"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 14 février 2016

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


1/14 février
37ème dimanche après la Pentecôte

Avant-fête de la Rencontre du Seigneur ; saint martyr Tryphon (250), saints martyrs Saturus, Saturnin, Secondus, Revocat, Perpétue et Félicité (202-203), saint Pierre de Galatie (429), saint Bendimien, ermite en Bithynie (vers 512) ; sainte Brigitte de Kildare (524), illuminatrice de l’Irlande, saint néomartyr Nicolas Mezentsev, prêtre (1938).

Lectures : 1 Tim. IV, 9–15. Lc. XIX, 1–10 (Zachée). Martyrs: Rom. VIII, 28–39. Lc. X, 19–21.

VIE DU SAINT MARTYR TRYPHON[1]

C
e glorieux martyr du Christ était originaire de la ville de Lampsaque, en Hellespont. Ses parents, modestes mais pieux, lui inspirèrent dès son plus jeune âge l’amour des saintes vertus évangéliques, de sorte qu’il obtint très tôt de Dieu la grâce de guérir les hommes et les animaux de leurs maladies, et de chasser les esprits impurs, tout en restant dans l’humble condition de gardien d’oies.

Au temps du règne de l’empereur Gordien (238-244), un démon furieux prit possession de la fille du souverain, sans que ni les médecins ni les mages ne puissent rien faire pour elle. Le démon s’écria un jour : « Seul Tryphon a la force de me déloger ! » Gordien envoya aussitôt des émissaires dans tout l’Empire à la recherche de ce guérisseur. L’ayant trouvé en train de garder paisiblement ses oies, ils emmenèrent à Rome le jeune garçon de dix-sept ans. Dès son arrivée, Tryphon expulsa le démon par la puissance de sa prière, et le fit apparaître aux habitants de la ville sous la forme d’un chien noir et répugnant, afin qu’il confesse qu’instrument de Satan, le père de tout mal, il n’avait, lui et les siens, aucun pouvoir contre les chrétiens. L’empereur reconnaissant couvrit Tryphon de présents que le saint distribua aux pauvres sur le chemin du retour vers sa patrie. Il reprit en paix ses activités, répandant autour de lui miracles et bénédictions divines, jusqu’au temps de la persécution de Dèce (250).

Le saint fut alors dénoncé au préfet de l’Orient, Akylin, comme un dangereux promoteur du christianisme. Il se livra de lui-même aux soldats qui avaient été envoyés pour l’arrêter, et se présenta radieux à Nicée, devant le tribunal, méprisant avec assurance les flatteries du préfet comme ses menaces. Il fut d’abord attaché au poteau de torture et frappé pendant trois heures à coups d’épées de bois, qui servaient à l’exercice des soldats. Comme il semblait rester étranger à la souffrance, le tyran le fit ensuite attacher derrière son cheval et l’obligea à courir pieds nus sur les chemins rocailleux et verglacés. Puis, de retour à Nicée, comme il refusait d’adorer l’image de l’empereur, on lui planta des clous dans les pieds et on le traîna ainsi au milieu de la ville. Mais l’amour du Christ transformait les souffrances du jeune martyr en de divines délices[2], et le spectacle de ces tortures n’avait pour tout résultat que de provoquer l’admiration de la foule. Les soldats s’acharnaient à lui déboîter les membres, à le frapper de verges et à lui brûler tout le corps avec des torches, mais le saint endurait tout avec joie, en priant pour ses bourreaux. Soudain, une couronne de fleurs, ornée de pierres précieuses, descendit du ciel pour se poser sur sa tête. Akylin, impuissant et ridicule, ordonna alors de le décapiter en-dehors de la ville. Mais, avant même que le bourreau n’abatte son glaive meurtrier, le saint martyr rendit son âme à Dieu. Les chrétiens de Nicée se précipitèrent pour honorer sa précieuse dépouille, mais le saint leur apparut pour leur révéler que sa place était dans sa patrie. C’est donc à Lampsaque qu’il fut enseveli et qu’il accomplit de nombreux miracles au cours des siècles. Il est invoqué pour la protection des jardins et des cultures contre les sauterelles, les reptiles et toutes sortes d’autres bestioles nuisibles.

Tropaire du dimanche, ton 4
Свѣ́тлую воскресéнiя про́повѣдь отъ Áнгела yвѣ́дѣвша Гoспо́дни yчени́цы и пра́дѣднee осужде́нie отве́ргша, Aпо́столомъ xва́лящася глаго́лаху : испрове́́pжеся cме́рть, воскре́сe Xpистócъ Бо́гъ, да́руяй мípoви ве́лiю ми́лость.
Les saintes femmes, disciples du Seigneur, ayant appris de l’Ange la radieuse nouvelle de la Résurrection, rejetèrent la condamnation des premiers parents, et, pleines de fierté, dirent aux Apôtres : « La mort a été dépouillée, le Christ est ressuscité, donnant au monde la grande miséricorde ! »
Tropaire de l'avant-fête, ton 1
Небе́cный ли́къ небе́сныхъ А́нгелъ, прини́къ на зе́млю, прише́дша зри́тъ, я́ко Младе́нца, носи́ма ко хра́му, Перворожде́нна всея́ тва́ри, отъ Ма́тере Неискусому́жныя, пред-пра́зднственную у́бо съ на́ми пою́тъ пѣ́снь ра́дующеся.
Du haut du ciel se penchant vers la terre, le chœur céleste voit porter au temple comme un enfant nouveau-né par une Mère virginale le Premier-né de toute la création et dans l'allégresse les Anges chantent l'hymne d'avant-fête avec nous.

