"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 6 juin 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville (II)




Hiérodiacre Innocent tenant le trikerion-dikerion
avec des abeilles qui volent autour de lui


Beaucoup de moines se sont occupés des ruches du monastère, mais nous parlerons de l'un d'entre eux, l'apiculteur Père Innocent.

Père Innocent,( Igor Pretov dans le monde) est né le 15 mai ( ancien Calendrier) 1915 dans le gouvernement de Primorsk, dans une famille cosaque. La mère d'Igor était pieuse et lui-même avait le goût de la prière. Ses amis se moquaient de lui, " Pourquoi pries-tu tout le temps?" Beaucoup étaient surpris de voir Igor constamment à l'église, seul parmi les vieilles femmes. Pendant les jours du soulèvement russe, la famille d'Igor quitta la Russie en même temps que l'armée blanche et termina son périple en Mandchourie. Là, Igor se maria et il apprit aussi le métier d'apiculteur. De Mandchourie, il déménagea en Australie avec sa famille. Il devint assez riche la-bas, pourtant il donnait toujours de l'argent aux pauvres. Les richesse ne pouvaient retenir son âme pieuse dans son aspiration à servir Dieu. Dans la seconde moitié de sa vie, Père Innocent décida de quitter ce vain monde et de devenir moine. Au monastère, en plus de son service de diacre, Père Innocent avait deux autres obédiences monastiques: il travaillait au rucher et il remplissait et allumait les lampades des icônes et les cierges avant les offices.

Au rucher, Père Innocent travaillait sans filet de protection. Il n'avait pas peur des abeilles et elles n'avaient pas peur de lui et elles ne le piquaient pas. Il disait souvent que les abeilles étaient comme ses propres enfants. Quand le Père Innocent commença à chanter dans le chœur, les choristes remarquaient quelquefois une abeille posée sur sa soutane. Il prenait doucement l'abeille, la mettait dans sa poche et la remportait au rucher. Voici ce qui arriva un jour... Le second jour de Pâques, les frères marchaient en procession autour de l'église. Soudain venant de nulle part, arriva un essaim d'abeilles et elles fondirent toutes sur les fleurs de lilas qui ornaient le dikerion et le trikerion. Les hipodiacres étaient effrayés, mais Père Innocent ne l'était pas le moins du monde, et en fait, il était vraiment content. Il marcha avec solennité avec la procession, tenant le dikerion et le trikerion qui étaient totalement recouverts d'abeilles.

Tant que Père Innocent était vivant, il y avait beaucoup de miel au monastère. Il donnait généreusement ce miel comme bénédiction du monastère, et les gens faisaient de généreuses donations. Père Innocent recevait des commandes du monde entier, d'Argentine, d'Australie, et d'autres pays. Même si on pouvait trouver partout du miel, tout le monde voulait en obtenir de Père Innocent lui-même, comme bénédiction. On pouvait voir que ce miel était produit avec des prières.

Et Père Innocent était un grand homme de prière. La prière était sa condition naturelle. Quand il était au rucher, il travaillait d'une manière mesurée, sans hâte et il priait sans cesse. Pour lui son obédience monastique était comme la suite de la Liturgie.

Un jour, l'incident suivant très instructif, eut lieu... Père Innocent devait aller quelque part pour ses obédiences et il dit à un novice: "Je serais de retour dans peu de temps, j'ai besoin de me laver les mains pour enlever l'huile des lampades." Et il s'en fut. Dix minutes passèrent, puis une demie-heure et il ne revenait toujours pas. Le novice alla voir ce qui était arrivé. Il alla et trouva le Père Innocent debout devant l'évier, tenant ses mains sous l'eau, dans un état de demie-conscience: il était immergé dans la prière contemplative.

Père Innocent pratiquait la prière de Jésus et était capable de voir le monde spirituel, celui des anges et celui des démons. Pour lui, c'était naturel. Quelquefois il demandait aux gens autour de lui s'ils avaient ou non senti la présence d'un esprit impur. Evidemment, personne ne pouvait rien voir.

Les démons battirent Père Innocent en plusieurs occasions. Les frères du monastère étaient déconcertés par les marques de coups qui apparaissaient quelquefois sur son visage. Un jour, l'archimandrite Serge ( Romberg) dont la cellule était proche de celle de Père Innocent, entendit un bruit de remue-ménage qui venait de la cellule de son voisin et puis tout redevint calme. Au matin on entendait des gémissements étouffés venant de la cellule de Père Innocent. Père Serge y entra et vit que le locataire de la cellule avait été poussé, tête la première dans une étroite ouverture entre le mur et la tête du lit. D'abord il essaya de libérer Père Innocent tout seul, mais il n'y parvint point, alors il appela deux autres frères pour l'aider. Tous trois eurent beaucoup de mal à libérer Père Innocent.

