"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 1 février 2009

Saint Séraphim: Le chemin de la Foi (1)




La Chronique de Saint Séraphim

"Si nous étions déterminés à le faire, nous vivrions comme les Pères qui au temps jadis, resplendissaient par leurs exploits spirituels et leur piété ; car Dieu accorde aujourd’hui Sa grâce et Son aide aux fidèles et à ceux qui cherchent le Seigneur de tout leur cœur, comme Il le faisait autrefois. Car selon la Parole de Dieu, " Jésus-Christ est le même hier, aujourd’hui et à jamais " (Hébreux 13, 8) 
(Archimandrite Lazarus More, Saint Seraphim of Sarov, A Spiritual Biography, New Sarov Press, 1994, p. 427)

Saint Séraphim de Sarov est universellement connu et vénéré dans l’Eglise. Ceux qui ont rejoint l’Arche du Salut par la conversion ont souvent eu pour passeport vers la spiritualité orthodoxe la biographie du saint ermite écrite en français par Irina Goraïnov dans cette édition si précieuse de la collection Spiritualité Orientale, ou celle anglaise de Valentine Zander dans son petit livret bleu. 

Le saint thaumaturge de Sarov est devenu sur la Voie, le guide d’innombrables croyants assoiffés de beauté spirituelle et de prière. Sa spécificité russe est restée, mais très vite l’universalité de son enseignement a prévalu sur cette seule dimension. Comment aurait-il pu en être autrement quand il apportait aux âmes ardentes la bonne nouvelle incorrompue du message christique dans un contexte de joie extraordinaire, dans une lumineuse atmosphère de Pâques perpétuelle ?

Le beau vieillard courbé vers le sol par les épreuves de la vie, mais dont le regard était un reflet du Ciel et l’enthousiasme un rayon de l’Autre Soleil, est venu s’installer dans le désert spirituel de notre vie. Il y a apporté la lumière joyeuse du Christ et en a renommé les paysages intérieurs comme il rebaptisa jadis les lieux de son ascèse autour de la cabane de rondins de sa solitude orante. Il nous a parlé comme il le fit autrefois en s’adressant à Nicolas Alexandrovitch Motovilov qu’il avait guéri… Lui ayant révélé le but de la vie chrétienne et lui ayant communiqué la grâce insigne de vivre l’expérience de l’Amour de Dieu et de Sa Présence, il mentionne que la miséricorde du Sauveur ainsi manifestée, " Il n’est pas donné à [lui Nicolas Alexandrovitch] seulement de la comprendre, mais par [lui] ceci est [destiné] au monde entier afin que [….] cela soit utile aux autres." (Entretien avec Motovilov, Chapitre 7 : La Paix et la Chaleur de la Grâce). 

Mais que pouvait donc apporter un père spirituel russe du XIXe siècle à nos vies engoncées dans la gangue de la modernité avec son matérialisme forcené? Le relativisme religieux qui l’accompagnait portait le masque rassurant et peu compromettant de la pseudo unité transcendantale des croyances qui permettait les renvoyant toutes dos à dos de n’en pratiquer aucune, ou de toutes les pratiquer à tour de rôle avec autant de ridicule et d’inutilité. Nous étions, pour certains, las de l’illusion néfaste de l’impassibilité vis-à-vis de Dieu, de cette culture et de cette aspiration au vide, de cette fausse absence de passion qui n’était qu’indifférence aux autres et mépris de nos racines véritables dans l’Etre. 

Croyant au bonheur placide des pierres, nous le sûmes plus tard, nous cherchions l’impassibilité et l’indifférence et découvrant le vide qu’impliquait le faux dieu qu’elles incarnaient, nous étions déçus et amers : il promettait la sérénité et ne donnait qu’une inquiétude plus grande face à la réalité du monde. Nous avons donc goûté souvent aux illusoires paix et aux tentations ineptes de la vacuité. Elles nous laissèrent sur notre faim d’absolu parce qu’elles nous conduisaient en un espace de vide et de silence glacé, au lieu de nous mener vers la Présence que nous cherchions en vérité. Elles étaient également une pose et nous ne les supportâmes plus lorsque nous avons découvert qu’elles masquaient en fait un athéisme grossier et hypocrite voué aux commerces et à l’hédonisme délétère des comportements obligatoires imposés au troupeau. 

Nous avons eu entre les mains ce livre de la vie de saint Séraphim. Nous l’avons lu. Nous avons vu se dissiper nos fausses illuminations et nos simulacres de spiritualité. Nous avions là une petite fenêtre ouverte sur la vie spirituelle véritable, sur la Vie en Dieu, sur le Royaume enfin !

Nous avions besoin d’air, de souffle, d’Esprit… et comme les petits enfants qui couraient vers son ermitage dans la forêt, nous l’avons trouvé ce vieillard lumineux resplendissant d’une grâce évidente. Il nous a béni par sa salutation habituelle avec laquelle de Pâques à Pentecôte les Chrétiens d’Orient se saluent, mais qu’il utilisait lui en tout temps… " Christ est ressuscité ma joie ! "
Et nous avons cheminé avec lui parce que nous avons su d’une manière obvie qu’il était un guide spirituel véritable. (à suivre)

Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

Aucun commentaire: