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Mont-Liban
"N’est-il pas vrai que le Liban redeviendra un verger et que le verger fera penser à une forêt ? En ces jours là les sourds entendront les paroles du livre et, délivrés de l’ombre et des ténèbres, les yeux des aveugles verront. Les malheureux trouveront toujours plus de joie en Yahvé, les plus pauvres des hommes, exulteront à cause du Saint Esprit" Isaïe 29/17-19
Voilà un souhait que nous pouvons formuler en apprenant qu’un petit projet monastique (skite) se trouve en germination à proximité d’Aley au Mont-Liban.
Aley était anciennement un bourg, un petit village qui s’est transformé à partir de 1892-1895 en une ville de plus en plus peuplée ! C’est une belle région montagneuse, d’environ dix collines, la plus élevée étant Ras El Jabal (tête du mont), à 20 km de Beyrouth, à 850m d’altitude moyenne. Le nombre de ses habitants l’hiver avoisine les 50.000 et l’été dépasse les 100.000. La ville se trouve sur l’axe routier Beyrouth-Damas. Durant les événements politiques dans le pays, les habitants ont souffert des nombreuses destructions comme d’ailleurs dans beaucoup d’autres lieux au Liban. Le bilan humain de la guerre fut très lourd : Il y eut environ 150.000 morts, 350.000 blessés et plusieurs milliers de personnes enlevées ou portées disparues, sur une population d’environ trois millions et demi d’habitants .
Depuis 1990 Aley est un grand chantier de rénovation. Oui le Liban était un paradis de forêts et de jardins, de fabuleuses sources d’eau, une terre où coulent le lait et le miel, où nous trouvons des oliviers, des tapis de pins couvrant les montagnes et les vallées, des plantains, des orangers, des vignes, des pommiers, figuiers, amandiers… et surtout les cèdres géants qui, sans cesse, psalmodient et chantent des hymnes à la Résurrection du Christ Notre Seigneur et Sauveur ; on en parle dans Ezéchiel : « A quoi te comparer dans ta grandeur ? Voici : à un cyprès, à un cèdre sur le Liban au branchage magnifique, au feuillage touffu à la taille élevée … » et dans le Deutéronome nous entendons Moïse parlant au Seigneur et disant : « Ne pourrais-je passer là-bas, et voir cet heureux pays au-delà du Jourdain, cette heureuse montagne, et le Liban ? »
Aley était antérieurement une région où vivait une nombreuse communauté de chrétiens orthodoxes. Aujourd’hui la région est peuplée d’une population caractérisée par de multiples croyances ! Il faut savoir que le Liban se distingue par la présence de 18 religions et confessions chrétiennes (Catholiques de Rome et Latins, Maronites, Eglise orthodoxe d’Antioche et Grecs-catholiques. Arméniens orthodoxes et catholiques. Syriaques orthodoxes et catholiques...) diverses reconnues par le Parlement à part les sectes : Les confessions chrétiennes, orthodoxes, catholiques et protestantes vivent très mélangées… Il s’agit d’une réalité confessionnelle qui caractérise le monde des chrétiens Orthodoxes au Liban, qui côtoient des hétérodoxes dans la vie quotidienne.
Aujourd’hui comme dans bien des pays du monde, de nombreuses sectes et mouvements non reconnus se développent avec force. Il est évident que cela ne reste pas sans influence sur les croyants fragiles. Existe aussi une présence Islamique avec des Sunnites, des Chiites, des Alaouites, une population Druze et une petite présence du Judaïsme. Au Liban, les chrétiens ne se trouvent pas persécutés ouvertement comme les coptes en Egypte et les communautés chrétiennes en Irak, mais ils le sont d’une manière insinueuse, soit par les médias, soit par les hétérodoxes et leurs fausses doctrines, soit par les sectes… avec la volonté de tuer la Foi Chrétienne ! Mais nous voyons toujours la volonté des chrétiens orthodoxes de vivre en paix, en relation étroite avec tous et surtout dans l’amour du Christ. Monseigneur Georges Khodr très connu dans le monde orthodoxe le signale à diverses reprises dans ses écrits : « Ce commandement de Jésus de Nazareth vient en fait de l’Ancien Testament qui en limite cependant l’application aux membres d’un même peuple : Tu ne te vengeras pas et tu ne garderas pas de rancune envers les enfants de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même Le Nouveau Testament en a élargi l’application, faisant de chaque humain un sujet d’amour. La façon dont ce commandement y est exprimé dans le mode impératif : Aime, Tu aimeras, clarifie que l’amour est un ordre divin et non seulement un simple mouvement affectif. En effet, en aimant, le cœur peut ressentir un tel sentiment, ou bien s’en abstenir. L’amour est donc l’objet d’une loi dont la signification se résume en ce qu’il faut aimer son prochain comme soi-même. »
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Et voilà que se projette aujourd’hui la construction d’un petit skite par le moine SERAPHIM, attaché à l’Eglise Orthodoxe d’Antioche dont le patriarche actuel se nomme IGNACE IV. Après avoir vécu pendant 6 ans au monastère Saint Georges à Dayr El Harf, au Mont Liban, et ayant reçu la bénédiction, il voyagea en Europe. Le père SERAPHIM est connu de bien de personnes en Europe occidentale et nous nous souvenons qu’il a visité nos contrées, voilà 4 ans. Son dernier séjour en Europe, il le vécut récemment en Roumanie d’une manière intense, y recevant beaucoup de réconfort spirituel. Là, il fut pleinement introduit dans la voie monastique au skite de Saint Antoine Le Grand dans la région de Neamţ et en Moldavie. Ce séjour se passa principalement auprès des ermites comme le starets Proclus qui vit dans un désert près de Neamţ, auprès également des moines, et des fidèles, dont la foi Orthodoxe est très vivante. Retournant au Liban, il reçut la bénédiction des grands et humbles startsy et higoumènes d’y construire un skite où il pourrait développer la vie monastique en lien avec ses frères de Roumanie.
Père Séraphim avec le staretz Proclus
Aujourd’hui le père SERAPHIM vit à Bkheshtey, petit bourg qui se situe approximativement à 1km de la ville d’Aley. Bkheschtey signifie, localité des ermites, des solitaires, des isolés…et aussi le dénominateur du monachisme, c’est une extraordinaire coïncidence ! Dans ce quartier est construit l’Eglise dit « du monastère du Saint Sauveur » bien qu’il n’y ait actuellement pas de monastère ! La fête patronale de l’Eglise est le Jour de la Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est l’Eglise que le père SERAPHIM fréquente afin d’y suivre les offices liturgiques ; car sa demeure provisoire n’en est pas bien loin. Père SERAPHIM vit très simplement comme un moine. Dans ce petit bourg, avant la guerre, vivait une population composée de chrétiens Orthodoxes (2/3) et de Druzes (1/3). Aujourd’hui la situation est inversée, le village est peuplé de 1/3 de chrétiens Protestants, de Témoins de Jehovah et d’Orthodoxes aux alentours. Les autres 2/3 sont des Druzes. Les populations chrétiennes orthodoxes ont tendance à partir et leurs propriétés sont essentiellement rachetées par les familles Druzes et musulmanes chiites et sunnites. Pourquoi partent-elles ? Nous pouvons trouver la réponse dans le désir d’émigration vers l’étranger et aussi dans des raisons économiques.
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Eglise dite du Monastère du Saint Sauveur
Mais voilà, que le Seigneur appelle à la construction d’un petit lieu monastique afin de témoigner de la Foi Orthodoxe et de la Charité du Christ pour annoncer que Le Christ est Le Chemin, La Vérité et La Vie ; en dehors du Christ il n’y a pas de Vie, il n’y a pas de Vérité.
Comment cela se fera-t- il ?
Le moine SERAPHIM ne possède rien et se met entièrement avec totale confiance sous la dépendance de l’Esprit Saint. Son cœur pleure et souffre afin d’annoncer la Vérité. Une foi ferme lui est nécessaire afin de témoigner des canons des Saints Apôtres, des Saints Pères et des Martyrs de notre Eglise. De nombreuses questions se posent à lui et les réponses existent. Comme au désert pour produire des fruits, selon l’Evangile, le travail ne manquera pas ! Mais nous savons tous que le désert dans la Bible est le cadre de tous les commencements. « Et moi, je suis l'Éternel ton Dieu depuis le pays d'Egypte ; de Dieu, tu n'en connaîtras pas d'autre ; de Sauveur, il n'y a que moi.- Je t'ai connu dans le désert, dans le pays de la soif……. » Et nous connaissons tous saint Jean-Baptiste le précurseur qui dans le désert accomplit la prophétie d’Isaïe : « À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur ».
Quelles questions interpellent le père Séraphim?
