"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 9 janvier 2020

Moine Andreas l'Athonite: LE STARETZ PHILARÈTE DE KAROULIA (2)


Hermitage cells at Karoulia
Cellules de l'Ermitage à Karoulia
  
Sa nourriture habituelle était le fruit du nopal (Figuier de Barbarie/cactus) dont Karoulia abonde, car il semble avoir été planté il y a très longtemps et s'est tellement multiplié depuis qu'il s'est répandu partout sur les rochers. Le Père Philarète prenait ses fruits, qu'ils soient frais ou secs, et les écrasait tels quels, avec des épines... Puis il les mélangeait avec du son et les consommait crus ou cuits...

Il avait une grande révérence et une grande admiration pour la Très Sainte Génitrice de Dieu ; chaque fois qu'il prononçait son Nom, des larmes coulaient de ses yeux. Chaque fois qu'il entendait des hymnes de l'Église, en particulier « Il est digne en Vérité… ", il éclatait en larmes, et son cœur débordait de joie et de jubilation.

Un jour, le Père Daniel dit au staretz Philarète :

"Père Philarète, je t’ai observé pendant longtemps et je vois que lorsque nous chantons les psaumes tupleures au lieu de te réjouir avec tous les autres. Pourquoi ? Qu'est-ce qui te fait pleurer exactement ?"

Il répondit avec hésitation :

"Quand j'entends les frères chanter des psaumes, je voyage de la terre au ciel dans mon esprit et il me semble que j'entends les anges de Dieu chanter. Mon âme se réjouit tellement que mes yeux se remplissent de larmes de joie. Une autre fois, sentant mon péché, je pleure, incapable de chanter avec ces anges terrestres de Dieu. Et alors mes larmes se mettent à couler plus intensément car je pense que si je ne peux pas chanter à l'unisson avec ces frères ici sur terre, comment deviendrai-je digne de glorifier le Seigneur notre Dieu et de chanter Son nom en harmonie avec les hiérarchies célestes des anges, indigne et pécheur que je suis ? Avec toutes ces pensées, mon frère, de mes yeux coulent toujours des larmes de joie et de tristesse, et dans mon âme je commence à glorifier le Nom très saint, précieux et glorieux du Seigneur notre Dieu".

Vers la fin de sa vie

Ayant atteint l'âge de quatre-vingts ans, après des labeurs ascétiques austères, le staretz Philarète devint physiquement faible, mais ses pensées et son zèle pour la vie spirituelle se renforcèrent et augmentèrent, comme le dit l'Apôtre Paul : Car nous savons que si notre maison terrestre de ce tabernacle était dissoute, nous aurions un édifice de Dieu, une maison, éternelle dans les cieux qui n'a pas été faite de main d'homme (2 Corinthiens 5:1) ; et comme le dit Christ : L'esprit est certes prompt, mais la chair est faible (Matthieu 26:41).

Sentant que le moment de son départ pour l'éternité était proche, le staretz Philarète demanda au staretz Géronte, chef de la Fraternité des Danielites, de lui donner sa bénédiction et de permettre aux moines Géronte et Acace de venir à sa kalyve dans le désert et de lui chanter quelques hymnes d'Église pour la gloire de Dieu.

 Elder Philaret of Karoulia. Photo by Pávlos Mylonás, 1959
Philarète staretz de Karoulia. 
Photo de Pávlos Mylonás, 1959

Le staretz Géronte, connaissant l'état spirituel du Père Philarète, bénit les deux chantres aux voix exceptionnelles, qui aimaient le staretz Philarète et le respectaient. Ils se rendirent avec joie à sa kalyve à Karoulia et lui chantèrent quelques hymnes avec un sentiment spirituel, à savoir, " Très Sainte Dame Souveraine ", " Ne me confie à aucune protection humaine ", " Pères du désert d'Athos " et d'autres beaux hymnes athonites en échange de sa prière et de sa bénédiction.

Des larmes coulaient des yeux du staretz Philarète comme deux ruisseaux. Il chantait à haute voix des louanges à Dieu, remerciant la toute Sainte Mère du Christ et Génitrice de Dieu Marie. En fléchissant les genoux, il adressait une supplication fervente au Christ son Maître :

"Préserve, Seigneur, la communauté de la Fraternité des Danielites, ces anges du désert. Et protège, ô mon Christ, je Te prie, tous les moines qui, par amour pour Toi et par amour divin, ont abandonné le monde et tout ce qui s'y trouve, en sont venus à haïr les biens illusoires de la terre, et cherchent maintenant à jouir des bénédictions promises de la vie éternelle, dont Tu as parlé par la bouche de Ton apôtre Paul : L'œil n'a pas vu, l'oreille n'a pas entendu, et il n'est pas entré dans le cœur de l'homme, les choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment (1 Corinthiens 2:9). Protège ces moines qui sont venus ici, dans ce lieu saint - le Mont Athos - et aussi tous ceux qui ont cherché refuge dans ce havre appelé le Jardin de la Génitrice de Dieu, des illusions de Satan par Ta puissance et Ta grâce. Accorde leur sobriété d'esprit, pureté de cœur et salut pour leurs âmes et pour tous les peuples. Je Te remercie, ô mon Seigneur !"

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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