17 février / 2 mars
Dimanche de l’abstinence des laitages, mémoire de
l’exil d’Adam du paradis – dimanche du Pardon
Saint mégalomartyr Théodore Tirone (le conscrit,
vers 306) ; sainte Mariamne, soeur de l'apôtre Philippe (I) ; saint hiéromartyr Hermogène, patriarche de
Moscou et de toute la Russie, thaumaturge (1612) ; saint Théodore le
silencieux, des Grottes de Kiev (XIIIème s.) ; saint néomartyr Théodore (1795)
; saint Nicolas Planas, prêtre à Athènes (1932) ; saint Barnabé de Gethsémani
(1906) ; saints hiéromartyrs Michel Nikologorsky et Paul Kosminkov, prêtres
(1938) ; sainte martyre Anne Tchetverikova (1940)
Lectures: Rom. XIII, 11-XIV, 4 ; Маtth. VI, 14-21
DIMANCHE DE L’ABSTINENCE DES LAITAGES
E
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n ce dimanche, la sainte
Église fait mémoire de l’exil du paradis de nos premiers parents en raison de
leur désobéissance et leur absence de tempérance. Par cela est soulignée toute
l’importance du labeur du carême qui va commencer. En outre, dans la perte de
la béatitude paradisiaque, l’Église veut montrer ce qui est digne de la
pénitence et des larmes. « Voici le temps opportun, voici le temps du
repentir, écartons les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la
lumière : afin qu’en traversant l’océan du carême, nous atteignions la
Résurrection du troisième jour de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ qui
sauve nos âmes ». Par ces mots, nous sommes appelés à oublier dès ce
jour tout ce qui jusqu’à présent occupait nos pensées et nos sentiments et les
détournait « de l’unique nécessaire »
(Lc X, 42). Dans les lectures de l’épître et de l’Évangile, la sainte Église
nous présente ses dernières instructions concernant particulièrement l’ascèse
du carême. Le jeûne doit commencer par le pardon aux hommes de leurs
transgressions et la renonciation aux œuvres des ténèbres. Autrement dit, il convient d’accomplir
de façon non hypocrite les prescriptions du jeûne et d’adopter une attitude non
condamnable à l’égard du prochain. La réconciliation avec tous, le pardon à
tous de leurs péchés commis à notre égard, constitue la condition première,
principale et indispensable à notre réconciliation avec Dieu. Sans cette
réconciliation avec tous, on ne peut s’approcher du Seigneur et s’engager sur
le stade du carême et du repentir. De là vient l’usage orthodoxe de demander le
pardon mutuellement à la veille du Grand Carême. St Jean
Chrysostome enseigne : « nous devons pardonner aux autres non
seulement en paroles, mais aussi d’un cœur pur, afin de ne pas, par la mémoire
des offenses, diriger le glaive contre soi. Celui qui nous afflige ne nous fait
pas autant de mal que nous-mêmes, en nourrissant en soi la colère et nous
exposant ainsi à la condamnation de la part de Dieu. Si nous aimons celui qui
nous offense, ce mal retombe sur la tête de celui-ci, et il souffre ; mais
si nous nous indignons, nous souffrons nous-mêmes et ce à cause de
nous-mêmes ».
Tropaire du dimanche, du 3ème
ton
Да веселя́тся небе́сная, да
ра́дуются земна́я; я́ко сотвори́ дeржа́ву мы́шцею Cвое́ю Го́сподь, попра́
cме́ртiю cме́рть, пе́рвенецъ ме́ртвыxъ бы́сть, изъ чре́ва а́дова изба́ви
на́съ и подаде́ мípoви ве́лiю ми́лость.
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Que les cieux
soient dans l’allégresse, que la terre se réjouisse, car le Seigneur a
déployé la force de Son bras. Par Sa mort, Il a vaincu la mort ! Devenu le
Premier-né d’entre les morts, du sein de l’enfer, Il nous a rachetés,
accordant au monde la grande miséricorde.
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Tropaire
du saint hiéromartyr Hermogène de Moscou, ton 4
Россíйскiя земли́ первопрестóльниче и неусы́пный о нéй къ Бóгу моли́твенниче, за вѣ́ру Христóву и пáству твою́ дýшу свою́ положи́въ,
странý нáшу отъ нечéстiя
избáвилъ еси́. Тѣ́мже
вопiéмъ ти́ : спасáй нáсъ моли́твами
твои́ми,
священно-мýчениче Ермогéне, óтче нáшъ.
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Primat de la Terre russe et intercesseur infatigable pour elle auprès
de Dieu, Toi qui donnas ton âme pour la foi du Christ et ton troupeau, tu as
délivré notre pays de l'impiété. Aussi, nous te crions : sauve-nous par tes
prières, hiéromartyr Hermogène, notre père.
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Kondakion
du saint hiéromartyr Hermogène de Moscou, ton 6
Темни́цею и глáдомъ изнуря́емъ, дáже до смéрти вѣ́ренъ пребы́лъ
еси́,
блажéнне Ермогéне, малодýшiе отъ сердéцъ людéй твои́хъ отгоня́я и на óбщiй пóдвигъ вся́
призывáя. Тѣ́мже
и нечéстивыхъ мятéжъ низложи́лъ еси́ и странý нáшу утверди́лъ
еси́, да
вси́ зовéмъ
ти́ :
рáдуйся, застýпниче Россíйскiя земли́.
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Épuisé par la prison et la faim, tu restas
fidèle jusqu'à la mort, bienheureux Hermogène, chassant la pusillanimité du
cœur de tes fidèles et les appelant tous à l'exploit. Aussi, tu as renversé
les troubles des impies et tu as affermi notre pays, afin que nous te
chantions tous : réjouis-toi, défenseur de la Terre russe !
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Kondakion du
dimanche de l’abstinence des laitages, ton 6
Пpeму́дpocти наста́вниче, смы́сла пода́телю, нему́дрыхъ наказа́телю, и ни́щихъ защи́тителю, yтвepди́, вpaзyми́ cépдце моé Bлады́ко : Tы́ да́ждь ми́ cло́во, Óтчее cло́во, cé бо ycтнѣ́ мои́ не возбpaню́, во éже зва́ти Тeбѣ́ : Mи́лостивe, поми́луй мя́ па́дшаго.
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Guide de
sagesse, Donateur de l’intelligence, pédagogue des insensés, protecteur des
pauvres, affermis et instruis mon cœur, Maître; accorde-moi la parole, ô
Parole du Père. Car voici, je n’empêcherai pas mes lèvres de Te crier :
Miséricordieux, aie pitié de moi qui suis tombé !
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VIE DU SAINT MARTYR HERMOGÈNE, PATRIARCHE DE MOSCOU[1]
Né
en 1530 dans une famille d’humble condition de la région de Vologda, saint
Hermogène fut élevé dans un petit monastère dédié à la Transfiguration,
récemment fondé à Kazan par saint Barsanuphe de Tver. Devenu prêtre séculier
dans la paroisse de saint Nicolas, il fut témoin de l’apparition miraculeuse de
l’icône de la Mère de Dieu et put la tenir dans ses mains. Quelques années plus
tard, après la mort de son épouse, il devint moine puis higoumène du monastère
de la Transfiguration. En 1589, il fut consacré métropolite de Kazan et
continua l’œuvre de conversion des Tatares, qui avait été entreprise par son
prédécesseur, saint Gourias. C’est à grand peine que, par ses prédications et
ses écrits, il combattait pour extirper les coutumes païennes de son peuple et
pour empêcher les nouveaux convertis de se laisser séduire par les intérêts
matériels et d’adhérer à l’Islam, au catholicisme ou au protestantisme. Il
montra aussi un grand zèle pour honorer la mémoire des martyrs et des saints
évêques qui avaient sanctifié avant lui la terre de Kazan par leur sang et
leurs œuvres évangéliques. Doué d’un grand talent littéraire, il écrivit des Vies de saints, des traités théologiques
pour la défense de l’Orthodoxie, et éclaira le peuple sur la voie à suivre en
ces Temps des Troubles (1605-1613) par une vaste et riche correspondance. La
mort de Boris Godounov (1598-1605) avait en effet laissé la Russie dans une
grave crise de succession, qui laissait le champ libre aux opportunistes et aux
intrigants. En 1605, Grégoire Otrepiev, qui se faisait passer pour Dimitri, le
dernier fils d’Ivan le Terrible qui était mort dans des circonstances
mystérieuses, usurpa le titre de tsar et décida d’épouser une princesse
polonaise catholique. Convoqué à Moscou avec d’autres évêques, Hermogène fut le
seul à s’opposer à ce projet au nom de la foi orthodoxe. Il fut pour cela
déposé et incarcéré jusqu’à la mort de l’usurpateur, l’année suivante. Lors de
l’accession au trône du boyard Basile Chouïsky (1606-1610), et après la
déposition du faux patriarche Ignace, saint Hermogène fut élevé à la dignité
patriarcale. Aussitôt en place, il restaura l’imprimerie de Moscou, qui avait
brûlé, et commença la publication des livres liturgiques, qu’il faisait
corriger à partir des originaux grecs et dont il surveillait lui-même
l’impression. Malgré son âge avancé (70 ans), il montra alors un zèle ardent
pour le soutien de l’Orthodoxie et une grande énergie pour la défense des
droits du souverain légitime. Assumer une telle charge en ces temps de
changements politiques continuels, de confusion dans la société, d’invasions
fréquentes des Polonais et des Lituaniens, et de propagande des jésuites, ce
n’était pas choisir les honneurs mais plutôt la croix et le martyre. Dès les
premiers mois de son patriarcat, Hermogène dut soutenir de toute son autorité
le tsar Basile contre les Cosaques de Bolotnikov et du prince Chakhovskoï qui
assiégeaient Moscou. Le patriarche rassembla le peuple, ordonna d’observer un
jeûne de trois jours et, grâce à ses lettres encycliques envoyées en
différentes cités, des détachements de fidèles patriotes vinrent chasser les
rebelles. À peine avait-on célébré la réconciliation solennelle du peuple avec
le tsar légitime qu’un autre usurpateur, nommé lui aussi Dimitri, soutenu par
les Polonais qui espéraient conduire la Russie au catholicisme, assiégeait
Moscou, en promettant de grands avantages à tous ceux qui se rallieraient à
lui. En dépit des admonitions du saint patriarche, les rebelles réussirent à
obtenir l’abdication du tsar (juillet 1610). Profitant de cette situation, le
roi de Pologne, Sigismond, proposa alors aux Moscovites de choisir son fils
Vladislav pour tsar, avec la promesse qu’il se convertirait par la suite du
catholicisme à l’Orthodoxie. Mais saint Hermogène, discernant qu’il s’agissait
là d’une promesse trompeuse, exigea la conversion préalable du prince, par le
baptême, avant son élévation sur le trône de Russie, en dépit des menaces de
mort qui lui avaient été proférées par les émissaires polonais. Il lança de
nouveau un appel pressant à toutes les cités russes, pour qu’elles viennent
défendre la capitale désormais occupée par les rebelles et les Polonais.
Pendant le Semaine Sainte, ceux-ci détruisirent presque entièrement la ville
par le feu, arrêtèrent le patriarche et le jetèrent en prison. Comme une grande
armée russe se préparait à faire le siège de Moscou, Hermogène, tiré de sa
prison et sommé de la renvoyer, resta inflexible. Cette tentative pour délivrer
la ville échoua cependant, et lorsqu’on put rassembler une nouvelle armée à
Nijni Novgorod, saint Hermogène trouva le moyen de leur faire parvenir une
lettre, envoyée en secret à l’armée et au peuple, dans laquelle il écrit :
« Si vous souffrez pour la foi, Dieu vous pardonnera et vous remettra vos
péchés dans cette vie et dans l’autre. » Plus les troupes russes
approchaient de la ville, plus dure devenait son incarcération. Finalement, il
mourut de faim et de soif dans l’horrible cachot où il avait été enfermé, le 17
février 1612, quelques jours avant la libération de Moscou. Au temps du
patriarche Nicon (1633), ses saintes reliques, restées intactes, furent déposées
dans la cathédrale de la Dormition. Elles étaient l’objet d’une grande dévotion
populaire, bien avant sa canonisation officielle en 1913, et de nombreux
miracles venaient confirmer sa faveur auprès de Dieu et l’efficacité de son
intercession pour le peuple russe.
LES RÈGLES
DU JEÛNE
Le typicon –
livre qui détermine l’ordo des
offices et les règles du jeûne - prescrit pour le Grand Carême l’abstinence de
viande, du lait, des œufs et poisson. Il autorise le vin et l’huile le samedi
et le dimanche, le jeudi du grand Canon de St André de Crète et le Jeudi
Saint. Le poisson n’est permis que lors de la fête de l’Annonciation de la Très
Sainte Mère de Dieu et le dimanche des Rameaux. Le samedi de Lazare, les œufs
de poissons sont permis. En tout état de cause, il convient de jeûner avec
discernement, selon ses forces, ayant en vue que, selon les Pères de l’Église, il faut tuer les passions et non point le
corps. St Païssy Velitchkovsky écrit à ce sujet : « chacun a sa
conscience pour mesure et maître intérieur. Il ne peut y avoir une seule règle
et une même ascèse pour tous, parce que les uns sont forts et les autres sont
faibles, les uns sont comme le fer, les autres comme le cuivre, d’autres encore
comme la cire... Un jeûne modéré et raisonnable, c’est là le fondement et le
chef de toutes les vertus ». Le carême n’est pas seulement l’abstinence de
certaines formes de nourriture, son but
est la purification de l’âme. C’est à cela précisément qu’il doit servir.
LECTURES
DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc. XXIV, 1-12
Liturgie : Hébr. XI, 24-26, 32 – XII.2 ; Jn. I,
43-51
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