"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 3 mai 2008

Saint Alexis de Bortsumana

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VIE DE S. ALEXIS DE BORTSOURMANA (1762 - 1848)
commémoré le 21 avril / 4 mai

Le père Alexis Gneoucheff naquit le 13 mai 1762. Son père était prêtre. Lorsqu’il en eut l’âge, son père l’envoya étudier au séminaire de Nijni-Novgorod. A l’issue de ses études, il fut ordonné diacre, à l’âge de 22 ans, et fut affecté à l’église du village de Bortsourmana, dans la région de Nijni-Novogorod. Treize ans plus tard, il fut ordonné prêtre de la même église, qu’il ne quitta pas jusqu’à son trépas. Durant les premiers temps de son ministère, il ne se distingua point par la rectitude de vie et s’adonnait même parfois à la boisson. Mais son attitude changea brusquement après l’événement que nous allons décrire. Une fois, on vint le chercher de nuit afin qu’il apportât la Sainte Communion à un mourant, dans le village voisin. Le père Alexis se mit en colère contre celui qui venait le chercher, le réprimandant pour le dérangement qu’il lui occasionnait pour peu de choses, car l’état du malade n’était pas, selon lui, si grave et il pourrait attendre le lendemain. Le père Alexis renvoya donc sonvisiteur chez lui et partit dormir. Cependant, il ne pouvait s’endormir, la pensée du paysan chez lequel on l’avait appelé lui revenant à chaque instant. Ne tenant plus, il se leva et partit chez le malade. Arrivé chez lui, il le trouva mort, mais avec, à côté de lui, un Ange tenant le Saint Calice dans les mains. Cette vision surprit tant le père Alexis, qu’il tomba à genoux devant le défunt et pria toute la nuit. De retour chez lui, il était déjà devenu un autre homme. Depuis ce jour, il célébrait sans faille quotidiennement la Liturgie et, dans la mesure de ses forces et de ses possibilités, il observait le typicon et la règle de prière en cellule monastique. Sa règle était la suivante : à minuit, il lisait l’office de minuit, les douze psaumes ainsi que la vie du saint du jour. Le matin, il lisait les prières du matin, les heures, l’acathiste à Saint Serge, à Sainte Barbara, ou à Saint Métrophane. Au milieu du jour, il lisait quatre cathismes du psautier, le soir, le canon et l’acathiste au Sauveur, le canon à l’Ange gardien, les prières du soir, le tout accompagné de métanies avec la prière de Jésus. La nuit, à chaque fois qu’il se réveillait, il faisait aussi des métanies. En vingt-quatre heures, il faisait en général mille cinq cents métanies.

Le temps qui lui restait après les services liturgiques, il recevait les fidèles chez lui. A ceux qui voulaient entreprendre un labeur spirituel élevé – un podvig – il donnait sa bénédiction ou, au contraire, le leur déconseillait, selon les révélations qu’il recevait de Dieu. Il guérissait les malades et les infirmes par ses saintes prières. Il consolait par la parole de Dieu ceux qui souffraient. Parfois, il lisait des instructions spirituelles à ceux qui venaient le voir, mais toujours avec un tel amour et une telle douceur, qu’il s’attirait, à leur insu, le cœur de ceux qui l’écoutaient, agissant profondément sureux. Les seuls envers lesquels il s’adressait avec sévérité étaient les sorciers et diseurs de bonne aventure : il refusait même de les recevoir et leur faisait savoir qu’il ne les accueillerait que lorsqu’ils se repentiraient devant Dieu et abandonneraient leurs occupations diaboliques. Il rejetait non seulement ces personnes, mais aussi tous ceux qui les fréquentaient.

