Le service
de presse du patriarche de Moscou a publié le compte-rendu suivant de
l’allocution du patriarche de Moscou Cyrille à la synaxe des primats de
l’Église orthodoxe à Genève-Chambésy .
Le 22 janvier, le patriarche de Moscou
Cyrille s’est adressé aux participants à la synaxe des primats de
l’Église orthodoxe à Genève-Chambésy. Au début de son allocution, le
primat de l’Église orthodoxe russe a mentionné que chaque rencontre des
primats des Églises orthodoxes constitue un événement qui revêt une
signification particulière. « C’est la possibilité d’échanger des
opinions, de discuter des problèmes qui nous préoccupent, de prendre des
décisions concertées sur les questions d’importance pour toute
l’orthodoxie. Mais avant tout, c’est la possibilité de ressentir à
nouveau notre unité, lorsque nous communions ensemble à un seul Calice,
ayant conscience que nous tous sommes un seul corps en Christ », a
déclaré le patriarche, exprimant également sa reconnaissance au
patriarche de Constantinople Bartholomée, qui a agi en tant
qu’initiateur et organisateur de la présente rencontre. Ensuite, le
patriarche Cyrille a soulevé les différents aspects de la préparation du
Concile panorthodoxe. « En nous réunissant ensemble, nous avons
pleinement et clairement conscience que notre Église est une et
catholique, que la préservation et le renforcement de son unité
constitue un souci de première importance, qui est à la base de tout
notre ministère. Le saint et grand Concile est appelé à être le
témoignage visible, clair et convaincant de l’unité de l’Église
orthodoxe, et nous comprenons tous que le Concile ne peut être tel que
s’il reflète l’unanimité authentique des Églises orthodoxes locales.
Afin d’atteindre une telle unanimité, il nous faut tous travailler de
façon renforcée pendant la période préconciliaire », a souligné le
patriarche. Dans ce contexte, le primat a constaté avec satisfaction que
« la préoccupation causée par l’absence de reconnaissance panorthodoxe
de S.B. le métropolite Rostislav, primat de l’Église orthodoxe des
Terres tchèques et de Slovaquie, exprimée à plusieurs reprises tant par
le Patriarcat de Moscou, que par d’autres Églises, a été écoutée. Aussi,
Sa Béatitude est présente aujourd’hui parmi nous, recevant maintenant
la due reconnaissance de toutes les Églises locales ». Abordant les
problèmes faisant obstacles à l’unanimité intégrale parmi les Églises
orthodoxes locales, le patriarche Cyrille a exprimé ses regrets au sujet
de l’interruption de la communion entre les Patriarcats d’Antioche et
de Jérusalem. Son rétablissement, selon la conviction du patriarche de
Moscou, constitue une tâche essentielle de nos jours, alors que le monde
entier suit avec angoisse les événements au Moyen Orient, car « c’est
précisément des communautés religieuses de cette région que les hommes
attendent en premier lieu un exemple de cohésion, d’aptitude à surmonter
les différends ». Au cours de son allocution, le patriarche Cyrille a
donné un éclairage détaillé sur la situation ecclésiale en Ukraine.
« Aujourd’hui, plus de 30 églises de l’Église orthodoxe d’Ukraine ont
été saisies par la violence [par les schismatiques, ndt], pas moins
d’une dizaine sont menacées d’attaques de la part des schismatiques et
nationalistes, qui font passer ces faits pour un soi-disant passage
volontaire des fidèles à l’ainsi nommé « Patriarcat de Kiev », a
souligné le primat, qui a ajouté : « En fait, il s’agit là de véritables
raids, d’attaques menées par des bandits pour s’emparer des églises.
