"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 4 décembre 2023

Le martyre d'Abd al-Masih


 Qays al-Ghassani n'est pas canonisé et vous ne trouverez sa commémoration dans le calendrier d'aucune Église patriarcale ou autocéphale. Son martyre est enregistré dans un manuscrit arabe du Xe siècle du monastère de Sainte-Catherine sur le Mont Sinaï (Sinai Arabic +542). Ce qui suit sera une traduction de ce dossier.

Le martyre d'Abd al-Masih, supérieur du Mont Sinaï (Qays al Ghassani)

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, un seul Dieu.

C'est le martyre de notre père. Saint 'Abd al-Masih, supérieur du Mont Sinaï, qui fut martyrisé à al-Ramlah.

Il y avait un homme des chrétiens de Najran [1 ]appelé Qays ibn Rabi' ibn Yazid al-Ghassani[²], de l'élite des Arabes chrétiens. Il était exemplaire dans le culte et comprenait ses prérogatives et ses obligations. Un jour, quand il avait vingt ans, il sortit, avec l'intention de prier à Jérusalem, aux côtés des pèlerins vinrent des musulmans du peuple de Najran qui étaient résolus à faire des raids. Pendant qu'il était en leur compagnie, ils l'ont continuellement trompé et ont cherché à le faire trébucher, le résultat étant qu'il alla faire des raids avec eux.

[Qays] était la personne la plus habile à tirer une flèche, la meilleure des créatures à frapper avec une épée ou à poignarder avec une lance. L'ignorance, la jeunesse et la compagnie maléfique l'ont tellement entraîné qu'il entra avec les pillards en territoire byzantin. Il participa au djihad avec eux : il combattit, tua, pilla, brûla et piétina chaque tabou comme ils le faisaient. Et il pria avec eux. [³] Il les surpassait dans la sévérité de sa rage et dans la dureté de son cœur contre les Byzantins. Il continua de cette façon pendant treize ans, s'adonnant à des raids chaque année.

Lorsque ces années furent écoulées, il se rendit dans l'une des villes de Syrie pour y passer l'hiver. Il entra dans Baalbek [4] à midi, et sur son cheval, il alla directement à l'église. En entrant, il vit un prêtre assis à la porte de l'Église, lisant l'Évangile. Il s'assit à ses côtés pour l'écouter et lui dit : « Qu'est-ce que tu lis, ô prêtre ? » Le prêtre répondit, disant : « Je lis l'Évangile. » Et il lui dit : « Traduis [5] pour moi ce que tu lis. » Et il  traduisit pour lui disant : «Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi. » [6]

Dès qu'il avait lu ceci [Qays] commença à pleurer, se souvenant de ce qu'il avait été et de ce qu'il était devenu. Lorsque ses pleurs prirent de l'intensité, le prêtre lui dit : « Jeune homme, quel est ton problème ? » al-Ghassani lui dit : « Ne me reproche pas mes pleurs. J'étais autrefois parmi les adeptes de cet Évangile, mais aujourd'hui je suis parmi ses ennemis. Écoute mon histoire, jusqu'à ce que je te la fasse connaître. »

Lorsqu'il fit connaître son récit au prêtre, le prêtre lui dit : « Qu'est-ce qui t'empêche, si tu as des remords, de revenir et de te repentir ? » al-Ghassani lui dit : « L'affaire est extrêmement importante. Je sais des choses sur moi-même que les montagnes et les deux Terres [sic] ne peuvent pas supporter. » Le prêtre lui dit : « N'as-tu pas entendu l'Évangile dire : « Les choses qui sont impossibles aux hommes sont possibles à Dieu ? » [7] Il dit aussi que « la joie sera au ciel pour un pécheur qui se repent, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf personnes justes, qui n'ont pas besoin de repentir. »[ 8] Oui, mon frère bien-aimé, sache que Dieu est plus empressé pour nous que nous ne le sommes pour Lui ! Tu as lu l'Évangile, comme tu me l'as mentionné. Souviens-toi du voleur [9] et du fils prodigue ! » [10

Le jeune homme se leva et pria dans l'Église, dégaina son arme, la jeta devant l'autel et promit à Dieu qu'il ne reviendrait à aucun aspect de sa vie antérieure. Le prêtre accomplit pour lui la sanctification [¹¹] pour le pardon des péchés. Puis il sortit, vendit son cheval et son arme, et distribua les bénéfices aux pauvres. Le prêtre célébra la Liturgie et le communia. Puis [Qays] échangea [le baiser de] la paix avec lui et sortit, se dirigeant vers Jérusalem.

Quand il arriva, il revêtit le costume noir [semblable aux moines] et alla chez le patriarche, Abba Jeann, et lui fit connaître son histoire. Le patriarche le consola et le raffermit, se réjouit pour lui et pria pour lui, et l' envoya à la Laure de saint Sabbas [¹²], au supérieur du monastère, afin qu'il fasse de lui un moine. Il y alla et devint moine, et [le supérieur] le mit sous la charge d'un maître spirituel. Il y resta cinq ans.

Après cela, il sortit et effectua un tour des monastères dans les environs de Jérusalem. Et après cela, il alla au Mont Sinaï, et y résida aussi pendant un certain nombre d'années, dans une dévotion stricte et au service des moines et empli de sollicitude pour eux, de sorte qu'il venait régulièrement à Aylah [¹³ ] à cause de la taxe kharaj sur la succession de Qasr al-Tur [¹4], ainsi que de la taxe kharaj sur les chrétiens de Pharan et de Raitho. [¹5] En raison de ce que les moines virent de sa sollicitude, ils le nommèrent leur intendant. Il resta là pendant cinq ans.

Après cela, il conçut un désir de faire connaître son affaire. [¹6] Ainsi il sortit à al-Ramlah,[¹7 ]et avec lui deux moines vertueux qui s'étaient donnés à lui pour l'accompagner et le servir. Il écrivit une lettre comme suit : « Je suis Qays ibn Rabi ibn Yazid al-Ghassani al-Narjani. Mon histoire est telle ou telle. Je suis devenu chrétien et moine, par mon aspiration et mon désir de christianisme. Je loge dans l'église. Si vous me voulez voir, cherchez-moi là-bas. »

Il a jeta la lettre dans la mosquée communale d'al-Ramlah. Puis il alla avec les deux moines s'asseoir dans l'église inférieure, Saint Cyriaque.

Quand [les musulmans] eurent lu la lettre dans la mosquée, ils élevaient un dīn [¹8], et un groupe d'entre eux sortit jusqu'à ce qu'ils atteignent l'Église inférieure. Ils firent le tour de l'Église, à l'intérieur et à l'extérieur, de haut en bas, pendant qu'il était assis [là] avec les deux moines. Ils ne le virent pas parce que Dieu les aveugla. Il se leva et marcha devant eux pour qu'ils le voient, mais [encore] ils ne le virent pas ! Ils allèrent à l'Église supérieure pour le chercher, puis s'en retournèrent à l'église inférieure. Ils ne furent pas en mesure de le saisir - malgré le fait qu'ils le bousculaient - parce que Dieu les avait aveuglés. Les deux moines lui disaient : « Notre père, Dieu n'a pas voulu leur faire connaître ton affaire. S'il avait su que tu devais subir [le martyre] aujourd'hui, Il t'aurait fait connaître. Par conséquent, si Dieu ne le désirait pas, ne résiste pas à l'ordre de Dieu ! »

Il resta à al-Ramlah pendant trois jours, puis partit pour Édesse [¹9], puis retourna au Mont Sinaï.

Ils découvrirent que le supérieur du monastère était mort, et les moines cherchèrent à le faire supérieur sur le Mont. (Son [nouveau] nom lorsqu'il devint moine était 'Abd al-Masih.[ ²0]) Et il demeura comme supérieur sur le Mont Sinaï pendant sept ans.

Il se trouve que le responsable de la taxe kharaj avait traité le Mont injustement. (Le kharaj à cette époque se trouvait en Palestine.) Par conséquent, ['Abd al-Masih] sortit avec un groupe de moines, à destination d'al-Ramlah. Lorsqu'ils atteignirent un endroit appelé Ghadyan, ils  découvrirent des compagnies de pèlerins venant de leur pèlerinage. [²¹] Alors qu'une compagnie les dépassait, un homme qui en faisait partie vit ['Abd al-Masih] et le reconnut, car voici, c'était l'un de ses compagnons des années où il avait participé aux raids ! Il s'accrocha à lui et dit : « N'es-tu pas Qays al-Ghassani ? » Il lui dit : « Je ne sais pas ce que tu dis. »

Mais l'homme cria et fit une clameur, et les membres de son groupe se rassemblèrent à ses cris. Il dit au peuple : « Ce moine était avec moi pendant des années dans les raids, et avait l'habitude de nous conduire dans la prière. C'est un homme des Arabes, et c'était mon compagnon. Il a déjà reçu une blessure au sommet de son épaule. Cherchez-le, et si vous ne le trouvez pas comme je l'ai dit, alors je suis un menteur ! »

Ils le dépouillèrent de son manteau et de sa soutane, et trouvèrent la cicatrice comme il le leur avait dit. Ils le lièrent donc avec les cordes des bêtes, et le joignirentà ses moines compagnons, qui étaient au nombre de trois. Ils délièrent ses liens et, la nuit, le supplièrent de s'enfuir, lui disant : « Nous resterons avec eux, pour faire avec nous ce qu'ils veulent, et nous nous offrirons à ta place. » Il leur répondit disant : « Il est plus approprié que je sois votre rançon, par moi-même. »

Quand ils s'approchèrent d'al-Ramlah, le maudit monta sa bête et alla au-devant d'eux dans al-Ramlah. Il rassembla une foule, alla chez le gouverneur et l'informa de ce qui s'était passé dans le cas du moine. [Le gouverneur] ordonna à une unité de cavalerie de l'accompagner, jusqu'à ce qu'ils rencontrent [le moine] en route, l'escortent jusqu'à al-Ramlah et l'amène chez le gouverneur.

Le gouverneur lui dit : « Honte à toi ! Car tu es un homme de haute naissance et de haute dignité ! » Abd al-Masih répondit : « La honte de la part du Christ, mon Dieu, est plus convaincante que la honte de ta part ! Fais ce que tu veux. »

Et [le gouverneur] a demandé aux gens de témoigner contre lui, et un groupe de gens témoigna de ce qu'ils ne savaient pas. Puis il l'emprisonna pendant trois jours. Après cela, il le fit sortir et lui offrit de rejoindre  l'Islam, mais ['Abd al-Masih] ne l'accepta pas de sa part, et [sa] réponse offensa l'audience [du gouverneur]. À ce sujet, il enragea et ordonna qu'il soit décapité. Et en effet, ils le firent. Puis [le gouverneur] ordonna que [son corps] soit caché aux chrétiens et brûlé. Ils le portèrent donc  jusqu'à ce qu'ils atteignent un puits à Balighah, qui avait été asséché. Ils y jetèrent son corps, y jetèrent de grandes quantités de bois et y allumèrent un feu qui consuma le bois. Ils mirent une garde dessus pour que les chrétiens ne volent pas [sa dépouille].

Lorsque neuf mois se furentnt écoulés, des moines du Mont Sinaï sortirent et parlèrent de lui avec des groupes du peuple d'al-Ramlah. [Le peuple d'al-Ramlah] était extrêmement anxieux à ce sujet, craignant à la fois le sultan et la profondeur du puits (parce qu'il était d'une trentaine de brasses de profondeur). Mais dix jeunes hommes forts décidèrent de courir le risque [de récupérer le corps]. Ils préparèrent une corde et un grand panier,  allèrent à l'église inférieure et y passèrent la nuit jusqu'à ce que les gens dorment. Puis ils prirent des bougies et du feu et partirent, et avec eux les moines. Ils attachèrent un moine avec le panier au bout de la corde, et le descendirent [dans le puits], le feu et les bougies dans sa main. Quand il atteignit le fond, il alluma les bougies et fouilla, jusqu'à la profondeur de son genou, les cendres du bois qu'ils avaient jeté sur lui. La première chose qui apparut de ['Abd al-Masih] fut son crâne, qui brillait comme de la neige. Puis il fit sortir le reste de son corps : le feu ne l'avait pas brûlé et ne lui avait causé aucun dommage. [Le moine] s'en réjouissait extrêmement, et son émerveillement fut grand. Il prit un de ses bras et le cacha, et prit également  certains de ses os, puis mit le reste dans le panier et les appela à le tirer vers le haut.

Quand ils l'eurent remporté, tous ceux qui étaient au-dessus s'emparèrent de sa dépouille [ses restes] et s'enfuirent vers l'église inférieure. Trois d'entre eux retèrent en arrière  derrière et remontèrent le moine [du puits]. Quand ils l'eurent remonté, ils allèrent à Saint Cyriaque et trouvèrent [leurs compagnons] qui se disputaient [les reliques]. Le moine qui avait été en dessous leur résista continuellement jusqu'à ce qu'il puisse prendre sa tête, et ils lui laissèrent le bras qu'il avait pris dans le puits. Puis ils enterrèrent ['Abd al-Masih] dans le diaconicon, à l'exception de l'avant-bras et de la cuisse, qu'ils ogardèrent afin d'amener [le martyr] au peuple afin qu'ils puissent recevoir une bénédiction par lui. Et les moines partirent pour la montagne avec sa tête, et là ils célébrèrent sa fête.

Son martyre eut lieu le 9 mars. C'est pourquoi chantons donc la louange du Père et du Fils et du Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Amen.



Monastère de Sainte-Catherine, siège de l'archevêché du Mont Sina
La vie de saint Qays est comme celle de beaucoup d'autres. Il est né chrétien, mais est tombé dans l'apostasie, s'engageant dans de nombreux péchés jusqu'à son repentir soudain et son appel à la vie monastique. Sa vie est très similaire à celle de saint Nicodème l'Albanais, qui était aussi musulman, qui retourna au christianisme, devint moine et devint martyr. Saint Qays est également un regard unique mais bref sur le christianisme en Arabie du Sud, parce que nous ne connaissons que des fragments de ce royaume conservés dans la vie de saint Grégoire d'Omirits, de Saint Elesbaan d'Éthiopie et du Saint Martyr Arethas.

J'ai publié cette histoire pour la faire connaître davantage. Nous devrions apprendre à connaître nos saints moins connus afin d'avoir un autre intercesseur au Ciel.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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  1. Narjan était un éminent centre chrétien dans le sud de l'Arabie, et était généralement sous le contrôle de ce qu'on appelle maintenant le Yémen. Le christianisme fut dispersé par les hordes islamiques envahissantes. De nombreux Arabes chrétiens s' enfuirent en Syrie, où ils s' installèrent parmi les Ghassanides arabes chrétiens. C'est pourquoi beaucoup sont connus sous le nom adjectif de « al-Ghassani » qui signifie « le Ghassanide ».
  2. « ibn » est la nomenclature arabe définissant la lignée paternelle. Un arabe se fait donner un nom pour être identifié par son père. Ainsi, le nom "Qays ibn Rabi' ibn Yazid al-Ghassani" signifie "Qays, fils de Rabi", fils de Yazid le Ghassanide".
  3. Il est interdit à un chrétien de prier avec un païen, un juif ou un hérétique. Le manuscrit souligne cette prière avec les musulmans comme un péché à côté du meurtre et du pillage.
  4. Baalbek est maintenant contrôlé par le Liban moderne.
  5. La cause la plus probable du besoin de traduction était que la langue commune byzantine était le grec et que la plupart de la littérature chrétienne était produite en grec. La langue de l'Église d'Antioche était principalement grecque, de sorte que leurs évangiles seraient également reproduits en grec.
  6. Matthieu 10:37 et Luc 14:26
  7. Luc 18:27
  8. Luc 15:7
  9. Luc 23:39–43
  10. Luc 15:11-32
  11. Le mot arabe utilisé ici est « unsmun » qui n'a pas de traduction directe. C'est très probablement un mot emprunté au mot grec "hagiosmon" (αγιοσμών) qui signifie sanctification. En disant que le prêtre a accompli la "sanctification", cela signifie probablement le rituel de restauration d'un apostat, qui implique la confession, une prière de pardon et la Chrismation.
  12. La Grande Laure de Saint-Sabas, également connue en arabe et en syriaque sous le nom de « Mar Saba », est un monastère orthodoxe situé en Palestine surplombant la vallée de Kidron, entre Bethléem et la mer Rouge. Il a été créé par saint Sabbas le Sanctifié en 483.
  13. Connue aujourd'hui sous le nom de ville d'Aqabah en Jordanie.
  14. C'est-à-dire les terres agricoles à proximité du Mont Sinaï (al-Tur, « le mont »).
  15. Pharan et Riatho sont des communautés monastiques chrétiennes de la péninsule du Sinaï. Celles-ci sont distincts de l'emplacement de Sainte-Catherine, mais aujourd'hui, elles sont toutes sous la juridiction commune de l'higoumène de Sainte-Catherine, qui est généralement aussi l'archevêque du Sinaï.
  16. C'est-à-dire qu'il voulait faire une profession publique de sa reconversion au christianisme.
  17. Une ville construite au début du VIIIe siècle pour servir de capitale provinciale de la Palestine, située près de (et remplaçant) l'ancienne ville de Ludd=Lod=Lydda/Diospolis, célèbre à l'époque chrétienne pour son sanctuaire de Saint-Georges.
  18. Dīn (ou Deen) est un mot arabe qui, dans la terminologie islamique, fait référence à une contrainte d'adhérer à la loi islamique, et peut être traduit par "jugement", mais a d'autres connotations dans d'autres contextes.
  19. Aujourd'hui Urfa en Turquie, Edessa était un centre majeur du christianisme mésopotamien en langue syriaque. Alors qu'au moment de cette histoire, Edesse était surtout connue pour sa communauté jacobite (anti-chalcédonienne), il y avait aussi une communauté melkite (chalcédonienne) là-bas.
  20. « Abd al-Masih est l'arabe pour « serviteur du Christ », Christodoulos en grec.
  21. C'est-à-dire les pèlerins musulmans revenant de La Mecque.

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