20 juin / 3 juillet
2ème dimanche après la Pentecôte
Tous les saints qui ont brillé sur la Terre russe
Tous les saints du Mont Athos ; saints martyrs Inna, Pinna et Rimma (I-II) ; saint martyr Aristoclée, prêtre, Démètrien, diacre et Athanase, lecteur (vers 306) ; saint hiéromartyr Méthode, évêque de Patare (312) ; saint Leucius, confesseur, évêque de Brindisi, saint prince Gleb de Vladimir (XIIème s.) ; saint Ménas, évêque de Polotsk (1116) ; saint Nicolas Cabasilas (vers 1397).
Lectures : Rom 2,10-16 ; Маtth. 4, 18-23 ; Hébr. XI, 33 – XII, 2. Мatth. IV, 25 – V, 12.
LA FÊTE DE TOUS LES SAINTS GLORIFIÉS EN TERRE RUSSE
Le rétablissement de la fête de tous les Saints glorifiés en Russie coïncide historiquement avec celui du patriarcat dans l’Église Russe. Durant la période préconciliaire, le Saint-Synode de l’Église Orthodoxe Russe n’avait pas l’intention de remettre en vigueur la célébration de la synaxe des Saints russes, qui était apparue au XVIème siècle. En 1908, un paysan de la province de Vladimir, Nicolas Gazoukine, demanda au Saint-Synode d’établir une fête annuelle « de tous les saints de Russie » et « d’honorer ce jour avec un office particulier ». Cette requête fut déclinée, le Saint-Synode considérant que la mémoire des Saints russes était déjà commémorée dans le cadre de la fête de tous les saints. Néanmoins, le Concile local de l’Église Russe, en 1917-1918 rétablit cette fête, et ce grâce aux efforts conjugués du professeur de l’université de Petrograd Boris Touraïev et du hiéromoine Athanase (Sakharov), futur confesseur de la foi, canonisé maintenant officiellement. Le premier présenta un rapport le 15 mars 1918 au Concile, dans lequel il mentionnait, entre autres, « qu’à notre triste époque, lorsque la Russie une est déchirée, lorsque notre génération pécheresse voit piétiner les fruits des labeurs des saints qui ont vécu dans l’ascèse dans les grottes de Kiev, à Moscou, dans la Thébaïde du Nord, et dans l’ouest de la Russie pour créer une seule Église Orthodoxe Russe, il serait opportun de rétablir cette fête oubliée… » Ledit rapport fut examiné par le concile et, enfin, le 26 août, le jour de la fête onomastique du saint patriarche Tykhon, fut prise la décision de rétablir la fête de tous les saints russes, sa date étant fixée au premier dimanche du carême des saints Apôtres. Le Concile décida d’imprimer l’ancien office composé par le moine Grégoire, avec des corrections. Cependant, le professeur Touraïev et le hiéromoine Athanase arrivèrent vite à la conclusion que l’on ne pouvait qu’emprunter une toute petite partie dudit office, et qu’il était indispensable de refaire tout le reste. Encore incomplet, l’office fut présenté le 8 septembre 1918, à l’avant-dernière cession de la commission liturgique du Concile, qui l’approuva et le soumit au Patriarche et au Saint-Synode qui, après la fin du Concile, donnèrent leur bénédiction pour imprimer le nouvel office, sous la direction du métropolite Serge (Stragorodsky). L’impression fut achevée à Moscou à la fin de 1918, dans de grandes difficultés. Malheureusement, en raison des événements de 1917, la fête rétablie par le Concile a failli tomber dans l’oubli comme cela avait été le cas dans le passé. En outre, le professeur Touraïev décéda en 1920. En automne 1922, le saint hiérarque Athanase (Sakharov), lors de sa première arrestation dans la cellule N°17 de la prison de Vladimir, rencontra tout un groupe qui partageait ses idées quant à la fête qui avait été rétablie. Selon le témoignage de St Athanase, cette assemblée de détenus, « après nombre de discussions animées au sujet de la fête, de l’office, de l’icône, de l’église dédiée à cette fête, posa les fondements d’une nouvelle révision de l’office imprimé en 1918, avec des corrections et des compléments ». C’est ainsi que l’office connut nombre de changements : on déplaça certains hymnes, des nouveaux saints furent introduits, lesquels n’avaient pas été mentionnés dans la version de 1918. Enfin, dans le même lieu, toujours en prison, le 10 novembre 1922, alors que l’on commémorait le trépas de St Dimitri de Rostov, auteur des célèbres vies de saints, fut célébrée, pour la première fois, la fête de tous les saints russes. Le 1er mars 1923, dans la cellule n°121 de la prison de Tagansk, St Athanase bénit le premier antimension en l’honneur de tous les Saints de Russie, destinée à sa chapelle privée. St Athanase continua à travailler le texte de l’office de tous les saints de Russie jusqu’à son bienheureux trépas, en 1962.
Tropaire du dimanche du 1er ton
Кáмени запеча́тану отъ Iyде́й и во́иномъ стрегу́щымъ пречи́стое Tѣ́ло Tвое́, воскре́слъ ecи́ тридне́вный, Cпа́ce, да́руяй мípoви жи́знь. Ceго́ ра́ди си́лы небе́сныя вопiя́xy Tи, Жизнода́вче : сла́ва Bocкреcéнію Tвоемý Xpисте́ ; сла́ва Ца́рствiю Tвоему́ ; сла́ва cмотре́нiю Tвоему́, еди́не Человѣколю́бче.
|
La pierre étant scellée par les Juifs et les soldats gardant Ton Corps immaculé, Tu es ressuscité le troisième jour, ô Sauveur, donnant la Vie au monde ; aussi, les Puissances des cieux Te crièrent : Source de Vie, ô Christ, gloire à Ta Résurrection, gloire à Ton règne, gloire à Ton dessein bienveillant, unique Ami des hommes!
|
Tropaire des saints de la Terre russe, ton 8
Я́коже пло́дъ кра́сный Твоего́ спаси́тельнaго сѣ́янiя, земля́ Pоссій́ская прино́ситъ Tи́, Го́споди, вся́ святы́я, въ то́й просiя́вшыя. Тѣхъ моли́твами въ ми́pѣ глубо́цѣ Це́рковь и страну́ на́шу Богоро́дицею соблюди́, Многоми́лостиве.
|
Tel le fruit magnifique de Ta semence salvatrice, la terre de Russie T’offre Seigneur, tous les Saints qui y ont brillé. Par leurs prières, garde dans une paix profonde l’Eglise et notre pays, par les prières de la Mère de Dieu, Très miséricordieux.
|
Kondakion du dimanche du 1er ton
Воскpécлъ ecи́́ я́ко Бо́гъ изъ гро́ба вo сла́вѣ и мípъ coвоскpecи́лъ ecи́, и eстество́ человѣ́ческое я́ко Бо́гa воспѣва́ет Tя́, и сме́рть изчезе́ : Aда́мъ же лику́ет, Влады́ко, Éва ны́нѣ отъ у́зъ избавля́ема ра́дуется зову́щи : Ты́ ecи́ и́же вcѣ́мъ подая́, Xpисте́ Bocкреcéніe.
|
Ô Dieu, Tu es ressuscité du Tombeau dans la gloire, ressuscitant le monde avec Toi ! La nature humaine Te chante comme son Dieu et la mort s’évanouit. Adam jubile, ô Maître, et Ève, désormais libérée de ses liens, Te crie dans sa joie : « C’est Toi, ô Christ, qui accordes à tous la Résurrection ! »
|
VIE DE SAINT NICOLAS CABASILAS
Né à Thessalonique vers 1322, saint Nicolas était issu, par son père, de la famille des Chamaétos ; mais il adopta ensuite le patronyme de sa mère : Cabasilas, famille ancienne et réputée. Dès sa jeunesse, il reçut sa formation spirituelle de Dorothée Blatès, proche disciple de saint Grégoire Palamas, et fréquenta les cercles de pieux laïcs qui s’adonnaient à la Prière de Jésus sous la direction de saint Isidore, le futur patriarche (1347-1350). Et après avoir reçu sa première éducation littéraire et philosophique auprès de son oncle, Nil Cabasilas, il alla poursuivre ses études à l’École de Philosophie de Constantinople. Il y acquit une haute culture littéraire, et son admiration de l’Antiquité classique le fit se ranger dans les milieux humanistes, sans toutefois s’écarter de l’enseignement de l’Église. Pendant son séjour dans la capitale, la controverse entre saint Grégoire Palamas et Barlaam sur la possibilité de la divinisation de l’homme par les énergies incréées de la grâce, éveilla son attention sur la fin ultime de la vie chrétienne, mais il se pencha alors davantage sur les problèmes sociaux et politiques de son époque. Après la mort d’Andronique III (1341), l’Empire se trouva déchiré par une cruelle et désastreuse guerre civile entre les partisans de Jean V Paléologue et ceux de Jean Cantacuzène, situation que vint aggraver la révolte des Zélotes à Thessalonique contre le pouvoir impérial et les nobles. Nicolas, se trouvant alors à Thessalonique, prit l’initiative de négociations entre les insurgés et Jean Cantacuzène. En 1345, il fut envoyé à Bérée en ambassade auprès du fils et représentant de Cantacuzène, Manuel, et il obtint la promesse de conditions de reddition avantageuses pour les insurgés. Mais, dès son retour, André Paléologue s’opposa à ce projet et, ameutant les Zélotes et la populace des bas quartiers, ils firent l’assaut de la citadelle où s’étaient réfugiés les notables. D’ignobles massacres s’en suivirent, auxquels Nicolas put échapper de justesse en se cachant dans un puits. Il demeura cependant à Thessalonique jusqu’en 1347, sans être inquiété, malgré ses sympathies pour Cantacuzène, et, méditant sur les causes de la guerre civile, il rédigea plusieurs traités contre l’usure et l’injustice sociale. Lorsque Cantacuzène fut élevé sur le trône avec le titre de Jean VI, il appela Nicolas auprès de lui à Constantinople et en fit son conseiller dans toutes les affaires importantes de l’État. C’est sous l’influence de ses deux confidents, Nicolas et son ami d’enfance Dimitrios Kydonès, qu’il appelait des hommes « parvenus au faîte de la sagesse profane, non moins philosophes en action et ayant élu la vie chaste et exempte des inconvénients du mariage », que le souverain forma le projet de se retirer au monastère des Manganes, mais il dut y renoncer à cause de la situation politique à Thessalonique. Pendant toute cette période, Nicolas s’adonnait à une intense activité d’écrivain, tout en participant activement à la vie publique. En septembre 1347, il faisait partie de la suite accompagnant saint Grégoire Palamas, nouvellement élu archevêque de Thessalonique ; mais le peuple ayant rejeté son pasteur, ils durent se retirer au Mont Athos où ils vécurent dans l’hésychia et la prière pendant une année. En 1349, il se rendit de nouveau à Thessalonique où, la révolte des Zélotes ayant été étouffée et les partis opposés s’étant réconciliés, on procéda à l’intronisation de saint Grégoire. En 1351, lors du concile qui condamna Akindynos et proclama l’hésychasme doctrine officielle de l’Église, Cabasilas prit ouvertement parti pour la théologie palamite, et il se déclara ensuite favorable au projet de Jean Cantacuzène d’un concile d’Union avec l’Église latine, mais sans compromis doctrinal, alors que son ami Kydonès se rangeait du côté des adversaires de l’hésychasme et adoptait une attitude de soumission aux thèses latines. Une nouvelle guerre civile ayant éclaté entre Jean V Paléologue et Jean VI Cantacuzène (1353), avec pour conséquence la déposition du patriarche saint Calliste I, le nom de Cabasilas fut retenu comme un des successeurs possibles, mais on élut finalement saint Philothée. L’année suivante, Nicolas salua par un brillant discours le couronnement de Matthieu Cantacuzène comme co-empereur ; mais, peu après, Jean Paléologue s’étant emparé du pouvoir grâce au soutien de mercenaires génois, Jean Cantacuzène dut abdiquer et il embrassa la vie monastique sous le nom de Joasaph. Le patriarche Philothée se vit à son tour déposé et envoyé en exil, et l’on rappela saint Calliste sur le siège patriarcal. Nicolas se retira dès lors des affaires publiques, pour se livrer à la méditation sur le Mystère du Christ vécu dans l’Église. On ne sait pas s’il resta jusqu’à la fin de ses jours un « hésychaste laïc » ou s’il devint moine. Pendant cette longue période de retraite, qu’à part un séjour de deux ans à Thessalonique, il passa à Constantinople, fréquentant les monastères des Manganes, des Xanthopouloi et du Stoudion, il acquit la réputation d’un homme ayant atteint le sommet de la vertu, et de hautes personnalités, comme l’empereur Manuel Paléologue, sollicitaient ses conseils et le considéraient comme leur père spirituel. Le saint resta dans le silence pour composer ses deux traités majeurs : l’Explication de la Divine Liturgie et la Vie en Christ, qui témoignent de sa sainteté et constituent deux chefs-d’œuvre de la littérature chrétienne. Saint Nicolas s’endormit en paix entre 1391 et 1397.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire