19 juin / 2 juillet
4ème
dimanche après la Pentecôte
Saint Jude,
frère du Seigneur, apôtre (vers 80) ; saint Barlaam de Vag (1462) ; saint
Zosime, martyr en Pisidie (IIème s.) ; saint Païssios le Grand, moine en Egypte
(Vème s.) ; saint Jean l'ermite (VIème s.) ; saint Job, patriarche de Moscou
(1607).
Lectures : Rom. VI, 18–23, Мatth.
VIII, 5–13.
S
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aint Job naquit vers 1530, au
sein d’une pieuse famille de marchands, à Staritza, dans la région de Tver. Il
reçut sa première éducation dans le monastère de la Dormition de la Mère de
Dieu de cette ville et y devint moine. Pendant de longues années, il montra une
vie exemplaire et se distinguait en particulier par sa piété et sa capacité à
réciter de mémoire de nombreuses prières et des textes de l’Écriture. En 1559,
la tsar Ivan IV le Terrible visita le monastère et remarqua la culture et les
capacités du jeune moine. Quelque temps après Job fut nommé higoumène, et il
fut ensuite appelé à Moscou pour diriger le monastère de Simonov (1571), puis
celui de Novospassky (1575). C’est en cette qualité qu’il prit part aux
conciles de l’Église russe, en particulier celui qui statua sur les possessions
monastiques (1580). À cet égard le saint passa toute sa vie dans le plus strict
dépouillement, distribuant largement aux nécessiteux, et à sa mort on ne trouva
dans sa cellule que quinze roubles, des vêtements et quelques icônes. Il se
distingua par sa douceur, sa piété et sa prière continuelle, et il célébrait
quotidiennement la Divine Liturgie. Consacré évêque de Kolomna (1581), il fut
transféré, cinq ans plus tard, à Rostov et, le 11 décembre 1587, fut nommé
métropolite de Moscou. Depuis 1580, puisque le souverain avait reçu le titre de
tsar et que la Russie avait pris la relève de l’Empire chrétien, on avait
commencé à méditer le projet de donner à l’Église russe un patriarche. Le
patriarche de Constantinople, Jérémie II, vint à Moscou en 1588 et, à l’issue
des négociations menées par Boris Godounov, le tsar annonça que l’Église de
Constantinople avait accordé son consentement pour l’établissement du
Patriarcat de Moscou. Le concile de l’Église russe présenta trois candidats au
tsar Théodore Ioannovitch qui fixa son choix sur saint Job. Lors de son
intronisation, célébrée le 26 janvier 1589, le patriarche Jérémie, élevant
l’évangile au-dessus de la tête de Job, pria pour qu’il devienne un luminaire
inextinguible de la foi, puis ils concélébrèrent la Divine Liturgie. Peu après
saint Job éleva au titre de métropoles les évêchés de Novgorod, Kazan, Rostov
et Saraï, et il appointa dans les grandes villes des archiprêtres qui avaient
la charge de quarante paroisses. Malgré les nombreuses difficultés et le manque
de maîtres, il tenta d’organiser l’enseignement, corrigea les livres
liturgiques et les fit imprimer, pour la première fois, et cela même en temps
de famine. En Sibérie et dans les territoires d’Extrême-Orient qui venaient
d’être annexés à la Russie, le patriarche organisa des monastères à vocation
missionnaire et de nombreux indigènes demandèrent le baptême, si bien que c’est
à saint Job qu’on peut attribuer la christianisation de la Sibérie. Il fonda
plus de dix monastères, et chaque année de son patriarcat fut marquée par la
construction d’une nouvelle église à Moscou. Il œuvra aussi particulièrement
pour la vénération des saints russes, continuant l’œuvre de saint Macaire de
Moscou. À la mort du tsar Théodore (1598), saint Job donna son appui pour
l’élévation au trône de Boris Godounov, frère de la tsarine Irène qui avait
renoncé au trône pour entrer dans un monastère . Le patriarche fit tout son
possible pour rappeler à l’unité les principautés du Sud-Est, qui avaient fait
sécession, sous la direction du faux-Dimitri [cf. 17 fév.]. À la mort de Boris
(1605), l’imposteur s’empara du trône de Moscou et exigea la déposition du
saint hiérarque. Tandis qu’on ouvrait les portes de Moscou au faux-Dimitri, le
patriarche fut accusé d’avoir empoisonné les tsars Jean IV et Théodore Ier. Du
haut de l’ambon, saint Job dénonça l’imposteur Dimitri et les vrais régicides.
Accablé par les malheurs de la Russie, il passait son temps en prière à la
cathédrale de la Dormition. Un jour, alors qu’il célébrait la Divine Liturgie,
les hommes de main du faux-Dimitri firent irruption dans la cathédrale. Ils
bousculèrent le saint, l’arrachèrent de l’autel et déchirèrent ses ornements.
