"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 19 février 2010

Vladika Alexandre (Mileant): Gloire à Dieu pour tout!



Un jour, un prêtre visitait ses paroissiens malades dans un hôpital psychiatrique. Là, un des patients qui avait apparemment une période de clarté mentale, s'approcha du pasteur et lui demanda: "Vous ne remerciez jamais Dieu pour votre capacité de raisonnement?" Cette question inattendue, prit le pasteur par surprise. Il ne lui était jamais venu à l'idée de remercier Dieu pour une telle capacité évidente. Seulement là, à l'hôpital, entouré de nombreux malades mentaux, il a réalisé la chance qu'il avait. En quittant l'hôpital, le prêtre a promis qu'il rendrait tous les jours grâce à Dieu pour la santé mentale et physique, qu'Il lui donnait.

Ce court récit reflète notre habitude commune à tenir pour acquis tous les avantages de la vie. Ce n'est que lorsque nous perdons quelque chose, que nous nous rendons compte que c'était un don de Dieu.

Toute notre vie est une longue chaîne de cadeaux de notre Père miséricordieux! Il a créé notre corps, qui est mieux que n'importe quel mécanisme ou ordinateur. Il a insufflé en nous une âme immortelle, nous a orné de Son image, nous a prédestiné au bonheur éternel. Il nous a doté d'intelligence et de volonté libre, grâce auxquelles nous pouvons croître intellectuellement et spirituellement, devenir plus parfaits et être utiles aux autres. Il nous a donné les sentiments par lesquels nous pouvons profiter de Ses bienfaits physiques et spirituels et trouver le bonheur et la joie dans la vie. "Partout où je regarde avec ma vision intérieure", écrit saint Jean de Cronstadt, "à l'intérieur de moi ou à l'extérieur, je vois une occasion de remercier Dieu pour Ses nombreux bienfaits!"

Mais, malheureusement, les gens ne Le remercient que rarement, Lui qui se soucie constamment d'eux et leur confère les nombreux bienfaits matériels et spirituels.

Bien que Dieu soit invisible à nos yeux physiques, un cœur sensible ressent constamment Sa Providence, Son amour paternel, Sa main attentive qui nous guide. Dieu nous bénit avec le soleil et la pluie, et avec les différents aliments, Il nous nourrit. Par Sa volonté, les montagnes et les vallées, les mers et les rivières, les arbres et les rochers, les oiseaux et les poissons, la terre et l'air, tous nous servent pour notre plaisir. Sa force divine nous soutient en permanence et protège nos vies du mal et du danger. Comme l'a dit un écrivain de jadis, "En Lui nous avons et le mouvement et l'être". Chaque instant de notre vie est un don de Sa bénédiction sans fin, chaque souffle que nous prenons est un don de Sa bonne volonté paternelle, chaque battement de notre cœur est un acte de Son amour gracieux et de Sa gracieuse miséricorde .

Mais ce n'est pas tout! Lorsque nous avons désobéi aux commandements de Dieu et sommes devenus indignes de la vie et de la bénédiction divine, Dieu le Père ne nous a pas détruits ou abandonnés à la perdition. Au contraire, à cause de Son amour infini, Il a envoyé, "Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle" (Jean 3:16). Le Fils de Dieu, prenant pitié de nous, enfants prodigues, est venu en notre monde et a assumé notre chair humaine. Dans les paroles de saint Paul, "Il S'est dépouillé, prenant la forme d'un serviteur, et Il S'est abaissé en se faisant obéissant jusques à la mort, jusques à la mort même sur une croix" (Ph 2,7-8). Allant de ville en ville et de village en village, Il nous a appris à vivre avec droiture pour atteindre le Royaume des Cieux. Il a pris sur Lui nos péchés et, avec eux, la punition méritée, Il a souffert pour nous l'humiliation, on Lui a craché dessus, on L'a flagellé, Il a enduré la douleur de la crucifixion et la mort honteuse de la part de soldats impies. Répandant Son Sang précieux, Il rendit l'esprit de sorte que "par la mort, Il pourrait détruire celui qui a le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le Diable, et délivrer tous ceux qui, par peur de la mort étaient tenus en servitude toute leur vie" (Hébreux 2 :14-15).

Le Saint-Esprit, consubstantiel au Père et à Son Fils, à cause de la souffrance rédemptrice de Jésus-Christ, nous accorde Ses dons divins, purifiant notre conscience des actes honteux. Il apporte la vie et la lumière à notre vie, nous dotant de Sa puissance divine, si essentielle pour mener une vie juste. Il nous rend digne d'être appelés enfants de Dieu.

En dépit de tout cela, on oublie souvent Dieu, répondant à Ses miséricordes par notre entêtement, notre dureté et notre malice. Et pourtant Dieu, non seulement s'abstient de nous détruire, mais continue également de nous pardonner et d'avoir pitié de nous, attendant patiemment notre changement. En dépit de nos chutes fréquentes, Il nous guide avec beaucoup de soin et de sagesse vers le salut, vers la joie sans fin et la demeure céleste. Il est rare que les gens réfléchissent aux nombreux obstacles que nous créons nous-mêmes à Dieu pour nous sauver.

