"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 29 février 2016

Et c'est avec "ça" que vous voulez faire l'union, chers "œcuménistes orthodoxes" (pardon pour l'oxymore!)???

L'exemple vient de haut! 


 Jean-Paul II embrassant le Coran

Michel Dubost,
 évêque (sic) du diocèse d’Évry Corbeil-Essonnes
apôtre enthousiaste de la dhimmitude en marche

“De toute façon, le jihad est une réponse à un appel de Dieu. Le jihad a quelque chose à voir avec l’accueil, dans des cœurs humains limités, de l’absolu de Dieu. Il est manifestation humaine d’une foi qui proclame: il n’y a de Dieu que Dieu. Le jihad est un effort continu pour accueillir le bien et donc lutter contre le mal, en soi et dans le monde. Pour beaucoup, cette lutte est une lutte de soi contre soi-même pour sortir du paganisme et éduquer son cœur à vivre de Dieu. Cette lutte conduit à chercher à bâtir une société fraternelle où, les barrières sociales et raciales étant abolies, tous seront égaux devant Dieu. Le jihad est mené en vue du bonheur de l’univers tout entier. (…) Le jihad se fonde sur l’importance du Coran (et des hadiths) pour refaire l’unité de l’homme, sur la volonté de suivre Mohammad le prophète, sur la croyance à l’existence des anges et sur la certitude de la vie éternelle, dont le martyr est une porte d’entrée certaine: son lieu premier est l’âme du croyant, son but premier est de lutter contre Satan et d’assurer la liberté des musulmans. (…) Si le jihad est fait pour bâtir l’unité du monde, il peut conduire à faire la guerre”
Monseigneur Michel Dubost, 
évêque du diocèse d’Évry Corbeil-Essonnes depuis 2000
– Catholiques, musulmans, une fraternité critique
éditions Médiapaul, 
2014, 
page 84.

 (de l'article, sans la 1ère photo et le commentaire)

dimanche 28 février 2016

Dr Demetrios Tselengidis, Professeur à l'Université Aristote de Thessalonique: Les hétérodoxes sont-ils membres de l'Eglise?


Tout d'abord, il est nécessaire de préciser qu'en tant que chrétiens orthodoxes, nous croyons, en accord avec le Symbole de Foi (Credo) de Nicée-Constantinople (381 après J.C.), "en l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique". Selon la conscience dogmatique ininterrompue de l'Eglise orthodoxe à travers les âges, c'est-à-dire, selon sa conscience de soi, cette Eglise UNE est l'Eglise orthodoxe.

La confession du symbole que l'Eglise est "Une" signifie que c'est l'attribut de base de sa propre identité. En termes pratiques, cela signifie que l'Église n'est pas en mesure de se diviser -pour être partagée- parce que c'est le Corps mystique du Christ. Le Christ comme Tête du Corps de l'Eglise n'est ni en mesure d'avoir de nombreux corps, ni de posséder un corps divisé.
 
Dans le Corps du Christ, la mort elle-même est vaincue. En tant que tel, celui qui est placé au sein de ce corps demeure aussi vivant en lui par le mystère divinement accompli: la garde avec amour des commandements. Il passe de la mort biologique à la vie éternelle et impérissable du Dieu triadique. Tout comme les sarments de la vigne ne sont pas capables de vivre et de porter leurs fruits s'ils sont coupés de la vigne, de même aussi le croyant, ou même des communautés entières de croyants, quel que soit leur nombre, qui sont  coupées de l'Église, ne sont pas en mesure d'exister en Christ, ni de faire venir [à l'existence] une autre Église.

La foi de l'Eglise est inspirée par Dieu et non-négociable. En accord avec Sa foi claire, de nombreuses Eglises divisées ne sont pas en mesure d'exister puisque "une" et "beaucoup" ou "une" et "divisée", est une contradiction dans les termes. "Divisée" réfute, dans la pratique, la foi en la réalité de l'Eglise, qui reposant sur Sa propre conscience orthodoxe de soi est uniquement capable d'être comprise comme "une et indivisible".
 
Quand quelqu'un parle consciemment d'une Eglise divisée, cela constitue un déni de la Foi de l'Eglise, un déni de Sa propre identité et de Sa conscience de soi. En tant que tels, les chrétiens orthodoxes n'ont pas de complexe psychologique d'auto-identité en raison de la rupture des chrétiens d'Occident à partir du Corps de l'Eglise. Certes, pourtant, les orthodoxes pleurent, prient, et sont intéressés à leur repentance et à leur retour [vers l'Eglise Orthodoxe]

La Foi Apostolique


L'incorporation et le fait de demeurer dans le Corps mystique du Christ, l'Eglise, ne sont pas inconditionnels. Cela présuppose, en tout cas, l'acceptation - avec des conditions - et la confession de la foi apostolique, tout comme elle est définie et mise en place par les décisions des Conciles œcuméniques de l'Église.

