina l'école secondaire de Brad, où il se distingua par sa pensée et son intuition profondes. Il entra au séminaire de théologie de Sibiu, termina les études à Ceranauti, actuellement en Moldavie; Il se révéla détenteur d’un grand talent artistique et en conséquence il fut envoyé à Bucarest pour un second diplôme en beaux-arts.


Un de ses tableaux

Après avoir obtenu son diplôme des Beaux-Arts, il assista aux cours  du professeur Rainer à la Faculté de Médicine. Il fut aussi à Sibiu, l’élève du Père Dumitru Staniloae. 

Quand il a fini ses trois ans d’étude, il fut envoyé par Sa Sainteté le Métropolite Balan au Mont Athos dans un skite roumain (un très petit monastère avec quelques moines) pour y obtenir certains textes de la Philocalie en grec et en roumain. Plus tard, il participera avec le Père Dumitru à la traduction de la Philocalie roumaine. Il dessinera aussi la couverture pour cette édition.

Son court séjour à l’Athos lui apporta les premières expériences spirituelles. Là, il a observa le jeûne pendant des périodes allant jusqu'à quarante jours, comme il le rappellera plus tard à quelques chrétiens (remarque: dans son cas, le jeûne signifiait probablement ne rien manger du tout ou seulement un peu de pain, et boire de l'eau).
Au Mont Athos, il fera l'expérience de visions et de consolations divines.

En 1940, il est ordonné diacre et tonsuré. En 1942, il est nommé staretz du monastère de Brâncoveanu.

En 1945, et en 1948, il fut emprisonné par les communistes. Après deux mois, le Métropolite Balan le transféra, pour le protéger, comme staretz au monastère Prislop. Il fut à nouveau arrêté à plusieurs reprises pendant les années cinquante. Accusé de malversations (fausses bien sûr), il fut exilé à Bucarest. Il survécut en faisant des peintures d’églises.

En proie aux tracasseries de la Securitate (la gestapo communiste), il partit au monastère de Sinaïa.

Il y naquit au Ciel le 28 novembre 1898. Sa glorification par l'Eglise roumaine est prévue.





Beaucoup de gens venaient d'endroits lointains, même à pied, juste pour rencontrer le Père Arsène.

Les personnes qui désiraient la Sainte Communion étaient amenées par le Père Arsène à un lieu sur la montagne. Là, il les gardait pendant 7 jours et nuits à ne manger que du pain et du miel. Pendant tout ce temps, ils priaient ensemble et écoutaient des sermons. Celui qui ne jeûnait pas et mangeait autre chose, comme de la viande… était invité à quitter les lieux. Dans la matinée, le père Arsène venaient dans les cellules où les chrétiens dormaient ensemble comme des frères et il choisissait seulement ceux qu'il croyait étre prêts pour la confession et le partage de la Sainte Cène.
 


Pendant la guerre, beaucoup de gens venaient au Père Arsène, en particulier les jeunes hommes qui avaient dû partir pour la guerre. Il disait à certains d'entre eux: "Ton âme se promène le long d'un chemin différent, va vers elle." Il estimait que leurs âmes n’étaient pas dans l'Église; pour eux le pèlerinage était une formalité. Pour d'autres, il disait, "oui, viens". Il les invitait dans l'Église à écouter la Sainte Liturgie. Il donnait la Sainte-Croix à baiser, mais pas à tous. A certains il faisait l’onction de myrrhe avec joie, à d'autres, il ne le faisait pas. Une fois où quelqu'un lui demanda : "Père, pourquoi ne donnes-tu la Sainte Croix qu’à certaines personnes?" Il répondit: "Mon enfant, ceux à qui je donne la Croix à baiser ne rentreront pas chez eux. Vous reviendrez et nous nous rencontrerons à nouveau. " Et ceux qu'il mentionnait ne sont jamais revenus, sauf ceux qui ne baisaient pas la Croix.

... Beaucoup de gens aimaient Père Arsène [Boca] parce qu'il se souciait véritablement que du côté spirituel de l'être humain. Il demandait aux gens de retourner à Dieu et de vivre une vie consacrée au Christ. Même avant la 2ème Guerre mondiale, il était suspect pour le régime communiste (athée), car beaucoup de gens faisaient appel à lui pour des conseils. Le Secret Service de sécurité le soupçonnait de conspiration, comme catalyseur principal du mouvement contre le communisme.

Pendant les périodes restrictives du communisme (le christianisme devint illégal) Père Arsène poursuivit sa mission de père spirituel. A cette époque, les miracles étaient nécessaires pour échapper aux persécutions communistes autoritaires qui frappaient férocement contre tout ce qui ne correspondait pas à l'idéologie communiste étroite; et le Père Arsène était un homme du Saint-Esprit qui fit beaucoup de miracles. Après 1989, en face du monastère de Sambata de Sus, une croix fut érigée pour tous ceux qui sont morts en combattant dans la résistance anticommuniste dans les montagnes de Fagaras. Le premier nom sur la croix est celui de Père Arsène [Boca], même s’il n'a jamais conseillé à quiconque de prendre les armes et de combattre, et s’il n'a jamais touché une arme. Cependant, il insuffla courage et la foi à ceux qui choisirent de se battre. On dit que beaucoup de gens ont été aidés par ses prières, quand ils ont été persécutés par la sécurité.

De l'eau de la pierre


La cellule de Père Arsène

Père Arsène avait une cellule dans les montagnes au-dessus du monastère de Sambata où il se retirait pour le jeûne et la prière en solitude. On dit que l'espace et le chemin vers la cellule ont été sanctifiés et Père Arsène n’en parlait jamais, et il y amenait seulement quelques personnes qu'il considérait comme purs de cœur. En haut, à la cellule il n'y avait pas d'eau, que de petits ruisseaux formés au cours du printemps, à partir de la neige. Un jour, ceux qui faisaient l'escalade avec le Père Arsène lui dirent: "Père, nous avons vraiment soif, et nous avons épuisé l'eau que nous avions apporté avec nous." Père Arsène, les  regardant pensivement, prit une petite tige du sol et  commença à prier. Ensuite, il leur demanda avec compassion: Voulez-vous boire de l'eau? " "Oui, nous le voulons!".Il a ensuite frappé une pierre ,et l'eau a commencé à sortir d'une pierre du ruisseau; et même aujopurd’hui, l'eau s’écoule de ce rocher; pas beaucoup, mais des gouttes d'eau permanentes.

En 1948, le monastère de Prislop, redevint  possession de l'Eglise chrétienne orthodoxe. Père Arsène fut envoyé au monastère de Prislop et, en un court laps de temps, il apporta la vie au monastère. Aujourd'hui encore, après tant d'années, nous pouvons voir la façon dont les fleurs ont été organisées par le Père Arsène [Boca], ou comment chaque pierre a été placée avec soin dans l'endroit où il pensait qu'elle serait adaptée.
En peu de temps les gens entendirent parler de la grâce du Père Arsène [Boca], et ils l'ont envahi en grand nombre pour recevoir  consolation et de guérison spirituelle. Père Arsène avait du temps pour tout le monde et ne rejetait jamais personne. Les higoumènes du monastère nous ont dit: "Il se mettait au niveau de tout le monde et leur parlaient dans une langue qu'ils comprenaient personnellement. D'une part, il vous  captivait et vous séduisait, et d'autre part, il scrutait votre conscience. Il décrivait votre propre état spirituel; vous expliquait où vous étiez, qui vous en étiez et ce que vous pouviez devenir.
Il vous connaissait si bien. "
Il fut capturé par la sécurité de Prislop en 1958, et contraint aux travaux forcés dans le camp de travail de Dobrogée [ou Dobroudja]où il passera le reste de deux ans.

Le Saint enchaîné:
Même s’il fut mis en prison et envoyé au camp de travail du canal du Danube, le Père Arsène [Boca] ne fut jamais condamné, tout simplement parce que la sécurité ne put jamais le trouver fautif. A en juger par les allégations, nous nous demandons si le Père Arsène n’accepta pas sa peine pour être en mesure de réconforter et d'aider les âmes de ceux en prison. L'une des personnes proches de Père Arsène [Boca] nous a dit:

"En Dobrogée, au camp de travail du Danube, où Père Arsène fut envoyé pour la deuxième fois, c’était très dur. Ils avaient une certaine quantité de terre à extraire à la pelle, les travailleurs étaient épuisés, car ils avaient une très mauvaise nourriture, donc ils n’avaient pas de force. Père Arsène leur disait: "Mes bons enfants, nous allons y arriver", et on ne sait pas comment ils faisaient pour avoir fini leur tâche imposée et comment ils ont survécu.

La nuit Père Arsène disparaissait, personne ne savait comment. Les gardes commencèrent  à parler entre eux: "Il y en a un qui disparaît pendant la nuit!" Une fois, quand le père retournait à sa cellule, il dit à l'un des gardiens, "N’aie pas peur, personne ne pourra te nuire". Aujourd'hui, c’était comme ça, le lendemain de même, à la longue, le gardien dit au reste des gardes: " Soit je deviens fou, soit j’ai des visions, il y a un homme ici qui disparaît."

Une nuit, les gardes sont allés le voir, car il avait l'habitude de faire sa sainte liturgie, seul, la nuit. Ils le virent en dehors de la prison, remuer les lèvres, priant. Ils voulaient l'arrêter, mais ils n'osèrent pas. La grande porte de la cellule de prison avec de lourdes  serrures, s’ouvrait devant lui sans que personne ne les touche, à la fois dans la nuit quand il sortait et le matin quand il revenait. En ce temps, le Père Arsène créait  également les croquis de ses plans pour la construction du sanctuaire du monastère de Prislop...

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
et 
d'autres sources
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Un portrait de Père Arsène pleure! 
VIDEOS




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Tombe de Père Arsène
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