"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 3 février 2016

INFAILLIBILITÉ PAPALE: UNE INNOVATION DE DISTORSION ET UN AFFRONT À LA CONCILIARITÉ DE L'ÉGLISE


Pendant des années, je me suis efforcé de comprendre, sans pourtant jamais avoir été en mesure véritablement de comprendre ou d'accepter, l'un des plus importants aspects théologiques du catholicisme romain, la primauté juridictionnelle et administrative de la papauté. Cette croyance fondamentale dans la doctrine, sépare l'Église de tous les autres, donc elle ne peut donc être qu'essentielle, pour ce que cela signifie d'être vraiment catholique romain dans sa croyance. J'ai essayé de nombreuses fois de comprendre ou de rationaliser l'idée de la suprématie papale, puis pour un temps, je me suis résigné à penser "qui suis-je pour questionner un tel enseignement de l'Église?", Mais même alors, je sentais tout simplement que j'acceptais aveuglement quelque chose que je ne croyais pas vraiment.

Je ne pouvais croire ou accepter
la décision du premier Concile du Vatican de 1870  qui déclarait la doctrine de l'infaillibilité papale ex cathedra. Ni mon pasteur, ni aucun prêtre ou professeur d'éducation religieuse, ne m'a jamais instruit, ni n'a instruit aucun de mes collègues premiers communiants ou candidats à la confirmation, de l'importance, ou de la signification de ce très important décret. Pourtant, ce texte est une partie essentielle des enseignements doctrinaux sur l'autorité du Magistère romain. Je vais inclure le paragraphe en question qui est, en résumé, le principal obstacle à un rétablissement de la communion entre l'Église catholique romaine et toute autre confession chrétienne:

Dans le paragraphe de conclusion de la session Quatre, chapitre 4 du Concile Vatican I, publié le 18 Juillet, 1870, les archevêques et légats du pape au Vatican proclament qu'ils
 
"enseignent et définissent comme un dogme divinement révélé, que lorsque le pontife romain parle ex cathedra, c'est-à-dire, quand, dans l'exercice de son mandat, en vertu de sa suprême autorité apostolique, il définit une doctrine qui sera tenue pour véritable dans toute l'Église, il possède, par l'aide divine, l'infaillibilité. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont en elles-mêmes et non par consentement de l'Eglise, irréformables. Ainsi donc, si quelqu'un, à Dieu ne plaise, a la témérité de rejeter cette définition, qu'il soit anathème. "

Je fus profondément troublé quand je lus ces mots pour la première fois. La plupart des catholiques romains de mon âge ne ​​les ont jamais lus, mes parents et membres de la famille qui se considèrent comme catholiques ne les ont pas lus. Pourtant, ici, l'Eglise anathématise tous ceux qui ne croient pas dans le "dogme divinement révélé" de l'infaillibilité pontificale. L'anathématisation dans l'Eglise catholique romaine signifie que l'Église déclare l'excommunication et  sanctionne l'individu étant frappé d'anathème, et ce délinquant, sciemment ou inconsciemment, est en dehors de la grâce et de la protection de l'Eglise. Pendant
la période médiévale, les anathèmes déclarés supprimaient toutes les protections juridiques ecclésiastiques des hérétiques présumés, et quelqu'un ainsi anathématisé pouvait être saisi à volonté et persécuté, sans aucune intervention de l'Eglise.

Comme étudiant en Histoire, je ne comprenais pas pourquoi l'Église avait tenu de nombreux conciles avant 1870, y compris ceux après le Grand Schisme, comme le Concile de Latran IV en 1215, et le Concile de Trente au milieu du XVIe siècle et d'autres encore. Si, avant 1870, l'Église croit que les papes avaient seuls le pouvoir de prononcer des déclarations infaillibles sur les questions de la foi et du dogme, pourquoi l'Eglise convoqua-t-elle donc de nombreux conciles d'évêques qui travaillèrent avec le pape pour décider de ces questions? L'Église soutient que l'infaillibilité papale existait avant 1870, et qu'elle a été simplement définie explicitement pour la première fois au Concile de Vatican I. Peu importe que l'esprit d'une telle déclaration soit un bouleversement de la Tradition intérieure de l'Eglise catholique, qui n'a jamais cru l'infaillibilité comme elle a été révélée en 1870, examinons la situation en 1870.