Tropaire du saint martyr, ton 4
Му́ченикъ Тво́й, Го́споди, Три́фонъ, во страда́ніи свое́мъ вѣне́цъ прія́тъ нетлѣ́нный отъ Тебе́, Бо́га на́шего: имѣ́яй бо крѣ́пость Твою́, мучи́телей низложи́, сокруши́ и де́моновъ немощны́я де́рзости. Того́ моли́твами спаси́ ду́ши на́ша.
Ton Martyr Tryphon, Seigneur, pour le combat qu'il a mené a reçu de toi, notre Dieu, la couronne d'immortalité;  animé de ta force, il a terrassé les tyrans et réduit à l'impuissance l'audace des démons; par ses prières sauve nos âmes, ô Christ notre Dieu.

Kondakion du dimanche, 4ème ton
Спа́съ и изба́витель мо́й изъ гро́ба я́ко Бо́гъ воскреси́ отъ у́зъ земноро́дныя, и врата́ а́дова сокруши́, и я́ко Влады́ка воскре́ce тридне́венъ.
Mon Sauveur et mon Rédempteur, au sortir du Tombeau, a libéré les humains de leurs chaînes et a fracassé les portes de l’enfer ; en Maître, Il est ressuscité le troisième jour.

Kondakion du saint martyr, ton 8
Тро́ическою тве́рдостію многобо́жіе разруши́лъ еси́ отъ коне́цъ, всесла́вне, че́стенъ во Христѣ́ бы́въ, и, побѣди́въ мучи́тели во Христѣ́ Спаси́телѣ, вѣне́цъ прія́лъ еси́ му́ченичества твоего́ и дарова́нія Боже́ственныхъ исцѣле́ній, я́ко непобѣди́мь.
Fortifié par la Trinité, tu fis disparaître le culte des dieux multiples, glorieux Tryphon, vénérable dans le Seigneur;  ayant vaincu les tyrans grâce au Christ Sauveur, tu as reçu la couronne des Témoins et le pouvoir des guérisons, comme invincible martyr.


Kondakion de l’avant-fête, ton 6
Со Отце́мъ Сло́во Сы́й неви́димо, ны́нѣ у́бо ви́димь е́сть пло́тію: неизрече́нно отъ Дѣ́вы роди́ся и на ру́ку ста́рчу дае́тся святи́телю. Поклони́мся Тому́ и́стинному Бо́гу на́шему.
Le Verbe étant invisiblement avec le Père, est maintenant visible dans la chair ; Né ineffablement de la Vierge, il est remis dans les bras du vieillard Syméon. Prosternons-nous devant Lui, notre vrai Dieu.


HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR

« Cette parole est fidèle et digne d'être reçue par tous. C'est pour cela que nous supportons les fatigues et les outrages ». Paul supportait les outrages, et vous les trouvez insupportables? Paul supportait les fatigues et vous voulez vivre dans la mollesse? S'il y eût vécu, il n'eût pas obtenu ces grands biens. Car si les biens précaires et corruptibles de cette vie ne s'acquièrent jamais sans travaux et sans sueurs, à combien plus forte raison les biens spirituels ! (…)

« Jusqu'à mon arrivée, appliquez-vous à la lecture, à l'exhortation, à l'enseignement». L'apôtre ordonne à Timothée de s'appliquer à la lecture. Écoutons-le tous et apprenons à ne pas négliger la méditation des choses divines. Il dit aussi : « Jusqu'à mon arrivée ». Voyez comment il le console, car ce disciple orphelin devait chercher son maître. « Jusqu'à mon arrivée, appliquez-vous à la lecture » des Écritures divines, « à l'exhortation » mutuelle, « à l'enseignement. Ne négligez point la grâce qui est en vous, qui vous a été donnée par la prophétie ». C'est de la grâce d'enseigner qu'il parle. « Avec l'imposition des mains sacerdotales » ; non du simple sacerdoce, mais de l'épiscopat, car ce n'étaient pas des prêtres qui créaient un évêque. « Méditez ces choses, arrêtez-y votre esprit ». Voyez comment il revient auprès de Timothée sur les mêmes exhortations, voulant montrer que tel doit être l'objet principal du zèle de celui qui enseigne. « Veillez sur vous et sur votre enseignement, ne vous en laissez pas distraire ». C'est-à-dire, veillez sur vous-même et enseignez les autres. « Car en agissant ainsi, vous vous sauverez, vous et ceux qui vous écoutent ». Car celui qui se nourrit des paroles de l'enseignement en recueille le premier les fruits : en avertissant les autres, il atteint son propre cœur. Ce que dit l'apôtre, il ne le dit pas à Timothée seul, mais à tous. S'il parle ainsi à un homme qui ressuscitait les morts, que pourrons-nous répondre? Le Christ a dit : «Semblable à un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles    et anciennes ». (Matth. XIII, 52.) Et le bienheureux  Paul dit à son tour : « Afin que, par la patience et la consolation des Écritures, nous possédions l'espérance ». (Rom. XV, 4.) Surtout il l'a pratiqué lui-même, lorsqu'il s'instruisait de la loi de ses pères auprès de Gamaliel, en sorte que depuis lors il avait dû s'appliquer à la lecture; il s'adressait sans doute les avertissements qu'il adressa depuis à autrui. Vous le voyez sans cesse citer les témoignages des prophètes et en scruter le sens caché. Ainsi Paul s'appliquait à la lecture, et ce n'est pas un mince profit que celui qu'on peut tirer des Écritures ; mais aujourd'hui nous les négligeons. — « Afin que votre progrès soit manifeste à tous ». Vous voyez qu'il voulait que son disciple devînt, sur ce point aussi, grand et digne d'admiration, mais que Timothée avait encore besoin de cet avis. « Afin que votre progrès soit manifeste à tous » ; non-seulement dans sa conduite, mais dans les discours de son enseignement.



[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras
[2]. Tryphie signifie « délices ».

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