Vladimir Dimitrijević, docteur en sciences philologiques et professeur de lycée, connu pour ses prises de positions en faveur de la famille traditionnelle, fait l’objet d’une plainte déposée par une association LGBT devant le Tribunal de Belgrade et le Commissaire à la protection de l’égalité de la République de Serbie [site en anglais ici ]. Dans les deux articles incriminés, l’auteur s’était opposé, en tant que chrétien orthodoxe, à la présentation de l’homosexualité comme une « norme », citant des textes de la Sainte Écriture, des Pères de l’Église et des « Bases de la conception sociale de l’Église orthodoxe russe » et insistait sur les conséquences d’une politique encourageant cette orientation sexuelle. Une pétition a été rédigée, dont nous donnons ci-dessous la traduction française :
« L’essayiste orthodoxe serbe Vladimir Dimitrijević, docteur en sciences philologiques renommé et professeur au lycée de Čačak, réputé pour son travail même au-delà des frontières de la Serbie, fait l’objet d’une action en justice engagée par l’association de citoyens « Da se zna [que l’on sache] », qui s’occupe de la protection des droits des personnes LGBT. Le Procureur demande au tribunal d’établir que le Dr Vladimir Dimitrijević, « dans un texte sur la Défense de la famille naturelle publié sur son site internet du 12 janvier 2018 et dans le texte ‘réponse à la plainte du défenseur des LGBT ou tant qu’il y en a cent’ du 30 mai 2018, a commis une forme de discrimination grave – la discrimination répétée des membres masculins et féminins de la population LGBT fondée sur l’orientation sexuelle ». Selon le procureur, le Dr Vladimir Dimitrijević a commis un acte discriminatoire en publiant des conclusions à partir d’éléments négatifs de textes concernant les conséquences sociales de la propagande politique de l’homosexualité, émanant de certains auteurs de renommée mondiale dans le domaine des sciences sociales qui sont énumérés dans la plainte, à savoir Allan C. Carlson, Slobodan Antonić et Natalia Narotchnitskaïa. Conformément à cette interprétation de la loi, le procureur demande au tribunal d’ordonner à M. Vladimir Dimitrijević de retirer les textes de son site internet et de lui interdire de publier où que ce soit des jugements de valeur similaires à l’avenir. Une telle action montre clairement que le procureur a l’intention d’empêcher l’expression publique, avec l’aide du tribunal, d’une opinion différente de celle du groupe qu’il représente. Gardant cela à l’esprit, nous affirmons que dans les régimes totalitaires seulement, les tribunaux de l’État peuvent s’immiscer dans le domaine de la conscience humaine et, avec l’aide de moyens de contrainte financés par tous les citoyens, imposer « l’opinion officielle » d’un individu. Dans une démocratie libérale et pluraliste, non seulement l’autorité de l’État, représentée par les tribunaux, est absolument exclue de la sphère intérieure de la conscience humaine (forum internum), mais chaque citoyen se voit garantir le droit incontesté de communiquer librement son opinion. Parce que la liberté d’expression et le droit à la libre pensée critique sont scellés dans les fondements mêmes d’une société démocratique et, à partir de la liberté de pensée et d’expression, tous les autres droits politiques sont mis en œuvre. Force est de rappeler que la pratique de la Cour européenne des droits de l’homme confirme clairement que la garantie de la liberté d’expression « vaut non seulement pour les « informations » ou « idées » accueillies avec faveur ou considérées comme inoffensives ou indifférentes, mais aussi pour celles qui heurtent, choquent ou inquiètent l’État ou une fraction quelconque de la population. Ainsi le veulent le pluralisme, la tolérance et l’esprit d’ouverture sans lesquels il n’est pas de « société démocratique »(Handyside c. Royaume-Uni du 7 décembre 1976). Au contraire, les procédures judiciaires engagées contre M. Vladimir Dimitrijević montrent un retour au « délit verbal » de la pensée unique de Broz (Tito, ndt). Par conséquent, même trente ans après le renouveau du pluralisme politique en Serbie, nous devons nous rappeler les paroles remarquables de l’acte fondateur du célèbre Comité pour la défense de la liberté de pensée et d’expression de 1984 (créé en Yougoslavie par l’écrivain Dobrica Ćosić) : « La liberté de pensée et d’expression n’est pas la propriété, le don et le privilège de groupes, partis et autorités étatiques; cette liberté et ce droit appartiennent à toute l’humanité, de sorte que leur réalisation ou leur mise en danger est l’affaire de l’esprit et de la conscience de tous les citoyens de la communauté sociale « . La procédure en instance devant un autre organe de l’État, le Commissaire à la protection de l’égalité, menée à l’encontre du Dr. Vladimir Dimitrijević, à la suite de la plainte de l’association « Da se zna », a malheureusement montré que le droit naturel à la liberté d’opinion et d’expression n’appartient pas à tout le monde dans la Serbie démocratique. En décidant que M. Vladimir Dimitrijević avait accompli par écrit un acte discriminatoire à l’égard de la population LGBT, le Commissaire à la protection de l’égalité (de la non-égalité) avait clairement déclaré que la liberté de pensée et d’expression était refusée à l’immense majorité des citoyens serbes partageant une vision traditionnelle de la sexualité, du mariage et des enfants. Cette décision du commissaire à la protection de la (non) égalité contre l’un des tribunes les plus fortes et les plus éminentes de la majorité « silencieuse » du Dr Vladimir Dimitrijević, nous a incités à suivre, en tant que conscience de cette majorité « silencieuse », la procédure engagée contre celui-ci. Dès maintenant, nous disons à l’opinion publique de la République de Serbie, mais également au tribunal compétent, que le procès dans lequel M. Dimitrijević est jugé pour ses positions précieuses est perçu comme une condamnation de notre droit inaliénable, donné par Dieu, à la liberté de pensée et d’expression. De même que Voltaire appelait le « tribunal de l’opinion publique » à suivre le procès de Jean Calas, nous invitons ici tous les citoyens de la République de Serbie à surveiller de près le procès de la liberté de pensée et d’expression de l’un de nous. Les procédures judiciaires à l’encontre de M. Vladimir Dimitrijević montrent que l’avertissement d’Alexis de Tocqueville est toujours actuel : de nous seuls, citoyens de la République de Serbie, dépendra de savoir si nous voulons « une république libérale ou une république oppressive, une république qui menace les droits sacrés de la propriété et de la famille ou une république qui les reconnaisse et les consacre ».
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