Saint-Jean de Cronstadt partage avec nous son expérience en matière d'assistance de Dieu dans les moments difficiles. "Combien de fois la mort est entrée dans mon cœur, puis dans mon corps, d'innombrables fois... Pourtant, de toutes les expériences de mort imminente Dieu m'a préservé." Les sentiments de compassion débordante de Dieu évoquèrent chez le Psalmiste les paroles inspirées suivantes: "Bénis le Seigneur, ô mon âme, et tout ce qui est en moi bénisse Son saint nom! Bénis le Seigneur, ô mon âme, et n'oublie aucun de Ses bienfaits : Lui Qui pardonne toutes tes iniquités, Qui te guérit de toutes tes maladies, Qui rachète ta vie de la fosse, Qui te couronne de bonté et de miséricorde, Qui emplit ta bouche de bonnes choses, afin que ta jeunesse soit renouvelée comme l'aigle. Le Seigneur fait justice, Il fait droit pour tous les opprimés... Le Seigneur est miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en miséricorde "(Psaume 103:1-8).

Au temps des épreuves, beaucoup sont déprimés et se plaignent. Mais nous devons comprendre que le Seigneur permet parfois le malheur et la souffrance, non pas parce qu'Il nous a oublié ou veut nous punir. Non! Il les permet en tant que remède amer mais nécessaire, nous guérissant de différentes passions comme l'orgueil, le manque de sérieux, l'autosuffisance, l'égotisme et d'autres passions encore. Souvenons-nous que le grand saint Jean Chrysostome, au crépuscule de ses jours, a déclaré: "Nous remercions Dieu pour tous, et surtout pour la souffrance!"

Nous, qui sommes chrétiens orthodoxes, nous devons être particulièrement reconnaissants à Dieu Qui nous a jugés dignes d'être des enfants de Sa véritable Église, Une, Sainte, Catholique et Apostolique, qui, par la grâce de l'Esprit Saint garde l'enseignement évangélique dans sa pureté originelle et qui nous bénit et nous sanctifie avec ses saints sacrements et ses offices divins. Il s'agit de la même Église à laquelle appartenait la Très Sainte Vierge Marie, les prophètes, les apôtres, les innombrables martyrs, tous les saints et qui a à sa tête notre Seigneur Jésus-Christ. Bien qu'ils résident maintenant au Ciel, ils appartiennent encore à l'Église, parce que l'Église du Christ est une organisation universelle, la grande famille de Dieu, englobant à la fois le Ciel et la Terre (Éphésiens 1:22-23, 2:19-22, 4: 4-6, 5:25-27, 1 Tim. 3:15; Hebr. 3:6). On nous apprend par les Écritures que tous les saints, qui entourent le trône de Dieu, prient sans cesse pour nous, leurs frères plus jeunes (Hebr. 12:22-23, Apocalypse 5:8-14). C'est l'Église dans laquelle nous prenons part à la Communion au Corps et au Sang de notre Sauveur, qui nous accorde l'immortalité.

Nous ne devons pas envisager l'action de grâce comme un simple devoir envers Dieu, mais plutôt comme quelque chose qui devrait sourdre naturellement du fond de notre cœur. De même que le soleil n'a pas besoin du tournesol, mais plutôt que le tournesol a besoin le soleil qui le réchauffe de ses rayons, ainsi Dieu n'a pas besoin de notre reconnaissance, mais notre âme a, elle, besoin de Dieu de Qui elle reçoit sa santé et sa force. D'autre part, en nous souvenant de remercier Dieu, nous nous aidons. La reconnaissance est semblable à la fleur de tournesol qui tourne la tête vers le Soleil. En effet, lorsque nous nous rappelons à quel point Dieu nous aime, et combien Ses bénédictions matérielles et spirituelles sont nombreuses, ces pensées éclairent notre raison et nous aident à voir plus clairement le but de notre existence terrestre. Cela nous permet de distinguer entre ce qui est important et ce qui est sans importance, ce qui devrait être notre objectif principal, et ce qui est secondaire. En outre, la reconnaissance envers Dieu disperse le découragement, diminue la tristesse, et fait revenir vers nous le courage et la gaieté. Nous serions tous beaucoup plus heureux si nous remerciions Dieu plus souvent.

Donc, souvenons-nous tous les jours, et plus particulièrement le dimanche, de remercier notre Créateur et notre Sauveur. Cette activité sera un remède merveilleux pour nos âmes.

(Comme guide pour l'action de grâce les psaumes suivants peuvent être utiles: 8, 34, 66, 92, 96, 97, 103, 104, 146, 148, 149 et 150.)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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