FEUILLETS LITURGIQUES
DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION
DE LA SAINTE CROIX
9/22 janvier
31ème
dimanche après la Pentecôte,
après
la Théophanie
Saint martyr Polyeucte (259) ; saint
Pierre, évêque de Sébaste en Arménie (IVème s.) ; saint Eustrate le
thaumaturge (IXème s.) ; saint Philippe de Moscou, thaumaturge (1569) saint
Jonas, fondateur du monastère de la Sainte-Trinité à Kiev (1902) ; saint
hiéromartyr Paul (Nikolsky), prêtre (1943).
Lectures : Dimanche après la Théophanie: Еph. IV, 7–13. Мatth. IV,
12–17 ; St Philippe : Hébr. XIII,
17-21 ; Jn.
X, 9-16
LE SAINT MARTYR
POLYEUCTE
A
|
u commencement de la persécution
de Dèce (249-251), Polyeucte et Néarque, deux officiers, grecs d’origine, de la
douzième légion romaine, alors stationnée à Mélitène en Arménie, étaient liés
par une tendre et profonde amitié. Néarque s’était converti au christianisme,
tandis que Polyeucte était encore adonné au culte des idoles malgré ses
nombreuses vertus. Lorsqu’on publia le premier édit de persécution, obligeant
tous les militaires à sacrifier publiquement pour montrer leur fidélité au
culte officiel de l’empereur, Néarque fit part à Polyeucte avec chagrin que cet
édit allait bientôt les séparer à tout jamais. Polyeucte, déjà instruit en
partie de la religion de Jésus-Christ par ses entretiens avec son ami, lui
répondit le visage plein de joie : « Non, nous ne serons pas séparés, car la
nuit dernière, le Christ que tu adores m’est apparu en vision, il m’a revêtu
d’une chasuble lumineuse après m’avoir défait de mon vêtement militaire, et m’a
fait présent d’un cheval ailé. » Il venait de comprendre qu’il s’agissait de la
prédiction figurée de son prochain transfert au ciel, parmi la glorieuse
cohorte des martyrs victorieux. Chrétien, il l’était déjà depuis longtemps par
l’intention et la bonne disposition de l’âme ; il ne lui en manquait que le nom
et que le sceau divin par le saint baptême. L’un et l’autre s’encouragèrent
alors mutuellement à mépriser les biens et les joies périssables de cette terre
pour obtenir la béatitude céleste. Lorsque Néarque apprit à Polyeucte que le
martyre peut suppléer le baptême et toute autre cérémonie pour nous enrôler
dans l’armée du Christ et faire vivre le Maître en nous, celui-ci, ne brûlant
plus désormais que du désir d’être martyrisé, lui dit : « Mon esprit ne pense
plus qu’aux choses du Ciel, j’ai devant les yeux de mon âme le Christ, et sa
splendeur illumine mon visage. Convenons donc de souffrir ensemble le martyre,
sortons et allons lire l’édit de l’empereur. » Une fois arrivé devant
l’inscription, le brave Polyeucte l’arracha aux yeux de la foule étonnée et, se
précipitant au milieu d’une procession païenne, il brisa en morceaux les idoles
que portaient les prêtres. Immédiatement arrêté et traduit devant le tribunal,
Polyeucte fut condamné, comme sacrilège, à souffrir quantité de tourments. Rien
ne pouvait le faire cesser de se déclarer chrétien. Après les bourreaux, qui
las de le frapper avaient vainement essayé de le convaincre, son beau-père
Félix, le gouverneur de la province, s’efforça de le faire fléchir en lui
rappelant le souvenir de son épouse et de ses enfants. « Quelle femme ? Quels
enfants ? reprit-il ; ma pensée n’est plus là, elle ne se tourne désormais que
vers les biens célestes et incorruptibles. Quant à ta fille, si elle consent à
me suivre elle sera bienheureuse, si non elle ira à la perdition avec ceux que
vous appelez vos dieux. » Son épouse Pauline s’avança alors en larmes : «
Quelle démence s’est emparée de toi ? lui dit-elle. Qui t’a trompé au point de
te pousser à briser nos douze dieux ? » — « Si moi seul j’ai vaincu tes douze dieux,
répondit Polyeucte, il n’y a donc plus de moyen pour toi de trouver de dieu
ici-bas. Il ne te reste plus, ô Pauline, qu’à venir avec moi adorer le vrai
Dieu et qu’à te hâter d’échanger cette vie passagère contre la vie céleste et
éternelle. » En constatant que l’athlète du Christ triomphait même de
l’affection pour les siens et entraînait ainsi de nombreux idolâtres à se
convertir, les juges prononcèrent la sentence de mort. Polyeucte marcha vers le
lieu du supplice avec joie, le visage rayonnant, comme s’il allait vers sa
libération, en donnant des paroles d’encouragement aux chrétiens qui
l’accompagnaient. À la vue de Néarque, il le salua en lui rappelant la promesse
qu’ils s’étaient faite l’un à l’autre. Puis, tendant bravement la nuque sous le
glaive, il consomma son martyre en étant baptisé dans son propre sang. Les plus
zélés d’entre les chrétiens enlevèrent son corps et l’ensevelirent à Mélitène,
alors que Néarque recueillait son sang dans un linge et le transportait,
l’année suivante, dans la ville des Cananéotes.
