"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 11 avril 2012

Saint Jean Cassien: Extrait des Conférences/ La clarté de la Sainte Ecriture



ABBA SERENUS. La clarté de la Sainte Écriture est telle dans tout ce qu'elle a voulu nous apprendre, qu'elle est évidente pour ceux-là mêmes qui n'ont pas l'esprit pénétrant. Aucune obscurité n'en voile le sens; les explications sont inutiles, et l'intelligence en comprend la lettre. 
Quelquefois, cependant, elle s'enveloppe d'un certain mystère, afin que notre âme s'applique à la méditer, et Dieu l'a permis pour plusieurs raisons. D'abord si ses divins enseignements ne cachaient d'aucun voile leurs sens spirituels, tous les hommes, fidèles ou infidèles, en auraient une science égale, et il n'existerait entre les paresseux et ceux qui étudient, aucune différence de discernement et de sagesse. Les enfants de la foi, pour lesquels s'ouvrent d'immenses horizons, devaient ainsi montrer leur ardeur et leur mérite, en confondant la négligence des lâches. La Sainte Écriture est très bien comparée à un champ gras et fertile, produisant beaucoup de choses dont l'homme peut se nourrir dans leur état naturel, mais en produisant d'autres qui ont besoin d'être préparées par le feu, pour servir d'aliments et n'être pas nuisibles. Quelques-unes, cependant, peuvent être prises des deux manières; elles ne déplaisent pas et ne nuisent pas sans être cuites; mais le feu les rend meilleures et plus salutaires. Quelques autres ne sont destinées qu'aux bêtes sans raison, et ne conviennent point à l'homme. Malgré leur dureté, elles nourrissent parfaitement les animaux, sans aucune espèce de préparation. Nous trouvons les mêmes différences dans le jardin très-fertile des Saintes Écritures; il y a des passages d'une admirable clarté qui n'ont besoin d'aucune interprétation. Les paroles en sont si lumineuses qu'elles éclairent et nourrissent tous ceux qui les entendent. Telles sont celles - ci : « Écoute Israël : Le Seigneur ton Dieu est Un» (Deutéronome, 6:4) ; et encore : « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme, de toutes tes forces. » (Deutéronome, 5.) D'autres fois, si le sens allégorique n'était pas expliqué, si le feu d'une pieuse méditation ne l'adoucissait pas, l'homme intérieur n'y trouverait pas une nourriture salutaire, et il en résulterait plus de mal que de bien. Tels sont ces passages : « Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées. » (Saint Luc, 12:35) « Que celui qui n'a pas d'épée vende sa tunique et en achète une » (Saint Luc, 22:36) « Celui qui ne prend pas sa croix pour Me suivre, n'est pas digne de moi. » (Saint Matthieu, 10:8) Quelques religieux très-austères, qui étaient zélés, mais non pas selon la science, prirent ces paroles à la lettre, et se firent des croix qu'ils portaient sans cesse sur leurs épaules, se rendant ainsi ridicules au lieu d'édifier les autres.
Quelques textes peuvent être pris à la fois dans un sens figuré ou dans un sens littéral, ou des deux manières; ils sont pour l'âme une bonne nourriture. Il est dit, par exemple: « Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi la gauche.» (S. Matthieu, 5:39) « Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre.» (S. Matth., X, 23.) « Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le Ciel. Viens, et suis-moi. » (Saint Matthieu, 1921) L'Écriture produit aussi de l'herbe pour les animaux; elle offre, comme de longs pâturages, des choses simples et faciles à comprendre pour ceux qui ne sont pas capables de recevoir des enseignements plus élevés; selon cette parole : « TU sauveras, Seigneur, les hommes et les animaux.» (Psaumes, 35:7) Ils y trouvent une nourriture proportionnée à leur état, et ils y puisent la force et la vigueur nécessaires aux travaux de leur vie active.
Ainsi, lorsque nous trouvons des textes d'un sens évident, nous pouvons les commenter et en parler en toute assurance; mais lorsque nous en trouvons d'autres, que le Saint Esprit a voulu réserver à notre méditation et à notre étude laborieuse et incertaine, nous devons avancer pas à pas, et ne rien décider trop hardiment, de manière que celui qui parle et celui qui écoute conservent toute leur liberté; car il arrive souvent qu'en donnant des sens différents, chacun peut avoir raison et ne pas blesser la foi; les deux explications étant possibles, sans être contradictoires et sans être contraires aux croyances de l'Église. Il est dit, par exemple , qu'Élie est venu dans la personne de saint Jean-Baptiste, et qu'il doit encore précéder l'avènement du Christ (Saint Matthieu, 11); ou encore: que l'abomination de la désolation règnerait dans le lieu saint, à cause de cette idole de Jupiter, qui fut mise dans le temple de Jérusalem, et qui doit être aussi dans l'Église à la venue de l'Antechrist. » ( Daniel, 9/Saint Matthieu, 24) Tout ce qui suit dans l'Évangile peut également s'appliquer à la prise de Jérusalem, et à la fin du monde; ces deux opinions ne se combattent pas, et la première ne détruit pas la seconde.

Saint Jean Cassien
Conférences
d'après l'édition française de 1868
traduction 
E. Cartier
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dont le site de 
qui a beaucoup d'autres ressources orthodoxes intéressantes
(Il faut seulement adapter les citations de l'Ecriture qui utilisent le vouvoiement en usage dans les antiques traductions françaises)

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