"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 12 juillet 2018

Sur orttodossiatorino.net: Les sacrements catholiques sont-ils valides ?


La question sur la validité des sacrements catholiques ouvre un débat qui fait trembler de peur (1) beaucoup plus les théologiens que moi-même, auteur de ces lignes... Je peux comprendre que la réponse d'un simple pasteur orthodoxe peut ne pas être satisfaisante.

Le concept même de " validité " doit être défini de manière très précise et sans ambiguïté pour tout le monde, ce qui n'est pas toujours possible. 

Un jour, on m'a demandé si pour moi, un prêtre anglican est un vrai prêtre. J'ai été forcé de répondre que pour moi, un prêtre anglican est un vrai prêtre anglican! En d'autres termes, tant qu'il exerce son ministère dans la Communion anglicane, il ne devrait pas y avoir de problème avec sa "validité", mais s'il décide de passer le Rubicon (ou plutôt le Tibre, ou peut-être la Moscova...) alors il devrait s'adapter à la vision de l'Église dans laquelle il cherche refuge. Si ceci "valide" ses ordres, tant mieux, si ce n'est pas le cas (peut-être en disant au prêtre anglican que je ne peux pas accepter sa prêtrise parce que le prêtre en question est une femme!...), alors il devra accepter le jugement, ou se préparer à passer un autre fleuve.

En soi, je pense qu'il est inutile de se demander si un sacrement réalisé en dehors de la communion de l'Église est "valide" ou "authentique". Il sera tout au plus possible de parler de son "authentification" au moment où la communion est rétablie. Jusque-là, débattre de sa validité est une question dépourvue de pertinence (2) qui n'apporte aucun bienfait.

Il est plutôt inutile d'argumenter sur la "validité" d'un sacrement à partir d'un seul cas miraculeux, non seulement parce que cela ne tient pas compte du fait que le miracle pourrait se produire même sans appareil sacramentel, mais parce que tous les cas similaires devraient être authentifiés. 

Un exemple : nous voyons un cas de miracle eucharistique dans l'Église romaine (par exemple une hostie sanglante, mais il y a des dizaines de miracles similaires) et nous concluons que l'Eucharistie de l'Église romaine est "valide" : bien, mais nous devons aussi examiner les nombreux cas dans lesquels les miracles eucharistiques se produisent dans les "petites églises" séparées de Rome, et souvent avec des théologies plutôt aberrantes : toutes "valides" même dans ces parties ?

En fin de compte, j'ai l'impression que l'on parle de "validité" davantage pour se sentir plus sûr de soi. Je ne pense pas que cet attachement ait une vraie valeur, dans un contexte de foi.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



(1) Allusion à l'expression utilisée par Dante dans son premier chant de l'Enfer pour indiquer une grande peur (Cf. Vedi la bestia per cu'io mi volsi;aiutami da lei, famoso saggio,ch'ella mi fa tremar le vene e i polsi.)
(2) L'expression italienne, plus savoureuse parle d'une question de laine caprine ( una questione di lana caprina)

Aucun commentaire: