"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 5 mars 2023

TRIOMPHE DE L'ORTHODOXIE - PREMIER DIMANCHE DU GRAND CARÊME

 


En ce premier week-end du Grand Carême, nous avons deux commémorations importantes, celle de St Théodore Tyron (qui signifie recrue ou conscrit) le samedi, et celle de la Restauration des icônes le dimanche, qui a été célébrée pour la première fois le 11 mars 843. 

Saint Théodore était un soldat romain qui fut martyrisé au début du IVe siècle, sous le règne de l'empereur païen Maximien. Il servait en Asie Mineure, dans la ville d'Amasée (aujourd'hui la ville turque d'Amasya). Là, il refusa de participer aux sacrifices païens ordonnés par l'empereur. Il fut arrêté mais fut libéré après avoir reçu un avertissement sévère. Nullement découragé, Théodore mit ensuite le feu à un temple païen. Il fut arrêté et torturé mais refusa toujours de renier le Christ. Il fut condamné à la mort par le feu.


Sa fête est actuellement célébrée le 17 février, mais il fut associé au Grand Carême pour une raison particulière. L'empereur Julien l'Apostat, qui régna de 361 à 363 après J.-C., connaissait bien les coutumes chrétiennes et, pour causer un maximum de détresse aux chrétiens, il  ordonna que tous les aliments en vente sur les marchés de Constantinople soient aspergés du sang des sacrifices dans les temples païens. Saint Théodore apparut à l'archevêque Eudoxe et lui ordonna d'avertir les fidèles de ne rien acheter sur le marché. Il leur conseilla plutôt de faire bouillir du blé sucré au miel (kolyva/collyres) et de le manger seul. C'est ainsi que le kolyva est fabriqué et béni à l'église le premier samedi du Grand Carême en l'honneur du martyr. Le thème du martyre se poursuit dimanche, lorsque nous nous souvenons de toutes les âmes courageuses qui ont souffert pendant la controverse des Iconoclastes.

En ce premier dimanche du Grand Carême, nous commémorons un événement qui s'est déroulé en l'an 843 et qui mit un terme au fléau de l'iconoclasme. Ce problème avait commencé plus d'un siècle auparavant et le 7e concile œcuménique de 787 avait, en théorie du moins, établi la Vérité et résolu le problème. Cependant, les hérétiques ne cédèrent pas de bonne grâce et une deuxième vague d'iconoclasme commença en 815. (Il convient de noter ici qu'un bref aperçu de l'histoire de cette époque malheureuse fut publié dans les notes du 20e dimanche après la Pentecôte, lorsque nous avons commémoré les Pères du 7e Concile œcuménique. Si un lecteur ne l'a pas vu, il peut en demander une copie).  

Comment la question de l'iconoclasme s'est-elle posée ? Une théorie avancée pour l'expliquer est que l'histoire de l'Empire byzantin a été ponctuée de quelques graves échecs militaires. L'essor de l'Islam semble avoir été facilité par des succès militaires. En termes simples, la question était de savoir pourquoi les musulmans semblaient être bénis, alors que les Byzantins ne l'étaient pas. L'Islam interdisant les images religieuses, l'Église chrétienne avait-elle irrité Dieu en utilisant des icônes ? Les icônes furent donc été condamnées comme superstitieuses en citant l'Ancien Testament. On se rappellera volontiers que l'histoire s'est répétée en Occident aux XVIe et XVIIe siècles sous l'impulsion de Calvin, Knox, Cromwell et autres.

On dit qu'aux 8e et 9e siècles, l'Occident n'a pas approuvé l'ikonoclasme. Bien que cela soit vrai, il y avait une réserve. Charlemagne, roi des Francs et plus tard empereur, exprima ses réserves dans la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle qu'il commença à construire en 792 et qui comprend de l'art figuratif, mais qui est situé à un niveau élevé de l'édifice. La vénération est rendue impossible du fait qu'elle est hors de portée. Le 7e concile œcuménique avait déclaré qu'il devait y avoir des icônes dans les églises et qu'elles devaient être vénérées. L'Occident utilisait l'imagerie religieuse pour la décoration et l'enseignement, mais la vénération n'était pas totalement approuvée. 

L'empereur Léon III avait lancé la campagne contre les icônes, mais il est mort en 741 et son fils Constantin V lui a succédé. Il semble avoir été un archétype du protestant, car il aurait été hostile aux icônes, aux sanctuaires, à l'invocation des saints et au monachisme. Il convoqua un "concile" pour promulguer son opposition aux icônes. Ce faux concile réunit environ 300 évêques qui étaient prêts à obéir à ses désirs, mais aucun des cinq patriarches ni leur représentant n'y assista ; Constantinople était vacant, Antioche, Jérusalem et Alexandrie étaient alors hors de l'Empire byzantin et Rome l'ignora.

Deux femmes furent les championnes de la foi. L'empereur iconoclaste Léon IV subit son jugement en 780 et sa veuve Irène, en tant que régente pour son jeune fils, l'empereur Constantin VI, fut déterminée à restaurer les icônes. Sous son inspiration, le 7e concile œcuménique se tint à Nicée. Les hérétiques ne se repentirent pas mais attendirent leur heure et trouvèrent un nouveau champion en la personne de l'empereur Léon V, l'Arménien, qui entama une deuxième période de persécution en 815. Le dernier empereur iconoclaste, Théophile, mourut en 842 et sa veuve Théodora, en sa qualité de régente, ordonna la restauration immédiate des icônes. Celle-ci est officiellement proclamée le premier dimanche du Grand Carême en 843.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après


in Mettingham. 

ENGLAND

Aucun commentaire: