"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 18 mai 2010

Saints martyrs de Lituanie Antoine, Jean et Eustathe


Fête le 14 avril

Les saints martyrs Antoine, Jean et Eustathe étaient des frères qui ont souffert pour le Christ sous le Grand Prince lituanien Olgerd (1345-1377). Le prince fut marié à la princesse orthodoxe Maria Yaroslavna (+ 1346). Il fut baptisé, et pendant la durée de vie de sa femme, il accueillit la prédication du christianisme. Deux frères, Néjilo et Koumèts, reçurent le baptême du prêtre saint Nestor, et ils reçurent les noms d'Antoine et de Jean. Et à la demande de Maria Yaroslavna une église orthodoxe fut construite à Vilnius (Vilna).

Après la mort de son épouse, le prince Olgerd a commencé à soutenir les prêtres païens adorateurs du feu, et a débuté une persécution contre les chrétiens. Saints Jean et Antoine s'efforcèrent de ne pas faire étalage de leur christianisme, mais ils n'observèrent pas les coutumes païennes. Ils ne coupèrent pas leurs cheveux comme les païens, et aux jours de jeûne, ils ne mangeaient pas d'aliments interdits.

Le prince soupçonna bientôt les frères, il les interrogea et ils s'avouèrent chrétiens. Alors il exigea qu'ils mangent de la viande (c'était un jour de jeûne). Les saints frères refusèrent, et le prince les enferma en prison. Les frères passèrent toute une année derrière les barreaux. Jean pris peur à cause de la torture imminente et il déclara qu'il obéirait à toutes les exigences du Grand Prince. Olgerd, enchanté, fit relâcher les frères et les fit venir vers lui.

Mais Antoine n'avait pas trahi le Christ. Quand il refusa de manger de la viande un jour de jeûne, le prince l'enferma de nouveau en prison et le soumit à des tortures brutales. L'autre frère resta libre, mais les chrétiens et les païens le considéraient comme un traître et ne voulaient rien avoir à faire avec lui.

Se repentant de son péché, Jean alla trouver le prêtre Nestor et le pria de demander à son frère de lui pardonner. "Quand il confessera ouvertement le Christ, nous serons réconciliés," répondit Antoine. Un jour, tout en servant le prince au bain, saint Jean lui parla en privé au sujet de sa réconciliation avec l'Église. Olgerd ne manifesta aucune colère, et dit qu'il pouvait croire au Christ, mais qu'il devait se comporter comme tous les païens. Puis saint Jean confessa lui-même être chrétien, en présence de nombreux courtisans. Ils le frappèrent violemment avec des verges et l'envoyèrent avec son frère en prison. Les martyrs se retrouvèrent avec joie, et ils reçurent les saints mystères le jour même.

Beaucoup de gens allèrent à la prison pour voir le nouveau confesseur. Les frères convertirent au Christ de nombreuses personnes par leur prédication. La prison se transforma en école chrétienne. Les prêtres païens effrayés exigèrent l'exécution des frères, mais ceux-ci n'avaient pas peur de la mort.

Dans la matinée du 14 avril 1347, le martyr Antoine fut pendu à un arbre après avoir reçu les Saints Mystères. Ce chêne, que les païens considéraient comme sacré, est devenu véritablement sacré pour les chrétiens orthodoxes.

Les prêtres païens qui espéraient que la prédication chrétienne s'arrêterait avec la mort de saint Antoine, furent déçus. Une multitude de personnes se rassemblaient devant les murs de la prison où saint Jean était détenu. Le 24 avril 1347, ils l'étranglèrent et pendirent son corps mort sur le même chêne. Les corps des deux martyrs vénérés furent enterrés par les chrétiens dans l'église de Saint-Nicolas le Thaumaturge.

Une troisième personne qui souffrit pour le Christ était leur parent Kruglets. Au baptême, le prêtre Nestor l'avait nommé Eustathe. Kruglets se distinguait en raison de sa beauté, de son courage et de sa bravoure, mais encore plus en raison de son esprit et de la vertu de l'âme. Favori d'Olgerd, il pouvait compter sur un avenir très prometteur. Toutefois, il refusa également de manger de la viande à la table de fête. Saint Eustathe déclara ouvertement qu'il était chrétien et ne mangea pas de viande en raison du jeûne de la Nativité.

Ils commencèrent à le battre avec des barres de fer, mais le jeune homme ne poussa pas un cri. Le prince essaya de raffiner la torture. Olgerd donna l'ordre de mettre le martyr nu, de le sortir dans la rue et de verser de l'eau glacée dans sa bouche. Mais cela ne brisa pas son esprit. Puis ils cassèrent les os de la cheville, et arrachèrent les cheveux et la peau de sa tête, et lui coupèrent les oreilles et le nez. Saint Eustathe endura ces tourments avec une telle joie et un tel courage, que les bourreaux eux-mêmes très furent stupéfaits par la puissance divine qui lui redonnait des forces. Le martyr Eustathe fut condamné à mort et pendu au même chêne, où les saints Jean et Antoine avaient reçu une mort de martyre (le 13 décembre 1347).

Pendant trois jours, personne ne fut autorisé à enlever le corps du martyr, et une colonne de nuée le protégea contre les oiseaux et les bêtes de proie. Une église fut construite plus tard sur la colline où les saints martyrs avaient souffert. La trinité des vénérables martyrs ayant souffert la passion, glorifia le vrai Dieu adoré dans la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit. L'église fut consacrée à la Très Sainte Trinité. La table d'autel fut construit sur la souche du chêne sacré sur lequel les martyrs étaient morts.

Bientôt leurs reliques furent découvertes non corrompues. En 1364, le patriarche Philothée de Constantinople (1354-1355, 1364 à 1376) envoya une croix avec les reliques des saints martyrs à saint Serge de Radonège (fêté au 25 septembre). L'Église établit la célébration des trois martyrs au 14 avril.

Les saints martyrs ont été d'une importance immense pour toute la frontière occidentale. Le monastère de la Sainte Trinité de Vilnius, où les saintes reliques sont conservées, est devenu un bastion de l'orthodoxie sur cette frontière. En 1915, lors de l'invasion des Allemands, ces reliques ont été emportées à Moscou.

Les reliques des saints ayant souffert la passion ont été redonnées au monastère du Saint-Esprit de Vilnius en 1946. Chaque année, la commémoration de leur retour (13 juillet) est observée solennellement au monastère.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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