Saint Job les écarta et alla se réfugier près de l’icône de la Mère de Dieu de
Vladimir et, déposant l’enkolpion qu’il avait reçu dix-neuf ans plus tôt du
patriarche œcuménique, il fit appel à la Toute-Sainte pour sauvegarder
l’Orthodoxie. Les insurgés s’emparèrent du vieillard, le traînèrent de manière
ignominieuse à travers les rues, puis l’exilèrent, vêtu d’une simple coule
noire, au monastère de sa profession, à Staritza. Les révoltés tentèrent
d’obtenir son accord pour installer l’archevêque Ignace de Ryazan à sa place,
mais le prélat refusa énergiquement de leur donner ainsi sa caution. Après la
déposition du faux-Dimitri et le couronnement du tsar Basile, les évêques
russes, rassemblés en concile, demandèrent à saint Job de reprendre son siège
et de procéder au couronnement du nouveau souverain. Mais le saint hiérarque
étant devenu presque aveugle, accorda sa bénédiction pour que saint Hermogène
assure la succession [17 fév.]. Les troubles n’en avaient pas cessé pour
autant, et ils se trouvaient aggravés par les intrigues des Polonais et les
discordes des princes russes. Le patriarche Hermogène et le tsar, désirant
fournir au peuple l’occasion de faire pénitence, convoquèrent alors Job à
Moscou. Arrivé dans la capitale, le 14 février 1607, le saint vieillard se
présenta devant tout le peuple, vêtu comme un simple moine, et accorda à tous
son absolution pour le grave péché qu’ils avaient commis envers lui ainsi que
pour avoir renié leur serment d’allégeance au souverain légitime. De retour au
monastère de Staritza, il remit son âme en paix, quatre mois plus tard, le 19
juin 1607. Lorsque ses reliques furent exhumées, en 1652, pour être transférées
à Moscou et être déposées en la cathédrale de la Dormition, elles exhalèrent un
parfum céleste et devinrent par la suite une source de guérisons.
Tropaire du dimanche, ton 3
Да веселя́тся небе́сная, да ра́дуются земна́я; я́ко
сотвори́ дeржа́ву мы́ш-цею Cвое́ю Го́сподь, попра́ cме́ртiю cме́рть,
пе́рвенецъ ме́ртвыxъ бы́сть, изъ чре́ва а́дова изба́ви на́съ и подаде́
мípoви ве́лiю ми́лость.
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Que les cieux soient dans l’allégresse, que
la terre se réjouisse, car le Seigneur a déployé la force de Son bras. Par Sa
mort, Il a vaincu la mort ! Devenu le Premier-né d’entre les morts, du sein
de l’enfer, Il nous a rachetés, accordant au monde la grande Miséricorde.
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Tropaire du saint apôtre Jude, ton 1
Христо́ва
тя́ сро́дника, о Іу́до, вѣ́дуще и му́ченика тве́рда, свяще́нно восхваля́емъ,
пре́лесть попра́вша и вѣ́ру соблю́дша. Тѣ́мже, дне́сь всесвяту́ю твою́
па́мять пра́зднующе, грѣхо́въ разрѣше́ніе моли́твами твои́ми пріе́млемъ.
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Nous te
louons dignement, ô apôtre Jude, parent du Seigneur ; par ton martyre indéfectible
tu as terrassé l’erreur et préservé la foi ; aussi célébrant aujourd’hui ta
très sainte mémoire, nous recevons par tes prières la rémission des péchés.
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Kondakion du saint apôtre Jude, ton 2
Тве́рдымъ
умо́мъ избра́нъ учени́къ ты́ яви́лся еси́ и сто́лпъ необори́мь Це́ркве
Христо́вы, язы́комъ проповѣ́далъ еси́ сло́во Христо́во, вѣ́ровати, глаго́ля,
во Еди́но Божество́; отъ Него́же просла́вився, прія́лъ еси́ да́ръ исцѣле́ній,
цѣли́ти неду́ги притека́ющихъ къ тебѣ́, апо́столе Іу́до всехва́льне.
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Tu as
été élu pour être un ferme disciple et une colonne inébranlable de l’Église
du Christ, ô vénérable apôtre Jude ; tu as enseigné la parole du Christ aux
nations afin qu’elles croient en un Dieu unique ; glorifié par lui, tu as reçu le don des guérisons pour
soigner les infirmités de ceux qui accourent vers toi.
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Kondakion du dimanche, ton 3
Воскре́слъ ecи́́ днесь изъ гро́ба, Ще́дре, и на́съ
возве́лъ ecи́ отъ вра́тъ cме́ртныxъ; дне́сь Ада́мъ лику́етъ и ра́дуется Éва,
вку́пѣ же и проро́цы cъ патрiápxи воспѣва́ютъ непреста́нно Боже́ственную
держа́ву вла́сти Tвоея́.
