"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 26 janvier 2016

Compte-rendu de l’allocution du patriarche de Moscou Cyrille à la synaxe des primats de l’Église orthodoxe à Genève-Chambésy



Le service de presse du patriarche de Moscou a publié le compte-rendu suivant de l’allocution du patriarche de Moscou Cyrille à la synaxe des primats de l’Église orthodoxe à Genève-Chambésy .
Le 22 janvier, le patriarche de Moscou Cyrille s’est adressé aux participants à la synaxe des primats de l’Église orthodoxe à Genève-Chambésy. Au début de son allocution, le primat de l’Église orthodoxe russe a mentionné que chaque rencontre des primats des Églises orthodoxes constitue un événement qui revêt une signification particulière. « C’est la possibilité d’échanger des opinions, de discuter des problèmes qui nous préoccupent, de prendre des décisions concertées sur les questions d’importance pour toute l’orthodoxie. Mais avant tout, c’est la possibilité de ressentir à nouveau notre unité, lorsque nous communions ensemble à un seul Calice, ayant conscience que nous tous sommes un seul corps en Christ », a déclaré le patriarche, exprimant également sa reconnaissance au patriarche de Constantinople Bartholomée, qui a agi en tant qu’initiateur et organisateur de la présente rencontre. Ensuite, le patriarche Cyrille a soulevé les différents aspects de la préparation du Concile panorthodoxe. « En nous réunissant ensemble, nous avons pleinement et clairement conscience que notre Église est une et catholique, que la préservation et le renforcement de son unité constitue un souci de première importance, qui est à la base de tout notre ministère. Le saint et grand Concile est appelé à être le témoignage visible, clair et convaincant de l’unité de l’Église orthodoxe, et nous comprenons tous que le Concile ne peut être tel que s’il reflète l’unanimité authentique des Églises orthodoxes locales. Afin d’atteindre une telle unanimité, il nous faut tous travailler de façon renforcée pendant la période préconciliaire », a souligné le patriarche. Dans ce contexte, le primat a constaté avec satisfaction que « la préoccupation causée par l’absence de reconnaissance panorthodoxe de S.B. le métropolite Rostislav, primat de l’Église orthodoxe des Terres tchèques et de Slovaquie, exprimée à plusieurs reprises tant par le Patriarcat de Moscou, que par d’autres Églises, a été écoutée. Aussi, Sa Béatitude est présente aujourd’hui parmi nous, recevant maintenant la due reconnaissance de toutes les Églises locales ». Abordant les problèmes faisant obstacles à l’unanimité intégrale parmi les Églises orthodoxes locales, le patriarche Cyrille a exprimé ses regrets au sujet de l’interruption de la communion entre les Patriarcats d’Antioche et de Jérusalem. Son rétablissement, selon la conviction du patriarche de Moscou, constitue une tâche essentielle de nos jours, alors que le monde entier suit avec angoisse les événements au Moyen Orient, car « c’est précisément des communautés religieuses de cette région que les hommes attendent en premier lieu un exemple de cohésion, d’aptitude à surmonter les différends ». Au cours de son allocution, le patriarche Cyrille a donné un éclairage détaillé sur la situation ecclésiale en Ukraine. « Aujourd’hui, plus de 30 églises de l’Église orthodoxe d’Ukraine ont été saisies par la violence [par les schismatiques, ndt], pas moins d’une dizaine sont menacées d’attaques de la part des schismatiques et nationalistes, qui font passer ces faits pour un soi-disant passage volontaire des fidèles à l’ainsi nommé « Patriarcat de Kiev », a souligné le primat, qui a ajouté : « En fait, il s’agit là de véritables raids, d’attaques menées par des bandits pour s’emparer des églises. Ces attaques sont accomplies par des groupes de personnes n’ayant rien à faire avec les communautés paroissiales. Ensuite, à l’aide des autorités, elles falsifient des documents légaux, s’emparent de l’église avec les forces paramilitaires nationalistes, et jettent dehors la communauté paroissiale avec son prêtre ! » Le primat de l’Église orthodoxe russe a exprimé sa profonde préoccupation au sujet des actions de certains hiérarques du Patriarcat de Constantinople qui, lorsqu’ils visitent l’Ukraine, expriment leur soutien aux schismatiques, soi-disant au nom de Sa Sainteté le patriarche de Constantinople et, ce faisant, sèment le trouble parmi les fidèles et le clergé ukrainien. On ne pourrait s’imaginer, a continué le patriarche Cyrille, qu’en Suisse, en Grèce ou un autre pays européen, des représentants d’une autre confession puissent venir dans une église orthodoxe et « prendre la décision » que ce sont eux qui, désormais, utiliseraient cette église. « Or, en Ukraine, cela est maintenant une réalité. Les communautés de l’Église canonique chassées de leurs lieux de culte gagnent tous leurs procès en justice, mais les schismatiques et leurs milices de malfaiteurs armés ignorent les décisions des tribunaux », a souligné avec tristesse le primat. Comme exemple criant de la haine des nationalistes envers les fidèles de l’Église canonique en Ukraine, le patriarche Cyrille a mentionné la situation dans le village de Ptitchya, dans le district de Rovno, soulignant que les sectateurs du schisme « sèment le mal, provoquent consciemment des conflits inter-religieux, divisent la société ukrainienne ». « Tout récemment, l’un de leurs partisans a déclaré publiquement : si le métropolite Onuphre [primat de l’Église canonique, ndt] appartient jusqu’à maintenant à l’Église canonique, c’est pour l’unique raison que l’on n’a pas trouvé un instrument de torture adéquat – un fer à repasser ou un fer à souder. Il est terrible d’imaginer ce qui se passerait si ces bandits recevaient une légalisation canonique et se