"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 2 février 2014

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


20 janvier / 2 février
32ème dimanche après la Pentecôte

Saint Euthyme le Grand (473). Saint Euthyme, moine du grand-habit (XIVème s.) et saint Laurent, reclus (XIIIème-XIVème s.) de la Laure des Grottes de Kiev. Saint Euthyme de Vologda (vers 1465). Saints Innas, Pinnas et Rimmas, martyrs Goths en Scythie (I°-II°). Saints Bassos, Eusèbe, Euthychès et Basilide, martyrs à Rome (303). Saint néomartyr Zacharie de Patras (1782). Saint hiéromartyr Paul Dobromyslov, prêtre (1940).

Lectures : 1 Тim. IV, 9–15. Lc. XIX, 1–10 (Zachée). Saints: Hébr. XIII, 17–21. Lc VI, 17–23.

VIE DE SAINT EUTHYME LE GRAND[1]


C
omme saint Antoine pour l’Égypte, notre saint Père Euthyme fut, quelques années plus tard, le fondateur et le père du grand mouvement monastique qui allait remplir le désert de Palestine. Accordé par Dieu à ses parents, longtemps restés sans enfants, comme fruit de leurs prières, il naquit en 378 à Mélitène, en Petite Arménie. Ayant perdu son père à l’âge de trois ans, sa mère le confia à l’évêque Eutréios qui le baptisa et le consacra aussitôt lecteur de son église. Élevé au sein de la maison épiscopale dans la vertu, la tempérance et l’application aux saintes Écritures, Euthyme apprit très tôt à accomplir l’office divin aux temps fixés, avec crainte de Dieu, et à prier d’un cœur non distrait. Il ne sortait guère que pour rendre visite aux moines des alentours et, à chaque Carême, de la Théophanie à Pâques, il s’enfonçait dans le désert pour y vivre dans le silence et la solitude. Brillant ainsi de telles vertus, il fut ordonné prêtre dès l’âge de dix-neuf ans et nommé aussitôt supérieur de tous les monastères du diocèse. Il s’acquitta de cette charge pendant une dizaine d’années, puis voyant dans ces honneurs un obstacle à la vertu, il s’enfuit vers Jérusalem, avec le désir d’imiter la conduite de notre Seigneur Jésus-Christ au désert. Il s’établit un peu en dehors de la laure de Pharan, dans une cellule de solitaire où, libéré de tout autre souci que de plaire à Dieu par les prières et par les jeûnes, il s’occupait à tresser des rameaux de palmier, afin de n’être à la charge de personne. Il se lia alors d’une si étroite amitié spirituelle avec son voisin Théoctiste que l’un et l’autre avaient tout en commun, pensée et manière de vivre. Comme les deux ascètes allaient chaque année passer tout le Carême dans le grand désert de Koutila, vers la mer Morte, ils furent un jour conduits par Dieu, jusqu’à une grotte admirable, qu’ils élurent aussitôt comme demeure et qu’ils transformèrent en église de Dieu par la vertu sanctifiante de leurs hymnes et de leurs prières. Après avoir passé quelques temps inconnus de tous et ne vivant que des herbes qui poussaient là, ils furent découverts par des bergers des environs. Dès lors des moines de Pharan commencèrent à les visiter et à se joindre à eux en nombre croissant. Comme Euthyme désirait rester libre de tout attachement, et le lieu étant trop exigu pour y mener la vie érémitique d’une laure, il fonda un coenobium dirigé par Théoctiste. Quant à lui, il demeurait en solitaire toute la semaine dans la grotte transformée en oratoire et assurait la direction spirituelle et l’enseignement des frères, le samedi et le dimanche, quand tous se réunissaient pour la vigile et la Divine Liturgie. Le vénérable Euthyme progressait ainsi sans cesse spirituellement et acquit en retour le pouvoir d’accomplir des miracles. Un jour de l’an 420, le chef d’une tribu de bédouins vint trouver le saint à la suite d’une vision et lui présenta son fils malade. Euthyme guérit l’enfant d’un signe de croix. Cette guérison rendit le nom d’Euthyme célèbre dans tout le pays. Les malades accouraient de partout en foule, en troublant fort sa retraite, aussi décida-t-il de s’enfuir, vers le désert plus profond de Rouba, à l’emplacement de l’ancienne forteresse juive de Massada, en compagnie du seul Dométien, originaire lui aussi de Mélitène. Il passa ainsi quelques années dans divers endroits où, ses miracles ayant attiré de nouveaux disciples, il fonda des monastères. Puis il retourna à proximité de saint Théoctiste et s’installa avec Dométien dans une grotte située sur une petite colline, au milieu d’une vaste plaine désertique (le Sahel). Au bout de peu de temps, Pierre lui amena une foule de Sarrasins qui demandaient le baptême. Ceux-ci ne voulurent plus quitter le saint et installèrent leur campement permanent à proximité, campement qui devint par la suite un évêché. Euthyme continuait à envoyer à Théoctiste ceux qui voulaient vivre sous sa direction, jusqu’au moment où Dieu lui ordonna, dans une vision, de commencer à recevoir lui-même des disciples et de fonder une laure, organisée sur le modèle de Pharan. Les ermites y vivaient dans l’hésychia toute la semaine, non plus dans des grottes mais dans des cellules