"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 18 août 2013

Vie de notre Père parmi les saints Botolph d’Iken (fête le 17 juin/30 juillet)





Il y a un manque tragique de sources primaires concernant notre saint Père Botolph d’Iken, et la plupart des récits hagiographiques qui existent ont été écrits plusieurs siècles plus tard, et sont souvent truffés d'erreurs et d’anachronismes. La tragédie est d'autant plus aigue lorsque l'on considère qu'il y a au moins 78 églises historiques ou actuelles qui lui sont dédiées en Grande-Bretagne ; en outre, il convient de noter que c’est plus que pour tout autre saint britannique d’avant la Conquête, et que sa vénération s’est étendue non seulement à travers Angleterre,  mais en Scandinavie ainsi. Dans ce qui suit, nous avons essayé de discerner les grandes lignes de la vie de saint Botolph d’après les rares aperçus fragmentaires de lui que nous avons dans deux sources anglo-saxonnes, ainsi que dans les récits hagiographiques plus tardifs. […]Nous espérons cependant que cette simple ligne chronologique donnera un aperçu de cet extraordinaire saint du Suffolk et le situera un peu dans le milieu spirituel du 7ème siècle. (Veuillez noter que les dates sont approximatives et à titre indicatif.)
615 - Saint Botolph naît de parents anglo-saxons probablement nobles.
Vers 620 – Jeune garçon, il entre dans un monastère d’Angleterre pour commencer sa formation spirituelle.
630 - 647 - Comme adolescent ou jeune adulte, saint Botolph se rend en Gaule pour compléter sa formation monastique. Dans la période troublée du début du 7ème siècle, cela a pu être autant pour le protéger que  pour l’instruire dans la piété ou pour l’éduquer. Nous savons que de nombreux jeunes membres de la noblesse anglo-saxonne – à la fois de jeunes hommes et de jeunes femmes - étaient envoyés dans les monastères et les couvents de Gaule pour échapper à la menace dangereuse des païens Merciens déchaînés. D'après les sources, il semble qu'il passe une période de temps significative au grand monastère double de Saint Fare (appelé Eboriacum) dans la Brie, mais plus tard rebaptisé Faremoutiers en son honneur. Là, il rencontre les saintes filles du roi Onna d'Anglie orientale, Sétride et Ethelburge, et se lie d'amitié spirituelle avec toutes deux. Ensemble, elles le persuadent de retourner au royaume de leur père pour fonder un monastère et lui écrivent des lettres de recommandation.
En dépit de sa réputation de pionnier de la Règle de saint Benoît, en Angleterre, nous savons cependant que sa formation à Faremoutiers-en-Brie aurait été fortement influencée par la règle celtique du célèbre missionnaire irlandais saint Colomban, que nous savons avoir été observée, en conjonction avec la Règle de saint Benoît, ainsi que d'autres règles monastiques franques de l'époque. Cela aurait impliqué que la formation monastique de saint Botolph était de caractère très ascétique, combinant de longs services monastiques, avec distinctement un chant prolongé du Psautier, et un accent rigoureux mis sur la discipline spirituelle et l'obéissance ainsi que sur l'importance de l'étude intellectuelle des Écritures et les Ecrits des Pères.
647-651 - Botolph retourne en Angleterre et se rend à Rendlesham dans le Suffolk, ancienne capitale de la Cour de Wuffings en Anglie orientale, emportant avec lui les recommandations de filles d’Onna. Après quelques négociations, le roi Onna lui attribue des terres à Icanho (Iken), un éperon marécageux, "entouré de tous côtés par les branches" de la rivière Alde qui en aurait fait quelque chose comme une île sainte  d’Anglie orientale. Stratégiquement, le monastère fut idéalement placé, en étant proche de la cour royale de Rendlesham, et à quelques kilomètres au sud du siège de l'évêque diocésain que Saint Félix avait établi à Dommoc (Dunwich).
651-653 - Le raid du belligérant païen Penda, roi des Merciens, oblige Onna à s'exiler et conduit au saccage et à la destruction de nombreux monastères et églises d’Anglie orientale, y compris le monastère de Saint Fursey à Cnobheresburg (Burgh Casaintle). Il est probable que saint Botolph voyage beaucoup au cours de ces années sur le fleuve et sur terre, faisant la prédication de l'Evangile et l'établissement des églises. La mention dans le bréviaire de Schelswig déclare qu'il fonda une église le long des berges de la Tamise, dédiée à saint Martin de Tours, ce qui indique à nouveau son fond et son inspiration missionnaire gaulois. Arnold-Foster suggère que cette église aurait pu être à Bladon près de Woodstock sur la rive de la Tamise.
653 - S'il n'a pas déjà rencontré saint Cedd, comme cela semble tout à fait probable compte tenu des forts liens de saint Botolph avec l’Essex et la Mercie orientale, où saint Cedd fut également très actif, il le rencontre certainement au baptême du roi Sieghburt d'Essex qui a eu lieu à l'église de Saint-Grégoire à Rendlesham. Il est possible que saint Botolph accompagna saint Cedd dans son activité missionnaire dans l'Essex, au moment de tous les bouleversements dans le Suffolk. Alors que Bède le Vénérable, significativement, ne mentionne pas le nom de saint Botolph, certains chercheurs ont émis l'hypothèse qu'il est le "prêtre" anonyme visé par l'Histoire ecclésiastique de Bède, comme le saint accompagnant Cedd à cette époque?
654 - L'entrée de la Chronique anglo-saxonne déclare laconiquement: "En cette année Onna a été tué et Botwulf commencé à boiser  sa cathédrale à Icanho". Le terme "boiser" [faire des colombages] indique sans doute qu'il y avait eu une structure temporaire en place avant cela, qui pouvait avoir été abandonnée pendant une certaine période de temps durant le chaos des raids de Penda. Il est également possible que le boisage de la cathédrale, sous le successeur d’Onna, le roi Aethelhere, était un mémorial pour Onna.