Il est difficile de dire exactement combien de temps dormait Père Innocent. Le matin, il se levait avant les autres frères pour allumer les lampades de l'église. Le soir, revenant à sa cellule après les complies, Père Innocent commençait à lire sa règle de cellule monastique. Il s'immergeait profondément dans la prière. Il pouvait rester encore longtemps concentré dans la prière devant son coin d'icônes après cela. On voyait souvent une lumière dans sa cellule la nuit. On dit que quelquefois il se tenait ainsi debout jusques au matin. Et alors, il était temps d'aller à l'église allumer les lampades des icônes avant l'office de minuit, qui commence à cinq heures du matin à Jordanville.

Père Innocent jeûnait rigoureusement et pour cela, il était ascétiquement maigre. Pourtant il cachait son jeûne. En général, son comportement était modeste et humble. Si quiconque était fâché à cause de lui, il essayait toujours d'être le premier à demander pardon. Il se prosternait à terre devant l'autre personne même s'il n'avait rien à se reprocher. Quand quelqu'un demandait de l'aide à Père Innocent,il essayait d'être secourable. Il recevait des lettres de remerciements du monde entier. On lui envoyait des dons qu'il donnait à ceux qui étaient dans le besoin. Cependant, il n'acceptait jamais d'argent de quiconque. Un jour une compagnie australienne lui envoya 10.000 dollars en paiement de quelques services rendus par Père Innocent quand il était encore laïc. Pourtant, il refusa catégoriquement le chèque et insista pour qu'il soit renvoyé.
2. Père Innocent, l'apiculteur ( troisième & dernière partie)
Beaucoup de moines se sont occupés des ruches du monastère, mais nous parlerons de l'un d'entre eux, l'apiculteur Père Innocent.
Père Innocent,( Igor Pretov dans le monde) est né le 15 mai ( ancien Calendrier) 1915 dans le gouvernement de Primorsk, dans une famille cosaque. La mère d'Igor était pieuse et lui-même avait le goût de la prière. Ses amis se moquaient de lui, " Pourquoi pries-tu tout le temps?" Beaucoup étaient surpris de voir Igor constamment à l'église, seul parmi les vieilles femmes. Pendant les jours du soulèvement russe, la famille d'Igor quitta la Russie en même temps que l'armée blanche et termina son périple en Mandchourie. Là, Igor se maria et il apprit aussi le métier d'apiculteur. De Mandchourie, il déménagea en Australie avec sa famille. Il devint assez riche la-bas, pourtant il donnait toujours de l'argent aux pauvres. Les richesse ne pouvaient retenir son âme pieuse dans son aspiration à servir Dieu. Dans la seconde moitié de sa vie, Père Innocent décida de quitter ce vain monde et de devenir moine. Au monastère, en plus de son service de diacre, Père Innocent avait deux autres obédiences monastiques: il travaillait au rucher et il remplissait et allumait les lampades des icônes et les cierges avant les offices.

Au rucher, Père Innocent travaillait sans filet de protection. Il n'avait pas peur des abeilles et elles n'avaient pas peur de lui et elles ne le piquaient pas. Il disait souvent que les abeilles étaient comme ses propres enfants. Quand le Père Innocent commença à chanter dans le chœur, les choristes remarquaient quelquefois une abeille posée sur sa soutane. Il prenait doucement l'abeille, la mettait dans sa poche et la remportait au rucher. Voici ce qui arriva un jour... Le second jour de Pâques, les frères marchaient en procession autour de l'église. Soudain venant de nulle part, arriva un essaim d'abeilles et elles fondirent toutes sur les fleurs de lilas qui ornaient le dikerion et le trikerion. Les hipodiacres étaient effrayés, mais Père Innocent ne l'était pas le moins du monde, et en fait, il était vraiment content. Il marcha avec solennité avec la procession, tenant le dikerion et le trikerion qui étaient totalement recouverts d'abeilles.

Tant que Père Innocent était vivant, il y avait beaucoup de miel au monastère. Il donnait généreusement ce miel comme bénédiction du monastère, et les gens faisaient de généreuses donations. Père Innocent recevait des commandes du monde entier, d'Argentine, d'Australie, et d'autres pays. Même si on pouvait trouver partout du miel, tout le monde voulait en obtenir de Père Innocent lui-même, comme bénédiction. On pouvait voir que ce miel était produit avec des prières.

Et Père Innocent était un grand homme de prière. La prière était sa condition naturelle. Quand il était au rucher, il travaillait d'une manière mesurée, sans hâte et il priait sans cesse. Pour lui son obédience monastique était comme la suite de la Liturgie.

Un jour, l'incident suivant très instructif, eut lieu... Père Innocent devait aller quelque part pour ses obédiences et il dit à un novice: "Je serais de retour dans peu de temps, j'ai besoin de me laver les mains pour enlever l'huile des lampades." Et il s'en fut. Dix minutes passèrent, puis une demie-heure et il ne revenait toujours pas. Le novice alla voir ce qui était arrivé. Il alla et trouva le Père Innocent debout devant l'évier, tenant ses mains sous l'eau, dans un état de demie-conscience: il était immergé dans la prière contemplative.

Père Innocent pratiquait la prière de Jésus et était capable de voir le monde spirituel, celui des anges et celui des démons. Pour lui, c'était naturel. Quelquefois il demandait aux gens autour de lui s'ils avaient ou non senti la présence d'un esprit impur. Evidemment, personne ne pouvait rien voir.

Les démons battirent Père Innocent en plusieurs occasions. Les frères du monastère étaient déconcertés par les marques de coups qui apparaissaient quelquefois sur son visage. Un jour, l'archimandrite Serge ( Romberg) dont la cellule était proche de celle de Père Innocent, entendit un bruit de remue-ménage qui venait de la cellule de son voisin et puis tout redevint calme. Au matin on entendait des gémissements étouffés venant de la cellule de Père Innocent. Père Serge y entra et vit que le locataire de la cellule avait été poussé, tête la première dans une étroite ouverture entre le mur et la tête du lit. D'abord il essaya de libérer Père Innocent tout seul, mais il n'y parvint point, alors il appela deux autres frères pour l'aider. Tous trois eurent beaucoup de mal à libérer Père Innocent.

Il est difficile de dire exactement combien de temps dormait Père Innocent. Le matin, il se levait avant les autres frères pour allumer les lampades de l'église. Le soir, revenant à sa cellule après les complies, Père Innocent commençait à lire sa règle de cellule monastique. Il s'immergeait profondément dans la prière. Il pouvait rester encore longtemps concentré dans la prière devant son coin d'icônes après cela. On voyait souvent une lumière dans sa cellule la nuit. On dit que quelquefois il se tenait ainsi debout jusques au matin. Et alors, il était temps d'aller à l'église allumer les lampades des icônes avant l'office de minuit, qui commence à cinq heures du matin à Jordanville.

Père Innocent jeûnait rigoureusement et pour cela, il était ascétiquement maigre. Pourtant il cachait son jeûne. En général, son comportement était modeste et humble. Si quiconque était fâché à cause de lui, il essayait toujours d'être le premier à demander pardon. Il se prosternait à terre devant l'autre personne même s'il n'avait rien à se reprocher. Quand quelqu'un demandait de l'aide à Père Innocent,il essayait d'être secourable. Il recevait des lettres de remerciements du monde entier. On lui envoyait des dons qu'il donnait à ceux qui étaient dans le besoin. Cependant, il n'acceptait jamais d'argent de quiconque. Un jour une compagnie australienne lui envoya 10.000 dollars en paiement de quelques services rendus par Père Innocent quand il était encore laïc. Pourtant, il refusa catégoriquement le chèque et insista pour qu'il soit renvoyé.


Père Innocent vénérait profondément le Tzar martyr Nicolas II et sa famille avant même que les nouveaux martyrs et confesseurs de Russie ne soient glorifiés en 1981. Il y avait un portrait de la famille impériale dans le dortoir du séminaire, et chaque matin Père Innocent venait le vénérait et après seulement, il vaquait à son obédience. Vers la fin de sa vie, Père Innocent dut abandonner son obédience au rucher à cause de ses problèmes de santé et se mettre en retraite; néanmoins, il voulait toujours savoir comment allaient ses enfants les abeilles. Bientôt les médecins découvrirent que Père Innocent avait un cancer. La période de préparation au passage pour l'autre monde commença. Pourtant la préparation ne fut pas très difficile pour Père Innocent, car il s'était efforcé de ne pas être trop attaché dans son cœur à quoi que ce soit dans le monde. Ce n'était pas pour rien que son dicton préféré était: " Eté, hiver, été, hiver et puis nous sommes partis!"

Un jour, plusieurs des frères du monastère se rendirent à l'hôpital pour voir comment allait Père Innocent. Il était inconscient quand ils arrivèrent. Ils commencèrent à discuter pour savoir auel acathiste il fallait lire pour prier pour sa santé. L'un d'entre eux dit: " Pourquoi devrions-nous lire un acathiste? Il ne comprends rien de toute façon" Soudain, Père Innocent à la surprise générale ouvrit les yeux, se tourna vers le frère qui avait parlé et dit distinctement: " C'est toi qui ne comprends rien!"

Père Innocent s'éteignit le 25 septembre ( Ancien style) 1983. Pendant l'office d'ensevelissement qui eut lieu le 28 septembre ( idem), surgies de nulle part, des abeilles vinrent se poser sur le cercueil de Père Innocent, comme pour lui dire au revoir avant son ultime voyage. Ainsi, même les créatures muettes peuvent-elles devenir loyales et obéissantes à une personne qui a acquis la grâce du Saint Esprit.

Les frères se trompèrent accidentellement dans la date du quarantième jour. Donc, exactement au quarantième jour après son trépas, un des frères qui vivait au quatrième étage du bâtiment du monastère, entendirent soudain un petit bruit insistant de heurt sur la fenêtre de sa cellule. Il regarda par la fenêtre, mais évidemment, il ne vit personne. Il se cacha alors près de la fenêtre et à sa surprise, il vit des abeilles qui venaient en volant cogner à la vitre. Le frère alla voir l'archimandrite Wladimir ( Soukhobok). En regardant le calendrier, ils découvrirent qu'ils avaient fait une erreur en calculant le quarantième jour. Ils réalisèrent que c'était en ce jour le quarantième jour et que le Seigneur le leur avait miraculeusement rappelé par les abeilles. L'erreur fut réparée et les frères du monastère célébrèrent la mémoire du Père hiérodiacre Innocent à temps.

En conclusion, nous citerons une lettre d'un des frères du monastère, écrite après la mort de Père Innocent. " Aujourd'hui nous avons enseveli notre bien-aimé et aimant Père Innocent. Il est mort d'un cancer du foie dans l'hôpital de Cooperstown vers sept heures du soir, le dimanche 12/25 septembre dans le dernier jour de l'après-fête de la Nativité de la Mère de Dieu. Il communia pour la dernière fois plusieurs jours avant sa mort. Vers la fin de son séjour à l'hôpital, où il passa cinq ou six semaines, on peut dire qu'il communia toutes les semaines. Il aurait été préférable bien sûr qu'il meure ici, à la maison (id est au monastère). A propos, Père Hermogène est entrain de mourir à présent de la même maladie, ici. Il est conscient, mais il ne veut rien manger. Il est devenu très maigre et il souffre beaucoup. Pourtant Père Hermogène se prépare à mourir tout comme Père Innocent le fit, comme un moine. Père Innocent fut enterré dans le coin du cimetière des frères, près de Père Géronte et de Père Joseph ( Ivan Kozlov le comptable). Ainsi les rangées se remplissent lentement.

Bien que la nouvelle de la mort de Père Innocent soit triste, elle est joyeuse en même temps. Il y a un sentiment de fête dans le cœur. Cette joie ne laisse pas l'âme prendre le deuil. Ce sentiment d'amour et de tendresse peut être exprimé dans les paroles du prokiménon, " Bienheureux est la voie où tu dois marcher frère, car un lieu de repos est préparé pour toi," et dans les paroles de la dernière stichère: " Mes frères et mes amis spirituels dans l'ascèse, ne m'oubliez pas quand vous priez, mais quand vous voyez ma tombe, souvenez-vous de mon amour, et priez le Christ qu'Il établisse mon âme parmi les justes."

Notre propre père Nicodème l'Aghiorite, écrivit dans le journal de prière de Père Théodose de Caroulia ( Je l'ai lu récemment),"peu de temps après la mort du Staretz, j'ai lu un dicton qu'il citait habituellement dans le livre d'Ignace Briantchaninov. " Si le jour de la mort de quelqu'un, il y a de la joie dans ton cœur, c'est un signe que son âme a été acceptée par Dieu."