construites par Pierre et les Sarrasins, et se réunissaient pour la vigile dominicale autour de leur prêtre et père spirituel dans l’église consacrée, en 428, par l’archevêque saint Juvénal. Lorsque saint Euthyme célébrait la Divine Liturgie un feu venu du ciel se déployait au-dessus de l’autel et les recouvrait, lui et son diacre Dométien, comme un voile. L’œil de l’intelligence illuminé par la grâce divine, il pouvait distinguer clairement ceux qui s’approchaient dignement de la sainte Communion et ceux qui, l’âme chargée de péchés, communiaient pour leur condamnation. Il discernait aussi les secrets des cœurs et prophétisait l’avenir. Malgré la grande pauvreté de la laure, le saint se montrait hospitalier et généreux envers tous ceux qui s’y présentaient. Aux nombreux miracles qu’il accomplissait, l’homme de Dieu joignait toujours un enseignement sur l’obéissance, sur la persévérance dans la condition où Dieu nous a placés et sur le repentir, si bien que la grâce qu’il déversait sur ses disciples et sur le peuple était toujours pour leur édification et leur progrès dans la vertu. Saint Euthyme, dans les temps troublés qui s’écoulèrent entre le concile d’Éphèse (431) et le concile de Chalcédoine (451), fut pour les fidèles un critère sûr de vérité et une colonne d’orthodoxie. Il envoya des disciples à l’un et l’autre des conciles, et ceux-ci y jouèrent un rôle notable. À l’issue du concile de Chalcédoine, un imposteur, Théodose, réussit à s’emparer pendant vingt mois du trône de Jérusalem et à entraîner dans le parti monophysite une grande partie des moines de Palestine, pour qui la subtile terminologie théologique du concile était peu compréhensible. Euthyme et ses disciples restèrent seuls à soutenir la foi orthodoxe. Comme saint Antoine jadis, l’éclat de la sainteté d’Euthyme était la preuve de la vérité de sa doctrine ; aussi, peu à peu, les moines les plus éminents se rangèrent-ils derrière lui. L’impératrice Eudocie, veuve de Théodose II, qui était établie en Palestine, s’était elle aussi laissée attirer par les opposants au concile. Mais frappée par les malheurs advenus à sa famille lors de la prise de Rome, elle réalisa son égarement et, cherchant à rentrer dans la communion de l’Église, elle envoya des émissaires auprès de saint Syméon le Stylite, près d’Antioche. Celui-ci l’exhorta à revenir en hâte à l’Orthodoxie et lui fit dire : « Pourquoi chercher au loin à puiser l’eau, alors que tu as près de toi la source. Tu as l’homme de Dieu Euthyme ; suis ses enseignements et tu seras sauvée ! » Eudocie se fit alors construire une tour près de la laure et y reçut les instructions d’Euthyme, comme si elles sortaient de la bouche même de Dieu. Elle prit ensuite fermement la défense de la foi et couvrit la Palestine de généreuses donations : églises, monastères et hospices. Le vénérable ascète, chargé de jours mais animé de toute la ferveur que donne l’Esprit Saint, guidait vers le Royaume des cieux quantité de disciples, parmi lesquels on compte les plus grandes figures monastiques de l’époque : saints Sabas, Cyriaque, Gérasime, et nombre d’évêques. À l’âge de quatre-vingt-dix ans, il descendit visiter Théoctiste, juste à temps pour assister à ses derniers moments, célébrer ses funérailles et désigner un nouvel higoumène. Dieu lui accorda aussi de connaître à l’avance la date de sa mort, mais il n’en dit rien jusqu’au jour où, selon sa coutume et malgré son grand âge, il devait partir passer le Carême au désert. Pendant la vigile de saint Antoine, il réunit ses disciples et leur délivra son ultime enseignement : « Gardez toujours, comme principe et comme fin de toute bonne activité, la charité sincère, qui est le lien de la perfection (Col 3, 14). Toute vertu se fortifie par la charité et l’humilité, avec l’aide de l’expérience, du temps et de la grâce. Mais la charité l’emporte sur l’humilité, car c’est par charité que le Verbe de Dieu s’est humilié en se faisant pareil à nous. » Puis il leur fit élire son successeur, leur annonça la mort prochaine de Dométien et la transformation de la laure en coenobium (482). Il leur indiqua l’endroit où devaient être construits l’église et les bâtiments, les exhorta à ne pas négliger l’hospitalité, à consoler et stimuler les frères éprouvés par les tentations et à accomplir avec dévotion tous les services divins. Après être demeuré pendant trois jours seul dans le sanctuaire, il s’endormit en paix, le 20 janvier 473, le visage serein et tout blanc, plus angélique que terrestre. Des miracles s’accomplirent alors en grand nombre et continuèrent longtemps de s’accomplir sur son tombeau, creusé à l’emplacement de sa grotte. Toute l’Église commença aussitôt à vénérer saint Euthyme comme un de ses Pères parmi les plus éminents, car, ayant mené toute sa vie dans la solitude, il n’avait néanmoins jamais cessé d’être le soutien de la foi, le missionnaire, le législateur de la vie communautaire et l’économe de la grâce de Dieu.

