"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 6 octobre 2022

Staretz Jérôme d'Egine, maître d'amour et de paix


 

Jérôme d'Égine (1883 - 1966) est l'un des startsy les plus aimés de notre époque. Ses multiples enfants spirituels dans toute la Grèce ont conservé de bons souvenirs de leurs rencontres avec le staretz et les ont réunis pour écrire sa vie. Le staretz Jérôme est également connu au-delà de la Grèce, vénéré comme un exemple de bonté, d'humilité, d'art de maintenir la paix et d'amour du Christ.

Il vécut à une époque de grands bouleversements et de troubles. Il parlait souvent de la venue de l'antechrist avec ses disciples. Pourtant, avec sa vie, il montra l'exemple de vivre toutes les épreuves avec dignité. De chaque adversité, il sortit plus fort et plus riche en esprit qu'auparavant.

Né en Cappadoce à l'époque de l'empire ottoman, il grandit dans une communauté chrétienne confrontée à d'intenses pressions de son environnement. Vasilios ([Basile] son nom avant le monachisme) avait reçu l'ordination en tant que diacre et avait servi à Constantinople. Il inspira beaucoup des brebis de son troupeau par sa sainteté, sa vie ascétique et sa voix mélodieuse. Mais il s'attira aussi des ennemis, effrayé par son zèle et sa fermeté dans la foi. Vasilios était confronté à la question amère : devrait-il continuer à servir la liturgie face à l'opposition et risquer d'exacerber les divisions entre les fidèles ? Bientôt, il eut une vision du Seigneur Lui-même qui le convainquit de son indignité de servir la Liturgie. Il prit sa retraite du ministère actif et alla dans l'ascèse en tant qu'ermite dans un petit monastère.

L'effondrement de l'Empire ottoman au début des années 1920  déracina de nombreux Grecs orthodoxes, les forçant à se déplacer en Grèce dans le cadre des échanges massifs de population. Parmi ces nouveaux réfugiés, Jérôme s'installa à Égine, et devint rapidement  connu pour ses soins aux malades et son ministère parmi plusieurs patients atteints de tuberculose.

Finalement, il établit un hôpital à Égine, où il prêcha parmi les patients et trouva de nombreux disciples. Il construisit également des églises et fondé l'ermitage de l'Annonciation de la Mère de Dieu. Il pratiquait l'aumône et donnait des instructions spirituelles à ses multiples disciples.

Toujours dans les années 1920, il fut pris dans une amère controverse sur la transition de l'Église grecque vers le nouveau calendrier. Pour lui, cette décision était un signe dangereux de sécularisation de l'Église. Comme il le déclara en 1940, « L'Église de Grèce, en changeant le calendrier festif, est devenue malade, changement qui a été le début et la cause de nombreuses mauvaises choses. » Des factions au sein de l'Église commencèrent à apparaître. Pourtant, Jérôme appréciait l'unité de l'Eglise avant tout et il ne rejoignit aucun groupe séparatiste. Ce faisant, il suivit l'enseignement de saint Jean Chrysostome : "même si l'Église faisait une erreur, l'exactitude dans l'observance des temps ne serait pas aussi importante que l'infraction causée par la division et le schisme".

Il vécut le reste de sa vie en tant que moine et ermite. De nombreux croyants le choisirent comme père spirituel. Ceux qui le rencontrèrent pour la première fois sont souvent repartis avec l'impression qu'ils avaient rencontré un saint. Simplement et calmement, il leur révélait les aspects les plus secrets de leur monde intérieur et les pensées les plus soigneusement secrètes. Il irradiait la Grâce de Dieu, et ses paroles étaient des leçons de paix, d'amour et de sagesse.

« Trouve chez ton prochain au moins un bon trait, une qualité que tu n'as pas, et par ce trait positif, apprécie, aime, admire, réjouis-toi et perçois-le [par ce biais]. Ne porte pas trop d'attention au reste", conseillait-il.

À une femme mariée qui envisageait de divorcer, il dit : "Aie à l'esprit l'image d'un homme qui porte beaucoup de choses et qui est accablé. Pourquoi n'irais-tu pas vers lui, pour prendre quelque chose pour alléger sa charge ? Fais ça, ma sœur, et laisse ton amour prendre une partie du poids. Sois calme, ne te fâche pas et parle avec bonté." Pour lui-même, il  établit la règle suivante : "Aime tout le monde, mais n'aime personne. C'est-à-dire, n'attache pas ton esprit à autre chose qu'au Christ."

Depuis sa naissance au Ciel en 1966, le staretz Jérôme n'a pas été canonisé par les Églises russes ou grecques. Pourtant, pour de nombreux chrétiens, il reste un maître d'humilité, de paix et d'amour pour les autres.

Version française Claude Lopez-Ginisty

d'après

Obitel-minskorg

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