Quant aux pauvres et misérables, le père Alexis leur donnait ce qu’il pouvait. Une partie de l’argent qu’il recevait des riches, il la donnait pour orner l’église deBortsourmana, et tout le reste, il le donnait aux pauvres. A ceux-ci, il nedemandait jamais rien lorsqu’il célébrait des offices privés pour eux. Il distribuait aux pauvres des vêtements, et des chaussures de paysans – laptis –qu’il fabriquait lui-même après la liturgie. Très souvent, lorsque des malheurs les frappaient – tels que l’incendie de leur ferme ou les épidémies chez lesanimaux – les paysans trouvaient de l’argent déposé chez eux, ne sachant parqui, grâce auquel ils pouvaient continuer leur exploitation. Personne ne savait d’où venaient ces aumônes, jusqu’au jour où le père Alexis fut surpris en train de déposer en cachette de l’argent chez un paysan dont la maison avait brûlé.

Parfois, lorsque le père Alexis disposait d’un peu de temps, il travaillait dans les champs et accomplissait certains travaux domestiques. Il avait une petite ruche, dont il s’occupait personnellement.

Détestant lui-même l’oisiveté,il enseignait aux autres de toujours travailler.

La famille du père Alexis était composée de son épouse Marie, pieuse et laborieuse, de son fils Léon et de ses deux filles Elpis et Tatienne. Plus tard vécurent chez lui sa filleule Matrone et son frère Alexandre, qui était diacre.

Comme il a été dit plus haut, le père Alexis reçut de Dieu le don de guérison et de clairvoyance. Dieu le rendit digne également de nombreuses visions et révélations. Il confiait souvent à l’higoumène d’un monastère du nom de Marie, qu’il estimait beaucoup, ce qu’il cachait aux autres. Ecoutons le récit de celle-ci : « Alors qu’ atteint d’une grave maladie, ce juste staretz était alité, plein de patience, il fut rendu digne d’entendre un chant si doux, qu’aucune langue humaine ne peut le transmettre, et de voir la Reine des Cieux Elle-même, accompagnée de la mégalomartyre Barbara, vêtue de blanc, visitant son serviteur souffrant, qui, le guérit, sans l’aide d’aucun médecin».

Le père Alexis lui-même décrivit les visions et les révélations qu’il avait reçues. Une fois, la nuit, le Seigneur Jésus-Christ Lui-même lui apparut, revêtu d’un vêtement royal, et le bénit. Avec le Christ se trouvaient trois vierges vêtues de blanc, c’est-à-dire les trois vertus : Foi, Espérance et Charité ; la Mère de Dieu apparut aussi depuis le ciel, et il entendit une voix qui annonçait: « Celui-ci est Mon Fils unique, le Fils de Dieu ».

A l’époque de l’invasion française, en 1812, le père Alexis priait pendant la Liturgie, afin que le Seigneur accordât à la Russie la victoire sur l’ennemi, et il vit soudain un Ange, envoyé de Dieu, qui lui annonça que les puissances célestes s’étaient mises en mouvement pour venir en aide à la Russie et que l’ennemi serait anéanti.

Une fois, au moment de l’épiclèse, lorsque, selon l’usage russe, le père Alexis prononça la prière« Seigneur, qui envoya Ton Très-saint Esprit la troisième heure sur Tes apôtres… », il entendit une voix descendant du ciel sur le Corps et le Sang du Christ, disant « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé ».

Neuf années avant son trépas, Saint Alexis se retira de toute occupation paroissiale et familiale pour s’installer dans une cellule, dont l’unique fenêtre donnait sur l’église. Eloigné de tout souci du monde, le père Alexis se consacra uniquement à la prière. Les siens ne dérangeaient sa solitude que dans des cas très rares.

Le père Alexis avait alors l’aspect d’un vieillard décrépit et courbé. On dit que son visage était très semblable à celui de Saint Séraphim de Sarov. Ses yeux reflétaient la paix et l’amour. Sa joie spirituelle intérieure illuminait tout autour de lui. Son regard était pénétrant. On avait l’impression qu’il voyait à travers chaque homme et qu’il lisait ses plus secrètes pensées. Le père Alexis était petit et très maigre. Sa voix était faible et douce, tant dans la vie courante que lorsqu’il célébrait l’office divin. Il s’habillait très simplement, portant un simple kaftan. Les trente dernières années de sa vie, il ne prenait plus de bains, et, à la fin, il portait un cilice, avec lequel il fut enterré selon son souhait. Il dormait sur une simple toile. Dans sa vieillesse, à cause de ses longues stations debout, il fut malade des jambes.

