"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 23 février 2014

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


10/23 février
Dimanche de l’abstinence de viande ou
du Jugement Dernier

Saint hiéromartyr Charalampos et avec lui saints Porphyre, Baptos et trois autres martyrs à Magnésie en Asie Mineure (202) ; sainte Scholastique, sœur de saint Benoît (543) ; sainte Anne, princesse de Novgorod (XIème s.) ; saint Prochore des Grottes de Kiev (1107) ; saint Longin de Koriajemka (Vologda) (1540) ; sainte Galina (IIIème s.) ; saintes martyres et vierges Ennaphe, Valentine et Paule (308) ; saints hiéromartyrs Pierre Groudinsky et Valérien Novistky, prêtres (1930). 

Lectures : I Cor. VIII, 8 - IX,2 / Мatth. XXV, 31-46
Icône du Jugement dernier
Icône du Jugement dernier ; xiie siècle ; 
Monastère de Sainte Catherine, Sinaï, Égypte.

LE DIMANCHE DE L’ABSTINENCE DE VIANDE OU DU JUGEMENT DERNIER

L
a première appellation de ce dimanche s’explique par le fait que commence, dès le lendemain, l’abstinence de viande, et la seconde, par la lecture évangélique du Jugement redoutable universel des vivants et des morts, qui est mentionné dans tout l’office liturgique. Par la mémoire du Jugement, la sainte Église incite plus fortement les pécheurs au repentir et indique le véritable sens de l’espoir même en la miséricorde Divine. Dieu est miséricordieux, mais Il est également le juste Juge, qui rend à chacun selon ses œuvres. Pour cette raison, les pécheurs ne doivent pas se méprendre quant à leur responsabilité pour leur condition morale et faire mauvais usage de la longanimité de Dieu. En nous rappelant le Jugement et en dirigeant nos regards vers « l’examen impartial », la sainte Église nous inspire la pensée de la nécessité impérative du repentir et du redressement de sa vie : « Renonçant en ce jour aux aliments, travaillons avec ardeur à réparer nos fautes dignement ». Tout particulièrement, elle nous appelle au œuvres de charité : « Connaissant les commandements du Seigneur, vivons ainsi : nourrissons les affamés, abreuvons ceux qui sont assoiffés, vêtons ceux qui sont nus, accueillons les étrangers, visitons les malades et les prisonniers, afin que Celui qui viendra juger la terre nous dise : venez les bénis de Mon Père, héritez du Royaume qui vous est préparé depuis la fondation du monde ». A partir de ce jour, nous franchissons « le seuil » du saint carême, selon l’expression liturgique désignant
la semaine qui vient. L’Église, qui mène graduellement les fidèles à l’ascèse du jeûne, les place sur la dernière marche de l’abstinence les préparant au carême par l’interdiction de manger de la viande et la permission de consommer les œufs et le fromage. Ainsi, le passage au jeûne est-il facilité. Dans les hymnes liturgiques de cette semaine, l’Église nous invite à « ne point souiller, par le mal de l’intempérance et de l’ivresse, l’entrée et le seuil du carême ». Il est clair que, selon l’enseignement de l’Église, la semaine des laitages ne doit pas donner lieu à des excès de nourriture et des réjouissances effrénées. St Tykhon de Zadonsk (†1783) dit que « durant la semaine des laitages, les véritables enfants de l’Église doivent agir avec bien plus de tempérance que durant les jours précédents ».

Tropaire du dimanche, ton 2
Егда́ снизше́лъ ecи́ къ сме́рти, Животе́ безсме́ртный, тогда́ áдъ умертви́лъ ecи́ блиста́ніемъ Божества́ : eгда́ же и yме́ршыя отъ преиспо́дныxъ воскреси́лъ ecи́, вся́ си́лы небе́сныя взыва́ху : Жизнода́вче Xpисте́ Бо́́́же на́шъ, сла́ва Teбѣ́.
Lorsque Tu descendis dans la mort, Toi, la Vie immortelle, Tu anéantis l’enfer par l’éclat de la Divinité. Lorsque Tu ressuscitas les morts des demeures souterraines, toutes les Puissances des cieux s’écrièrent : « Ô Christ, Source de Vie, notre Dieu, gloire à Toi ! »

