Pose de la première pierre du monastère
Sainte-Parascève à Zagreb en 1938.
Le combat du concordat
En Yougoslavie même, alors que l’État était
en proie aux tensions dues au séparatisme croate, tout en subissant des
pressions de l’Axe et notamment de l’Italie, une épreuve de force majeure
allait opposer le Gouvernement yougoslave à l’Église orthodoxe. Afin d’apaiser
les tensions intestines et les pressions extérieures, le Premier ministre Stojadinović avait conclu un concordat avec le Vatican.
Ayant perdu sa position d’interlocuteur privilégié de l’État dans le domaine
religieux, l’Église orthodoxe se voyait reléguée par ce concordat en deuxième
position, derrière l’Église catholique-romaine en Yougoslavie. L’opposition
vigoureuse de l’Église orthodoxe serbe au concordat se solda par la «
procession sanglante », comme on avait désigné une manifestation du clergé que
la police réprima durement dans les rues de Belgrade en 1937. Lors de cette
crise, selon les paroles du patriarche Gabriel[1],
« le travail du patriarche Barnabé, malade, était accompli par son
remplaçant, à savoir le métropolite Dosithée, comme le prévoyaient les statuts
de l’Église orthodoxe serbe. On doit lui attribuer la plus grande
reconnaissance dans ce difficile combat [du concordat]. Il a mené toute la
campagne du concordat avec habileté, autorité et correction, préservant les
intérêts de l’Église orthodoxe serbe comme nul autre. Contre lui ont été
rédigés différents pamphlets par les partisans du gouvernement royal [qui
soutenaient le concordat], ce qui ne l’a pas empêché de conduire courageusement
la lutte contre le concordat, comme il pouvait le concevoir au mieux. Il ne se
laissa pas tromper, ni permettre d’être dévié de la voie des intérêts de
l’Église serbe et de sa lutte. En l’absence du patriarche Barnabé malade, il a
servi l’Église serbe jusqu’à la fin… Il a porté un immense fardeau sur ses
épaules, ce n’était pas facile de le faire… ». Après une âpre lutte, le
gouvernement renonça à son projet, en voyant qu’il était impossible de faire
passer une loi contre l’avis du peuple et de l’Église. C’est alors que le
métropolite Dosithée mena des négociations couronnées de succès avec le
ministre de la justice Stojadinović. En effet, un accord fut obtenu, visant à
la réconciliation de l’Église et de l’État.
En juillet 1937, le patriarche Barnabé
mourut. C’est alors que le métropolite Dosithée proposa au métropolite Gabriel
(Dožić) du Monténégro de présenter sa candidature au poste de patriarche. Le
métropolite Gabriel écrivit dans ses mémoires : « Je lui ai demandé
pourquoi il n’acceptait pas d’être candidat et me le proposait. Il me répondit :
« Je suis trop épuisé par le travail lié à la lutte contre le concordat.
Mes nerfs sont exténués. Mon état de santé ne me permet pas de le faire ».
Version française Bernard Le Caro
[1] Mgr Gabriel (Dožić), fut patriarche de l'Église orthodoxe serbe
de 1938 à 1950.
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