Ainsi, quand un croyant (quelle que soit la position institutionnelle qu'il occupe dans le corps de l'Eglise), ou un groupe de croyants (quel que soit leur nombre) violent le principe de la foi constante de l'Église, ils sont coupés de Son Corps. Ils sont défroqués, quelle que soit la classe sacerdotale qu'ils possèdent, tandis que les laïcs sont excommuniés, comme cela ressort des décisions des Conciles œcuméniques. Cela signifie qu'ils ne sont pas en mesure à l'avenir de participer et de communier aux Mystères (sacrements) de l'Église.

Les catholiques romains ont officiellement quitté l'Eglise au 11ème siècle. En 1014, ils ont introduit dans le Symbole de la Foi leur enseignement dogmatique erroné sur l'Esprit Saint: le Filioque bien connu. Selon cette doctrine, l'Esprit Saint comme Personne divine a Sa procession à la fois du Père et du Fils. L'enseignement dogmatique des catholiques romains, cependant, renverse la foi apostolique de l'Eglise dans le Dieu triadique, puisque, selon l'évangéliste Jean l'Esprit de vérité "procède du Père" (Jean 15:26). Par ailleurs, le Troisième Concile œcuménique par son président saint Cyrille d'Alexandrie, sur le Symbole de Foi détermine que "οὐδενί ἐπιτρέπεται λέξιν ἀμεῖψαι τῶν ἐγκειμένων ἐκεῖσε ἤ μίαν γοῦν παραβῆναι συλλαβήν" ("Il n'est pas permis à quiconque d'ajouter ou de soustraire, même une syllabe "de celles qui ont été énoncées dans le Symbole de la Foi). Tous les Conciles œcuméniques ultérieurs ont accepté les décisions de ce Troisième Concile œcuménique.

Il est donc évident, que les catholiques romains - et par extension les protestants qui ont adopté le Filioque - ont quitté la foi apostolique de l'Eglise. C'est à cause de cela, sans mentionner toutes les innovations ultérieures dans la foi de la part de la chrétienté occidentale (comme l'infaillibilité du pape, les dogmes mariaux, la primauté du Pape, la grâce créée, etc...) que ceux-ci l'ont quittée.

La succession apostolique

Avec la foi apostolique est également inséparablement jointe la succession apostolique. La succession apostolique seule possède la véritable substance dans le corps de l'Eglise, et elle présuppose d'ailleurs la foi apostolique.

Quand nous parlons de la succession apostolique, nous entendons la succession ininterrompue de la direction de l'Eglise depuis les Apôtres. Cette suite a un caractère charismatique, et est garantie par la transmission de l'autorité spirituelle des apôtres aux évêques de l'Eglise, et à travers eux aux prêtres.

Le mode de transmission de l'autorité spirituelle et apostolique aux évêques se fait par la consécration (χeιροτονία). Si, ensuite, un évêque a reçu sa consécration de manière canonique et ecclésiastique et  ensuite se trouve hors de l'Eglise à cause de sa croyance erronée, en substance il cesse de posséder la succession apostolique puisque cette succession n'a de sens que dans le Corps mystique du Christ, l'Église.

Par conséquent, si un évêque ou toute Eglise locale - peu importe le nombre de ses membres - se détache de la Foi de l'Église, ils cessent d'avoir la succession apostolique, comme elle a été exprimée infailliblement dans les Conciles œcuméniques, parce qu'ils se trouvent déjà en dehors des l'Église. Et puisque la succession apostolique est, par essence brisée, il n'est pas possible de parler de la possession, ou de la poursuite de cette succession, pour ceux qui se sont retranchés de l'Eglise.

Sur la base de ce qui précède, le Pape lui-même - comme aussi l'ensemble des évêques catholiques romains - sont dépourvus de la succession apostolique, puisque, étant dépourvus de la foi apostolique, ils se sont retranchés de l'Eglise. Parler de la succession apostolique en dehors de l'Église, par conséquent, est une discussion sans fondement scientifique, c'est-à-dire, une discussion qui ne repose pas sur la théologie.

La théorie des "deux poumons" du Christ

Cette théorie a ses origines dans le catholicisme romain. Selon cette théorie, le Christ a comme "poumons" le Catholicisme romain et l'Église Orthodoxe.

Aujourd'hui, malheureusement, cette théorie a été également adoptée plutôt passivement par de nombreux hiérarques et théologiens  orthodoxes universitaires laïcs. Et nous disons "passivement", car cette théorie, à en juger à partir d'un point de vue orthodoxe, n'est pas seulement théologiquement malsaine, mais c'est aussi un blasphème à proprement parler.

L'Eglise orthodoxe se distingue ontologiquement du catholicisme romain, pour des raisons purement dogmatiques. En tant que telle, l'Eglise orthodoxe considère qu'Elle seule préserve le caractère de l'Église comme Corps théanthropique [Divino-Humain]du Christ. Le catholicisme romain, s'est détaché de l'Eglise du Christ il y a mille ans.

En outre, puisque l'Eglise selon le Symbole de la Foi est "Une" et unie, elle est - théologiquement parlant- totalement incompréhensible à comprendre, en accord avec la théorie ci-dessus, selon laquelle l'Orthodoxie et le Catholicisme romain sont les "deux poumons" du Christ , et des membres égaux du Corps du Christ. Dans ce cas, nous sommes forcés de conclure que les autres membres du Corps du Christ soit restent toujours négligés ecclésiologiquement, ou sont ecclésiologiquement constitués à partir d'autres églises - en dehors des deux-là [l'Orthodoxie et le Catholicisme romain]. Ce point de vue, toutefois, nous conduira tout droit à l'adoption de l'ecclésiologie protestante de la "théorie des branches".

[Lorsque nous disons la "théorie des branches", nous entendons la théorie des protestants sur l'identité de l'Église. L'Église, selon eux, est la communion invisible des saints. Tous les dogmes des différentes églises historico-empiriques possèdent la légitimité et l'égalité d'existence, comme branches de l'arbre unique de l'église invisible. L'église invisible est la vraie église, qui est l'église confessée dans le Symbole de la Foi. Par conséquent, aucune partie de l'église locale de quelque confession dogmatique qu'elle soit, n'incarne l'Eglise "Une, Sainte, Catholique et Apostolique". Aucune église locale n'est en mesure d'affirmer qu'elle possède la plénitude de la vérité révélée. L'église du Christ est la somme totale de ses pièces réparties, à savoir, toutes les églises locales de toutes les confessions dogmatiques, sans tenir compte de la façon dont elles diffèrent dogmatiquement entre elles.]
Ceci est totalement inacceptable d'un point de vue orthodoxe.

Catholique romaine d'origine, la théorie ci-dessus concernant les "deux poumons" du Christ est un blasphème quand elle est adoptée par les chrétiens orthodoxes. Strictement parlant, c'est un blasphème parce qu'elle met dans le corps immaculé du Christ le catholicisme romain comme ses membres organiques (comme l'un de Ses "poumons"). Et cela se fait dans le même temps où le catholicisme romain, dans la réalité, souffre à la fois officiellement et ontologiquement d'être en dehors du Corps théanthropique [Divino-humain] de l'Eglise.

"Eglises soeurs"


Pour commencer, le terme d'églises sœurs [en tant que terme] peut être considéré comme indifférent ou tout à fait inacceptable. Il est théologiquement indifférent quand il est utilisé pour décrire la relation entre les Églises orthodoxes locales. Mais le terme est théologiquement inacceptable quand il est utilisé pour définir le caractère ontologique de l'Église orthodoxe et du Catholicisme romain.

Tout d'abord, le terme d'églises sœurs n'est pas bibliquement fondé, ni même justifié. Quand l'apôtre Paul mentionne les différentes Eglises locales, il ne les appelle pas "sœurs", il ne veut pas non plus dire dire qu'il existe une certaine Eglise comme "mère" de ces Eglises locales. Il possède une prise de conscience que l'Eglise est "Une" et qu'elle a un caractère universel avec la notion de la plénitude de sa vérité et de sa vie, à la tête de laquelle - comme nous l'avons dit -, il y a le Christ Lui-même. Alors, quand [saint- Paul] s'adresse à une Église locale, il a l'expression caractéristique: "Pour l'Eglise qui est à... (par exemple Corinthe)". Cela signifie que la manifestation de l'Eglise tout entière est en mesure de se produire dans chaque endroit où la communauté eucharistique des fidèles existe sous [la guidance de] son évêque. Il est certainement évident que l'unité de ces Eglises locales est maintenue par la communion entre elles dans cette foi, cette vie, et cet ordre ecclésiastique. Le synode de leurs évêques garantit dans la pratique, l'unité des Eglises locales.

De ce qui précède, il devient clair que, puisque même des Eglises locales aux vues similaires, dans les limites de l'Orthodoxie ne justifient pas théologiquement, qu'on les appelle "sœurs", d'autant plus n'y a-t-il aucune raison théologique et ecclésiologique pour appeler l'Église orthodoxe et le Catholicisme romain églises sœurs. En outre, le Catholicisme romain ne peut pas à proprement parler être appelé l'Eglise après l'année 1014 après J.-C., car à partir de là, les proscriptions disciplinaires [Epitimies/pénitences] des Conciles œcuméniques étaient spirituellement en vigueur pour les catholiques à la suite de leur chute du Corps Théanthropique [de l'Église ].

Ici, il est nécessaire de noter que la levée des interdictions disciplinaires ci-dessus n'est pas en mesure de prendre place simplement par [l'intervention de] tout personnage officiel de l'Église - aussi haut soit-il dans la hiérarchie ecclésiastique; celles-ci ne peuvent être levées que par un Concile œcuménique. Mais même cela ne peut arriver que dans le cas où, à l'avance, les enseignements dogmatiques qui ont entraîné la chute du catholicisme romain de l'Église sont rejetés [en premier lieu].

Et il est donc clair que, officiellement, depuis l'année 1014 J.-C., le catholicisme romain n'est pas l'Église. Cela signifie en pratique qu'il ne dispose pas de la foi apostolique correcte, ou de la succession apostolique. Il ne possède pas la grâce incréée, et par extension il ne dispose pas des Mystères divins qui font du Corps théanthropique de l'Eglise, la "communion de theosis [divinisation]" de l'humanité. Et ainsi, puisque l'Eglise n'est pas en mesure d'être et de rester "Une" et "Indivisible" jusques à la fin des temps, chaque communauté chrétienne en dehors de l'Eglise orthodoxe est simplement hérétique.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Cet article a été publié dans «Οικουμενισμός: Ιστορική και Κριτική Προσέγγιση», Συνείδησι (εκτάκτη έκδοση της Ι.Μ. Μετεώρου, Αγία Μετεώρα), Juin 2009, p. 78-83. [Une version en anglais du titre est: "L'œcuménisme: une approche historique et critique", Syneidisi (Publication spéciale du Saint Monastère des Météores)].

Jean-Claude Larchet, La vie liturgique

Jean-Claude Larchet, La vie liturgique, Éditions du Cerf, Paris, 2016, 418 pages.
Ce volume achève la série d’études que l’auteur a consacrées à la conception orthodoxe de l’Église (L’Église, corps du Christ, I, Nature et structure, Éditions du Cerf, Paris, 2012 ;  L’Église, corps du Christ, II, Les relations entre les Églises, Éditions du Cerf, Paris, 2012 ; La vie sacramentelle, Éditions du Cerf, Paris, 2014).
Après le volume dédié à la vie sacramentelle, il a pour objet un autre aspect essentiel de la vie en Église, complémentaire du précédent et pour une part étroitement associé à lui : la vie liturgique.
Le projet de ce volume est, comme celui des précédents, principalement didactique.
La vie liturgique de l’Église orthodoxe est pour l’essentiel, dans ses prières et ses rites, l’héritière des pratiques des premiers siècles. Porteuse d’une longue et ancienne tradition, elle a néanmoins connu au cours des siècles, en fonction des besoins propres à chaque époque, à chaque Église locale ou aux institutions monastiques, des évolutions, qui sont généralement allées dans le sens d’une accumulation de strates et d’une complexification, concernant en particulier l’ordon­nancement des services.
Toute personne qui assiste pour la première fois à un service liturgique orthodoxe est d’abord saisie par sa beauté, liée pour une part à celle de l’environnement, des chants, des gestes et des mouvements liturgiques (qui constituent une sorte de chorégraphie sacrée), des lumières, ainsi que des fresques et des icônes, le tout parcouru par la bonne odeur de l’encens. Elle se sent transportée dans un autre monde, auquel elle s’intègre d’une manière intuitive, avec le cœur plus qu’avec la raison, dans une approche plus contemplative qu’intellective. Les fidèles peuvent, même après une longue habitude, se contenter d’une telle approche et dire simplement, comme les Apôtres, « Seigneur il nous est bon d’être ici ensemble avec Toi » (cf. Mc 9, 5) et aller jusqu’à se sentir bien en entendant des prières dites dans une langue qu’ils ne comprennent pas. Mais comme le dit saint Paul, « si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence n’en retire aucun fruit. Que faire donc ? Je prierai avec l’esprit, mais je prierai aussi avec l’intelligence. Je dirai une hymne avec l’esprit, mais je la dirai aussi avec l’intelligence » (1 Co 14, 14-15). Saint Jean Chrysostome, de son côté, n’hésite par à dire : « Il est nécessaire de comprendre le miracle du mystère de la Liturgie : ce qu’il est, pourquoi il a été donné, et quelle est son utilité. »
Les services liturgiques ont non seulement un riche contenu hymnographique, élaboré par des saints et parfois par de très grands Pères de l’Église (comme saint Jean Damascène), mais encore une structure qu’il importe de comprendre pour bien s’engager dans leur mouvement d’ensemble, qui est le plus souvent progressif et pédagogique, et donc pour mieux participer à l’un de leurs principaux buts, qui est de former et d’élever les âmes pour les rapprocher de Dieu et les unir à Lui.
Les textes liturgiques ne sont pas isolés, mais sont chantés en symbiose avec des rites qui ont une forte charge symbolique, dans un environnement qui est lui-même chargé de symboles, qu’il s’agisse de l’architecture de l’église, ou des fresques, icônes, luminaires et parfums qui remplissent son espace.
Les services liturgiques enfin prennent place dans une structure temporelle, annuelle, hebdomadaire ou journalière qui engage les fidèles dans un temps cyclique propre à les faire évoluer spirituellement, à condition toutefois qu’il soit vécu consciemment.
Ce livre veut aider les fidèles de l’Église orthodoxe, mais aussi tous ceux qu’intéresse la richesse de ses services liturgiques – dont le contenu est pour une large part hérité d’un patrimoine antique commun à tous les chrétiens – à en mieux comprendre le cadre spatial, l’organisation temporelle globale, la structure interne, ainsi que le symbolisme complexe ou insoupçonné des prières et des rites.
Il fait voir comment, dans l’espace et dans le temps ordonné de la vie liturgique, l’existence tout entière du fidèle peut s’organiser en un chemin de progrès constant et ascendant, et aller jusqu’à transcender l’espace et le temps dans une expérience anticipée de la vie éternelle dans le Royaume des cieux dont la vie ecclésiale bien menée est la figure.
Son but est aussi de montrer comment la vie liturgique communautaire et la vie spirituelle personnelle se condition­nent et doivent se nourrir et s’enrichir mutuellement, selon un équilibre subtil mais nécessaire.
Le premier chapitre s’intéresse à l’espace liturgique et dégage la signification de la structure de l’église dans son ensemble et dans ses différentes composantes (sanctuaire, nef, narthex, iconostase…), puis des divers éléments du culte (les veilleuses et les bougies, l’encens, les postures et mouvements des fidèles, le chant…).
Le deuxième chapitre s’intéresse au temps liturgique. Il explique la structure et la signification spirituelle des différents cycles (annuel, hebdomadaire, quotidien), avant de dégager le sens spécifique de chaque office du cycle journalier. Il présente ensuite les lectures vétérotestamentaires et néotestamentaires de l’année liturgique, les livres de références pour l’ordonnan­cement des services (calendrier liturgique, typikon, rubriques), avant de donner quelques aperçus et de formuler quelques remarques sur l’histoire et l’évolution de ces services jusqu’à la pratique actuelle dans les monastères et les paroisses. Une section est enfin consacrée aux temps et aux formes de la prière privée.
Le troisième chapitre est tout entier consacré aux périodes de jeûne et d’abstinence qui occupent dans l’Église orthodoxe plus de la moitié de l’année. Il s’attache à définir leur nature et leurs formes, et propose une réflexion approfondie sur leur signification, leur finalité et leurs effets spirituels. La question est posée de savoir s’il convient de réformer la pratique actuelle, avant qu’une dernière section définisse la relation qui doit s’établir entre le cycle des carêmes et la progressivité de la vie spirituelle.
Le quatrième chapitre présente les caractéristiques générales de la Divine Liturgie, montrant en particulier en quel sens elle est une anamnèse et un sacrifice. Il montre aussi comment, de différents points de vue, son caractère communautaire s’équilibre subtilement avec la position particulière des célébrants et la spiritualité personnelle des fidèles. Une section finale souligne l’importance du symbolisme liturgique et précise la façon de l’aborder.
Les cinquième, sixième et septième chapitres sont consacrés à une analyse détaillée et à un commentaire approfondi de la Divine Liturgie. Suivant pas à pas les paroles et les rites de la Liturgie de saint Jean Chrysostome et des variantes de la Liturgie de saint Basile, et prenant aussi en compte les différences entre les célébrations ordinaires et les célébrations épiscopales ainsi que les variantes entres les différents usages (grec, russe, serbe, roumain), ils cherchent, en s’aidant des grands commentaires patristiques, à dégager le sens (souvent multiforme) des symboles (qui sont omniprésents), avec le but d’aider le lecteur à approfondir à la fois sa compréhension et sa participation.
Le huitième et dernier chapitre montre la façon dont la vie liturgique – dans son ordonnancement général et ses expres­sions particulières (notamment celles des grandes fêtes) – et la vie spirituelle personnelle se conditionnent récipro­quement et doivent s’intégrer l’un à l’autre dans un projet d’ensemble qui doit permettre, tout au long de l’existence, une croissance spirituelle continue.
(Extrait de l’introduction)

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


15/28 février
Dimanche du Fils prodigue
Saint Onésime, apôtre (vers 109) ; saint Paphnuce, reclus des Grottes de Kiev (XIII); saint Paphnuce et sa fille Euphrosynie  (V) ; saint Eusèbe, ermite en Syrie (Vème s.) ; saints hiéromartyrs Michel Piataïev et Jean Kouminov, prêtres (1930) ; saints hiéromartyrs Nicolas Morkovine, Alexis Nikitsky, Alexis Smirnov, prêtres, Syméon Kouliamine, diacre, saint martyr Paul Kozlov, moine et Sophie Severstov, moniale (1938).

Lectures : 1 Cor. VI, 12–20. Lc. XV, 11–32.
AU SUJET DU FILS PRODIGUE

C
e n’est que lorsqu’il fut rentré en lui-même et qu’il eut compris en quelle misérable  situation il était tombé, que ce fils qui s’était coupé de son Père, pleura sur lui-même en disant : «Combien de mercenaires  de mon père ont du pain en abondance et moi je meurs de faim ». Qui sont ces mercenaires ? Ce sont ceux qui pour la sueur de leur repentir et leur humilité reçoivent comme un salaire – le salut. Tandis que les fils, ce sont ceux qui, par amour pour Lui se soumettent à Ses commandements; comme dit aussi le Seigneur : « Celui qui m’aime gardera ma parole » (Jn XIV, 23). Ainsi ce plus jeune fils, privé de sa dignité filiale et qui s’était volontairement exclu de la patrie sacrée et était tombé dans la famine, se condamne lui-même, s’humilie et dans le repentir dit : «Je me lèverai, j’irai et je tomberai aux pieds du Père et je dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi » (…) Ce père [dans la parabole du fils prodigue], c’est Dieu ; en effet comment ce fils qui s’était séparé de son père, aurait-il péché contre le ciel, s’il ne s’agissait pas du Père céleste. Ainsi il dit : « J’ai péché contre le ciel », c'est-à-dire contre les saints du ciel et ceux dont l’habitation est au ciel, « et devant Toi », qui vis au ciel avec Tes saints.                                                                                                       St Grégoire Palamas
Tropaire du dimanche, ton 6
нгельскія си́лы на гро́бѣ Твое́мъ, и стрегу́щіи омертвѣ́ша : и стоя́ше Mapíя во гро́бѣ, и́щущи пречи́стаго Тѣ́ла Tвоего́. Плѣни́лъ еси́ а́дъ, не искуси́вся отъ него́ ; срѣ́тилъ еси́ дѣ́ву, да́руяй живо́тъ. Bоскреcы́й изъ ме́ртвыхъ Го́споди, сла́ва Tебѣ́.
Les puissances angéliques apparurent devant Ton sépulcre, et ceux qui le gardaient furent comme frappés de mort. Marie se tenait près du tombeau, cherchant Ton Corps immaculé. Tu as dépouillé l’enfer, sans être éprouvé par lui ; Tu es allé à la rencontre de la Vierge en donnant la vie. Ressuscité d’entre les morts, Seigneur, gloire à Toi !

Kondakion du fils prodigue, ton 3
Оте́ческія cлáвы Tвоея́ удали́хся безу́мно, въ злы́хъ pacточи́въ éже ми́ пре́далъ ecи́ бога́тство ; тѣ́мже Tи́ блу́днаго гла́съ приношу́ : coгрѣши́xъ пре́дъ Tобо́ю Óтче щéдрый, прiими́ мя кáющacя, и coтвopи́ мя я́ко eди́наго отъ нае́мникъ Tвои́xъ.
M’étant écarté, comme un insensé, de Ta gloire paternelle, j’ai dilapidé en mal la richesse dont Tu m’avais comblé. C’est pourquoi je fais monter vers Toi le mot du Prodigue : « J’ai péché contre Toi, Père miséricordieux : accueille-moi, repenti, et compte-moi comme l’un de Tes journaliers ».

AU BORD DES FLEUVES DE BABYLONE…
Afin de rappeler aux chrétiens, de façon plus vive, leur éloignement de leur Patrie céleste et leur asservissement au péché, l’Église, aux matines, après les psaumes du Polyéléos, chante le psaume 136. Celui-ci était chanté par les Juifs lors de leur captivité à Babylone, après la chute de Jérusalem et la destruction du premier Temple. La première partie du psaume (versets 1-6) manifeste l’affliction des Juifs pour la perte de leur patrie, tandis que la seconde (versets 7-9), exprime l’espoir du châtiment des agresseurs. Les « fleuves de Babylone » mentionnées dans le texte sont l’Euphrate, le Tigre et, peut-être, le Chobar (mentionné par Ezéchiel), sur les rives desquels les Juifs affligés se rappelaient du Temple de Jérusalem et des offices qui y étaient célébrés. Les Juifs refusaient de « chanter un cantique au Seigneur sur une terre étrangère » parce qu’il était interdit de chanter les cantiques sacrés hors du Temple. St Jean Chrysostome commente: « Les Juifs refusèrent de chanter. Vois-tu la force que donne l’affliction ? La componction, la contrition qu’elle opère ? Ils pleuraient, et ils observaient la Loi ; ils avaient  vu les larmes des prophètes, ils en avaient ri, ils s’en étaient  joués, ils s’en étaient moqués ; et maintenant, sans personne pour leur adresser des exhortations, ils versaient des larmes et faisaient entendre des gémissements. Les ennemis, de leur côté, retiraient, de cette conduite, de précieux avantages ; ils voyaient, en effet, que ces captifs ne pleuraient pas, parce qu’ils étaient captifs, parce qu’ils étaient en servitude, parce qu’ils habitaient une terre étrangère, mais parce qu’ils étaient privés du culte de leur Dieu. Voilà pourquoi le Psalmiste ajoute : « Au souvenir de Sion ». Ils ne pleurent pas en effet seulement par hasard ; mais pleurer est leur principale occupation ; voilà pourquoi le Psalmiste dit en commençant : « Nous étions assis et nous pleurions » (…) Mais pourquoi ne leur était-il pas permis de chanter sur la terre étrangère ? C’est parce que des oreilles profanes ne devaient pas entendre ces cantiques secrets. « Comment chanterions-nous un cantique du Seigneur, sur la terre étrangère ? » (v. 4) Ce qui veut dire : Il ne nous est pas permis de chanter ; quoique nous soyons déchus de notre patrie, nous voulons observer toujours la Loi, avec une scrupuleuse fidélité. Vous avez beau exercer votre domination sur nos corps, vous ne triompherez pas de notre âme ». La Droite qui abandonnera celui qui oublie Jérusalem est, selon les Pères, l’aide Divine qui vient des hauteurs. Celui qui oubliera Jérusalem et, par voie de conséquence, l’alliance entre Dieu et Son peuple, sera lui-même oublié par Dieu. Les Iduméens et les Édomites, sont les descendants d’Esaü, frère de Jacob (Israël), surnommé Édom.  Ils entretenaient une haine particulière à l’endroit des Juifs, considérant que par leur faute, ils avaient été privés des magnifiques terres de Canaan. Pour cette raison, à chaque occasion, ils se vengeaient et ce de la façon la plus violente. Ils ne prenaient pas seulement part à toutes les guerres conduites contre les Juifs, mais ils achetaient aux Assyriens et aux autres peuples des prisonniers juifs, qu’ils enfermaient dans leurs forteresses pour les torturer. Avec les Babyloniens, les Iduméens participèrent au siège et à la destruction de Jérusalem. Selon le commentaire des Saints Pères, les différents qualificatifs appliqués, dans l’Ancien Testament (notamment le Psautier) au combat physique contre l’ennemi, dont l’assassinat de qui que ce soit ou l’appel à le faire, ou encore la description admirative de ce qui est fait aux ennemis du peuple d’Israël, sont appliqués non à des personnages concrets, mais aux passions et aux vices qui affectent la nature humaine. C’est ainsi que les «petits enfants » dont il est ici question sont les pensées pécheresses qui sont brisées par la Pierre de la Foi, le Christ Sauveur.
Psaume 136
На рѣка́хъ Вавѵло́нскихъ, та́мо сѣдо́хомъ и пла́кахомъ, внегда́ помяну́ти на́мъ Сiо́на. Аллилу́iа. На ве́рбiихъ посредѣ́ его́ обѣ́сихомъ орга́ны на́ша. Аллилу́iа. Я́ко та́мо вопроси́ша ны́ плѣ́́ншiи на́съ о словесѣ́хъ пѣ́сней и ве́дшiи на́съ о пѣ́нiи. Аллилу́iа. Воспо́йте на́мъ отъ пѣ́сней Сiо́нских. Аллилу́iа. Ка́ко воспое́мъ пѣ́снь Госпо́дню на земли́ чужде́й? Аллилу́iа. А́ще забу́ду тебе́, Iерусали́ме, забве́на бу́ди десни́ца моя́. Аллилу́iа. Прильпни́ язы́къ мо́й горта́ни моему́, а́ще не помяну́ тебе́, а́ще не предложу́ Iерусали́ма, я́ко въ нача́лѣ весе́лIя моего́. Аллилу́iа. Помяни́, Го́споди, сы́ны Едо́мскiя, въ де́нь Iерусали́мль, глаго́лющiя: истоща́йте, истоща́йте до основа́нiй его́. Аллилу́iа. Дщи́ Вавѵло́ня окая́нная. Блаже́нъ и́же возда́стъ тебѣ́ воздая́нiе твое́, е́же воздала́ еси́ на́мъ. Аллилу́iа. Блаже́нъ и́же и́метъ, и разбiе́тъ младе́нцы твоя́ о ка́мень. Аллилу́iа.
Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, au souvenir de Sion. Alléluia. Aux saules de leurs rives, nous avions suspendu nos harpes. Alléluia. Là, ceux qui nous avaient emmenés captifs nous demandaient de chanter des cantiques, Alléluia. Et nos ravisseurs nous disaient : « Chantez-nous un cantique de Sion ». Alléluia. Comment chanterions-nous un cantique du Seigneur sur une terre étrangère ? Alléluia. Si je t’oublie, Jérusalem, qu’à l’oubli ma droite soit livrée. Alléluia. Que ma langue s’attache à mon palais si je ne me souviens plus de toi, si je ne fais de Jérusalem la première de mes joies. Alléluia. Souviens-Toi, Seigneur, des fils d’Édom, qui disaient au jour de la ruine de Jérusalem : « Détruisez, détruisez-la jusqu’à ses assises ! » Alléluia. Fille de Babylone, misérable, bienheureux qui te revaudra les maux que tu nous valus. Alléluia. Bienheureux celui qui saisira tes petits enfants et les brisera contre la Pierre. Alléluia.


HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR

Vous êtes les membres du Christ, nous dit l’apôtre, vous êtes le temple de l'Esprit ; ne devenez donc pas membres d'une prostituée, car ce n'est pas votre corps que vous déshonorez, mais celui du Christ. Par là, il nous fait voir la bonté du Christ, puisque notre corps est le sien, et en même temps il veut nous arracher à un funeste esclavage. En effet, si votre corps appartient à un autre, vous n'avez pas le droit de le déshonorer, surtout s'il appartient au Maître, ni de souiller le temple de l'Esprit. On punirait du dernier supplice celui qui entrerait dans un domicile étranger et s'y livrerait à la débauche; quel ne sera donc pas le châtiment de celui qui aura fait du temple du roi une maison de voleurs? Dans cette pensée, respectez l'habitant, qui n'est autre que le Paraclet; craignez celui qui est lié, adhérent à vous-même, et qui est le Christ. Est-ce vous qui vous êtes fait membre du Christ? Songez à cela, à qui étaient les membres, à qui ils sont aujourd'hui, et restez chaste. C'étaient auparavant des membres de prostituée, le Christ en a fait les membres de Son propre corps. Vous n'en êtes donc plus le maître ; servez celui qui vous a affranchi (…) Celui qui s'unit à une prostituée devient un même corps avec elle; mais celui qui s'attache au Seigneur est un seul esprit avec lui ». Il devient tout esprit à la fin, quoique enveloppé d'un corps. Quand il n'a rien de corporel, d'épais, de terrestre, son corps n'est qu'un simple vêtement; quand toute l'autorité appartient à l'âme et à l'esprit, Dieu est alors glorifié. Aussi avons-nous l'ordre de dire dans la prière : « Que Ton nom soit sanctifié » ; et le Christ nous dit : « Que votre lumière brille devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ». (Matth. V, 16.) Ainsi Le glorifient les cieux, non en parlant, mais en excitant l'admiration par leur aspect et en faisant remonter leur gloire au créateur.
Glorifions-Le, nous aussi, comme eux et même plus qu'eux ; nous le pouvons, si nous le voulons. Car ni le ciel, ni le jour, ni la nuit ne glorifient Dieu comme une âme sainte.. De même qu'à l'aspect de la beauté du ciel, on s'écrie : Gloire à Toi, ô Dieu ! qui as fait un si bel ouvrage ! Ainsi fait-on, et bien mieux encore, en voyant un homme vertueux… Et qui ne serait frappé d'étonnement, quand un homme qui n'a que la nature commune aux mortels, et qui vit au sein de l'humanité, résiste comme le métal le plus dur aux, assauts des passions? Quand à travers le feu, le fer, les bêtes féroces, il se montre plus fort que l'acier et triomphe de tout par le langage de la piété? Bénit quand on le maudit? Répond par des paroles bienveillantes aux injures? Prie pour ceux qui lui font tort? Fait du bien à ses ennemis et à ceux qui lui tendent des embûches? Oui, ces choses et d'autres de ce genre glorifient Dieu plus que les cieux. Car, en voyant le ciel, les païens ne rougirent pas; mais à l'aspect d'un homme saint, pratiquant la sagesse dans sa perfection, ils sont couverts de confusion et se condamnent eux-mêmes. En effet, quand un homme qui n'est point d'une autre nature qu'eux l'emporte sur eux autant, et plus même que le ciel ne l'emporte sur la terre, ils sont bien forcés de croire que c'est là l'effet de quelque puissance divine. Aussi, le Christ dit-Il : « Et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ».

vendredi 26 février 2016

Saint Nicolas, Tzar & Martyr (R)


Le 11 août 1927, dans un journal de Belgrade (Serbie), parut une notice sous le titre: "Le visage de l'empereur Nicolas II dans le Monastère de saint Naoum sur le lac d'Ochrid". Elle disait ceci: " Le peintre russe S.F. Kolesnikov avait été invité à peindre la nouvelle église dans l'ancienne église du vénérable monastère de saint Naoum, il lui fut donné pleine liberté pour la décoration du dôme intérieur et des murs. Tandis qu'il achevait sa tâche, l'artiste pensa peindre quinze visages de saints placés dans des médaillons.
 
Il peignit immédiatement quatorze visages, mais l'espace pour le quinzième resta vide, car, un sentiment inexplicable força Kolesnikov à attendre un peu. Un jour, au crépuscule, il entra dans l'église. Il faisait sombre, et seul le dôme était éclairé par les rayons du soleil couchant. Comme Kolesnikov le rapporta lui-même, à cet instant il y eut un jeu de lumière et d'ombres dans l'église, et tout autour sembla détaché de la terre et singulier. A ce moment, l'artiste vit que le médaillon vide qu'il avait laissé inachevé, s'animait et de lui comme venant d'un cadre, il vit le visage affligé de l'Empereur Nicolas II. Frappé par l'apparition miraculeuse du Tzar Russe Martyr, l'artiste resta immobile quelques instants, comme s'il était enraciné sur place, saisi par une sorte de paralysie.
 
Puis, comme il le décrit lui-même, sous l'influence d'une impulsion irrésistible de prière, il appuya une échelle contre le médaillon, et sans marquer au fusain les contours du visage miraculeux, il commença à le peindre avec ses pinceaux.
 
Il ne put dormir de la nuit et, à la première lueur du jour, il alla dans l'église, et dans les premiers rayons du soleil matinal, il était assis en haut de l'échelle, travaillant avec une ardeur qu'il n'avait jamais connue auparavant. 
 
Comme il l'a écrit lui-même: " J'ai peint sans photographie. Dans le passé, j'ai plusieurs fois vu de près le défunt empereur, lui donnant des explications lors d'expositions de peinture. Son image s'était imprimée dans ma mémoire..."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 


Holy Icon Of Tsar Martyr Nicholas II. A copy of the holy icon that is Myrhh-streaming in Moscow, Russia. This icon is from America.
Icône miraculeuse ( myrrhoblyte) du Tzar Martyr Nicolas II