Qu'est-il arrivé lorsque le pape Pie IX (1846-1878) et le Concile Vatican promulguèrent le dogme de l'infaillibilité pontificale? Des centaines de milliers de fidèles catholiques, qui ne pouvaient pas croire qu'une telle doctrine pourrait soudain entrer dans l'Église comme dogme révélé plus de dix-huit siècles après que l'Église ait commencé à la Pentecôte, se sont séparés de l'Église. Pourquoi feraient-ils cela si l'Eglise avait toujours cru et compris l'infaillibilité papale tout au long de son histoire? Si l'Eglise avait toujours cru et enseigné cette doctrine, pourquoi sa promulgation fut-elle la cause qui incita tant de fidèles catholiques à quitter l'Eglise et à faire partie de ce qui est aujourd'hui connu sous le nom des églises  "vieilles-catholiques"?

Le Concile de Vatican I ne reçoit aucune mention dans les préparatifs de confirmation de la plupart des étudiants américains. Beaucoup d'églises paroissiales locales ignorent entièrement ce décret et son immense signification doctrinale dans la foi catholique romaine. Pourquoi est-ce ainsi? La plupart des pasteurs catholiques romains d'Amérique n'y croyaient-ils pas ou eux-mêmes ne le comprennent-ils pas pleinement, ou croient-ils qu'il soit compréhensible par les laïcs? Au mieux, la déclaration de l'infaillibilité papale était profondément inutile, puisque les deux fois elle a été employée par les papes, toutes deux relatives à des questions du statut de la Vierge Marie et de sa position, les théologiens de l'Église étaient d'accord sur ces questions avant que le pape ait statué sur elles ex cathedra.

Au pire, cependant, l'infaillibilité papale est une violation flagrante de la Tradition de l'Église. Pour un concile Vatican avec seulement le clergé catholique, déclarer, après des siècles jamais on n'osa le faire, après des siècles où l'on a jamais demandé de convoquer un concile œcuménique sur la question, que le pape possède une autorité pleinement et "divinement révélée" dans certains cas, et n'a donc pas besoin de consulter d'autres évêques me paraît à la fois arrogant et, bien sûr, peu orthodoxe. 


Que la papauté puisse prendre ce point de vue de sa propre autorité, après des siècles de pontifes romains qui ont souvent régné comme des princes ecclésiastiques corrompus plutôt que comme des clercs exemplaires, est particulièrement troublant. Je crois que la conception orthodoxe de l'infaillibilité est beaucoup plus logique. Le Christ est "le chef de l'Eglise" (Ephésiens 5:23) et l'Eglise orthodoxe, est infaillible

"La colonne et le fondement de la vérité» (1 Timothée 3:15)

"Mais il n'existe pas une chose nommée infaillibilité personnelle."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

2 commentaires:

Claude LOPEZ-GINISTY a dit…

Les commentaires -quels qu'ils soient- qui ne sont pas envoyés à une adresse identifiable, ne seront ni publiés ( peu sont publiés pour éviter que ce blog devienne un forum et un lieu de pugilat verbal), ni ne feront l'objet d'une réponse personnelle.
Cela dit, Saint Pierre n'était pas pape, mais apôtre... Il fut aussi apôtre d'Antioche, cela ne fait pas des évêques d'Antioche des papes.
D'autre part au premier concile de Jérusalem, ce n'était pas saint Pierre qui présidait, mais saint Jacques!

Enfin, lorsqu'il y avait 3 papes pour l'église latine, lequel était le vrai, lequel était infaillible?

Cordialement
CLG

Claude LOPEZ-GINISTY a dit…

Saint Augustin nie clairement que le Christ ait fondé son Eglise sur Pierre quand il dit que Pierre aurait été une pierre bien chancelante, du moment qu’il a renié le Christ trois fois. Dans son ouvrage des Rétractations, lorsqu’il revient sur son ouvrage Contre la lettre de l’hérétique Donat, il démontre que Petrus n’est pas petra (Pierre n’est pas la pierre) : « Il ne lui a pas été dit en effet : tu es petra, mais : Tu es Petrus. Or la petra était le Christ (I Cor 10 : 4) qu’a confessé Simon, comme toute l’Eglise le confesse : il a été dit Petrus ». Ainsi, si le Christ avait voulu dire qu’il fondait son Eglise sur Pierre, il aurait dit : « Tu es Pierre, et sur toi je fonde mon Eglise ». Dans son Sermon 76,1, sur la « Nécessite de l’humilité » Augustin précise sa pensée sur ce point : « Car la pierre est le Christ, et Pierre est le peuple chrétien. ‘Tu es’, dit-il, ‘Pierre’, et sur cette pierre que tu as reconnue en disant ‘Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant’, je construirai mon Eglise. Je te construirai sur Moi, et non Moi sur toi. » Ainsi, « cette pierre » signifie ce qui vient d’être dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».