"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 6 décembre 2015

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


23 novembre / 6 décembre
27ème dimanche après la Pentecôte

Après-Fête de la Présentation au Temple de la Très-Sainte Mère de Dieu ; saint Amphiloque, évêque d'Iconium (394) ; sainte Félicité et ses sept fils : saints Janvier, Félix, Philippe, Sylvain, Alexandre, Vital et Martial, martyrs à Rome (vers 164) ; saint Sisine, évêque de Cyzique, et Théodore d’Antioche, martyrs (IVème s.) ; saint Grégoire, évêque d'Agrigente (630) ; saint Alexandre de la Neva, prince russe (1623) ; saint Mitrophane, évêque de Voronège (1703).

Lectures : Eph. VI, 10–17. Lc. XII, 16–21. St Alexandre : Gал. V, 22 – VI, 2. Matth. XI, 27–30.
SAINT ALEXANDRE DE LA NEVA[1]

À
 l’époque la plus critique de l’histoire mouvementée du peuple russe, saint Alexandre brilla par son courage et ses vertus de chef d’état chrétien. Énergique, vaillant, défenseur de la foi et de la justice, il reçut de Dieu la mission d’offrir sa vie au service de son peuple assailli de toutes parts. Fils de Iaroslav Vsevolodovitch, prince de Pereïaslavl-Zalesski, au nord de Moscou, saint Alexandre naquit en 1220. Dès son plus jeune âge, le prince fut initié au métier des armes et à l’art du gouvernement par son père ; mais il apprit aussi à user de l’un et de l’autre avec sagesse et modération pour la cause de la piété et de la justice, grâce à la fréquentation assidue de l’église et à la méditation des saintes Écritures. Alexandre était si beau, si vaillant et se comportait avec un tel esprit évangélique, qu’il faisait l’admiration même de ses ennemis. En 1228, âgé de seulement dix ans, il était devenu prince de la ville de Novgorod, dont les habitants étaient divisés par des luttes fratricides, qui opposaient les riches au pouvoir et les pauvres écrasés par les taxes et la tyrannie des notables. En 1231, cette situation fut aggravée par une terrible famine et un hiver exceptionnellement rigoureux, qui firent de nombreuses victimes. Le jeune prince manifesta alors ses vertus chrétiennes en ouvrant toutes ses réserves et en venant en aide personnellement aux riches comme aux pauvres. Il se fit ainsi aimer de ses sujets et put, peu à peu, imposer son autorité aux habitants qui avaient refusé jusque-là de le reconnaître. Ami du clergé, des moines et des pauvres, il consacrait toute son énergie à la sauvegarde de sa ville menacée. Depuis 1223, les Tatares, venus des steppes d’Asie centrale, avaient envahi et ravagé d’immenses territoires et, entre 1237 et 1239, ils déferlèrent sur la Russie, massacrant la population et pillant tout ce qui se trouvait sur leur passage. Ils s’emparèrent de Vladimir, mais s’arrêtèrent à environ cent kilomètres de Novgorod pour se diriger vers Kiev qu’ils réduisirent en cendres. Ils se fixèrent ensuite dans la partie sud-est de la Russie, sur un territoire d’une grande importance stratégique, la Horde d’Or, qui contrôlait l’accès à la mer Noire, au Caucase et à l’Asie centrale. Ils soumirent pour plus de deux cents ans les principautés russes à de très lourds tributs, les menaçant constamment de meurtrières invasions en cas de rébellion. Devenu seul prince de Novgorod à la mort de son frère en 1236, Alexandre eut à affronter un danger plus pressant encore venu d’Occident : le royaume de Suède, celui de Lituanie et les chevaliers teutoniques  faisaient en effet converger leurs efforts pour s’emparer des principautés russes affaiblies par l’invasion mongole et par leurs divisions. Le 15 juillet 1240, Alexandre fut contraint de réunir une faible armée pour s’opposer à une violente et massive incursion des Suédois. Mais la veille au soir, saints Boris et Gleb apparurent sur un mystérieux bateau descendant la Neva, en exhortant les rameurs célestes à se hâter pour venir au secours de leur «parent, Alexandre ». Encouragés par cette apparition et assistés par la Mère de Dieu, le jeune prince et ses hommes infligèrent alors une défaite écrasante à leurs ennemis, c’est ce qui lui valut le surnom d’Alexandre « de la Neva ». Malgré cette victoire, le peuple de Novgorod, à nouveau divisé, expulsa quelque temps après son héros. Mais, lorsque, l’année suivante, les chevaliers teutoniques, qui s’étaient emparés de Pskov, menacèrent de prendre Novgorod, on rappela en hâte Alexandre qui, sans rancune, accourut au secours de son peuple et remporta une nouvelle victoire sur les eaux glacées du lac Peïpous (5 avril 1242). Il fut alors accueilli triomphalement à Novgorod et passa les quatre années suivantes à s’opposer aux incursions répétées des Lituaniens, qu’il repoussa définitivement, en 1245, près de Vitebsk. En 1246, Alexandre fut convoqué à la Horde d’Or, auprès du khan tatare avec les autres princes russes. L’usage voulait qu’en rendant hommage au souverain mongol, on se soumît aussi aux rites païens, sous peine de mort. Alexandre le savait,, aussi se prépara-t-il à la mort. Arrivé devant le khan, il s’inclina respectueusement devant son suzerain, mais refusa de se soumettre au rite païen, en disant : « Majesté, je te rends honneur car Dieu t’a octroyé la souveraineté, cependant je ne peux vénérer les idoles, car je suis chrétien et j’adore le seul Dieu en trois Personnes, le Créateur du ciel et de la terre ! » Le khan, impressionné par son courage et ayant été mis au courant des exploits du saint prince, ordonna qu’on ne lui fît aucun mal, et il lui offrit une hospitalité pleine d’égards. Alexandre revint à Novgorod en 1251, épuisé et malade après ce long voyage, mais ayant été confirmé prince de Novgorod et de Kiev, et en ayant acquis la confiance des occupants. En 1252, André, prince de Vladimir, se révolta contre les Tatares et s’allia aux Suédois, exposant la Russie à de terribles représailles. Alexandre se rendit de nouveau à la Horde d’Or et put éviter l’invasion. Il racheta de nombreux prisonniers avec les réserves de l’État et, ayant obtenu le pouvoir sur toute la Russie, il entreprit de rassembler le peuple de Kiev dispersé. Par la suite, il se rendit une troisième, puis une quatrième fois auprès du khan pour intercéder en faveur de son peuple rebelle aux lourdes taxes et au recensement fiscal imposés par les Tatares. À la même époque, le saint prince dut résister aux menaces persistantes de l’Ouest. Le pape de Rome, Innocent IV, avait envoyé des missionnaires vers les principautés russes pour convertir le peuple orthodoxe à la foi romaine, mais Alexandre réagit fermement en repoussant les dogmes étrangers à la tradition apostolique transmise au peuple russe par l’intermédiaire de Byzance. Les puissances catholiques levèrent alors une véritable croisade contre lui. En 1256, Suédois, Danois, Finnois et chevaliers allemands se précipitèrent vers Novgorod ; mais Alexandre repoussa la coalition et occupa même la Finlande. En 1260, les tributs exigés par les Mongols augmentèrent à nouveau et ceux qui ne pouvaient pas s’en acquitter étaient pris comme esclaves par les mercenaires chargés du recouvrement des impôts. On enrôlait également de force de nombreux Russes pour servir dans la campagne engagée par le khan en Perse. Saint Alexandre partit à nouveau en mission à Saraï, obtint l’allégement des taxes et put éviter la conscription obligatoire. Mais, épuisé par le voyage et la maladie, il mourut en route, le 14 novembre 1263, après avoir revêtu le Grand Habit monastique sur son lit de mort, sous le nom d’Alexis. De nombreux miracles et apparitions eurent lieu auprès de son tombeau. En 1380, à la veille de la grande bataille de Koulikovo, les reliques de saint Alexandre furent trouvées intactes. Son culte se développa au sein du peuple, et il fut officiellement reconnu lors du Concile de Moscou de 1547. En 1721, le tsar Pierre le Grand fit procéder à la translation des reliques de saint Alexandre à Saint-Pétersbourg, dans l’église principale de la laure qui lui avait été dédiée, et il le proclama protecteur du peuple russe.
Tropaire du dimanche, ton 2
Егда́ снизшéлъ ecи́ къ смéрти, Животé безсме́ртный, тогда́ а́дъ умертви́лъ ecи́ блиста́ніемъ Божества́: eгда́ же и yме́ршыя отъ преиспо́дныxъ воскреси́лъ ecи́, вся́ си́лы небе́сныя взыва́ху : Жизнода́вче Xpисте́ Бо́́́же на́шъ, сла́ва Teбѣ́.
Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »
Tropaire de la fête de l’Entrée au temple, ton 4
Дне́сь благоволе́нiя Бо́жiя предображе́нiе и человѣ́ковъ спасе́нiя проповѣ́данiе: въ хра́мѣ Бо́жiи я́сно Дѣ́ва явля́ется и Христа́ всѣ́мъ предвозвѣ́щаетъ. Той и мы́ велегла́сно возопiи́мъ: ра́дуйся, смотре́нiя Зижди́телева исполне́нiе.
Ce jour est le prélude de la bienveillance de Dieu et l’annonce du salut des hommes. Dans le Temple de Dieu, la Vierge se montre clairement et, d’avance, elle annonce le Christ à tous. Et nous, clamons-lui d’une voix forte : Réjouis-toi, accomplissement de l’économie du Créateur
Tropaire du saint prince Alexandre de la Neva, ton 4
Я́ко звѣзду́ тя́ пресвѣ́тлу, почита́емъ, отъ восто́ка возсiя́вшую и на за́падъ прише́дшую, всю́ бо страну́ сiю́ чудесы́ и добро́тою обогаща́еши и просвѣща́еши вѣ́рою чту́щiя па́мять твою́, Алекса́ндре блаже́нне. Сего́ ра́ди дне́сь пра́зднуемъ твое́ успе́нiе, лю́дiе твои́ су́щiи: моли́ спасти́ Оте́чество твое́ и вся притека́ющiя къ ра́цѣ моще́й твои́хъ и вѣ́рно вопiю́щiя ти́: ра́дуйся, гра́ду на́шему утвержде́нiе.

Tel le précieux rejeton d’une pieuse racine, bienheureux Alexandre, le Christ te manifesta comme un trésor divin de la terre de Russie, un nouveau thaumaturge, très glorieux et agréable à Dieu. Assemblés pour célébrer en ce jour ta mémoire avec foi et amour, par les psaumes et les chants, nous glorifions avec joie le Seigneur qui t’a donné la grâce des guérisons. Aussi prie-Le de sauver cette cité, que le pays des tiens soit agréable à Dieu, et que les fils de la Russie soient sauvés.
Kondakion du dimanche, ton 2
Воскре́слъ ecи́ отъ гро́ба, всеси́льне Спа́се, и áдъ ви́дѣвъ чу́до, yжасе́ся, и ме́ртвiи воста́ша: тва́рь же ви́дящи сра́дуется Тебѣ́, и Ада́мъ свесели́тся, и мípъ, Спа́се мо́й, воспѣва́етъ Tя́ при́сно.
Sauveur tout-puissant, Tu es ressuscité du tombeau : l’enfer, voyant ce prodige, est saisi de stupeur et les morts ressuscitent. A cette vue, la création se réjouit avec Toi; Adam partage l’allégresse, et le monde, ô mon Sauveur, ne cesse de Te louer !
Kondakion du saint prince Alexandre de la Neva, ton 8
Я́ко звѣзду́ тя́ пресвѣ́тлу, почита́емъ, отъ восто́ка возсiя́вшую и на за́падъ прише́дшую, всю́ бо страну́ сiю́ чудесы́ и добро́тою обогаща́еши и просвѣща́еши вѣ́рою чту́щiя па́мять твою́, Алекса́ндре блаже́нне. Сего́ ра́ди дне́сь пра́зднуемъ твое́ успе́нiе, лю́дiе твои́ су́щiи: моли́ спасти́ Оте́чество твое́ и вся притека́ющiя къ ра́цѣ моще́й твои́хъ и вѣ́рно вопiю́щiя ти́: ра́дуйся, гра́ду на́шему утвержде́нiе.
Nous te vénérons comme une étoile étincelante, qui se leva en orient et parvint en occident, enrichissant tout ce pays par des miracles et par la bonté, illuminant ceux qui vénèrent ta mémoire avec foi, bienheureux Alexandre. Aussi nous, ton peuple, fêtons en ce jour ta dormition ; prie afin que ta patrie soit sauvée ainsi que tous ceux qui accourent à tes reliques et qui t’acclament : réjouis-toi soutien de notre cité !
Kondakion de la fête de l’Entrée au temple, ton 4
Пречи́стый хра́мъ Спа́совъ, многоцѣ́нный черто́гъ и Дѣ́ва, свяще́нное сокро́вище сла́вы Бо́жiя, дне́сь вво́дится въ до́мъ Госпо́день, благода́ть совводя́щи, Я́же въ Ду́сѣ Боже́ственномъ, Ю́же воспѣва́ютъ А́нгели Бо́жiи: Сiя́ е́сть селе́нiе Небе́сное.
Le temple très pur du Sauveur, la très précieuse chambre nuptiale, la Vierge, le trésor sacré de la gloire de Dieu est conduite en ce jour dans la maison du Seigneur et elle y introduit avec elle la grâce de l’Esprit Divin ; les anges de Dieu lui chantent : « Elle est un tabernacle céleste ».
Au lieu de « il est digne en vérité », ton 4
А́нгели, вхожде́нiе Пречи́стыя зря́ще, удиви́шася, ка́ко Дѣ́ва вни́де во свята́я святы́хъ. Я́ко одушевлéнному Бо́жiю киво́ту, да ника́коже ко́снется рука́ скве́рныхъ, устнѣ́ же вѣ́рныхъ Богоро́дицѣ немо́лчно, гла́сѣ А́нгела воспѣва́юще, съ ра́достiю да вопíютъ: и́стинно вы́шши всѣ́хъ еси́, Дѣ́во Чи́стая.
Les anges, voyant l’entrée de la Toute-Pure au Temple étaient stupéfaits, en contemplant comment la Vierge entra dans le Saint des Saints. Qu’aucune main profane ne touche cette Arche vivante de Dieu, mais que les lèvres des fidèles redisent sans cesse avec joie : O Vierge pure, tu es plus élevée que toute créature.


[1] Tiré du Synaxaire du P. Macaire de Simonos-Petras (version abrégée)

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