Tropaire du dimanche, 6ème ton
Áнгельскія си́лы на гро́бѣ
Твое́мъ, и стрегу́щіи омертвѣ́ша : и стоя́ше Mapíя во гро́бѣ, и́щущи
пречи́стаго Тѣ́ла Tвоего́. Плѣни́лъ еси́ а́дъ, не искуси́вся отъ него́ ;
срѣ́тилъ еси́ дѣ́ву, да́руяй живо́тъ. Bоскреcы́й изъ ме́ртвыхъ Го́споди,
сла́ва Tебѣ́.
|
Les puissances angéliques
apparurent devant Ton sépulcre, et ceux qui le gardaient furent comme frappés
de mort. Marie se tenait près du tombeau, cherchant Ton corps immaculé. Tu as
dépouillé l’enfer, sans être éprouvé par lui ; Tu es allé à la rencontre de
la Vierge en donnant la vie. Ressuscité d’entre les morts, Seigneur, gloire à
Toi !
|
Tropaire de la
Théophanie, ton 1
Во Іopда́нѣ кpeщáющуся Teбѣ́, Го́споди, Tpoйческое яви́ся поклоне́нie : Pоди́телевъ бо гла́съ cвидѣ́тельствоваше Teбѣ́, возлю́-бленнаго Tя́ Cы́на имену́я, и Дýxъ въ ви́дѣ голуби́нѣ, извѣ́ствоваше cлoвecé yтвepжде́нie. Явле́йся, Xpисте́ Бо́же и мípъ просвѣще́й, cла́ва Тебѣ́.
|
Lors de Ton baptême dans le
Jourdain, Seigneur, fut manifestée l’adoration due à la Trinité : car la
voix du Père Te rendit témoignage en Te donnant le nom de Fils bien-aimé, et
l’Esprit, sous la forme d’une colombe, confirmait l’irréfragable vérité de
cette parole. Christ Dieu qui es apparu et qui as illuminé le monde, gloire à
Toi !
|
Tropaire de St
Philippe de Moscou, ton 8
Первопресто́льниковъ
прее́мниче, сто́лпе Правосла́вія, и́стины побо́рниче, но́вый исповѣ́дниче,
святи́телю Фили́ппе, положи́вый ду́шу за па́ству твою́, тѣ́мже, я́ко имѣ́я
дерзнове́ніе ко Христу́, моли́ за Импера́тора правосла́внаго, за гра́дъ же и
лю́ди, чту́щія досто́йно святу́ю па́мять твою́.
|
Successeur des primats de Moscou, colonne de
l’Orthodoxie, défenseur de la vérité, nouveau confesseur, saint hiérarque
Philippe, tu as donné ta vie pour ton troupeau. Aussi, ayant la liberté
auprès du Christ, prie pour les Chrétiens orthodoxes, pour la cité et les
hommes qui vénèrent dignement ta sainte mémoire.
|
Kondakion
du dimanche, ton 6
Живонача́льною дла́нію умéршыя отъ мра́чныхъ удо́лій Жизнода́вецъ
воскреси́въ всѣ́хъ, Христо́съ Бо́гъ, воскресéніе подадé человѣ́ческому pо́ду;
éсть бо всѣ́xъ Спаси́тель, воскресéніе и живо́тъ и Бо́гъ всѣ́хъ.
|
Par Sa main vivifiante,
le Donateur de vie a ressuscité tous les morts de leurs retraites ténébreuses,
Lui, le Christ Dieu, qui a fait
don de la résurrection au genre humain, car, de tous Il est le Sauveur, la
Résurrection et la vie et le Dieu de l’univers.
|
Kondakion
de St Philippe, ton 3
Правосла́вія
наста́вника и и́стины провозвѣ́стника, Златоу́стаго ревни́теля, Россíйскаго
свѣти́льника, Фили́ппа прему́драго восхва́лимъ, пи́щею слове́съ свои́хъ
разу́мно ча́да своя́ пита́юща: то́й бо язы́комъ хвале́нія поя́ше, устна́ма же
пѣ́ніе вѣща́ше, я́ко таи́нникъ Бо́жія благода́ти.
|
Louons le
maître de l’Orthodoxie et l’annonciateur de la vérité, le zélateur à la
bouche d’or, le luminaire de la Russie, Philippe le très-sage, qui, a
rassasié spirituellement ses enfants
par la nourriture de ses paroles. Par la langue, il adressait des
louanges, par les lèvres, il élevait des hymnes, comme initié aux mystères de
la Grâce de Dieu.
|
Kondakion de la Théophanie, ton 4
Яви́лся дне́сь вселе́ннѣй, и свѣ́тъ Tво́й Го́споди, зна́менася на́ на́cъ, въ páзyмѣ пою́щихъ Tя́ : прише́лъ ecи́, и яви́лся ecи́ свѣ́тъ непристу́пный.