Plusieurs mois avant la mort de Père Innocent, je lui ai rendu visite ( Ce que je faisais souvent, pour voir comment il allait, pour l'aider ou pour bavarder) et je l'ai trouvé pris d'une horrible terreur. Je lui demandé: "Père Innocent, que se passe-t-il?" Il parlait avec nervosité et rapidement à travers ses larmes, " La mort, j'ai ressenti une telle peur de la mort. Bientôt je serai mort." Le reste de ses paroles était presque incohérent, mais il répéta deux fois la dernière phrase. Peu de temps après, il tomba malade, pourtant tout le monde croyait qu'il était devenu faible à cause de son jeûne trop rigoureux, ce qui en partie était vrai. Les frères essayèrent de lui faire prendre du poids, mais il refusait tout, alors les autres et moi-même nous le réprimandions souvent pour cela. Sa condition empira; nous nous tournâmes vers les docteurs, mais ils ne purent nous dire ce qui n'allait pas chez lui. A la fin ils comprirent qu'il avait un cancer et qu'il était incurable. Sa fille vint d'Australie. 
Pendant sa maladie, il souffrit beaucoup des attaques des esprits malins, pourtant le Seigneur "vint à son secours" comme le dit le Psalmiste. Il lui fut dit de se battre et de ne pas abandonner. Dieu merci, il sortit du combat vainqueur, comme cela fut attesté à la fois avant et après son enterrement par le fait qu'il apparut à des personnes à qui il dit souvent:" Gloire à Dieu! Gloire à Dieu pour tout!"
Trois personnes différentes virent Père Innocent dans des rêves. Il apparut d'abord à Père Méthode son frère hiérodiacre. Père Méthode me raconta plus tard," Je l'ai vu dans le réfectoire, je pense, et je lui ai demandé, alors comment vas-tu là-bas? Et il a répondu * Bien...Très bien...A présent tout va bien... Et il était si rayonnant et si joyeux."
Ceci arriva trois jours avant la mort de Père Innocent. Après, j'ai entendu qu'il était aussi apparu en rêve à un séminariste. Le séminariste vit Père Innocent dans l'église, déjà dans son cercueil, habillé de blanc. pourtant pour quelque raison, le cercueil était tourné vers le peuple ( il était à l'envers) et Père Innocent bougeait à l'intérieur du cercueil. Père Wladimir ( Sukhobok) fit ce commentaire: " Il s'est beaucoup battu contre les démons ici et il se bat encore contre eux là-bas, mais il ne le fait plus pour lui, mais pour nous."
La troisième fois, Père Innocent apparut à une femme venue en pèlerinage au monastère.Elle le respectait profondément et l'aimait. Il était resplendissant et joyeux. 
Quand il fut ramené de l'hôpital, et que nous l'habillions, je remarquai que son visage était très serein. Pendant deux nuits on a lu le psautier près de lui et durant la seconde nuit en particulier, j'ai remarqué combien il était agréable de lire et combien on se sentait bien dans l'église. L'archevêque Laure ( Plus tard Métropolite) officia pour l'office de pannikhide avec plusieurs archimandrites et hiéromoines. Il n'y avait pas beaucoup de gens présents, pourtant on pouvait dire que l'église était pleine. Pendant tout l'office, je pensais à toutes les épreuves, les tentations, les exploits ascétiques et les difficultés qu'il avait traversés et comment il avait tout enduré. Il ne jugeait pas les autres, pardonnait à ceux qui l'avaient offensé, était toujours aimable; peu de personnes l'avaient jamais vu malheureux. Et comme tout le monde le savait, il avait beaucoup d'amour en lui.
Quand ils descendaient déjà son cercueil en terre, une pensée traversa mon esprit comme l'éclair. " Dieu montrera-t-il que son âme a été acceptée [parmi les élus]? Lorsque je répondis à cette pensée par ces paroles, " Que tout soit selon la volonté de Dieu", une magnifique feuille d'automne tomba d'un arbre, exactement au milieu de la croix sur le couvercle de son cercueil. Les autres n'y firent peut-être pas attention, mais je remarquai aussi qu'à ce moment-même, un oiseau se mit à chanter. Après douze prosternations, j'accompagnais à pied sa grâce [l'higoumène Laure], car je faisais office de sous-diacre. Mais les personnes qui restèrent dirent qu'après vint un essaim d'abeilles. Elles se mirent en cercle autour de la tombe et se posèrent sur le cercueil. Les ouvrières de Père Innocent venaient dire adieu à leur maître aimant.
Le soir, après vêpres et matines, juste avant le repas du soir, j'allai à la tombe du Père Innocent méditant et priant. Soudain, je vis un chat qui s'approchait lentement de la tombe. Le chat la renifla, creusa le monticule avec sa patte et puis commença à courir comme s'il jouait avec quelqu'un. Alors arriva un autre chat, puis un troisième et puis un quatrième. Il jouaient joyeusement, nullement gênés par ma présence. Je fus touché et remerciai Dieu de m'avoir permis de voir un tel miracle.
"Béni sont ceux que Tu as élus et amenés vers Toi, ô Seigneur!" Cher Père Innocent, repose-toi de tes nombreux labeurs et prie Dieu qu'Il sauve nos âmes! "

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
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