Ces attaques sont accomplies par des groupes de personnes n’ayant rien à
faire avec les communautés paroissiales. Ensuite, à l’aide des
autorités, elles falsifient des documents légaux, s’emparent de l’église
avec les forces paramilitaires nationalistes, et jettent dehors la
communauté paroissiale avec son prêtre ! » Le primat de l’Église
orthodoxe russe a exprimé sa profonde préoccupation au sujet des actions
de certains hiérarques du Patriarcat de Constantinople qui, lorsqu’ils
visitent l’Ukraine, expriment leur soutien aux schismatiques, soi-disant
au nom de Sa Sainteté le patriarche de Constantinople et, ce faisant,
sèment le trouble parmi les fidèles et le clergé ukrainien. On ne
pourrait s’imaginer, a continué le patriarche Cyrille, qu’en Suisse, en
Grèce ou un autre pays européen, des représentants d’une autre
confession puissent venir dans une église orthodoxe et « prendre la
décision » que ce sont eux qui, désormais, utiliseraient cette église.
« Or, en Ukraine, cela est maintenant une réalité. Les communautés de
l’Église canonique chassées de leurs lieux de culte gagnent tous leurs
procès en justice, mais les schismatiques et leurs milices de
malfaiteurs armés ignorent les décisions des tribunaux », a souligné
avec tristesse le primat. Comme exemple criant de la haine des
nationalistes envers les fidèles de l’Église canonique en Ukraine, le
patriarche Cyrille a mentionné la situation dans le village de Ptitchya,
dans le district de Rovno, soulignant que les sectateurs du schisme
« sèment le mal, provoquent consciemment des conflits inter-religieux,
divisent la société ukrainienne ». « Tout récemment, l’un de leurs
partisans a déclaré publiquement : si le métropolite Onuphre [primat de
l’Église canonique, ndt] appartient jusqu’à maintenant à l’Église
canonique, c’est pour l’unique raison que l’on n’a pas trouvé un
instrument de torture adéquat – un fer à repasser ou un fer à souder. Il
est terrible d’imaginer ce qui se passerait si ces bandits recevaient
une légalisation canonique et se fondaient dans notre milieu ! » a
déclaré le patriarche Cyrille. Celui-ci a exprimé sa reconnaissance aux
Églises locales sœurs – notamment aux Églises d’Alexandrie, d’Antioche,
de Jérusalem, de Serbie, de Bulgarie et de Pologne – pour leurs prières
et leur soutien à l’Église orthodoxe d’Ukraine. « S.S. le patriarche de
Serbie Irénée m’a écrit à juste titre, au sujet des schismatiques
ukrainiens : ces gens n’appartiennent que nominalement à l’orthodoxie
et « leur mépris des normes de la morale chrétienne, leur inclination à
la haine, au mensonge et à verser le sang constitue un témoignage vivant
de cela », a communiqué le patriarche Cyrille, qui a poursuivi : « Pour
de tels gens, il n’y a qu’une voie menant à l’Église, c’est la
pénitence. On nous demande pourquoi nous ne voulons pas nous unir à eux.