Dans sa petite cellule ne se trouvaient qu’un petit poêle, un lit primitif, une table avec quelques chaises,un lutrin placé devant une icône avec une veilleuse allumée.

Sa principale occupation était la prière et l’accomplissement des offices liturgiques. Selon le commandement de l’apôtre, le père Alexis priait sans cesse. Bien qu’il observât, déjà auparavant, le typicon monastique, , il accomplissait maintenant, en cellule, les offices dans leur intégralité. A quelque heure que l’on aille à sa rencontre, il était plongé dans la prière. Il n’aimait pas raccourcir les offices et était fort sévère envers la négligence dans l’accomplissement de ceux-ci. Il ne prenait de la nourriture qu’une seule fois par jour. Il ne mangeait jamais de viande. Le mercredi et le vendredi, il ne mangeait aucune nourriture cuite. Il observait strictement les carêmes et ne prenait ni poisson, ni huile lorsque cela était permis. La première et la dernière semaine du Grand Carême, personne ne sait comment il se nourrissait : à sa demande, on ne lui apportait alors aucune nourriture.

Si grande étaient sa foi et son amour envers Dieu, si profondes et sincères étaient ses prières, que l’ennemi du genre humain ne pouvait le laisser en paix et, par conséquent, lui envoya de nombreuses épreuves. Le père Alexis les mentionna à l’higoumène Marie déjà citée. C’est ainsi qu’au moment des prières nocturnes et des métanies, l’ennemi l’élevait de terre et le lâchait sur le sol, seul le secours de Dieu pouvant le protéger. Lorsque, par faiblesse humaine, le sommeil le prenait, les démons ne le laissaient pas tranquille, mais l’éprouvaient par diverses visions :« Pourquoi dors-tu, le Roi vient », ou « Il y a un incendie dans ta cellule, et tu vas périr ! » Chaque fois, se réveillant, le père Alexis faisait des métanies ou lisait le Psautier et renforçait ainsi sa faiblesse corporelle. Dans les notes qu’il a laissées, on peut lire :« Dieu a permis que des épreuves m’adviennent, et des démons nombreux sont descendus. A peine ai-je pu me délivrer de ceux-ci par le nom du Seigneur Dieu. A peine ai-je pu célébrer la Liturgie et m’opposer à eux, mais la Très Pure Mère de Dieu, les Anges et les saints du Christ m’ont secouru. Si j’ai été éprouvé par les afflictions et les souffrances de la part des démons, ainsi que des visions nocturnes par la permission Divine, c’est en raison de mes graves péchés. Par la grâce de Dieu, je fus sauvé ». Une fois, les épreuves diaboliques furent telles que le père Alexis pria devant l’icône du Sauveur,afin qu’Il prît son âme. En réponse à cette prière, le père Alexis vit des larmes couler sur l’icône et entendit une voix qui lui promettait la couronne des justes.

De la même façon que le père Alexis chassait les épreuves par la prière et par le jeûne, il apprenait aux autres à lutter avec eux et à croire fermement dans l’aide de Dieu. Voici, par exemple, ce qu’il écrivait à Mère Marie dans l’une de ses lettres :« Patiente et espère dans l’aide de Dieu, grâce à laquelle tu peux vaincre toutes les attaques de l’ennemi des âmes humaines. S’il n’y avait pas d’épreuves, il n’y aurait point de couronnes. Le militaire est décoré parce qu’il lutte pour sa patrie, corps à corps contre l’ennemi. L’ennemi de notre âme est bien plus dangereux que tous ces ennemis qui se manifestent lors des batailles habituelles ».