En 1977, en même temps que la découverte d’une croix de calcaire de 1 ½ mètre à la base de la tour, les fouilles sur le mur nord de la nef ont découvert les fondations d'argile d'un bâtiment en bois qui remonte à la période moyenne-saxonne, selon toute vraisemblance la cathédrale-même que saint Botolph construisit et où il célébrait. Par ailleurs, exactement au même moment où saint Botolph faisait le colombage de sa cathédrale à Iken, nous savons que saint Cedd, l'Apôtre d’Essex, établit également ses propres monastères à Bradwell et Tilbury. Son église, dédiée à saint Pierre à Bradwell, est toujours debout et affiche un style du Kent que saint Botolph aurait connu et pouvait très bien avoir copié à Iken, avec sa structure tripartite (narthex, nef et autel, qui peut aussi être vue dans la disposition de l'Eglise anglo-saxonne de Brandon) et peut-être aussi, un chœur à trois arcades.
654-669 - Pendant cette période, le monastère de saint Botolph devient un centre missionnaire monastique important, sans doute avec une bibliothèque de bonne taille et un scriptorium, étant donnée son importance  dans la tradition colombanienne et le commentaire de Ceolfrid sur l'étendue de son savoir. Bien qu'aucun stylets n’aient été trouvés à Iken à ce jour, ce qui est encore imputable à la férocité de la profanation païenne, des exemples importants ont été trouvés à Blythburgh et Brandon.
Durant cette période, saint Botolph développe une réputation de saint staretz et en particulier de puissant intercesseur et d’exorciste, faisant par le signe de la Croix, la conquête, pour le Christ, des marais remplis de démons. Alors que les vies médiévales ultérieures ont pu employer une certaine quantité de licence poétique, tous les chrétiens traditionnels reconnaissent que la vie de saint Botolph impliqua un véritable combat spirituel contre les forces démoniaques, en particulier étant donné le succès de son travail missionnaire dans l'Anglie orientale. Ce succès missionnaire a été avéré récemment par de nouvelles fouilles archéologiques dans le voisinage local d’Iken. Ainsi, il existe des preuves de l’existence d'une autre petite église juste en face de la rivière de la cathédrale à Iken sur le pointe de Barber, ainsi qu'une autre église juste à côté de la cathédrale au-dessus de l'ancien terrassement païen sur la colline de Burrow, en plus d'un site monastique sur la colline de Yarn à quelques miles au sud de la colline de Burrow en Butley, qui à l'époque anglo-saxonne était une île coupée du continent par des vasières traversées par un pont-jetée. En ce sens, nous parlons plus d’un archipel monastique centré autour d’Iken plutôt que simplement d’un monastère isolé.
Durant ces années, apparemment suite à une morsure de serpent, sans doute à partir d'un lointain ancêtre des vipères qui peuvent encore être trouvées dans les marais d’Iken, saint Botolph fit un autre voyage missionnaire à un endroit "éloigné de la mer, dans une grande solitude, avec une rivière qui coule à travers la vallée, et accessible à travers les forêts ou la jungle ", où il consacra deux églises aux saints Pierre et Paul.
Encore une fois, il est difficile d'identifier avec précision ceci, compte tenu de la référence non spécifique et de la propagation formidable d'églises aujourd'hui dédiées à saint Botolph, mais il est plausible que ce voyage missionnaire aurait pu être dans le Warwickshire profond. Il y a plusieurs dédicaces d'églises qui sont maintenant dédiées à saint Botolph le long de la frontière anglo-galloise, et nous savons que vers la fin du 7ème siècle, peu après le repos en Christ de saint Botolph, il avait un bâtiment de jeunes filles au monastère double de Much Wenlock. D’autre part, ou en plus de cela, ce voyage missionnaire aurait pu être dans la région du Lincolnshire et du Yorkshire, peut-être dans le cadre d'une visite au nouveau monastère à Lastingham de son contemporain monastique, et possible collaborateur, saint Cedd.
670 - Le professeur de Bede, l'abbé Ceolfrid de Jarrow, visite le monastère de Botolph à Ikenhoe après son ordination par l’évêque Wilfred. Il reste au monastère pendant quelques mois, travaillant peut-être dans la boulangerie du monastère. L'auteur de la Vie de Ceolfrid décrit saint Botolph comme "un homme à la vie et à la connaissance inégalées, et plein de la grâce de l'Esprit Saint". Il est probable que le silence de Bede peut en outre donner du poids aux influences franques et irlandaises de saint Botolph, par opposition aux influences directement ioniennes ou romaines, influences qui étaient les données de l'histoire de la conversion de l'Angleterre au christianisme, en dehors du récit romano-centré du Vénérable Bède.
17 Juin 680 - En ce jour, selon les paroles de son biographe Norman,  l’abbé Folcard, saint Botolph repose "en présence des frères dans le monastère qu'il avait construit". La référence dans La Vita tardive à son "âge et à ses infirmités" suggère qu'il avait bien plus de soixante ans au moment de sa mort. On dit que son successeur fut Edelheg qui est nommé dans la charte de Much Wenlock. Malheureusement, autour de 870 le même raid viking qui martyrisa le roi Edmond, rasa également Iken jusques au sol, tua vraisemblablement ses moines et pilla le monastère de ses possessions sacrées, de ses livres et de ses reliques. La croix anglo-saxonne qui fut découverte à la base de la tour ouest par le Docteur Stanley West en 1977 est supposée avoir été érigée à sa mémoire autour du 9ème ou 10ème siècle.
Saint Père Botolph d’Iken, prie Dieu pour nous!

Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

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