Tropaire du dimanche, 7ème ton
Pазрyши́лъ ecи́ Кресто́мъ Tвои́мъ сме́рть, отве́рзлъ ecи́ разбо́йнику pа́й, мироно́сицамъ пла́чь преложи́лъ ecи́ и aпо́столомъ проповѣ́дати повелѣ́лъ ecи́, я́ко воскре́слъ ecи́, Xpистé Бо́же, да́руяй мípoви вéлiю ми́лость.
Tu as détruit la mort par Ta Croix, Tu as ouvert le paradis au larron,  Tu as transformé le pleur des myrophores, et ordonné à Tes Apôtres de prêcher que Tu es ressuscité,  Christ Dieu, accordant au monde la grande miséricorde.
Tropaire de saint Euthyme, ton 4
Весели́ся, пусты́ня нераждáющая,  благодýшствуй, неболя́щая,  я́ко умнóжи тебѣ́ чáда мýжъ желáниiй духóвныхъ,  благочéстiемъ насади́въ,  воздержáнiемъ воспитáвъ добро-дѣ́телей въ совершéнство.  Тогó молитвами, Христé Бóже,  умири́ живóтъ нáшъ.
Réjouis-toi, stérile désert, rayonne d'allégresse, toi qui n'as pas connu les douleurs, car l'homme des désirs spirituels a multiplié tes enfants, les faisant croître dans la foi, les nourrissant de tempérance pour la perfection des vertus. Christ Dieu, par ses prières pacifie notre vie.

Kondakion de saint Euthyme, ton 8
Въ честнѣ́мъ рождествѣ́ твоéмъ рáдость твáрь обрѣ́те,  и въ Божéственнѣй пáмяти твоéй, преподóбне,  благодýшiе прiя́тъ мнóгихъ твоихъ чудéсъ,  отъ ни́хже подáждь богáтно въ дýши нáша и очи́сти грѣхóвъ сквéрны,  я́ко да поéмъ: аллилýiя.
En ton auguste naissance la création trouva la joie, en ta divine mémoire elle évoque le bonheur, vénérable Père, de tes miracles nombreux auxquels nous te prions de nous faire participer d'abondante façon en purifiant nos âmes de la souillure du péché, afin que nous puissions chanter: Alleluia.
Kondakion du dimanche, 7ème ton
Не ктому́ держа́ва смéртная воз-мо́жетъ держа́ти человѣ́ки; Христо́съ бо сни́де, сокруша́я и разоря́я си́лы ея́. Cвязу́емъ быва́етъ а́дъ, пpоpо́цы согла́сно ра́дуются: предста́, глаго́-люще, Спа́съ су́щымъ въ вѣ́рѣ, изыди́те, вѣ́рніи, въ воскресéніе.
Désormais l’empire de la mort ne peut retenir les mortels, car le Christ y est descendu pour briser et défaire sa puissance. L’enfer est enchaîné, les prophètes jubilent, disant d’une seule voix : « Il est venu, le Sauveur, pour ceux qui ont la foi ; fidèles, allez à la rencontre de la Résurrection ! »
LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Jn. XXI, 15-25; Liturgie : II Cor. VI, 16-17 – VII, 1 ; Rom. VIII, 28-39 ; Matth. XV, 21-28 ; Lc. XXI, 12-19


[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos-Petras (version abrégée).

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