Les premiers écrits chrétiens
La deuxième grande surprise est venue quand j'ai réalisé que la première liste complète des livres du Nouveau Testament tels que nous les avons aujourd'hui n'apparut pas avant plus de 300 ans après la mort et la résurrection du Christ. (La première liste complète a été donnée par saint Athanase dans sa lettre pascale en l'an 367.) Imaginez! Si la rédaction du Nouveau Testament avait été commencé en même temps que la Constitution des États-Unis, on ne verrait pas un texte définitif avant l'année 2076!
Les quatre Évangiles ont été écrits de trente à soixante ans après la mort et la résurrection de Jésus. Dans l'intervalle, l'Église s'est fondée sur la tradition orale, les récits de témoins oculaires, ainsi que les documents dispersés qui préfiguraient l'Evangile (tels que ceux cités dans 1 Timothée 3:16 et 2 Timothée 2:11-13) et la tradition écrite.
La plupart des églises avaient seulement des parties de ce qui allait devenir le Nouveau Testament. Comme les témoins oculaires de la vie du Christ et ses enseignements commençaient à mourir, les apôtres écrivirent tandis qu'ils étaient guidés par l'Esprit Saint, afin de préserver et de consolider la tradition écrite et orale dispersée. Parce que les apôtres s'attendaient à ce que le Christ revienne bientôt, ils semblaient ne pas avoir à l'esprit que ces récits évangéliques et les lettres apostoliques seraient avec le temps rassemblés en une nouvelle Bible.
Durant les quatre premiers siècles de notre ère il y avait désaccord substantiel sur les livres qui devaient être inclus dans le canon de l'Écriture. La première personne mentionnée qui ait essayé d'établir un canon du Nouveau Testament a été l'hérétique du IIe siècle, Marcion. Il voulait que l'Église rejette son héritage juif, et de ce fait, il rejeta l'Ancien Testament tout entier.
Le canon de Marcion ne comptait qu'un seul Évangile, que lui-même avait modifié, et dix des épîtres de Paul. C'est triste mais vrai quand on y pense, la première tentative pour la rédaction du Nouveau Testament était hérétique. De nombreux chercheurs pensent que c'est en partie en réaction à ce canon de Marcion déformé que l'Église primitive décida de créer son propre canon clairement défini. La destruction de Jérusalem en l'an 70, l'éclatement de la communauté judéo-chrétienne, et le risque de perte de la continuité dans la tradition orale contribua sans doute aussi au sentiment de la nécessité urgente pour l'Église d'uniformiser la liste des livres chrétiens auxquels on pouvait faire confiance. Au cours de cette période d'évolution du canon de l'Ecriture, comme noté précédemment, la plupart des églises avaient seulement, le cas échéant, quelques-uns des écrits apostoliques à leur disposition.
Les livres de la Bible devaient être minutieusement copiés à la main, à grands frais de temps et d'effort. Il est vrai aussi, que la plupart des gens étaient illettrés, ils ne pouvaient être lus que par un petit nombre de privilégiés. L'exposition de la plupart des chrétiens à l'Ecriture a été limitée à ce qu'ils entendaient dans les églises: la Loi et les Prophètes, les Psaumes, et quelques-uns des mémoires des apôtres.
La persécution des chrétiens par l'Empire romain et l'existence de nombreux documents d'origine non-apostolique compliquent encore la question. Ce fut ma troisième surprise. D'une certaine manière j'avais naïvement imaginé que tous les foyers et toutes les paroisses avaient un Ancien et un Nouveau Testament complets, depuis la création même de l'Église! Il était difficile pour moi d'imaginer une église survivant et prospérant sans un Nouveau Testament complet. Pourtant, sans aucun doute c'est ce qu'ont fait les premiers chrétiens. Cela peut avoir été mon premier indice qu'il y avait autre chose de plus dans la vie de l'Eglise que la seule Parole écrite.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire