L’acédie* [abattement spirituel]naît de diverses sources,
principalement de nos maladies physiques. Dans ce cas, l'acédie est
supprimée par l'inspiration spirituelle, par les intérêts spirituels.
L'esprit est
prompt, mais la chair est faible, est-il dit dans l'Écriture. Le saint apôtre
Paul était assailli par une déficience physique: "ll m'a été donné une écharde dans la chair," dit-il... "pour me souffleter" (II
Corinthiens 12:07). Saint Jean Chrysostome comprend "écharde dans la chair"
comme signifiant un mal de tête sévère. Cependant, le même apôtre Paul témoigne... "quand je suis faible, c'est alors que je
suis fort" (II Cor. 12:10), parce qu'il a été entièrement transporté en servant le
Seigneur. Nos infirmités corporelles et l’acédie qui en résulte ne peuvent être
surmontées que par la grâce de Dieu qui nous donne force.
L’acédie peut aussi provenir d'une diminution des
pouvoirs de l'âme, de la perte de la foi, des chutes morales, de notre péché.
L'avocat dans de tels cas consiste à prendre le contrepied,* c'est-à-dire,
remplacez l'incrédulité par la ferme croyance dans le Seigneur, changez vos
mauvaises manières par de bonnes manières, œuvrez pour devenir moralement
renouvelés, spirituellement plein d’énergie et nés de nouveau; repentez-vous et
participez aux Saints Mystères du Christ, et vous détruirez l’acédie.
Pour ce
deuxième type d’acédie, peuvent également être visés les cas où elle résulte du
deuil, des maladies et des malheurs. Ici aussi, on peut discerner la foi
insuffisante dans le Seigneur et dans Sa Providence, et un attachement excessif
aux choses terrestres.
Il est encore un autre type d’acédie, celle qui touche
les personnes qui sont en difficulté à cause du péché charnel. Là, l’acédie est
enracinée, d'une part, dans un état maladif, dans la faiblesse physique, et
d'autre part, dans la pusillanimité spirituelle, dans le vide spirituel. Le
remède à ce type d’acédie réside en partie dans le renforcement physique de
l'organisme. Toutefois, ce type d’acédie est très persistant et peut se
transformer en une disposition chronique. C'est sans doute dû au fait que les
causes sous-jacentes ont désordonné l'ensemble de notre psyché: elles ternissent
la mémoire et affaiblissent la volonté. Pour cette raison, nous devons attirer
sur nous-mêmes autant de pouvoir de guérison de Dieu que possible, car Lui seul
est capable de restaurer la force spirituelle et physique.
En outre, l’acédie peut aussi être une sorte d'épreuve qui vient à nous alors que nous cheminons vers le Seigneur. Dans la vie
spirituelle, ce type d’acédie est assez fréquent.
Ici, expliquent les saints
ascètes, la grâce de Dieu se cache pour un temps, afin de former une personne
pour renforcer ses forces spirituelles, et, en même temps, pour l'obliger à
chercher le Seigneur avec plus de zèle et pour l'aimer plus ardemment, car en
Lui seul est la paix et le bonheur véritable.
Ce type d’acédie est surmonté par
des moyens de guerre interne. Il faut lutter contre l’acédie, la chasser, ne
pas succomber à elle; il faut prier, se contraindre, si nécessaire, car l’acédie
étouffe tout désir de prière; il faut prier le Seigneur d'éloigner de nous l’acédie:
"Par tes saints anges éloigne de moi
la démoniaque acédie"(Quatrième prière avant le sommeil de Saint
Macaire le Grand).
Ce type d’acédie affecte les gens qui ne sont pas solidement
ancrés dans la vie spirituelle. Cependant, il frappe aussi ceux réputés pour
leur expérience spirituelle, quand ils sont saisis par un esprit de vanité et par
l'orgueil spirituel - Que Dieu nous en protège !
Dans de tels cas, l’acédie n'est pas tant une forme de
test, mais c’est une forme de punition par Dieu, et souvent cette acédie
entraîne des conséquences graves: une complète apostasie du Seigneur, le
désespoir, et même le suicide. Cependant, dans tous les types d’acédie, notre
médecin est le Seigneur, et c'est compréhensible, car le Seigneur est notre réconfort, notre joie, notre contentement et notre consolation.
Il ne faut pas tarder à entrer en guerre contre l’acédie,
car la prochaine étape après l’acédie est le désespoir - qui conduit à la
perdition. La mélancolie et l’acédie qui nous rendent visite de temps en temps
sont des précurseurs de cette mélancolie qui prévaudra dans les derniers temps;
comme il est dit dans la Parole de Dieu, il y aura une grande tribulation,
telle qu'il n'en était pas depuis le commencement du monde.
Maintenant imaginez
seulement l'état spirituel du peuple des derniers temps!
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Svete Tikhi [Lumière Joyeuse]
Blagovestnik,
San Francisco, Aug-Sept 1997
cité par
et
L’acédie est donc d’abord un vice monastique. Cassien lie l’acédie à la tristesse qui empêche toute contemplation. Ce vice offre de multiples rejetons : l’oisiveté, la somnolence, l’inquiétude, le vagabondage de l’esprit, la verbosité et la curiosité. L’instrument de lutte contre ce vice est donc le travail manuel. Vice instable, absorbé par la tristesse dans les réflexions théologiques, elle apparaît vite comme obsolète pour Grégoire le Grand, mais les écrits monastiques perpétuent sa présence comme « rébellion du corps aux contraintes auxquelles il est soumis à l’intérieur du monastère » (Pierre Damien). Faiblesse du corps pour les uns, elle est faiblesse de l’esprit pour d’autres comme Bernard de Clairvaux et Adam Scot qui la comprennent comme « une interruption du chemin de perfection sur lequel s’est engagé le moine ». Thomas d’Aquin pose les enjeux de manière efficace en posant la question des causes : l’acédie est à envisager différemment selon que son origine est louable (s’attrister de ses péchés) ou blâmable (convoiter un bien impossible).
Dès le xiiie siècle l’acédie devient un vice commun et non plus spécifiquement monastique. L’acédie laïque est différente de la monastique : oisiveté, indolence, paresse, sont plus visibles et plus blâmables que la tristesse du moine. Les textes pastoraux, sermons d’éducation, prédications, utilisent ce thème aux xive-xve siècles, jusqu’à son entrée dans les textes laïcs où elle est vue en termes de langueur, amertume et ennui : son entrée dans le cercle laïc modifie l’acédie en mélancolie. Paresse chez les moines, mélancolie chez les laïcs : ce vice, considéré comme trop instable, est écarté de la classification à la fin du Moyen Âge3. (Source Wikipedia)
·**le texte
utilise l’expression prendre un poil du
chien qui vous a mordu, qui fait allusion au remède qui consiste à boire un
breuvage alcoolique pour se débarrasser des problèmes liés aux lendemains de
beuveries alcooliques !
·
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