Le Père Serge Baranov à la réunion au monastère Novospassky.
Photo par Olga Orlova
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Quelque chose que nous devrions faire toute notre vie*
Comment puis-je trouver un instructeur dans la prière de Jésus ?
-Il y a un exemple dans le livre, L'Instructeur dans la prière de Jésus, dédié au staretz Charalampos de Dionisiou, disciple de saint Joseph l’Hésychaste. Un étudiant vint de Thessalonique et lui dit : "Père, je me suis rendu compte que je dois obéir au commandement de prier sans cesse (1 Thessaloniciens 5:17) et pratiquer la prière de Jésus. J’ai contacté un prêtre dans ma ville et je lui ai demandé de m'instruire dans la prière de Jésus. Mais il m'a grondé en me disant : " Tu ne devrais pas faire ça ! Tu vas devenir fou et tomber dans l'illusion ! Je n'étais pas satisfait de cette réponse et je me suis tourné vers un autre prêtre, qui m'a conseillé : " Je ne suis pas expert en la matière. Alors, va au Mont Athos - c'est le thème clé de leur vie – et tu y trouveras quelqu'un pour t’instruire." Et puis le Père Charalampos s'est étonné en disant : "Le deuxième prêtre a bien fait d'admettre qu'il ne savait pas et qu'il fallait aller chercher la bonne personne pour s'informer à ce sujet. Et c'était malhonnête de la part du premier prêtre qui ne s'intéressait pas à la prière de Jésus d'essayer de te dissuader de la pratiquer."
Tout d'abord, persévérez dans la recherche d'un instructeur, même si vous ne pouvez toujours pas le trouver. Il y a eu des moments où, par exemple, saint Païssi Vélitchkovsky est venu au mont Athos à la recherche des pratiquants de la prière de Jésus et n'a trouvé presque personne. Je dis "n'a trouvé presque personne" parce qu’il reste toujours quelqu'un.
Deuxièmement, ne cherchez pas d'états surnaturels ou d'expériences pendant la prière pour ne pas tomber dans l'illusion. Votre mentor vous le rappelle à chaque fois. Un père spirituel expérimenté le suggère : Ne te presse pas, n'accélére pas les événements, sinon tu n'obtiendras pas ce que tu cherches - ce sera une illusion de tes "réalisations".
Les Pères du désert disaient : donne du sang et reçois l'esprit. Je donne souvent cet exemple : pour réaliser quelque chose dans les sciences et les arts terrestres, il faut travailler avec soin. Il y a une expression : « grignote le granit de la science… » C'est vrai : si vous voulez atteindre quelque chose, vous devrez "user" vos dents.
D'autant plus lorsqu'il s'agit de la prière - la science des sciences et l'art des arts. Par conséquent, si vous avez décidé de maîtriser sérieusement la prière de Jésus, essayez de trouver un mentor.
Ne planifiez rien. Ne dites pas : Maintenant, je vais commencer et dans six mois, je dois avoir tel ou tel résultat. En fait, vous devez entrer dans le domaine de la prière et ne jamais la quitter jusqu'au moment de votre mort. C'est le labeur de votre vie ; c'est quelque chose que nous devrions faire toute notre vie.
Ne vous hâtez pas, n'essayez pas de sauter plusieurs étapes ou vous trébucherez et glisserez vers le bas. Ce "glissement vers le bas" peut vous décevoir et vous n'irez pas de l'avant. Il y a une expression précise dans l'Evangile : le Royaume des Cieux souffre violence (Matthieu 11,12). En d'autres termes, il s'agit d'un processus très long et permanent, souvent très désagréable. Mais il donne un résultat sûr, alors que les effets rapides sont souvent de simples mirages.
Ne cherchez pas les "états". Ne cherchez pas Dieu pendant la prière - Dieu Lui-même vous trouvera. Laissez le Christ avoir la place centrale dans votre vie. Dites les prières sans émotion, sans intonation sentimentale. Rien de tout cela n'est nécessaire ! Tout ce dont vous avez besoin, c'est de constance. Tout travail effectué avec constance donne des résultats.
Sans "absence" ou "jours fériés", attribuez une heure ou au moins une demi-heure chaque soir. Enfermez-vous dans votre chambre et commencez par répéter la prière de Jésus avec des enclins : "Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi..." Puis, après les enclins, dans l'obscurité, fermez votre esprit aux impressions et aux reflets et libérez-vous de toute imagination. Rendez votre esprit sec, invisible et peu créatif. Arrêtez votre créativité. Donnez de la place à Dieu. Il suffit de dire : "Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi..."
Et pendant la journée, répétez les prières orales aussi souvent que possible. Quand quelqu'un a peur, il crie aussitôt : "Maman !" Il serait bon de s'habituer à la prière pour pouvoir crier immédiatement en cas d'urgence : "Ô Seigneur !"
Le staretz Ephrem d'Arizona a raconté que lorsqu'ils vivaient avec le staretz Joseph, la prière de Jésus devint leur seconde nature. Parfois, au début de la Liturgie, ils sortaient pour dire l'exclamation et dire de l'ambon : "Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi...".
Devrions-nous forcer nos enfants à prier ?
-Nous devons nous forcer à prier. Laissez vos enfants voir comment vous priez et remarquer que vous priez sincèrement. Qu'ils voient qu'après avoir prié, vous devenez bon, fort et paisible et non irritable. Qu'ils n'observent pas seulement la façon dont vous priez, mais qu'ils ressentent aussi le résultat de vos prières. Parce que les enfants ne nous pardonnent pas quand nous disons des paroles qui paraissent élevées, mais qui ne portent pas de fruits. Ça leur fait vraiment mal de voir cela. Alors, d'abord et avant tout, forcez- vous à prier. Et vos enfants vous suivront. Mais ne les fatiguez pas, sinon ils n'arriveront à rien.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
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