Kondakion du dimanche du Jugement dernier, ton 1
Егда́ пріи́деши Бо́же на зе́млю co cлáвою, и тpeпе́щутъ вся́ческая ; pѣка́ же о́гненная предъ суди́щемъ влече́тъ, кни́ги paзгиба́ются, и та́йная явля́ются; тогда́ изба́ви мя́ oтъ огня́ неугаси́маго, и cподо́би мя́ одесну́ю Teбе́ ста́ти cyдіе́ пра́веднѣйшій.
O Dieu, lorsque Tu viendras sur la terre dans la gloire et que trembleront toutes choses, un fleuve de feu coulera devant le tribunal, les livres seront ouverts et les secrets révélés. Délivre-moi du feu inextinguible et rends-moi digne de me tenir à Ta droite, Juge très juste.

AU SUJET DU JUGEMENT DERNIER

Dans l’image de Dieu que l’être humain porte en lui, se trouve le Verbe Divin immortel. En cela est la majesté immortelle et divine même chez l’un des « plus petits » parmi les hommes. Cette vérité évangélique est fondamentale : tout ce que tu fais aux hommes, tu le fais en fin de compte au Christ, au Créateur, au Sauveur, au Juge. Chaque homme porte en lui le Christ, qu’il en soit conscient ou non. Pour cette raison, toute attitude que tu adoptes envers quelque homme que ce soit, chacun de tes sentiments pour un homme, toute pensée sur un homme, revêt une importance infinie et décisive pour toi. Car c’est cela qui définit ton destin éternel dans l’autre monde, c’est en fonction de cela que tu seras jugé. Chaque homme, chaque frère le plus petit, porte en lui tout l’Évangile pour toi ; et de chacun de ces « frères les plus petits » dépend ton salut. En fait, dans l’Évangile sur le Jugement, le Seigneur nous dit cette vérité, cette vérité universelle : ton salut dépend de ton attitude envers le prochain, envers tes frères à l’image du Christ. C’est là tout l’Évangile. Autrement dit : l’homme se sauve et se condamne par le prochain. Néanmoins, comme il est facile de se sauver ! Tu nourris l’affamé en tant que créé par Dieu, et tu es sauvé ! Tu donnes à boire à celui qui est assoiffé, tu es à nouveau sauvé ! Tu reçois un voyageur, encore une fois, tu es sauvé ! Tu rends visite à un malade, tu es renforcé dans le salut ; tu visites un prisonnier, tu es encore une fois sauvé. Ainsi, de jour en jour, tu es le créateur de l’Évangile, et ainsi ton propre sauveur. Car en accomplissant cela, tu t’unis continuellement spirituellement avec le Sauveur : « C’est à Moi que vous l’avez fait ». Le salut n’est rien d’autre que l’union de l’homme avec le Sauveur par les saints Mystères et les saintes vertus évangéliques.
St Justin de Tchélié


LE SAMEDI DE L’ABSTINENCE DE VIANDE

Le premier samedi, dit « universel », consacré à la mémoire des défunts, est celui qui précède le dimanche de l’abstinence de viande. Ce samedi est dit « universel » parce que l’on y fait mémoire de tous les défunts depuis Adam jusqu’à nos jours. Dans les livres liturgiques, il est mentionné « que l’on fait mémoire de tous les chrétiens orthodoxes, de nos pères et frères, qui se sont endormis depuis les siècles ». Il est écrit dans le synaxaire (commentaire du jour ou de la fête, figurant dans les livres liturgiques après le kondakion) : « Les saints Pères ont disposé qu’il convenait de faire mémoire de tous les défunts pour la raison suivante. Nombreux sont ceux qui meurent souvent d’une mort non naturelle, par exemple lors d’un voyage en mer, ou encore sur des montagnes infranchissables, dans des gorges ou précipices ; il arrive encore que certains meurent de faim, du fait d’un incendie, de la guerre, ou du gel. Et qui énumérerait toutes les sortes et tous les genres de mort soudaine et inattendue ? Tous ceux qui entrent dans lesdites catégories sont privés des chants et des prières funèbres. C’est la raison pour laquelle, les saints Pères, mus par l’amour des hommes, ont décidé, sur le fondement de l’enseignement apostolique, d’accomplir cette commémoration universelle, afin que personne, achevant sa vie terrestre de quelque façon, à quelque moment et en quelque lieu que ce fût, ne se vît privé des prières de l’Église ». La fixation du samedi des défunts à la veille du dimanche de l’abstinence de viande remonte à une tradition ancienne, confirmée par le fait qu’elle se trouve dans le Typicon de St Sabbas au Vème siècle. Cette tradition résulte de la coutume pour les chrétiens des premiers siècles de se rassembler dans les cimetières pour commémorer les défunts, ce à quoi font allusion des témoignages écrits du IVème siècle. La raison pour laquelle l’Église a retenu le samedi précédant le dimanche du Jugement Dernier est précisément que nous demandons au Juste Juge de manifester Sa miséricorde en ce jour envers tous les défunts, dont ceux qui sont restés sans enterrement chrétien. En outre, cette commémoration a lieu peu avant le Grand Carême, lorsque nous devons entrer dans une union plus étroite avec les vivants et les morts.

Hiéromoine Grégoire de la Sainte Montagne
COMMENTAIRES SUR LA DIVINE LITURGIE
DE ST JEAN CHRYSOSTOME

L’hymne de victoire (suite)
Saint Jean Chrysostome compare l’hymne de victoire que nous chantons à la divine Liturgie et le cantique de victoire que chantèrent les Juifs lorsqu’ils furent libérés de la tyrannie des Égyptiens : « Chantons pour le Seigneur, car Il s’est couvert de gloire » (Exode XV, 1-19). La comparaison montre que le cantique de victoire « est bien au-dessus du leur… Ce n’est pas la défaite de Pharaon, mais celle du diable… Ce ne sont pas des armes sensibles dont on s’est emparé, mais c'est le mal qui a péri… Ce n’est pas nous qui nous dirigeons vers la Terre promise, mais nous quittons la terre pour le ciel. Nous  ne mangeons pas la manne, mais nous nous nourrissons du corps du Maître. Nous buvons, non pas l'eau qui coule du rocher, mais le sang qui jaillit du côté du Christ ». Le sens de l’Hymne de victoire sur lèvres des Puissances angéliques, comme elles le chantaient autour du saint trône de Dieu, était double. C’était une doxologie au Dieu Trinitaire et, en même temps, une prophétie : « Ce chant n'est pas seulement une louange, mais une prophétie des biens que recevra la terre… Toute la terre est remplie de Sa gloire [Isa. VI,3]… Quand donc la terre a-t-elle été remplie de sa gloire? Lorsque cette hymne est descendue sur terre, lorsque les hommes ont chanté avec les puissances célestes, qu'ils n'ont plus fait entendre qu'un même chant, retentir qu'une même louange » (Saint Grégoire de Nysse). Sur nos propres lèvres, la signification de l’Hymne de victoire est analogue. C’est une doxologie pour la victoire du Christ qui s’est déjà réalisée, et une prophétie sur la seconde et dernière venue du Vainqueur. C’est la bonne nouvelle de la venue finale du Fils de l’homme, précédée de la Croix, signe de Sa victoire : « Alors, toutes les nations et tous les peuples de tous les siècles se prosterneront devant Lui, offriront le culte sans émettre d’objection, et il existera une merveilleuse symphonie de louange ; les saints chanteront des hymnes, comme ils l’ont toujours fait, tandis que les impies feront des supplications par nécessité. Alors, réellement, l’Hymne triomphale sera chantée par tous d’une même voix : par les vainqueurs et par les vaincus  (Saint Grégoire de Nysse). De même que le Christ vainqueur est Celui qui est, qui était, et qui vient  (Ap. I,4), Sa victoire a existé, existe et existera sans interruption. De la même façon, l’hymne de célébration de Sa victoire sera chantée imperturbablement. Dans la Liturgie céleste, il y aura un mouvement constant des anges et des hommes autour de Dieu, lesquels loueront la Divinité Une en Trois personnes (Saint Maxime le Confesseur).

LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Mc. XVI, 9-20 Liturgie : Rom. XIII, 11-XIV, 4 ; Маtth. VI, 14-21 

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