Or, ils exigent de nous de commencer le dialogue pratiquement sur un
pied d’égalité. Mais quel peut être l’accord entre le Christ et
Bélial ? » « Le peuple orthodoxe d’Ukraine, tout comme auparavant,
soutient l’Église canonique » a témoigné le patriarche, qui a évoqué les
dizaines de milliers de fidèles qui s’étaient rassemblés et priaient
lors de la procession à Kiev, le jour de la fête du saint prince
Vladimir égal-aux-apôtres. Je crois dans l’avenir de l’Église orthodoxe
d’Ukraine : ses fidèles sont unis dans leur condamnation du schisme, et
la violence ainsi que le mal les renforcent dans leur exploit d’amour et
de foi ». Ensuite, le patriarche Cyrille a mentionné que le processus
de préparation du Concile panorthodoxe, ces derniers temps, s’est
notablement activé. Le patriarche s’est arrêté sur les causes de la non
exécution d’un certain nombre de mandats confiés par la précédente
synaxe des primats, dans le cadre de l’activité de la Commission
spéciale inter-orthodoxe et de la Vème Conférence préconciliaire
panorthodoxe. Entre autres, le primat a souligné l’importance de prendre
en compte les positions de toutes les Églises locales, qui
accomplissent leur mission dans diverses conditions. À ce sujet ont été
mentionnées des suggestions qui, jusqu’à présent, sont restées sans
suite, lesquelles, durant les deux dernières années, ont été portées à
l’ordre du jour pour le Concile panorthodoxe de la part de plusieurs
Églises locales, dont celles d’Antioche, de Russie, de Géorgie, de
Serbie et de Bulgarie. En outre, le primat de l’Église orthodoxe russe a
exprimé sa conviction qu’il était indispensable de réexaminer le projet
du document sur « la question du calendrier », soulignant que le thème
« de la fixation d’une date de Pâques plus exacte » n’est absolument pas
actuelle pour l’Église orthodoxe et ne peut que semer le trouble parmi
de nombreux fidèles. Non moins préoccupant est, selon les paroles du
patriarche, le projet du document « sur les empêchements au mariage »,
dans lequel n’est contenue qu’une sèche énumération des empêchements
canoniques, tandis que la position de l’Église concernant l’institution
de la famille dans le monde contemporain n’est nullement reflétée. Le
primat de l’Église orthodoxe russe a nommé le thème de « l’autocéphalie
et le mode de sa proclamation » comme étant l’une des directions très
importante des travaux, proposant de confirmer lors du Concile l’accord
de principe déjà atteint au cours des sessions de la commission
préparatoire inter-orthodoxe, à savoir que l’institution de nouvelles
Églises autocéphales doit être accomplie sur une échelle panorthodoxe,
nécessitant de parvenir à un consensus de toutes les Églises locales
orthodoxes dans chaque cas distinct. La nécessité a également été
soulignée d’une étude préliminaire approfondie du document conciliaire
sur le thème de la « diaspora orthodoxe ». La question du lieu du
déroulement du Concile, abordée dans le discours du patriarche Cyrille,
et qui avait été déjà soulevé dans la lettre au patriarche de Serbie
Irénée [au patriarche Bartholomée], a fait l’objet d’une discussion
longue et approfondie. « Comme nous le voyons, de nombreuses questions
doivent encore être résolues par nous, ensemble, afin de rendre possible
la convocation du saint et grand Concile de l’Église orthodoxe. J’en
suis convaincu : la cause réelle pour laquelle une convergence n’a pas
été atteinte, jusqu’à présent, sur de nombreux documents, ne provient
pas de l’existence d’opinions opposées dans les différentes Églises,
mais dans l’inefficacité de la méthodologie du Concile », a souligné le
patriarche Cyrille. À ce sujet, le primat a partagé l’expérience de
l’activité de la « Conférence inter-conciliaire » de l’Église orthodoxe
russe, sous la forme d’une discussion ouverte, qui permet à tout membre
intéressé de l’Église d’exprimer sa position. « Je pense que c’est
précisément ainsi, de façon ouverte, que doit se dérouler la préparation
du Concile, si nous sommes vraiment intéressés à son déroulement
réussi », a dit le primat, soulignant l’importance de la publication des
projets de documents conciliaires et de remédier ainsi au déficit
d’informations fiables, qui provoque des soupçons chez beaucoup de
fidèles. « Je suis convaincu que la publication, qui a mûri depuis
longtemps, des projets des documents conciliaires et la possibilité de
libre discussion à leur sujet, non seulement ne fera pas obstacle au
déroulement du Concile, mais nous montrera à nous-mêmes et au monde
entier le caractère authentiquement conciliaire de notre Église, ce qui
aidera au renforcement de l’unité panorthodoxe », a déclaré le
patriarche Cyrille, appelant tous les participants à prier le Seigneur
pour qu’Il envoie Son aide lors des travaux communs pour le bien de
l’Église et pour la résolution des difficultés qui surgissent sur la
voie de la réalisation du Concile panorthodoxe.
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