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Aujourd’hui, ô Miséricordieux, Tu es ressuscité du Tombeau et Tu nous
ramènes des portes de la mort. Aujourd’hui, Adam exulte, Ève se réjouit. Tous ensemble, prophètes et patriarches, ne
cessent de chanter la force divine de Ta puissance !
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HOMÉLIE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR
« Ainsi affranchis du péché,
vous êtes devenus esclaves de la justice ». L’apôtre indique ici les doux
bienfaits de Dieu : Il nous a délivrés du péché et soumis à la justice; ce qui
est préférable à toute espèce de liberté. Dieu a fait ce que ferait celui qui,
adoptant un enfant orphelin, emmené par des barbares sur la terre étrangère,
non seulement le délivrerait de la captivité, mais se constituerait son père et
son tuteur et l'élèverait au faîte des honneurs. Voilà ce qui nous est arrivé.
Car non seulement Dieu nous a affranchis des maux passés; mais Il nous a
initiés à la vie des anges; il nous a tracé une excellente règle de conduite,
en nous confiant à la garde assurée de la justice, en faisant disparaître les
maux d'autrefois, en faisant mourir le vieil homme, en nous menant comme par la
main à une vie immortelle. Continuons donc à vivre de cette vie; car beaucoup
semblent respirer et se mouvoir, qui sont dans un état plus misérable que les
morts. Il y a en effet différentes espèces de morts, l'une est la mort du
corps, selon laquelle Abraham était mort et ne l'était point : car il est
écrit: « Dieu n'est point le Dieu des morts, mais des vivants » (Matth. XXII,
32); l'autre est la mort de l'âme, à laquelle le Christ fait allusion quand il
dit : « Laissez les morts ensevelir leurs morts». (id. VIII, 22.) Il y en a une
troisième qu'il faut louer, et qui est le fruit de la sagesse; celle dont Paul
a dit : « Faites mourir vos membres qui sont sur la terre ». (Coloss. III, 5.)
Une autre encore, principe de celle-ci, s'opère dans le baptême : « Notre vieil
homme », dit l'apôtre, « à été crucifié » (Rom. VI, 6.) Instruits de tout cela,
fuyons donc l'espèce de mort par laquelle on meurt, quoique en vie; et ne
craignons point celle qui est commune à tout le inonde. Mais choisissons et
embrassons les deux autres, dont l'une, donnée par Dieu, est le comble du
bonheur, et dont l'autre, produit de notre volonté et de la grâce de Dieu, est
digne de tout éloge. L'une d'elles a été déclarée heureuse par David en ces
termes : « Heureux ceux dont les iniquités sont effacées » (Ps. XXXI, 11);
l'autre est l'objet de l'admiration de Paul, qui écrit aux Galates : « Ceux qui
sont au Christ ont crucifié leur chair ». (Gal. V, 24.) Quant aux deux autres,
l'une d'elles a été proclamée méprisable par le Christ, qui a dit : « Ne
craignez point ceux qui tuent le corps et ne peuvent tuer l'âme » (Matth. X,
28); et l'autre effrayante : « Mais craignez celui qui peut précipiter l'âme et
le corps dans l'enfer ». (Ibid.) Evitons donc celle-ci, et choisissons celle
qui est déclarée heureuse et admirable, pour éviter encore et craindre chacune
des deux autres. Il n'y a aucun profit pour nous à voir le soleil, à manger et
à boire, si nous n'avons pas la vie des bonnes œuvres. De grâce, de quoi sert à
un roi d'être revêtu de la pourpre, de parier des armes, s'il n'a point de
sujets, et si le premier venu peut impunément l'insulter et l'injurier? De même
il n'y a aucun avantage pour le chrétien à avoir reçu la foi et le bienfait du
baptême, s'il est soumis à toutes les passions; au contraire l'injure deviendra
plus sensible et la honte plus grande. Comme ce roi orné du diadème et de la.
pourpre, non seulement ne retire aucune gloire personnelle de l'éclat de son
manteau, mais fait rejaillir sur lui son propre déshonneur; ainsi le fidèle qui
mène une vie déréglée, ne retire aucun honneur de sa foi, mais n'en devient que
plus méprisable. « Car », dit l'apôtre, « tous ceux a qui ont péché sans la
loi, périront sans la loi; et tous ceux qui ont péché sous la loi, seront jugés
par la loi ». (Rom. II, 12.) Il disait encore, en écrivant aux Hébreux : «
Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans aucune miséricorde sur la
déposition de deux ou trois. témoins. Combien donc pensez-vous que mérite de
plus affreux supplices celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu? » (Hébr.
X, 28, 29.) Et c'est très-juste : car, nous dit le Christ, par le baptême je
t'avais soumis toutes les passions. Qu'est-il donc arrivé, pour que tu aies
profané un si grand don, et sois devenu tout autre que tu ne devais être?
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