S'adonnant au jeûne et à la prière, le père Alexis, les dernières années de sa vie, n’allait nulle part, si ce n’est à l’église. Tout le reste du temps, il restait dans sa cellule. Jusqu’à ce qu’il se retire, le père Alexis se rendait avec empressement et grande joie chez tous ceux qui lui demandaient des offices(baptêmes, offices d’intercession etc…). Par contre, il refusait les invitations, il n’aimait pas perdre son temps à des choses inutiles, détestait les conversations futiles. 
Les propriétaires terriens de la région, et même des provinces voisines, le vénéraient pour sa sainte vie. Ils se rendaient chez lui, lui écrivaient des lettres, demandaient sa bénédiction. A peine après avoir fait sa connaissance, tous le reconnaissaient comme un grand saint, un homme de prière qui avait le don de guérison.

Voici un exemple de ces guérisons. Dans les années quarante du XIXè siècle vivait dans la ville de Kourmycha la famille Rastriguine.Leur fille Tatienne était paralysée des deux jambes. Ayant entendu parler de las ainteté du père Alexis, les parents décidèrent de se rendre chez lui pour lui demander de prier pour l’enfant. La fillette avait alors six ans. Bien qu’ils eussent les moyens de louer des chevaux, ils décidèrent de se rendre à pied à Bortsurmana, éloignée de vingt cinq verstes, portant l’enfant sur leurs bras.Ils arrivèrent le soir chez le père Alexis qui, dès qu’il vit la fillette,l’appela par son nom, alors qu’il ne l’avait jamais vue auparavant. Il lui posa la main sur sa tête, les bénit tous et pria avec eux. Le lendemain matin, il pria à nouveau et oignit les jambes de la fillette avec de l’huile de la veilleuse qui brûlait devant l’icône. Les bénissant, il les renvoya, disant qu’il prierait pour eux. Lorsque la mère, portant sa fille, avait parcouruvingt verstes depuis Bortsourmana, la fillette demanda qu’on la laissât descendre à terre. La mère savait bien que la fillette ne pouvait point bouger,et sa demande l’attrista à ce point qu’elle pleura. Néanmoins, elle se plia au désir de sa fille. A son grand étonnement, elle vit que celle-ci, rampait et avançait. Elle la prit à nouveau et la laissa encore plusieurs fois descendre à terre suite à sa demande instante, et chaque fois, elle marchait de mieux en mieux. Finalement, arrivée à Kourmycha, la fille, tenant bien sur ses jambes, était entièrement guérie.

Un autre miracle mérite d’être mentionné. Un garçonnet de la paroisse du père Alexis mourut. Tous les villageois l’aimaient. On retarda l’enterrement d’une semaine, jusqu’à ce que se fissent sentir les premiers signes de décomposition du corps.C’est alors que l’on apporta le cercueil à l’église et que l’on commença l’office des funérailles. Le père Alexis, en raison de l’abondance de ses larmes,ne pouvait célébrer. De même, les chantres ne pouvaient chanter. Le père Alexis se tenant dans le sanctuaire face à l’Autel, les bras élevés, et clama versDieu : « Mon Dieu, mon Dieu, Tu vois que je n’ai pas la force de donner à cet enfant le dernier baiser. Ne permets pas que Ton serviteur, un vieillard, un prêtre, sorte honteux de ton église, que l’ennemi du genre humain se moque de Ton Serviteur me voyant interrompre cet office... Sois attentif aux soupirs et aux pleurs de Ton peuple, sois attentif aux souffrances du cœur desparents, sois attentif à la demande d’un vieux prêtre… Ne nous enlève pas cet enfant que Tu nous as donné pour nous corriger, pour nous raisonner, pour glorifier Ton Saint Nom… N’est-ce pas Toi, Seigneur, qui a dit que tous ce que nous Te demanderons avec foi, Tu nous l’accorderas… O Dieu Juste, nul dans cette église ne pourrait aller vers cet enfant pour lui donner le dernier baiser.. Et moi non plus, le vieillard, je n’ai pas cette force. Notre Dieu,aie pitié de nous, exauce-nous, notre Seigneur et Dieu… » Soudain, le calme revint dans le sanctuaire. Quelques instants après, le prêtre tomba à genoux et tous entendirent : « Seigneur, ressuscite cet enfant, car Tu peux tout… j’ose non pas par orgueil, mais par humilité… » Suite à cela,on entendit un cri perçant. Regardant tout autour de lui, le prêtre vit que le garçonnet était assis et regardait de tous les côtés. Le père Alexis s’agenouilla à nouveau devant l’Autel, afin de rendre grâce à Dieu pour le miracle qui s’était accompli, et ensuite, s’appuyant sur le bras du diacre,il s’approcha en silence du cercueil. Donnant la sainte Communion à l’enfant,il le remit à ses parents qui le ramenèrent à la maison. Le père Alexis demanda qu’on lui apportât une chaise au milieu de l’église et, s’étant assis, il célébra un moleben au Sauveur et lut l’acathiste à la Mère de Dieu. En raison du choc et de l’émotion, il ne pouvait plus se tenir debout, ni sortir de l’église. C’est sur cette chaise qu’on le ramena chez lui et on l’étendit sur un lit, où il resta toute la semaine. Après ce miracle, le père Alexis vécut encore trois ans, et l’enfant, six ans.

Une autre fois, on amena à Bortsurmana un possédé, en bonne santé, de grande taille, lié aux mains et aux pieds par des chaînes en acier. Ses parents et lui, séjournèrent dans une izba, non loin de la cellule du père Alexis.Alors que le possédé dormait, ses parents, outre les chaînes, le lièrent encore avec des cordes. La nuit, toute la maison fut réveillée par un bruit et des cris terribles. Le possédé avait brisé tous ses liens et c’est à grand peine que quatre personne pouvaient le maîtriser. Le matin, on le conduisit chez le père Alexis, qui l’étendit sur le sol, lui demanda de se lever, et commença à lire les prières sur lui, le bénit, puis le renvoya, demandant qu’on le lui ramenât le lendemain matin. Il sortit de là tout à fait calme, et passa une nuit tranquille. Le lendemain, le père Alexis l’étendit à nouveau sur le sol,mais ne lui lut rien cette fois. Il lui posa sur la poitrine l’icône de la Mère de Dieu de Smolensk, devant laquelle il priait toujours lui-même. Ensuite, il le bénit et le laissa partir en paix. Avant même d’avoir quitté Bortsurmana, on ôta les chaînes de cet homme, et il partit chez lui guéri.

En général, de partout on amenait fous et de possédés chez le père Alexis, et ils recouvraient la santé par ses prières.

Nombreux furent les miracles après sa mort. On posait les malades sur sa tombe, ou bien on célébrait des panyhides pour le saint, et les guérisons s’ensuivaient. En 1908,le fils de Vera Pazoukhine, Alexandre bénéficia de sa prière. Dans la ville où ils vivaient, l’adjoint du confiseur, pour se venger du cuisinier, versa dans le chocolat destiné aux bonbons un poison très violent. Il y eut beaucoup d’empoisonnements dans la ville. La famille de Vera consomma ces bonbons, mais le poison s’étant déversé en quantités inégales, seul son fils Alexandre fut atteint. Le médecin constataque l’état du garçon était désespéré, et dit qu’il viendrait le lendemain et seulement pour soutenir Véra dans son malheur. Celle-ci versa un peu de terre de la tombe du père Alexis dans de l’eau et versa le liquide dans la bouche du petit Alexandre. Le lendemain, le médecin demanda à Véra : « A quelle heure l’enfant est-il mort ? » « Il est vivant », répondit la mère. « C’est un miracle de Dieu », dit à son tour le médecin.

Dans le village de Maïdan vivait Liouba Kouzkine. Depuis sa naissance, sa vue était faible, et ses jambes ne bougeaient pas. Elle avait environ dix ans lorsque l’église de Bortsurmana fut détruite par les bolcheviques. Mais sa mère, Anastasie, ayant entendu les nombreux miracles survenus par les prières du saint, amena sa fille sur la tombe de celui-ci et chanta, comme elle le pouvait, l’office de la panykhide (le prêtre du village ayant été arrêté). Lorsqu’elle revint à la maison, la fille était guérie, elle pouvait marcher, et sa vue était corrigée.

