"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 17 mai 2011

Jean-Claude LARCHET/Recension: Philippe Henne, « Tertullien l'Africain »

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Philippe Henne, « Tertullien l'Africain », Éditions du Cerf, Paris, 2011, 336 p. (collection « Petits Cerf Histoire »).
Dominicain belge, professeur de patristique à la faculté de théologie de l’Université catholique de Lille, Philippe Henne, qui a déjà publié aux éditions du Cerf une étude sur la Bible et les Pères et plusieurs livres de vulgarisation sur des Pères latins (Hilaire, Grégoire le Grand, Léon le Grand, Jérôme...), présente dans cet ouvrage une synthèse complète et claire sur la vie et l’œuvre de Tertullien (IIe-IIIe s.).
Celui-ci développa à Carthage une activité considérable, produisant des apologies du christianisme face aux païens, des traités dogmatiques contre les hérétiques (Hermogène, Marcion, les valentiniens, les modalistes), multipliant les traités sur la morale (en particulier relatifs à la vie conjugale, aux spectacles, à la façon de se vêtir..) et sur divers aspects de la vie spirituelle (la patience, la prière...) et sacramentelle (il est le premier à avoir composé de véritables traités sur le baptême et sur la pénitence)
Dans son « Contre Praxéas », il se révèle comme l’un des fondateurs de la dogmatique latine: c'est lui qui fixa le concept de personne pour désigner le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Cependant, sa façon parfois maladroite d’insister, face aux modalistes, sur l’unité substantielle du Père et du Fils, et une distinction insuffisante entre le plan de la théologie et le plan de l’économie, offrirent par la suite aux filioquistes latins la possibilité de voir en lui l’un des premiers inspirateurs de leur doctrine.
L’extrême et excessif rigorisme de sa morale (en particulier en matière conjugale), qui l’amena à rejoindre la secte montaniste et à se séparer de l’Église pendant une dizaine d’années et jusqu’à la fin de sa vie, a souvent jeté le soupçon sur l’ensemble de sa pensée et grevé l’autorité à laquelle ce brillant penseur, ancien rhéteur devenu prêtre, pouvait prétendre parmi les premiers Pères latins. 

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