|
Tu es apparu au monde en ce
jour, Seigneur, et Ta lumière s’est manifestée à nous qui, Te connaissant, Te
chantons : Tu es venu, Tu es apparu, Lumière inaccessible.
|
Au lieu de «Il est
digne», ton 2
Велича́́й
душе́ моя́, Честнѣ́йшую го́рнихъ во́инствъ, Дѣ́ву Пречи́стую Богоро́дицу. Недоумѣ́етъ вся́къ язы́къ благохвали́ти по
достоя́нію, изумѣва́етъ же
у́мъ и
премі́рный пѣ́ти Tя, Богоро́дицe ; оба́че
Блага́я cýщи, вѣ́py пріими́, и́бо
любо́вь вѣ́cи Боже́ственную на́шу ; Tы́ бо xристіа́нъ ecи́ Пpeдста́тельница, Tя́ велича́емъ.
|
Magnifie,
mon âme, Celle qui est plus vénérable que les armées célestes, la Très pure
Vierge et Mère de Dieu. Toute langue est embarrassée pour te chanter
dignement, et même un esprit de l’autre monde a le vertige au moment de te
célébrer, Mère de Dieu ; cependant, Tu es la bonté ; reçois donc
notre foi, car Tu sais notre désir inspiré de Dieu ; Tu es l’avocate des
chrétiens, nous Te magnifions.
|
HOMÉLIE DE ST JEAN
CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR
L'anarchie est partout un mal, une source de calamités infinies, un
principe de désordre et de perturbation ; mais elle est d'autant plus
pernicieuse dans l'Église en particulier, que chez elle
le pouvoir est plus grand et plus sublime. Supprimez le chef d'orchestre, le chœur ne
connaît plus l'harmonie ni le concert; enlevez à une armée son général, l'ordre
est brisé, la discipline anéantie dans les bataillons; arrachez le pilote à sa
barre, le vaisseau fera naufrage ; séparez du troupeau le pasteur, tout est
dispersé : ainsi l'anarchie`est un mal, une cause de ruine. Mais, en retour, la
désobéissance des sujets n'est pas un moindre mal ; car elle produit les mêmes
malheurs. Un peuple qui n'obéit plus à son chef, ressemble à un peuple sans
chef; il est même pire encore. En effet, on pardonne, dans un cas, à ceux qui
ne savent se garder du désordre et des excès; dans l'autre cas, loin d'excuser,
on punit. Mais, objectera-t-on peut-être, il y a un troisième mal, c'est
d'avoir un mauvais chef. Je le sais ; ce n'est pas un petit malheur; c'est pis,
alors, bien pis même que l'anarchie (…) Comment donc saint Paul dit-il : «
Obéissez à vos conducteurs et soyez-leur soumis?» ayant
déclaré précédemment : « Considérant la fin de leur vie, imitons leur foi »,
c'est seulement après cela qu'il ajoute : Obéissez, soyez soumis — Donc, objecterez-vous, que faire ? Et
si le chef est mauvais, faudra-t-il ne pas obéir ? — Mauvais, dites-vous; mais
en quel sens ? Si c'est : mauvais du côté de sa foi, fuyez-le, oui, évitez-le,
non-seulement s'il n'est qu'un homme, quand même il serait un ange descendu du
ciel ! Si c'est au contraire : mauvais du côté de sa conduite, n'approfondissez
pas ce point. Ne croyez pas, du reste, que cette distinction m'appartienne; je
l'emprunte à la divine Écriture. Écoutez
l'oracle de Jésus-Christ : «Les scribes et les pharisiens sont assis sur la
chaire de Moïse ». (Matth. XXIII, 2.) C'est après avoir fait contre eux de
graves accusations qu'il prononce ces paroles : «Ils sont assis sur
la chaire de Moïse ; faites donc, tout ce qu'ils vous disent; mais ne faites
pas ce qu'ils font ». Ils sont en dignité, vous dit-il, bien que leur vie
soit impure; vous, n'étudiez pas leurs mœurs, mais
leur enseignement. En effet, leurs mœurs ne peuvent causer
aucun dommage spirituel à personne. Pourquoi ? c'est que, par elles-mêmes,
elles sont évidemment mauvaises à tous les yeux ; et que ce maître, fût-il
mille fois mauvais, n'enseignera jamais le mal. Du côté de la foi, au
contraire, leur perversité est moins évidente pour les masses, et le docteur
mauvais en ce genre ne craindra pas d'enseigner l'erreur. Aussi le précepte : «
Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés », s'entend de la conduite, et non de
la foi. Le contexte le prouve : « Car, pourquoi », dit Jésus-Christ, «
voyez-vous une paille dans l'oeil de votre frère, tandis que vous ne remarquez
pas la poutre qui est dans votre oeil ? Faites donc tout ce qu'ils vous
disent». (Matth. VII, 1.) Faire est la fonction de la conduite et non de la
foi. Voyez-vous que. Notre-Seigneur ne parle pas là des dogmes, mais de la vie
et des oeuvres ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire