"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 28 janvier 2018

Hiéromoine Ignace: VIE DU SAINT CONFESSEUR DOSITHÉE (VASIĆ), MÉTROPOLITE DE ZAGREB (1878-1945) (7)


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Pose de la première pierre du monastère Sainte-Parascève à Zagreb en 1938.

Le combat du concordat
En Yougoslavie même, alors que l’État était en proie aux tensions dues au séparatisme croate, tout en subissant des pressions de l’Axe et notamment de l’Italie, une épreuve de force majeure allait opposer le Gouvernement yougoslave à l’Église orthodoxe. Afin d’apaiser les tensions intestines et les pressions extérieures, le Premier ministre Stojadinović avait conclu un concordat avec le Vatican. Ayant perdu sa position d’interlocuteur privilégié de l’État dans le domaine religieux, l’Église orthodoxe se voyait reléguée par ce concordat en deuxième position, derrière l’Église catholique-romaine en Yougoslavie. L’opposition vigoureuse de l’Église orthodoxe serbe au concordat se solda par la « procession sanglante », comme on avait désigné une manifestation du clergé que la police réprima durement dans les rues de Belgrade en 1937. Lors de cette crise, selon les paroles du patriarche Gabriel[1], « le travail du patriarche Barnabé, malade, était accompli par son remplaçant, à savoir le métropolite Dosithée, comme le prévoyaient les statuts de l’Église orthodoxe serbe. On doit lui attribuer la plus grande reconnaissance dans ce difficile combat [du concordat]. Il a mené toute la campagne du concordat avec habileté, autorité et correction, préservant les intérêts de l’Église orthodoxe serbe comme nul autre. Contre lui ont été rédigés différents pamphlets par les partisans du gouvernement royal [qui soutenaient le concordat], ce qui ne l’a pas empêché de conduire courageusement la lutte contre le concordat, comme il pouvait le concevoir au mieux. Il ne se laissa pas tromper, ni permettre d’être dévié de la voie des intérêts de l’Église serbe et de sa lutte. En l’absence du patriarche Barnabé malade, il a servi l’Église serbe jusqu’à la fin… Il a porté un immense fardeau sur ses épaules, ce n’était pas facile de le faire… ». Après une âpre lutte, le gouvernement renonça à son projet, en voyant qu’il était impossible de faire passer une loi contre l’avis du peuple et de l’Église. C’est alors que le métropolite Dosithée mena des négociations couronnées de succès avec le ministre de la justice Stojadinović. En effet, un accord fut obtenu, visant à la réconciliation de l’Église et de l’État.

En juillet 1937, le patriarche Barnabé mourut. C’est alors que le métropolite Dosithée proposa au métropolite Gabriel (Dožić) du Monténégro de présenter sa candidature au poste de patriarche. Le métropolite Gabriel écrivit dans ses mémoires : « Je lui ai demandé pourquoi il n’acceptait pas d’être candidat et me le proposait. Il me répondit : « Je suis trop épuisé par le travail lié à la lutte contre le concordat. Mes nerfs sont exténués. Mon état de santé ne me permet pas de le faire ».
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Version française Bernard Le Caro


[1] Mgr Gabriel (Dožić), fut patriarche de l'Église orthodoxe serbe de 1938 à 1950.



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