fondaient dans notre milieu ! » a déclaré le patriarche Cyrille. Celui-ci a exprimé sa reconnaissance aux Églises locales sœurs – notamment aux Églises d’Alexandrie, d’Antioche, de Jérusalem, de Serbie, de Bulgarie et de Pologne – pour leurs prières et leur soutien à l’Église orthodoxe d’Ukraine. « S.S. le patriarche de Serbie Irénée m’a écrit à juste titre, au sujet des schismatiques ukrainiens : ces gens n’appartiennent que nominalement à l’orthodoxie et « leur mépris des normes de la morale chrétienne, leur inclination à la haine, au mensonge et à verser le sang constitue un témoignage vivant de cela », a communiqué le patriarche Cyrille, qui a poursuivi : « Pour de tels gens, il n’y a qu’une voie menant à l’Église, c’est la pénitence. On nous demande pourquoi nous ne voulons pas nous unir à eux. Or, ils exigent de nous de commencer le dialogue pratiquement sur un pied d’égalité. Mais quel peut être l’accord entre le Christ et Bélial ? » « Le peuple orthodoxe d’Ukraine, tout comme auparavant, soutient l’Église canonique » a témoigné le patriarche, qui a évoqué les dizaines de milliers de fidèles qui s’étaient rassemblés et priaient lors de la procession à Kiev, le jour de la fête du saint prince Vladimir égal-aux-apôtres. Je crois dans l’avenir de l’Église orthodoxe d’Ukraine : ses fidèles sont unis dans leur condamnation du schisme, et la violence ainsi que le mal les renforcent dans leur exploit d’amour et de foi ». Ensuite, le patriarche Cyrille a mentionné que le processus de préparation du Concile panorthodoxe, ces derniers temps, s’est notablement activé. Le patriarche s’est arrêté sur les causes de la non exécution d’un certain nombre de mandats confiés par la précédente synaxe des primats, dans le cadre de l’activité de la Commission spéciale inter-orthodoxe et de la Vème Conférence préconciliaire panorthodoxe. Entre autres, le primat a souligné l’importance de prendre en compte les positions de toutes les Églises locales, qui accomplissent leur mission dans diverses conditions. À ce sujet ont été mentionnées des suggestions qui, jusqu’à présent, sont restées sans suite, lesquelles, durant les deux dernières années, ont été portées à l’ordre du jour pour le Concile panorthodoxe de la part de plusieurs Églises locales, dont celles d’Antioche, de Russie, de Géorgie, de Serbie et de Bulgarie. En outre, le primat de l’Église orthodoxe russe a exprimé sa conviction qu’il était indispensable de réexaminer le projet du document sur « la question du calendrier », soulignant que le thème « de la fixation d’une date de Pâques plus exacte » n’est absolument pas actuelle pour l’Église orthodoxe et ne peut que semer le trouble parmi de nombreux fidèles. Non moins préoccupant est, selon les paroles du patriarche, le projet du document « sur les empêchements au mariage », dans lequel n’est contenue qu’une sèche énumération des empêchements canoniques, tandis que la position de l’Église concernant l’institution de la famille dans le monde contemporain n’est nullement reflétée. Le primat de l’Église orthodoxe russe a nommé le thème de « l’autocéphalie et le mode de sa proclamation » comme étant l’une des directions très importante des travaux, proposant de confirmer lors du Concile l’accord de principe déjà atteint au cours des sessions de la commission préparatoire inter-orthodoxe, à savoir que l’institution de nouvelles Églises autocéphales doit être accomplie sur une échelle panorthodoxe, nécessitant de parvenir à un consensus de toutes les Églises locales orthodoxes dans chaque cas distinct. La nécessité a également été soulignée d’une étude préliminaire approfondie du document conciliaire sur le thème de la « diaspora orthodoxe ». La question du lieu du déroulement du Concile, abordée dans le discours du patriarche Cyrille, et qui avait été déjà soulevé dans la lettre au patriarche de Serbie Irénée [au patriarche Bartholomée], a fait l’objet d’une discussion longue et approfondie. « Comme nous le voyons, de nombreuses questions doivent encore être résolues par nous, ensemble, afin de rendre possible la convocation du saint et grand Concile de l’Église orthodoxe. J’en suis convaincu : la cause réelle pour laquelle une convergence n’a pas été atteinte, jusqu’à présent, sur de nombreux documents, ne provient pas de l’existence d’opinions opposées dans les différentes Églises, mais dans l’inefficacité de la méthodologie du Concile », a souligné le patriarche Cyrille. À ce sujet, le primat a partagé l’expérience de l’activité de la « Conférence inter-conciliaire » de l’Église orthodoxe russe, sous la forme d’une discussion ouverte, qui permet à tout membre intéressé de l’Église d’exprimer sa position. « Je pense que c’est précisément ainsi, de façon ouverte, que doit se dérouler la préparation du Concile, si nous sommes vraiment intéressés à son déroulement réussi », a dit le primat, soulignant l’importance de la publication des projets de documents conciliaires et de remédier ainsi au déficit d’informations fiables, qui provoque des soupçons chez beaucoup de fidèles. « Je suis convaincu que la publication, qui a mûri depuis longtemps, des projets des documents conciliaires et la possibilité de libre discussion à leur sujet, non seulement ne fera pas obstacle au déroulement du Concile, mais nous montrera à nous-mêmes et au monde entier le caractère authentiquement conciliaire de notre Église, ce qui aidera au renforcement de l’unité panorthodoxe », a déclaré le patriarche Cyrille, appelant tous les participants à prier le Seigneur pour qu’Il envoie Son aide lors des travaux communs pour le bien de l’Église et pour la résolution des difficultés qui surgissent sur la voie de la réalisation du Concile panorthodoxe.

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