Lors de la séparation du corps, l'âme
s'embarque dans une existence purement spirituelle qui nous est inconnue à nous
vivant dans la chair, et c'est pourquoi les textes ascétiques sur la vie après
la mort semblent souvent étranges, déroutants, voire problématiques pour nous.
Seuls les justes qui se sont purifiés et ont acquis une plus grande profondeur
de vision spirituelle ont connu un avant-goût de cette vie spirituelle, et c’est
donc vers eux que nous devons chercher une guidance spirituelle pour comprendre
les révélations sur l'âme après la mort. Par les écrits patristiques, les vies
des saints, l’hymnographie, et même l’iconographie, l'Église nous fournit une
multitude de sources à partir desquelles nous pouvons discerner la juste conception
orthodoxe du voyage de l'âme après la mort.
Dans la théologie de l'Eglise, la période entre
la mort et le Jugement dernier, au retour du Christ est connue comme l'état
intermédiaire des âmes. Pendant ce temps, l'âme est jugée et il lui est donné
un avant-goût du ciel ou de l'enfer qui l'attend après la résurrection générale
à la consommation des temps. L’anthropologie orthodoxe rejette fermement toutes
les formes de dualisme et affirme que l'homme consiste naturellement à la fois en
un corps et une âme. Ainsi l'âme qui se sépare du corps au moment du décès est
dans un état anormal, et pour cette raison, la séparation de l'âme est un
événement effrayant. De ceci saint Jean Damascène écrit: "En vérité le
plus effrayant, c'est le mystère de la mort, comment l'âme est violemment
séparée de sa concorde avec le corps et, que, par décret divin, le lien le plus
naturel de leur cohésion est coupé," [5 ] et un stichère pour les morts
chantée au Ton 2 le vendredi soir aux Vêpres dit ce qui suit:
Malheur à moi! Comme grande est la lutte que
l'âme endure à sa séparation d'avec le corps. Malheur à moi! Combien de larmes elle jette, mais nul n’a pitié d'elle. En ce qui concerne les anges, elle supplie en
vain, étirant ses mains vers les hommes, elle ne trouve personne pour l’aider.
Ainsi, mes frères bien-aimés, réfléchissant sur la brièveté de notre vie, nous
demandons au Christ à donner le repos aux disparus et d’accorder notre âmes
grande miséricorde. [6]
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
Notes :
[5] Idiomelon pour les défunts dans le 4ème ton
(Octoèque), QTD. dans Cavarnos, Future
Life, p. 21.
[6] The
Lenten Triodion, Seminary Press Saint-Tikhon (1994), p. 144.
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