• Comment peut-on annoncer la Foi Orthodoxe dans une région balayée par de multiples courants de pensée non chrétiennes et de nombreuses idéologies ? Comment évangéliser à nouveau les orthodoxes de souche ? Comment protéger une population chrétienne orthodoxe, si souvent faible, ignorante et opprimée ?
La présence et l’accompagnement des chrétiens est de première importance comme dit très simplement Monseigneur Georges Khodr dans ses conseils : « …Évoque avec lui le fait qu'il est fils de Dieu. Que le Seigneur le souhaite comme fils, sauf s'il est entièrement athée. Je ne pense pas que ce type d'athéisme existe en Orient. Grimpe avec lui progressivement à partir du niveau qui est le sien. …Le plus important est qu'il fasse de sa reconnaissance en l'existence de Dieu, un culte d'amour pour Dieu. Il en faut un peu de compréhension, de la compréhension progressive afin que ce frère arrive à la prière. C'est en elle et par sa chaleur, que sa compréhension s'approfondira. (…) Quand à Celui qui est baptisé par l'eau et qui n'a pas acquis une compréhension chrétienne, il faut que tu l'enfantes de nouveau par une évangélisation qui procède du constat que son cœur est dénué de foi. (…) Nous ne pouvons pas uniquement les laissé baptiser par l'eau. Sans foi, ils ne seront pas sauvés. »
• Comment témoigner de la vie monastique et de La Bonne Nouvelle dans une terre ou beaucoup ont perdu conscience de l’existence du Christ et de la Foi Orthodoxe qui animait la vie de leurs ancêtres ? Il est évident que le moine ne témoigne pas uniquement des moyens et des chemins empruntés pour son salut personnel mais aussi d’une "koinonia – communion – fraternité spirituelle » Il est invité, à partager avec le plus grand nombre les fruits de l'hésychasme (être en paix, garder le silence) vécu, de sa paix et de montrer ainsi aux autres frères et sœurs en Christ, les échelles de la lutte spirituelle, et ses exigences , car le moine est appelé à donner aux autres la foi et la lumière Dans ce chemin monastique immergé dans la cité, sans doute faut-il afin de garder la flamme, se rappeler la Parole de Seigneur face à la dureté de cœur du prophète Jonas! Le Seigneur plein de Miséricorde envers le peuple de Ninive proclame son amour pour eux et dit à Jonas : " Toi, tu as de la peine pour ce ricin, qui ne t’a coûté aucun travail et que tu n’as pas fait grandir, qui a poussé en une nuit et en une nuit a péri. Et moi, je ne serais pas en peine pour Ninive, la grande ville, où il y a plus de cent vingt mille êtres humains qui ne distinguent pas leur droite de leur gauche, ainsi qu’une foule d’animaux ! "
• Comment faut-il répondre à la faim de Dieu dont souffrent les hommes et les femmes de notre temps? Faim qui aujourd’hui est réellement existentielle et qui se manifeste par tant de déviances et de comportements irrationnels dans le monde! Oui l’homme à faim de ce qui est plus haut que lui ; seulement il ne sait pas ou ne veut pas le reconnaître ! Mais cette faim peut aider à se mettre en chemin, la faim est le principe de la marche, qui nous conduit au Seigneur ; « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi… » - « Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim ; qui croit en moi n'aura jamais soif. »
Ne serait-ce pas le moyen de dévoilement de la présence de Dieu parmi nous ? Ne serait-ce pas une invitation à une vie dans la Grâce ?« Il t'a humilié, il t'a fait sentir la faim, il t'a donné à manger la manne que ni toi ni tes pères n'aviez connue, pour te montrer que l'homme ne vit pas seulement de pain, mais que l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche du Seigneur. »
Voilà les interrogations et la profonde motivation spirituelle qui poussent le père SERAPHIM à vouloir avec l’aide de Dieu planter un nouveau jardin spirituel, une nouvelle vigne au Mont Liban. Oui, il s’agit bien de répondre à la faim de l’homme d’aujourd’hui dans un lieu précis ; un petit village du Mont-Liban.
(Interview du père Seraphim pour la revue Diakonia, par sœur Elisabeth)
Aide et contact :
Père moine Seraphim (KARAM)
- Près de l’Eglise Saint Sauveur -
Bkheshtey-Aley
– Liban
- Tel: 00961 5 558 513 / Portable +961 71 115 236
Courriel:
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N° compte: 5753215266002
BENEFICIARY NAME: JACQUES MAURICE KARAM
Le moine Séraphim au skite saint Antoine le Grand en Roumanie
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