"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 10 mars 2015

CE QUE L'ON NE DOIT PAS DIRE EN CONFESSION (R)




Maintenant, je dois admettre que je ne puis vous dire ce que vous devriez dire en confession. Préparez-vous, et ce que vous devez dire sera clair pour vous. Je puis cependant vous dire ce que vous ne devriez pas dire si vous voulez faire une bonne confession.

1) Je n'ai pas de péché.

il est très frustrant pour un prêtre d'entendre ces paroles. Comment va-t-il absoudre en Christ, le péché de celui qui n'en a pas? Comment va-t-il donner à cette personne le Corps et le Sang du Christ "en rémission des péchés"? Mais c'est encore plus sérieux qu'il n'y paraît: dans le Nouveau Testament, il est écrit:" Si nous prétendons être sans péché, nous nous séduisons nous-mêmes et la vérité n'est point en nous... Si nous prétendons que nous n'avons pas péché, nous faisons [de Dieu] un menteur et Sa parole n'est point en nous." ( I Jean 1:8, 10)

Si c'est tout ce que nous pouvons dire en confession, des questions plus difficiles doivent être posées. A quel point prenons-nous au sérieux l'appel du Christ à la repentance? A quel point prenons-nous au sérieux le sacrement de confession? A quel point nous y préparons-nous sérieusement? Il est peut-être préférable de dire à notre prêtre: " Je ne sais pas quels sont mes péchés. Père, peux-tu m'aider?"

2) Je suis pécheur

Je ne veux point dire que vous ne devriez pas dire cela, mais nous ne devrions pas nous arrêter là. La confession ne doit pas devenir une formalité rituelle que nous faisons pour accomplir une obligation religieuse. Elle se doit d'être réelle et personnelle. Quand nous approchons de la confession, nous devrions être capables de faire écho aux paroles de David: " Mon sacrifice ô Dieu est un esprit brisé; Tu ne mépriseras pas un coeur brisé et contrit.( Psaume 50)

3) J'ai un problème

Trop souvent, nous faisons de la confession une séance de consultation où nous parlons à nos prêtres de nos problèmes et espérant avoir des conseils, de l'aide et des encouragements. Nous pouvons et devrions discuter de nos problèmes avec notre prêtre, mais l'endroit pour ce faire est lors d'une séance  spécialement consacrée à ces "problèmes". 

La confession s'occupe des péchés. Il y a du vrai dans la notion selon laquelle la racine de tout problème est le péché: le nôtre et/ou celui des autres. C'est notre état de pécheur qui est à la base de nos problèmes. C'est ce que nous devons faire venir à la surface lors de notre préparation, afin de l'apporter en confession.

4) Les excuses

Les excuses du type "Bien sûr que je bois, mon Père, mais si vous connaissiez ma femme!..." n'ont pas de place dans la confession. Nous venons à la confession pour être pardonnés, et non pour être excusés. C.S. Lewis explique la différence:
" Le pardon dit:  "Oui, tu as fait cette chose mais j'accepte ta défense; je ne le retiendrai plus contre toi et tout entre nous sera exactement comme auparavant." Mais l'excuse dit: "Je puis voir que tu ne pouvais t'en empêcher, ou que tu ne voulais pas faire cela; tu n'es en rien à blâmer." Si personne n'est blamable, alors il n'y a rien à pardonner…

Dieu connaît toutes les excuses mieux que nous. S'il y a de véritables circonstances atténuantes, il n'est pas à craindre qu'Il les ignorera. 

Il excusera tout ce qui doit être excusé. Tout ce que nous avons à faire, c'est de Lui apporter cette partie inexcusable: le péché." (C.S. Lewis, On forgiveness, in The Weight of Glory, N.Y. Macmillan 1980)

5) Les péchés du prochain

Les excuses du style: "Mon époux boit trop." ne sont pas de mise non plus. Nous devons confesser nos péchés, pas ceux de notre prochain, de nos amis ou de nos parents. 

Nous pouvons avoir besoin de confesser notre réaction pécheresse par rapport aux manquements de notre prochain. Sommes-nous devenus pharisaïques? juges? enclins à la vengeance? C'est seulement après nous être repentis de tels péchés que nous pouvons commencer à chercher une solution chrétienne aux problèmes créés pour nous par les péchés de nos frères. Nous sommes libres d'en discuter avec notre prêtre, hors confession, à un autre moment.

6) J'essaie d'être bon

Les prêtres trouvent ces paroles frustrantes aussi. Cela revient à dire: " Je n'ai tué personne". La réponse évidente à la déclaration faite plus haut est: "Réussis-tu à être bon?"  Il est important de se souvenir que tout le monde est "bon", fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. Mais les gens qui sont bons disent, font, pensent et ressentent encore des choses pécheresses. Le prêtre sait aussi que si vous venez en confession, c'est que vous essayez d'être bon. La question est plutôt de savoir en quoi vous échouez dans votre tentative de l'être.

Finissons sur une note positive. Il est une chose que vous pouvez dire: les mêmes péchés que vous avez confessés la dernière fois. N'ayez pas peur de vous répéter confession après confession… 

Et ne devenez pas cyniques parce que vous semblez avoir toujours les mêmes vieux péchés à confesser! Pourquoi?

D'abord les Pères enseignent qu'il y a certains péchés et passions avec lesquels nous devrons lutter la plus grande partie de notre existence, si ce n'est toute notre vie. Et ensuite nous pouvons être encouragés de ce que nous veillons au moins à être conscients de nos manquements. 

Confesser pour la première fois que nous convoitons les biens de notre prochain et la seconde fois que nous l'avons cambriolé, n'indique pas un progrès spirituel, mais le comportement inverse pourrait bien être un signe de croissance spirituelle.

 Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Joseph Letendre,

Preparing for Confession, 
Light and Life Publishing Company, 
1987  

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