"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 20 mai 2010

L'Eglise Orthodoxe d'Estonie (1)


Icône de tous les saints d'Estonie


I. ORIGINE de l'orthodoxie en Estonie

Notre histoire n'a pas conservé tous les détails de l'origine de l'orthodoxie en Estonie et dans l'ensemble de la région de la Baltique. La proximité de la Russie, de villes comme Novgorod, Pskov, Polotsk et d'autres ont eu un effet illuminateur sur les païens et les idolâtres qui habitent la côte de la mer Baltique. Les premières preuves documentaires de l'avènement de l'orthodoxie en terre estonienne datent du XIIe siècle, mais, sans aucun doute, elle a été fermement établie en 1030 avec la fondation de la ville de Yuryev (Tartu) par le prince russe Yaroslav le Sage.


La propagation de l'orthodoxie ne fut pas très grande, cependant, elle toujours été un Évangile de paix et de fraternité pour le peuple, et seuls ceux qui exprimèrent leur souhait d'accepter le saint baptême se joignirent à elle. Il est bien connu que déjà dans la première moitié du XIIe siècle dans les diocèses de Novgorod et de Pskov, il y avait des règles à suivre que l'on mentionnait aux Estoniens qui devaient être baptisés. Il fut prescrit par Nifont, l'évêque de Novgorod (1130-1156), de catéchiser Estoniens 40 jours avant la cérémonie du baptême. Le développement de relations étroites et de bon voisinage entre les Estoniens et les Russes et la propagation de l'orthodoxie dans la région de la Baltique furent suspendues par l'invasion des chevaliers allemands au début du XIIIe siècle.

Mais néanmoins l'orthodoxie ne pouvait pas disparaître complètement. Au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle des relations commerciales furent établies entre l'Est et l'Ouest. les marchands russes s'installèrent dans les villes de la Livonie y établissant leurs propres bureaux. La condition indispensable pour la conclusion d'accords commerciaux fut la construction d'églises orthodoxes.

A Reval (Tallin) la colonie russe avec sa propre église orthodoxe était située dans la rue Morskaya (de la mer) à côté de la Petite Porte de la Mer. Au début du XVe siècle, avec la renaissance du commerce, la population russe dans la ville grandit considérablement, et les marchands de Pskov et Novgorod installés dans la zone proche de de la rue Vene (=russe, en estonien) , où l'église de Saint-Nicolas fut érigée.

A Derpt (Tartu), il y avait deux églises orthodoxes: l'église Saint-Nicolas et l'église du Grand-Martyr Georges, l'une pour les habitants de Novgorod, et l'autre pour ceux de Pskov. L'église Saint-Georges, en dépit de la résistance des dirigeants allemands et du clergé catholique, conserva propre système d'auto-administration et devint le centre de la vie religieuse des croyants orthodoxes. En 1472, le prêtre Isidore et 72 chrétiens orthodoxes furent noyés dans les trous de glace de la rivière Emajõgi pour avoir refusé d'adopter le catholicisme romain.

Le prêtre de l'église Saint-Georges, présommé Jean, réussit à échapper au sort de ses correligionnaires. Il quitta la ville et fonda le monastère des Grottes du district de Pskov, en devenant higoumène sous le nom d'Iona. Le cloître eut un grand effet sur la propagation de l'orthodoxie dans le sud-ouest de l'Estonie, notamment sous l'higouménat de Corneille. La renommée des ascètes de ce monastère attira les habitants de la côte du lac Peïpous qui vinrent au monastère. De retour à la maison le peuple parlait de la Sainte Foi, des miracles et de la vie austère des ermites. Quelques paysans fuirent la brutalité et la tyrannie de leurs propriétaires, et trouvèrent refuge dans le monastère, adoptèrent l'orthodoxie et y restèrent pour la vie.

Au milieu du XVIe siècle la guerre de Livonie éclata: la Russie s'efforça de parvenir à la côte de la Baltique. À la suite des hostilités, la majeure partie du territoire estonien vint sous la domination russe. De nouvelles églises apparurent sur les terres occupées. Narva avait deux d'entre elles: l'une dans la forteresse et l'autre dans la ville, et en 1570 la cathédrale épiscopale avec son centre de Yuryev (Tartu) fut créée. "Est arrivé à Novgorod le seigneur de Moscou Corneille le Nouveau de la ville de Yuryev en Livonie". Ces données sont mentionnées à la fois dans les chroniques de Novgorod et dans les écrits du légat du pape Grégoire XIII, le jésuite Antoine Possevin. On ne sait pas combien de temps Corneille resta à la tête de la cathédrale épiscopale. Dans les chroniques du monastère des grottes de Pskov, il y a une mention sur la date de son décès - le 5 Février, et son titre - saint évêque de Yuryev et Viljandi. L'évêque Savvas est considéré comme son successeur.

Les conséquences de la guerre de Livonie furent un grand malheur pour la Russie. La Livonie cessa d'exister et ses territoires furent répartis entre la Suède et la Pologne. La population russe a dû quitter la Livonie en conformité avec les traités de paix. Le clergé a quitté le pays avec les colons et les troupes emportant les icônes et les autres objets de valeur de l'église. L'évêque de Yuryev et Viljandi quitta Derpt en 1582, et sa cathédrale fut détruite. Les églises orthodoxes devinrent désertes et au début du XVIIIe siècle l'église Saint-Nicolas de Reval était la seule église en fonctionnement sur le territoire de l'Estonie, mais même celle-ci n'était ouverte que sporadiquement, principalement pour les marchands venus de Russie et les quelques croyants orthodoxes résidant dans la ville à cette époque.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
http://www.orthodox.ee/indexeng.php?d=history/history

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