"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 13 juillet 2014

Célébrer la Divine Liturgie Orthodoxe dans des églises catholiques ou protestantes


[…] je pense que le choix de la facilité, c'est à dire se faire prêter des églises catholiques ou protestantes, a des effets très néfastes pour les Orthodoxes. 

D'une part, cela les dépouille de leur liberté et les rends redevables aux hétérodoxes, s'interdisant ainsi d'affirmer trop explicitement leur foi orthodoxe. Et c'est là sans doute là une des raisons pour lesquelles les hétérodoxes prêtent si volontiers leurs églises aux Orthodoxes. D'autre part, cela émousse leur conscience orthodoxe – si du moins ils en ont une pour commencer. Il serait certainement préférable que dans les endroits où ils n'ont pas leur propre église, les Orthodoxes s'en tiennent à l'exemple des premiers Chrétiens, lesquels célébraient la Divine Liturgie chez eux. Les Actes des Apôtres et les Épitres apostoliques nous montrent que la Liturgie avait lieu à tour de rôle chez des familles qui disposaient d'habitations assez spacieuses. Quand on est conscient de l'importance de ces choses, on trouve toujours des solutions.

C'est un dicton qui veut dire qu'il s'agit de deux choses qui ne s'accordent pas, en l'occurrence une cathédrale gothique et la Divine Liturgie orthodoxe. 

Dans le monde occidental, l'architecture gothique est évidemment célébrée comme un brillant achèvement culturel, mais dans une optique orthodoxe, elle est surtout l'expression de la décadence occidentale, suite directe du schisme. On dit que les cathédrales gothiques expriment "l'aspiration vers le ciel", mais quand on regarde ces flèches de plus en plus hautes, de plus en plus hardies, on se rend compte que c'est une aspiration plus luciférienne que chrétienne – "Je monterai dans les cieux, au-dessus des étoiles de Dieu j'établirai mon trône" (Is 14,13). Le chrétien orthodoxe n'aspire pas à un ciel dans les airs, mais aux Cieux divins qui se sauraient être localisés dans l'espace. 

Ces bâtisses élevées font penser aussi à la Tour de Babel que les hommes dans leur prétention entreprirent de construire pour atteindre le ciel. Et c'est effectivement la prétention de l'Occident de pouvoir atteindre le ciel par ses propres efforts, par ses astuces, sa technique, ses ingéniosités, toute sa puissance matérielle. Comme s'il ne comprenait pas que si Moïse monta en effet au sommet du Sinaï, sa rencontre avec Dieu ne put avoir lieu que parce que Dieu descendit vers lui, et sans cet descente de Dieu vers la faiblesse humaine, rien n'est possible. 

Mais les cathédrales gothiques nous disent tout le contraire. 

Leurs constructeurs furent de riches et fiers marchands – les mêmes d'ailleurs qui finançaient les Croisades contre les Orthodoxes -, et ils voulaient montrer au monde leur puissance et leur richesse. S'il y a une chose essentielle qui manque à ces cathédrales, c'est bien l'humilité chrétienne. 

Dans leur intérieur, le fidèle se sent écrasé par ces hauteurs démesurées, ces voutes hautaines et froides, affirmation de la superbe humaine. Chaque pouce ici proclame: Voyez ce que moi, bâtisseur, sculpteur etc. j'ai réussi à faire! Même en admettant que ces bâtisseurs aient d'une certaine manière essayé d'exprimer une aspiration vers Dieu, tout ce qu'ils ont réussi à faire, c'est de donner à ceux qui entrent dans ces cathédrales le sentiment d'un grand vide, d'une absence, d'un Dieu éloigné dans des hauteurs inatteignables. 

Et quand a leurs façades monumentales avec leur surchargèrent de futiles décorations géométriques, de statues etc., semblables en cela aux temples païens, elles sont encore l'œuvre de l'orgueil humain, de l'insatiable soif de l'homme occidental d'affirmer sa propre grandeur et non pas celle de Dieu. 
Célébrer la Divine Liturgie  Orthodoxe  dans des  églises catholiques ou protestantes

La Divine Liturgie orthodoxe au contraire est la rencontre aimante et salvatrice du Divin avec l'humain. 

Dieu y est omniprésent. Il y a manifestement la première place et l'homme la seconde. Rien de commensurable donc avec le précédent. 

Quant aux reliques sur l'autel, c'est une règle obligatoire de l'Eglise Orthodoxe que la Divine Liturgie soit célébrée sur un autel canoniquement (c'est à dire orthodoxement) consacré, lequel contient dans un creux des reliques de Saints Martyrs. L'Eglise manifeste par cela le fait qu'elle est bâtie sur le sang des Saints Martyrs. Dans les cas où elle est célébrée en un lieu où un tel autel fait défaut, le prêtre célèbre sur un antimension qui comporte des petites parcelles de Saintes Reliques cousues dans un coin de l'ourlet. ("Antimension" veut dire "remplaçant la Sainte Table". C'est une pièce d'étoffe de soie représentant la Mise au Tombeau du Seigneur, consacrée et signée par l'évêque du lieu où la Liturgie est célébrée). 

Et si le prêtre ne dispose ni d'un autel canoniquement consacré, ni d'un antimension avec des Saintes Reliques, il place au lieu où il célèbre un reliquaire contenant des Saintes Reliques. 

Il y a eu des cas de prêtres orthodoxes emprisonnés qui à defaut d'autel, d'antimension et de reliquaire célébraient la Divine Liturgie sur leur propre poitrine, sainte relique vivante en quelque sorte de ces confesseurs et bien souvent martyrs par la suite de la Foi orthodoxe. 

Dans la Tradition grecque, l'antimension normal ne contient pas de reliques, mais il y a des antimensions spéciaux qui en contiennent, pour les cas sus-mentionnés." 
Célébrer la Divine Liturgie  Orthodoxe  dans des  églises catholiques ou protestantes

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