Après que l’église fût détruite, les miracles et les guérisons non seulement ne cessèrent point, mais se multiplièrent. Les athées tentèrent maintes fois de détruire la tombe, mais la vénération du thaumaturge dans le peuple, l’évidence même des miracles –lorsque les malades d’un cancer incurable étaient guéris – tout cela contraignit le pouvoir à céder.

Le père Alexis était non seulement thaumaturge, mais avait également le don de clairvoyance. Une fois,Elisabeth Pazoukhine vint voir le père Alexis, car elle était sans nouvelle de son mari, parti à Moscou. Comme s’il ne l’entendait pas, le père Alexis lui dit : « N’ayez point de chagrin pour Catherine (la sœur cette femme),elle a assez souffert, il est temps qu’elle se repose ». « Pourquoi me parlez-vous de Catherine, comme d’une défunte ? Certes, sa santé est mauvaise, mais elle n’est pas morte, elle est en vie ». Le père Alexis lui répéta : « N’ayez point de chagrin pour elle, elle a beaucoup souffert, et maintenant, elle se repose ». Il s’avéra pas la suite que son mari était en vie et qu’il avait été retenu à Moscou par Catherine, qui mourut,de façon inattendue. Et elle mourut au jour et à l’heure mêmes où le père Alexis avait parlé à sa sœur.

Une femme du nom de Pélagie Tiourine était battue par son mari. Non seulement la pauvre femme, mais tout son entourage était persuadé qu’un jour, il la tuerait. Une fois, dans un profond désespoir, elle se rendit chez le père Alexis. Priant avec elle, il la renvoya en paix, lui disant que jamais plus son mari ne la toucherait, ne serait-ce qu’avec le petit doigt. A son grand étonnement, il en fut ainsi.

A partir du 1erjanvier 1848, le père Alexis vit ses forces le quitter. Il ne lui était plus possible de célébrer les offices liturgiques, et, à sa demande, ses proches l’emmenaient à l’église. Malgré cela, il considérait comme un grand péché de ne pas recevoir ceux qui venaient à lui, et il acquiesçait à leurs demandes. Ses forces l’abandonnèrent définitivement le Grand Jeudi 1848, et, communiant aux Saints Mystères chaque jour, il acheva sa vie pleine d’épreuves. Le jour de son bienheureux trépas, il s’assit devant sa fenêtre et bénit la foule qui, sur la place, étaient venue lui faire ses adieux. Beaucoup se tenaient agenouillés,d’autres pleuraient calmement. Le père Alexis les bénit jusqu’au moment, où son bras s’abaissa pour ne plus jamais se relever. Jusqu’à ce que ses yeux se ferment, il ne cessa pas de prier pour son troupeau.

Le père Alexis fut enterré dans le jardin de l’église, contre le sanctuaire.

Selon le prêtre deBortsourmana, il ne se passait pas un dimanche, pas une fête, où l’on ne célébrât pas de panykhide sur la tombe du père Alexis. Presque tous prenaient de la terre de sa tombe.

Saint Séraphim de Sarov, avait une très haute estime pour les labeurs ascétiques de ce saint de Dieu. Bien qu’il ne l’eût jamais rencontré, il le connaissait bien par son don de clairvoyance et disait de lui les paroles suivantes : « Cet homme, par ses prières, est semblable à un cierge, allumé devant l’Autel de Dieu. Cet homme laborieux, bien que n’ayant point prononcé de vœux monastiques, est plus élevé que beaucoup de moines. Il est comme une étoile qui brille dans l’horizon chrétien ». Lorsque des fidèles de la région où vivait le père Alexis, venait voir le père Séraphim, il les renvoyait chez eux, les persuadant humblement qu’ils avaient leur intercesseur ardent auprès de Dieu, le prêtre du village de Bortsourmana, le père Alexis qui n’était en rien inférieur à lui, le père Séraphim.


Traduction du russe & version française 
de Bernard Le Caro
que nous remercions chaleureusement.

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