(Constantin Cavarnos...) J'étudie aussi les Pères de
l’Eglise et j’écris sur eux, en particulier sur les auteurs ascétiques tels que
saint Jean Climaque, saint Syméon le Nouveau Théologien, et les Pères de la
Philocalie.
Nous devons continuer à les étudier, à écrire à leur
sujet, et à vivre selon leurs enseignements. Il y a une autre chose qui doit
être mentionnée. Kontoglou aimait beaucoup les moines. Il croyait à la
vie monastique orthodoxe contemplative (hésychaste) traditionnelle, et non à
celle de l'activiste, à la manière catholique romaine. Dans un de ses ouvrages,
il dit que nous devons réaliser que là où il n'y avait pas de monastères, la
spiritualité s’est tarie, et que partout où il y a de la vie monastique et des
monastères authentiques avec une tradition de piété profonde, l'Orthodoxie
fleurit.
-Et à ce
propos... Aujourd'hui, dans l'orthodoxie, nous avons beaucoup de discussions,
et une controverse qui n’est pas moindre, à propos de l'apparence des prêtres
et des moines en Occident. Il y a ceux qui disent que c’est quelque chose pour
le vieux continent. En Amérique, nous faisons les choses différemment, parce
que l'endroit où nous sommes, et la situation dictent que nous devons nous
habiller différemment, et que les choses extérieures ne sont pas si importantes
que cela. Que disait Kontoglou à ce sujet?
-Kontoglou a écrit des articles spéciaux sur le rasson
[soutane] pour le prêtre. Il serait d'accord pour dire que le rasson seul ne
fait pas le prêtre [l’habit ne fait pas le moine !]. Mais il est l'une des
choses, avec d'autres, qui font un prêtre ou un moine. Kontoglou disait le
rasson est un élément essentiel. Il est un symbole de l'Orthodoxie. La barbe
est aussi un élément essentiel de l'apparence d'un ecclésiastique ou d’un
moine. Ces choses, il les a beaucoup soulignées, et il a donné des raisons de
tradition et de bon sens, pour que cette apparence extérieure du prêtre ou du
moine, doive continuer à identifier le prêtre ou le moine comme véritablement
orthodoxes.
-Alors,
serait-il correct de mentionner que Photios dirait que ces choses font partie
intégrante de l'Orthodoxie, sont l'expression de l'Orthodoxie. Elles ne sont
pas des traits détachés, mais sont unies avec l'image et les symboles de
l'Orthodoxie. Ainsi, abandonner ces choses est en quelque sorte minimiser
l'Orthodoxie.
-C’est juste. Il y a quelques années à peine, un
prêtre de l'archidiocèse grec dans ce pays avait une barbe. Mais maintenant, ce
qui est arrivé est que les jeunes prêtres ont de la barbe, le plus souvent
taillée, mais encore de la barbe. A côté d'eux est un vieux prêtre, un prêtre
aux cheveux blancs, complètement rasé. Raser la barbe ne peut se justifier en
disant que nous vivons en Amérique, et que la barbe est inappropriée. Au
contraire, c’est tout à fait acceptable maintenant.
Kontoglou était très résolument pour qu'un prêtre ait
la barbe et le rasson de son identité, de la même façon qu’un policier a son
uniforme de police spécifique, quand il sort dans les rues. En le voyant, vous
savez qu'il est policier.
-Kontoglou
faisait-il jamais une distinction entre la Tradition
avec un grand « T » et la tradition avec un petit « t » ?
Une telle vision précise qu'il y a des traditions dans le domaine du dogme, de
la doctrine et de la spiritualité qui sont absolument non négociables, mais
qu’il y a des petites traditions comme la barbe et le rasson qui sont
négociables. Vous n'êtes pas obligé de les avoir, mais vous pouvez les avoir.
A-t-il jamais fait de telles distinctions?
-Il n'a pas fait une telle distinction. Il croyait que
des choses innombrables organiquement liées font l'Orthodoxie, et lui donnent
son identité. Tout est organiquement lié. A propos des arts de l'Église, par
exemple, il disait que l'iconographie s'adresse à notre sens de la vue, tandis
que la musique s’adresse elle, à notre sens de l'ouïe, mais toutes deux
cherchent à exprimer la même essence, la foi orthodoxe. L'architecture a sa
propre tradition, particulièrement reconnaissable dans la coupole, dans l’arc
en plein cintre, et par les surfaces qui sont utilisées pour les peintures
murales, que d'autres types d'architecture, comme le gothique, ne fournissent
pas.
L'architecture de l'Eglise orthodoxe est un élément
très important de la totalité; en d'autres termes, tous ces arts sont
organiquement liés entre eux, mais en utilisant différents médias.
L'iconographie, l’hymnodie, la musique et l'architecture de la tradition
byzantine essaient de transmettre la même chose. Elles ont le même point
d'origine: elles sourdent toutes de la foi orthodoxe et sont utilisées pour
communiquer la foi orthodoxe et la rendre saisissable pour le croyant par les
sens. Ainsi, vous pouvez voir l'unité organique des beaux-arts de l'Orthodoxie.
Vous pouvez également la voir dans l'apparition du
prêtre, du moine, dans la forme des prières et dans la Liturgie. Toutes ces
choses sont organiquement liées les unes aux autres. Si vous dites que
l'iconographie traditionnelle n’est pas indispensable, ou que la musique
traditionnelle est secondaire et peut être remplacée par des orgues ou des
violons, tout en conservant l'Orthodoxie, c’est faux!
Lorsque vous éliminez ces choses, que reste-t-il?
Bientôt vous allez commencer à atténuer les dogmes en raison du minimalisme ou
du relativisme. Les Grecs ont un mot pour cela: "ξεφτισμα [xephtisma/
« effilochage »], vos pantalons sont déchirés en un seul endroit,
vous laissez passer, puis la déchirure se propage. Si vous ne rafistolez pas à
temps, elle se propage de plus en plus, et l'ensemble du vêtement tombe alors
en morceaux. Donc, vous devez réparer.
Si vous ne prenez pas le temps de réparer tout type de
rupture de la Tradition, alors tout commence à se désagréger. Et voilà ce qui
est arrivé à une grande partie du monde orthodoxe. Il tombe en morceaux de
cette manière, en disant: Ceci n'a pas
d'importance, ce n'est pas essentiel, c'est sans importance, c’est une
convention, et ainsi de suite…
Version
Française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Pravoslavie.ru
d'après
Pravoslavie.ru
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